Vassilis Alexakis : Le Premier Mot – Stock – 459p.

LIRE POUR LA GRECE???

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Voire : l’essentiel du roman se déroule entre le boulevard Haussmann et à Montparnasse. Le voyage le plus aventureux étant une visite au Musée de la Préhistoire à Saint Germain en Laye, par jour de grève du RER ! Alexakis écrit directement en Français. Et pourtant je me trouve baignée dans la culture grecque. Par le bonheur des mots.

La narratrice raconte son frère Miltiadis, un brillant universitaire, professeur de lettres comparées, à Paris qui a quitté Athènes en 1967 à la suite de la prise de pouvoir des colonels et qui y vit avec Alliki, grecque elle aussi et leur fille Théano qui parle, elle, français. Le roman commence à la veille de Noël qu’ils fêteront en famille. Le soir du 1er de l’an,(p200) Miltiadis succombe à une hémorragie. La narratrice rentrée à Athènes reprend l’avion pour Paris et elle y restera quelques semaines. Peu d’action, aucun suspens, l’intérêt est ailleurs.

L’intérêt est dans le plaisir de la conversation. Les protagonistes sont bavards,  presque tous des universitaires, des linguistes,  aussi neurophysiologistes (une apparition de Changeux), ou préhistoriens. Plaisir des mots, le mot provenant de son contraire le silence mot/muet , absence des mots pour la jeune sourde qui s’exprime par la langue des signes, mots exotiques, du sanscrit au livonien ou au basque…origine ancienne des mots, Miltiadis s’amuse à construire des phrases françaises uniquement avec des mots d’origine allemande, ou arabes .  Son chef d’œuvre est l’histoire du « philosophe Polyandre, poète,  du triomphe d’Eros, démiurge de l’épopée satirique démocratie phagocytée par la politique et d’une anthologie d’aphorismes blasphématoires, critique de cinéma à ses heures eut un épilogue tragique, ostracisé par le Tyran Monotone Archéoptéryx, il fut saponifié par électrolyse au monastère monophysite de l’Eucharistie, à Nécropole. ». Jubilatoire !

Avant sa mort, Miltiadis a exprimé le souhait de connaître le premier mot de l’humanité.  Sa sœur, la narratrice, se lance dans une quête très sérieuse auprès des sommités scientifiques pour trouver ce mot de l’origine. Le premier mot ressemble-t-il aux balbutiements des bébés ? A-t-il été prononcé par les premiers hommes autour d’un feu ? Ou chanté en marchant lors de la longue migration qui a emmené Homo sapiens d’Afrique en Europe ? De longues digressions étayent ces hypothèses. Plus ou moins sérieuses, ou farfelues…

La Grèce n’est pas oubliée. La narratrice sait qu’en perdant son frère elle a perdu le témoin de leur enfance en Grèce, de leurs parents décédés. Elle a le pouvoir d’entendre les fantômes de ses parents et entretient un dialogue permanent avec Miltiadis après sa mort. Classant des papiers et retrouveson journal racontant de pittoresques évènements survenus pendant ses vacances dans les îles…

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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