
Promenade au bout de la plage: après les derniers parasols, des tamaris. Les Cambodgiens y accrochent des hamacs et pique-niquent sur des nattes. Il ne faut pas être trop regardant sur la propreté : barquettes de polystyrène et sacs plastiques jonchent le sol. Canettes et bouteilles en plastique, en revanche, sont soigneusement ramassés par de petits enfants qui les revendent. Un homme médite sous un paréo jaune. Au retour il sera dans un équilibre précaire dans une pose de yoga acrobatique, bras et jambe opposés en l’air. Des joggers me dépassent. Deux hôtels à colonnades surchargées de décors sont en construction. En attendant des vaches paissent. Des liserons géants sont en fleurs. Au bout de la plage un chenal est bordé de mangrove ; au fond un cap rocheux, de gros blocs de grès dans la mer et des paillotes cachées dans les grands arbres.
Pas de vent, pas une ride sur l’eau. Je pourrais nager de grandes distances comme en piscine mais il y a quand même du courant. Passé le gros iceberg en plastique portant un mur d’escalade, je fais retraite.
Dès onze heures la vendeuse de seiches me rappelle ma promesse de lui acheter des brochettes. Passent aussi les vendeuses de fruits, leur plateau rond posé sur un mouchoir à carreaux, casquette à carreaux assortie vissée sur la tête. On promet qu’on achètera à 2 o’clock. Je dois lui serre le petit doigt pour conclure le marché. Le jeune des cigales frites repasse, puis les masseuses-manucures-épileuses. Elles insistent lourdement ; Nos jambes ne seraient pas nettes. Il reste des poils à épiler au fil. J’ai l’impression que la plus vieille va les tirer de force.Nos ongles non plus ne seraient pas présentables « on fait la manucure? » Même le curé s’y met il passe en soutane avec un flacon à bonbons. On lui refuse l’aumône, il nous bénit quand même. Devant les mutilés de guerre nous avons mauvaise conscience. Les gens d’Anglette avec qui nous avons sympathisé sont mieux organisés que nous. Ils ont un porte-monnaie en monnaie nationale et ne donnent qu’aux infirmes. A chacun ils donnent 1000 riels (25cts). Nous devrions les imiter. Quand les quémandeurs deviennent trop insistants, seul échappatoire : la fuite dans la baignade (on peut aussi feindre de lire).
Les jets-skis sont une véritable nuisance. Bruyants, malodorants, dangereux, ils ne respectent pas les couloirs balisés avec des drapeaux rouges. Quand on nage seul il faut être aux aguets. Ils rasent même les groupes d’enfants qui se baignent ainsi que les familles dans les chambres à air peintes.
La journée s’écoule entre grignotage et baignades, lecture et bronzette Vers 15 heures une sono retentit à plein volume. La paillote contigüe à notre restaurant est convertie en dancing. Ds tables recouvertes de nappes rouges ont été dressées, une piste de danse organisée, des chaises en plastiques alignées. Pendant que tout se met en place, les hommes jouent au foot sur la place ; Ils ont apporté des maillots. L’un d’entre eux porte le 11 de l’équipe de France !
Cette musique tonitruante me fait fuir à l’eau. 3 jets-skis font rage. A 16 heures je rentre à l’ hôtel et me plante une heure devant Internet de dépit. Nous avions pensé prendre un touktouk pour faire un tour en ville mais elle est si laide qu’on y renonce volontiers.
Dîner au Sea Dragon : soupe à la chair de crabes et aux champignons parfumés, un délice avec plein de crabe. Le repas de fête des Cambodgiens est terminé. Quand nous arrivons ils distribuent des cadeaux puis font un concours de danse par équipe. Un animateur réunit un groupe, fait une photo de l’équipe puis performance, applaudissements. Ils dansent maintenant le madison. Puis karaoké – très réussi. Pas une fausse note. Qui sont ces gens ? Une famille ? Un village ? ou une entreprise. On ne le saura jamais.