L’Infant de Parme – Elisabeth Badinter

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L’infant de Parme, Ferdinand, fut éduqué pour devenir le « Prince des Lumières » dans les principes des Encyclopédistes, confié à Keralio en 1757 à l’âge de 6 ans, son gouverneur, son mentor puis à Condillac, l’année suivante, comme précepteur.

« D’autant que Condillac est l’inventeur d’une pédagogie originale déduite de sa philosophie et dont il attend des merveilles.. »

L’expérience pédagogique sera suivie par tous les princes et les grands esprits des Lumières. Il publira en 1775 le Cours d’étude pour l’instruction du prince de Parme

« Condillac instaure une nouvelle relation de maître à élève : la coopération se substitue à l’autorité »

L’élève se révèle d’abord doué, avant dix ans il aura lu Racine, Molière Corneille et Voltaire,  aura été initié à Newton aura des notions d’astronomie…à la pointe du progrès scientifique il se fera inoculer. En outre maitrise le Français, la langue espagnole, l’ittalienne, apprend l’anglais et l’allemand.

Et malgré cette éducation brillante, malgré les idées des philosophes, son règne sera celui du « Prince des bigots » . Il rétablira le tribunal de l’Inquisition, les privilèges ecclésiastiques, se brouillera avec les puissants alliés du dûché de Parme : la France et l’Espagne. entre veillées de prières et fêtes paysannes son gouvernement sera l’exact contraire de ce qu’on attendait de lui.

Elisabeth Badinter raconte brillamment l’expérience pédagogique, la situe dans les débats de l’époque : l’opposition entre les Lumières et les bigots, l’espoir de changer par l’éducation la nature humaine, mais aussi ce grand esprit européen des Lumières loin des particularismes. de Madrid à Stockholm et même à Saint Petersbourg échangent les philosophes.

Comment expliquer l’échec de cette éducation? Je préfère citer l’auteur:

A QUI LA FAUTE?

La crise qui vient de s’achever n’a-t-elle été qu’une ruade d’adolescent ou le signe d’une authentique volonté d’émancipation? marque-t-elle la fin de l’enfance ou révèle-t-elle sa véritable personnalité d’adulte? Auquel cas faut-il incriminer la mauvaise nature de Ferdinand ou une éducation  conduite en dépit du bon sens?

Elisabeth Badinter citera Diderot, Helvetieus et Voltaire.

Cet essai, passionnant pour qui s’intéresse au Siècle des Lumières ou à la pédagogie, est très loin du roman historique. Nous ne saurons jamais comment Condillac est parvenu à Parme, ni son équipage, ni comment se déroula le mariage de Ferdinand et de Marie Amélie fille de l’impératrice d’Autriche. Rien non plus de cette étiquette de la cour de Parme que le jeune couple supprima. Tout juste apprendrons nous que dans le parc de son palais de Colorno, Ferdinand fit construire 14 chapelles rappellant ainsi les stations du chemin de croix. Ce livre est un livre d’idées, pas une reconstitution historique. Moi qui cherchait à imaginer la cour de Parme et sa ville, j’en serai pour mes frais… sans aucune déception!

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

Une réflexion sur « L’Infant de Parme – Elisabeth Badinter »

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