un mois autour de la Roumanie en Logan chez l’habitant

Pour visiter la citadelle, il faut chercher la clé.
Le serveur du café nous dit de suivre la vieille dame qui accompagne des touristes dans un combi VW immatriculé en Suisse. En haut d’une allée, très bien pavée de gros galets, attendent deux Américaines et une dame moustachue qui tricote des chaussettes. Les touristes se joignent à notre groupe. La tricoteuse attendra la fin de la visite.
La dame aux cheveux blancs impeccablement frisottés raconte qu’elle s’occupe de tout : des fleurs, des cloches, du Musée, des visites.
– « Trois groupes, trois langues » soupire-t-elle
Cela ira en Allemand, le Suisse traduira en Anglais. Elle me demande si je suis d’origine lorraine ou alsacienne pour comprendre l’Allemand. Qu’une Française l’ait appris à l’école lui semble étrange.
Elle insiste :
– « les Roumains et les Hongrois nous appellent des Saxons mais nous ne venons pas de Saxe. Notre dialecte ressemble plutôt au Luxembourgeois. »
Campée devant la porte, elle nous livre la chronologie : l’église date de 1225, les fortifications du 15ème siècle et du 16ème, du temps des Turcs.

L’église est luthérienne et évangélique mais elle égayée par des panneaux peints au 15ème siècle avec des décors floraux un peu dans la tradition des meubles peints. Le culte a encore lieu un dimanche sur deux et 25 personnes y assistent bien que certaines soient très âgées (notre guide a dépassé les 80 ans mais elle est très alerte. Il paraît qu’elle a même appris l’anglais à 76ans à l’occasion de la visite du Prince Charles). Elle retire le tissu vert qui couvrait les fons baptismaux
– « depuis 800 ans tous les enfants de Viscri ont été baptisés ici ».
L’occupation des bancs d’église est fixe depuis des temps immémoriaux.(J’ai toujours dans ma mémoire le texte hilarant d’Antonine Maillet dans la Sagouine). Les bancs de la nef sont réservés aux femmes. Les plus jeunes au fond, les plus âgées sur les bancs de devant qui ont un dossier, juste derrière la femme du pasteur. Les jeunes filles ont une place réservée dans un coin. Les hommes assistent à l’office dans les salles du transept et dans la galerie à l’étage.
L’électricité n’éclaire pas l’église, le lustre central porte des bougies. Pendant la veillée de Noël, le sapin, couvert de bougie, illumine toute l’église. L’orgue, tout neuf, est électrifié.
Dans les fortifications, est installé un petit musée à la place de l’ancienne école qui comptait autrefois sept classes. Le lit familial à tiroirs est curieux : les parents dormaient sur le sommier du haut (très haut) tandis que les enfants étaient dans un tiroir coulissant le jour. Tout le trousseau était fait à la maison : broderie des coussins mais aussi linge de tale de chanvre et de coton. Seul le coton, venu d’Ukraine, était acheté. Le village vivait en autarcie et très peu d’argent circulait. Le serrurier du village, en plus des clés fabriquait les outils usuels et même les ciseaux pour tondre les moutons.
La guide fait une démonstration de tissage de lirette avec des bandes de coton découpées dans d’anciens vêtements