
7h45, notre voiture arrive en même temps que le pain frais, baguette croustillante. Les Cambodgiens, comme les Vietnamien ont gardé du temps de l’Indochine, le pain français. La confiture d’ananas est faite maison et excellente. Nous descendons à regret.
La terre rouge de la province de Kâmpôt est fertile : manioc et arachide poussent bien, on peut faire deux récoltes par an. Avec l’élevage porcin et les arbres fruitiers l’agriculture assure un bon niveau de vie aux agriculteurs. Sur le bord de la mer les marais salants ressemblent aux salines françaises. En ce moment il y a encore de l’eau et le sel n’est pas cristallisé. De l’autre côté de la route, la chaine boisée borde la route.
Kâmpôt
vous voulez une bassine ou un autel?
nous en avons avec des chats qui lèvent les bras: le plus grand chic!
Ville coloniale, les Français ont construit les maisons à un étage et un pont, détruit puis reconstruit. Nous ne verrons pas les beaux bâtiments coloniaux annoncés par Lonely Planet. Nous nous arrêtons devant le marché bordé de maisons chinoises étincelantes : chromes aux balcons, lampions rouge, formules porte-bonheur sur des rubans verticaux rouge et dorés, ces dernières plaisent aussi aux khmers, les khmers étant superstitieux, les Chinois, riches, on associe volontiers ces formules à la richesse. J’achète des tongs au marché. En 30 secondes la commerçante trouve ma taille et la bonne couleur, elles sont rangées méthodiquement. Les précédentes me venaient d’un marché de campagne au Bénin et avaient coûté 250CFA (4 fois moins) mais j’avais cherché moi-même dans un fouillis inénarrable et pêché 2 gauches, ou des tailles différentes, avant d’assortir taille et couleur. Notre guide est très fier de nous affirmer que les tongs sont une invention cambodgienne. Nous avons juste le temps de prendre quelques photos d’enseigne de dentistes ou d’autels chinois rouges avec des chats dorés qui montent et descendent les bras que le vent se lève. Nous voilà déjà remontées en voiture.
La colline de Bokor est surmontée de son casino en ruine, en haut de la colline il fait une fraîcheur agréable « comme en France » selon Khem. La jungle a été déforestée, elle est clairsemée, les animaux, en voie de disparition décimés autrefois par les militaires et les chasseurs.

De l’autre côté de la route : la mer. Des crevettes et des écrevisses sont élevées dans des bassins. Un village de pêcheurs Chams est installé dans un chenal. Les Cams forment une minorité importante au Cambodge. Ils sont musulmans et sont arrivés du Vietnam au 17ème siècle. De très nombreux bateaux s’entassent devant les maisons sur pilotis. On décharge des paniers ronds et profonds contenant des crevettes. Certaines seront séchées pour la soupe. Une femme lave les crevettes dans l’eau du port en plongeant le panier tout entier et en le secouant énergiquement. De petits poissons-scies transparents nagent, plus grands, on les mange. Les hommes sont occupés à réparer les filets. On ne voit pas les femmes parties au marché. Deux jeunes bonzes sous un parapluie s’en vont quêtant. Un vieil homme remplit leur gamelle et s’agenouille devant les adolescents. Cela fait bizarre.

Dans les rizières asséchées des buffles et des vaches cherchent un peu de verdure. Les vaches ne donnent pas de lait. Elles travaillent puis on les mange. On a posé sur le bord de la route des bâches pour faire sécher le riz avant de le décortiquer et des écorces d’arbre pour la médecine traditionnelle Les voitures se déportent pour ne pas abîmer les récoltes, les khmers ne les piétinent pas. La RN 3 est large (et payante).
