
Au débarcadère de l’île du lapin , de simples barques de pêcheurs assurent la liaison, les mêmes que celles du marché aux crabes ; la passerelle de bois est à plus d’un mètre au dessus du niveau de la barque. Il faut s’asseoir sur le ponton pour sauter dedans. Mon « capitaine » n’a pas l’air très capitaine. Il est tout maigrichon. Avec sa queue de cheval et ses canines pointues on penserait plutôt à un apprenti-pirate. Cinq minutes de navigation. Le « capitaine » hisse la barque sur le sable ; Je fixe le rendez vous du retour à 15heures. Un européen, cheveux blancs, me soulève de la barque galamment et me dépose sur le sable. Cet accueil est charmant. Ce n’est pas un employé de la compagnie de navigation, c’est un touriste qui dessine.
Le patron du restaurant accourt à ma rencontre « Later! ». Je parcours péniblement le sable avec mon gros sac en plastique à la main, mon petit sac sur le dos et je cherche un endroit tranquille pour me changer. La plage est bordée de cocotiers avec quelques casuarinas élancés et d’autres grands arbres qui font de l’ombre. Il y aussi une grosse plante grasse à silhouette de yucca ou de dragonnier mais aux frondes plus molles. Cette végétation luxuriante suffit : aucun parasol n’est déployé pour donner une allure « artificielle » à la plage. Pas de lits en plastique non plus. Le mobilier est en bois, transats, lits plateforme au style local, petites tables carrées des restaurants. On peut s’installer à sa guise. Personne n’est là pour réclamer. A l’arrière, une rangée de bungalows très simples, des paillotes permettent de passer la nuit. Entre les paillotes et le sable, des tables carrées entourées de chaises en plastique, une bâche verte sert d’auvent. On propose surtout de l’alcool : gin-tonic, mojitos ou bière mais aussi shakes et pancakes.
Je dépose mes bagages sur une plateforme à l’ombre d’un casuarina, me déshabille enveloppée dans le drap de bain de l’hôtel et recouvre les deux sacs de la serviette bleue. Protection dérisoire contre d’éventuels voleurs. Cela se voit de loin et on peut pas deviner qu’il y a un appareil-photo, des jumelles et un téléphone. Plage de sable les « méduses » en plastiques sont inutiles, le masque de plongée aussi. L’eau est verte, un peu trouble. Je fais des allers/retours à proximité de mes affaires que je ne quitte pas des yeux. Quatre américaines barbotent en poussant de grands cris pour effrayer les chiens qui se sont installés sur leurs serviettes. J’aimerais parcourir toute la longueur de la plage. Je retourne au restaurant en face de ma barque et commande « fried rice with sea-food », 3 prix au choix, 3$,4$, 5$. Je choisis la plus petite portion à 3$ et m’attable à une table carrée. Je suis la seule cliente. Une barque remplie de Chinois, débarque avec glacière et pique-nique dans des barquettes polystyrène. Une plate-forme sous un auvent leur servira de salle à manger. Ils se tassent et mangent le riz avec les doigts.
J’attends, une bonne demi-heure mon riz sauté. On l’aura cuit exprès pour moi. Il est excellent, parfumé à la citronnelle fraîche, rose avec des crevettes et des morceaux de calmar très tendre. Comme les gens du restaurant sont très gentils, je leur confie mon sac et pars nager le long de la plage comme j’aime. Losque je sors de l’eau, je découvre les « cabines » équipées d’une douche (à très faible débit). 1A 14h50 je suis prête pour le retour. Mon capitaine tarde. Serais-je capable de le reconnaître ? (je veux éviter la méprise d’hier avec le chauffeur du touktouk). A 15h10 il me fait signe. Il s’arque boute sur sa barque enfoncée dans le sable. Sans succès. La barque ne bouge pas d’un iota. Percée comme elle est, pour moi, elle est inaccessible. Pour embarquer, je dois entrere (en pantalon) dans l’eau de l’autre côté aller au milieu où le bord est moins haut et me hisser à grand peine pendant que le capitaine se pend au bord pour l’abaisser plus. Heureusement un autre homme arrive et décoince la barque.

A l’arrivée, au lieu de rejoindre le débarcadère, il prend pour cap des escaliers. Il me faut alors sauter et faire une dizaine de mètres dans la vase qui aspire mes pieds (heureusement mes sandales de randonnées tiennent bien avec le velcro).. Un touktouk nous conduira pour 3$ à l’hôtel où il reste deux bonnes heures avant la tombée de la nuit pour profiter de la piscine.
Au restaurant perché sur pilotis de l’hôtel Malibu Bungalows, j’attends une demi-heure qu’on me prépare un amok de poisson. L’attente valait le coup ! Sur une grande assiette carrée le poisson est servi dans un paquet rectangulaire : boite de feuille de bananier, le bol de riz sur un cercle découpé dans la même feuille, jolie présentation ! Le poisson est cuit dans le lait de coco épicé, à la première bouchée c’est doux, ensuite, il faut manger du riz.