Budapest : Toussaint : Requiem de Mozart dans une église baroque

CARNET DE BUDAPEST – Toussaint 2008

Depuis une semaine, je me réjouis  d’entendre le Requiem de Mozart dans l’église proche du studio : Egyetmi Templom. Une affiche annonce le concert à 19h.

A 18H30, pour l’occasion, je m’habille: foulard pailleté des bédouines de Sainte Catherine,  chaussures fines e

L’église est archipleine. On peut à peine se faufiler debout. C’est la messe. Le prêtre parle, parle,… en hongrois. Derrière les grandes carrures des paroissiens, je ne vois rien. J’entends du hongrois sans comprendre. J’essaie de me distraire en observant les fresques au plafond, les sculptures de la chaire, les angelots baroques…du fond, on ne voit pas grand-chose.

En revanche je vois bien que mes voisins distribuent des billets de 200 forints aux enfants et qu’un jeune prêtre en aube de dentelle se déplace entre les fidèles et va bientôt arriver jusqu’à moi. La quête ! Mauvaise pioche, dans ma poche j’ai seulement un  billet de 5000ft (ne connaissant pas le prix du concert). Je ne vais pas donner 20€ à la quête ! Je me glisse vers la porte. Heureusement que le studio est tout proche ! Je fais une provision de petites coupures en prévision d’une autre occasion.

Quand je retourne  à l’église, elle est encore plus bondée. Je n’ose plus entrer par la porte de droite après ma fuite de peur qu’on ne l’ait remarquée. A gauche il n’y a que des grands qui ne se poussent pas. Je suis coincée à côté d’une bigote qui chante d’une voix aigue désagréable. A un moment, devant moi, le mari se penche vers sa femme et l’embrasse. Embrassades générales. La grosse bigote se jette sur moi pour me serrer la pince énergiquement. Tout d’un coup, mouvement de fuite vers l’avant. Une bonne sœur me pousse. Comme je n’y comprends rien, je crois que tous ces gens font la queue pour communier et je ne veux pas me laisser entraîner. Je suis propulsée et me retrouve coincée entre le bénitier et le tronc aux offrandes.
Tout le monde s’est réparti dans l’église et dans les chapelles latérales. Je comprends enfin que les gens s’installent le plus confortablement possible pour le concert.  Petit à petit, j’arrive derrière le dernier rang des bancs et, debout, j’ai une bonne visibilité.

dorures et angelots baroques de la chaire

J’ai alors tout le loisir de détailler le décor de l’église. Au fond les choristes sont installés sous un  haut baldaquin doré très compliqué soutenu par six énormes colonnes de marbre (sans doute faux) aux chapiteaux corinthiens dorés. Les fresques, bien éclairées, semble en meilleur état que je ne l’avais cru. Dans chaque chapelle, les putti joufflus se répartissent en groupe de deux ou trois. Le plus extraordinaire est la chaire de bois sculpté portant des dizaines de personnages pittoresques. Il faudrait que je revienne la photographier.  Les murs sont peints de faux marbres très réussis. Un seul élément choque : un grand écran blanc surmonté d’un support. J’en comprendrai l’utilité dès le début du concert : un vidéoprojecteur donnera les paroles du Requiem.
En attendant, il ne se passe rien, raclements de gorge, toux nerveuses, aller et venues de porteurs de caméras et de micro (la télé peut être ?). Enfin, le portrait de Mozart s’affiche sur l’écran. L’informatique est prête. Le concert peut commencer.

Écouter Mozart dans une belle église baroque est déjà une expérience. Budapest était autrichienne du temps de Mozart. Aujourd’hui, le Requiem n’est pas présenté comme une œuvre du répertoire mais comme un moment de la messe de la Toussaint. C’est sûrement ainsi que les compositeurs écrivaient la musique liturgique. Non pas pour faire joli ou pour distraire. En ce cas, ils écrivaient des symphonies ou des opéras. On a tendance à oublier qu’un Requiem est une œuvre religieuse. Écouter le Requiem après la messe doit donc être naturel. Peut être est ce pour cela qu’il n’y a pas de billetterie. C’est donc une expérience totale (il me manque, certes, la foi).

De plus, les paroles défilent sur l’écran. Ayant oublié depuis longtemps mon latin du lycée, je n’ai jamais cherché à comprendre le texte. Lire du latin en Hongrie est extraordinaire ! On comprend ! Enfin une langue compréhensible ! Je ne suis plus perdue. Après avoir baigné dans le Hongrois, même le Grec ou le Portugais me semblent familiers, alors, le latin…je ne sais plus où donner de la tête :  lire les paroles, écouter les choristes, les solistes, regarder le chef d’orchestre ou les personnages de bois de la chaire. Moi qui avais peur de m’endormir après les bains chauds ! Dommage que j’aie si mal aux pieds !
Je ne connaissais pas le requiem de Mozart. Je suis ravie de l’avoir rencontré dans pareille circonstance !

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

6 réflexions sur « Budapest : Toussaint : Requiem de Mozart dans une église baroque »

  1. …Moi, j’ai fait quatre ans de latin au lycee. Le plus difficile a ete de reciter les poemes de Virgiliu et Ovidiu(Publius Ovidius Nasso), avec une certaine intonation et tempo…Utiliser des mots, expressions de cette langue dans la conversation de chaque jour etait un chose normal, utile et usuel. Chez nous on utilise encore le salute « Salve! » et « Servus! » , en Transylvanie et au Sud de Roumanie, les sandales (« sandale »(pl), en roumain, sont denomees aussi: »romane »(pl). (L’hongrois est d’origine « fino-ugric »….)

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  2. j’ai des regrets de n’avoir jamais appris le latin sauf de picorer ici ou là et je vois bien que cela peut manquer
    je partage ton plaisir car j’ai eu l’occasion d’entendre le Requiem à plusieurs reprises dans plusieurs lieux mais mon meilleur souvenir est à Prague !!

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