Alberobello, le village des Trulli

CARNET DES POUILLES


Alberobello est le village des trulli, emblèmes des Pouilles. Le trullo est la première image qui vient à l’esprit quand on parle des Pouilles. Ce sera donc notre première visite.

Une quarantaine de km séparent Alberobello de San Vito dei Normanni, route par Ceglie Messapica, Martina Franca, LocroRotondo, très agréable dans des collines au relief beaucoup plus marqué que du côté de Taranto, terre rouge, oliviers, petite murettes. C’est une campagne très aménagée, les oliveraies sont extrêmement soignées, la terre a été labourée. Les maisons sont nombreuses, souvent chaulées. On fait grand usage de la chaux, les bordures de pierre sont également blanchies ainsi que les murs, les poteaux des portails.

A peine avons nous quitté Tenuta Deserto que nous découvrons les premiers trulli. A côté de la Masseria, il y a également un petit groupe de trulli qui m’avait semblé artificiel. Je ne sais pourquoi, j’avais imaginé cette construction solitaire, un peu hutte de berger. Telle n’est pas ma surprise de voir des groupes de cônes regroupés derrière une façade rectangulaire reliés entre eux. Certains sont entièrement cimentés. Il y a même des escaliers extérieurs, parfois une sorte de chemin de ronde. D’autres sont en pierre sèche sans aucun liant. Le plus souvent la base est cimentée et chaulée ainsi que la pointe portant un curieux volume : le pinacle. Sur les toits en pierre on a dessiné à la chaux de curieux dessins: des croix, symboles  astrologiques, même un cœur percé d’une flèche. Renseignements pris, il ne s’agit pas d’une déclaration d’amour profane, c’est l’amour de la Vierge Marie. Je m’exclame à chaque trouvaille : trulli perdus dans une oliveraie ou entouré d’un jardin luxuriant.

Locrorotondo attire notre regard : perchée sur la colline, ses maisons parfaitement  blanches font une couronne éblouissante, les toits en V renversés comme à MonteSantAngelo soulignent cette couronne avec les pointes. Dômes et campaniles dépassent.

Alberobello est inscrit au Patrimoine de l’Humanité à cause de l’homogénéité de la construction : deux quartiers sont construits uniquement de trulli très bien préservés. C’est donc un site touristique très fréquenté. Parking payant, pas d’horodateur, les cartes de parking sont en vente dans les magasins de souvenirs qui pullulent 4.5€ c’est bien cher mais cela correspond à un  droit d’entrée.

Nous remontons une des petites rues du quartier des trulli blanchis à la chaux, éblouissants sous le soleil du matin, fleuris agrémentés de tonnelles de vignes passiflores chargés de fruits oranges de la passion .Les maisons rondes sont regroupées autour de minuscules  ours. Les habitants ont sorti les chaises. Les femmes tricotent de magnifiques liseuses, des châles et des pulls qu’elles vendent. S’il ne faisait pas si chaud, si les valises étaient moins pleines, j’aurais bien acheté une liseuse. En Turquie, j’avais regretté d’avoir laissé passer une occasion similaire. Les gens nous invitent avec beaucoup de gentillesse à entrer chez eux : joailliers, épiciers de luxe, vendeurs de cartes postales et même mini brocante ? Tous les trulli sont de minuscules boutiques de souvenirs. On ne se lasse pas de prendre en photo les toits amusants, les girouettes en forme de guerrier casqué, les pinacles en boule, diamant, disque…

Le Musée se trouve sur la colline d’en face qui porte un autre quartier de trulli et la ville moderne. Il est installé dans une dizaine de cônes qui communiquent entre eux sans qu’on ne s’en rende compte. Comme dans tous les écomusées l’intérieur d’une maison ancienne a été reconstitué avec son mobilier. Des outils des différents corps de métiers sont exposés dans des vitrines : boutique du coiffeur, tailleur de pierre, vigneron… Ce qui me surprend ce sont les dates qui figurent sur les étiquettes : » XXème siècle », froidement, vaguement, comme il serait écrit « XIVème » ou « XVIIIème ». Le XXème siècle est bien terminé avec les machines singer à pédale, les peignes-rasoirs et les vases de nuit en grès. Jolie exposition-photos du Japon : Alberobello est jumelée avec un village japonais. Les panneaux explicatifs sont très détaillés. Il me faut du temps pour déchiffrer l’Italien et les lire. La plupart des documents datent  du XIXème siècle. Le témoignage le plus ancien est de 1790. Des statistiques de 1850 dénombrent 439 chefs de familles journaliers pour 41 fermiers et 11 bourgeois et hommes de bien. A cette époque ces derniers construisaient des maisons vastes et carrées.  Le phylloxera qui a tué la vigne en France marqué l’essor du vignoble dans cette région des Pouilles. Les paysans ont alors planté sur de petites surfaces disponibles et se sont enrichis.

Avant de quitter Alberobello je m’offre une glace au lait d’amande, spécialité locale, délicieuse avec des amandes pilées.

Notre visite de Locrorotondo se limite à la recherche des boutiques encore ouvertes ce dimanche midi. Dans le Centre Historique, près d’une jolie église toute simple décorée d’une rosace très fine, une pâtisserie vend ses derniers gâteaux. J’achète deux cornets feuilletés et deux canoli à la ricotta.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

3 réflexions sur « Alberobello, le village des Trulli »

  1. Je ne connaissais pas du tout ces trulli! Ces constructions sont extraordinaires.

    Autre sujet! je n’arrive pas à me déconnecter, sur ton blog, de mon adresse claudialucia lié au Monde. Impossible de mettre ma nouvelle adresse!

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