En 4X4!! Leçon d’arbres dans l’Atakora

BÉNIN 2006 : BALLONS DICTIONNAIRES ET BÊTES SAUVAGES

Il va venir ! Il faut attendre !

Nous avons réservé un petit  véhicule avec chauffeur, pour demain matin 8 heures.  9heures, Léon nous annonce que le chauffeur sera Duran.

10 heures, Duran arrive à moto. Il a cassé quelque chose sur la 4X4, termine sa réparation, et passera nous chercher.

Pas de panique ! Patience, nous sommes en Afrique!

la tisserande de natitingou

Tout arrive pour qui sait attendre.  La tisserande  a installé son métier dans le jardin face à l’entrée de l’hôte. Elle tisse des bandes d’une quarantaine de cm qu’elle assemble pour faire des nappes. Ses pieds nus actionnent les fils, les gros orteils maintenant des morceaux de bois. Une belle nappe et 8 serviettes coûtent 12 000francs.
Léon nous emmène dans son 4X4 luxueux au garage de Duran. Au  thermomètre : 36°C à l’extérieur, 27°C à l’intérieur.

Le garage se trouve le long de la grande route qui traverse Natitingou sur 4 ou 5 km . De nombreuses voitures ou épaves jonchent le terrain. Quatre ouvriers s’affairent autour de la voiture rouge. Duran nous apporte un banc de bois et l’installe sous un manguier portant des fruits énormes. Il nous fait signe d’attendre. Nous devenons sans doute africaines.

Vers 11 heures nous embarquons. Mais il faut d’abord trouver de l’essence. Le revendeur près du supermarché est à sec. La station service (étrange que cette installation existe !) idem. Duran tourne dans la ville et finit par dénicher une dame Jeanne,  10 000CFA. Ce n’est pas fini : il veut de l’eau et de la glace.

Enfin, nous quittons Natitingou par la grande avenue à 4 voies bordée de flamboyants en fleurs, complètement disproportionnée dans cette ville clairsemée. Les écoliers et lycéens convergent vers l’école, en uniforme sable, un ou deux cahiers à la main, pas de cartable.

L’Atakora et la route de Boukoumbé

Dès la sortie de la ville, nous quittons le goudron pour une belle Nationale de terre, très large, très bien équipée en bornes et panneaux de signalisation : Boukoumbé, 39KM100 ; Quelle précision ! Pourquoi 100 ?

La route est construite sur la crête de l’Atakora dans une sorte de forêt clairsemée. J’ai toujours le même problème à faire la différence entre la forêt et les champs. Duran va m’aider, il est très disert depuis hier. Il évoque la pauvreté du sol rocailleux de la montagne et parle du bois de chauffage que l’on coupe. C’est le sujet du mémoire de la jeune allemande d’Helvetia. J’aurais bien aimé en prendre connaissance. Parmi des arbustes hauts de 3 m environ, poussent des arbres magnifiques : caïlcédrats qui dominent le paysage avec leur feuillage épais vert foncé, les troncs qui se ramifient très haut, moins droits que les baobabs, un peu tortueux.

Un peu plus loin, des buissons verts :

– « Ce sont des champs » Explique Duran

– « Et ce vert ?- Les arbres, il faut les brûler ».

Ici, les cultures se font sur brûlis. Les jachères sont vite reconquises par les arbres. Après le brûlis, on doit labourer, le plus souvent à la main:

« Il y en a qui ont des tracteurs, il y en a qui ont des bœufs et un truc en fer. Tous sèment à la main ».

A la fin de la saison sèche, je ne reconnais rien. Du coton, il ne reste que de minces tiges desséchées. Il est cueilli à la main.  Les Titans sont venus le chercher. C’est peut être pour eux qu’on a construit une aussi belle piste.

– « Comment les producteurs vendent ils le coton ? »

– « C’est le gouvernement qui l’achète. ».

Autres culture : le mil. Il en reste des tiges paille clair. Sorgho et maïs, mais on ne voit rien en saison sèche. Les petites buttes des ignames sont rares. De temps en temps, une sorte de plantation  d’arbres. Ce sont des acajous, bien petits pour servir de bois de menuiserie.

Duran me montre aussi les karités : arbres au tronc très rugueux – on dirait du liège- et aux grande feuilles vert clair. On en récolte les noix, on ne les voit pas en ce moment.

Le plus grand arbre est l’iroko. Ici, les baobabs ont leurs feuilles, même les vieux. Aurait-il plu ici ? Duran me répond que cela dépend aussi du sol.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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