Alexandrie-Le Caire par le train

Alexandrie

 

 Nous voyageons en Première. Wagons peints en beige et rouge, à l’intérieur des sièges avion – avion de première classe – qui font même couchettes. Très confortables.

Confortables mais sales. Même très sales.

Devant nous, un couple d’américains écoute un Saoudien anglophone ayant vécu aux Etats-Unis. Il traduit les propos de son cousin : galabieh blanche, barbe clairsemée. Le cousin parle religion accompagnant son discours d’une gestuelle très expressive ; le traducteur double sa traduction des mêmes mimiques et calque la position de ses mains. Tout y passe : Moïse, Abraham, Ismaël, la guerre d’Algérie, le Hamas, les Juifs, Bush, les Chrétiens,  Ben Laden….Les Américains réagissent très diplomatiquement. La femme dit qu’elle a manifesté contre la guerre en Irak. J’écoute, captivée, surprise d’apprendre que les Juifs sont quand même le Peuple d’Allah, qu’ils sont plus éduqués que les chrétiens, mais plus rigides (les saoudiens miment). Les Américains reconnaissent volontiers que Mohamed est un prophète. Pourquoi ne vous convertissez vous pas ?

Lassée du discours religieux, je regarde par la fenêtre (sale). Le paysage défile : surtout des champs de blé mûr de plus grande dimension qu’en Moyenne Egypte. Ils sont presque vides alors que nous avions l’habitude de les voir peuplés de nombreux fellahs. Deux hypothèses : soit la mécanisation est arrivée jusque là, soit tout le monde est à l’ombre pendant les heures chaudes. Nous passons devant des orangeraies et d’autres vergers. Le blé est ici majoritaire.

J’ai préparé 3LE pour le porteur. A Alexandrie j’avis donné 2LE et ce n’était pas suffisant, le voyagiste avait rajouté une livre. Ces pourboires sont un casse-tête. Magdy, le représentant de Sylvia tours m’explique que maintenant il ne faut pas donner moins de 5LE. La nourriture a triplé ces derniers mois. Peut être plaide- t- il pour son propre compte ! Je voulais lui donner 50LE le jour de l’arrivée et je me suis trompée de billet je lui ai donné 50 piastres. Les deux billets sont verts, d’ailleurs je les confonds et il faut que je mette à part les piastres.

Nous retrouvons avec plaisir le vieux Cosmopolitan où nous avons nos habitudes et ou nous nous sentons plus à l’aise qu’au Aïfou d’Alexandrie. La porte à tambour a été remontée mais les plombiers réparent le chauffage et soudent sur notre palier. Le vieux liftier nubien nous reconnaît. Il est très gentil mais fatigué comme l’ascenseur dont j’ ai enfin compris le fonctionnement : il faut s’assurer que tout est bien fermé, appuyer deux coup secs et attendre. La cabine ne s’ébranle qu’ensuite. En 2002, les liftiers étaient nombreux et se précipitaient pour nous accompagner. Au bout de trois pourboires j’avais eu vite fait de monter à pied. Maintenant, le liftier est assis et se contente de me dire « Ca va ? «  En Français.
Notre nouvelle chambre a un balcon avec des moulures : 5 rangs de rubans de stuc et des nœuds à plat et des volets verts. Du balcon j’observe les fils électriques qui s’emmêlent sur la façade des immeubles voisins sortant d’un trou ménagé pour un climatiseur. Sur le toit, un homme tire un câble relié au premier étage. Il appelle le Monsieur du Premier. Ces immeubles magnifiques avec balustres, moulures et mosaïques sont tiers-mondisés. On a construit une sorte de cabane sur le toit de celui d’en face. Je pense à l’Immeuble Yaccoubian. Nous retournons à notre cantine habituelle Felfela je commande une taamyia et un shwarma poulet. Maintenant nous savons traverser les rues « ne jamais courir » avait conseillé Magdy. Les automobilistes qui nous contournent ne peuvent pas anticiper la trajectoire d’un homme qui court.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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