Partie à Héraklion à la recherche d’un écrivain Kazantzakis, j’y trouve un poète : Elytis

J’étais partie à Heraklion avec la Lettre au Gréco de Kazantzaki décidée à le pour guide.

Le matin du retour, je lui devais encore une visite au Musée Historique qui a reconstitué son bureau et sa bibliothèque.

Et voilà qu’il y avait une exposition pour le centenaire d’Elytis ( 2011, natif d’Heraklion). A la poursuite d’un écrivain, je découvre un poète (prix Nobel 1979, quand même!).

Elytis ne m’était pas tout à fait inconnu. Merci à Amartia qui m’avait fait connaître ce poème quelques jours avant notre départ. J’avais écouté en boucle Delaras pour être un peu en Grèce.

 

« Omorphi ke paraxeni patrida ». 1971
Belle mais étrange patrie
 Que celle qui m’a été donnée
Elle jette les filets pour prendre des poissons
 Et c’est des oiseaux qu’elle attrape
 Elle construit des bateaux sur terre
 Et des jardins sur l’eau
Belle mais étrange patrie
 Que celle qui m’a été donnée
Elle baise le sol en pleurant
 et puis elle s’exile
 aux cinq chemins elle s’épuise
 puis toute sa vigueur reprend
Elle menace de prendre une pierre
 Elle renonce aussitôt
 Elle fait mine de la tailler
 Et des miracles naissent
Belle mais étrange patrie
 Que celle qui m’a été donnée
Avec une petite barque
 Elle atteint des océans
 Elle cherche la révolte
 Et s’offre des tyrans
Elle enfante cinq grands hommes
 et puis elle leur brise l’échine
 quand ils ne sont plus
 elle chante leurs louanges
Belle mais étrange patrie… Traduction : Angelica Ionatos

A la poursuite d’Elytis, j’ai navigué sur Internet et j’ai trouvé un article passionnant sur l’exposition d’Heraklion.

Et cet autre blog très complet sur la poésie grecque : Elytis mais aussi Cavafy, Seferis...et sur d’autres aspects de la culture et de la vie en Grèce

Et avec la permission de l’auteur, un emprunt sur ce blog

Le jardin était dans la merLe jardin était dans la mer
Œillets d’écume cap profond
Ta main s’en allait avec l’eau
Comme une traîne nuptiale
Ta main libérait tout le ciel

Des anges à onze épées
Flottaient à côté de ton nom
Coupeurs de vagues à leurs crêtes
Et les voiles blanches penchaient
Aux courtes rafales du vent

Avec des épines de roses
Tu cousais les rubans de l’attente
Aux cheveux des collines de ton amour
Et disais ; celle qui peigne la lumière
Est une cascade ici qui s’amuse

Flèche voleuse scandale du rire
O petite enfant du jour qui n’en finit pas
Dans les arbres rayonnants tu jouais avec les racines
Tu ouvrais les cornets de l’eau
Gaulant les jujubes de l’oubli

Et quand venait la nuit aux prodigues violons
Dans les moulins à demi-détruits tu parlais
Tout bas avec une magicienne
Dans tes seins tu cachais un cadeau
Qui était la lune elle-même

Lune de-ci lune de-là
Énigme que lisait la mer
Sans aucun mal et pour ton seul plaisir
Œillets d’écume cap profond
Le jardin était dans la mer.

 

(Soleil Premier)

Ο κήπος έμπαινε στη θάλασσαΟ κήπος έμπαινε στη θάλασσα
Βαθύ γαρίφαλο ακρωτήρι
Το χέρι σου έφευγε με το νερό
Να στρώσει νυφικό το πέλαγος
Το χέρι σου άνοιγε τον ουρανό.Άγγελοι μ’ έντεκα σπαθιά
Πλέανε πλάι στ’ όνομά σου
Σκίζοντας τ’ ανθισμένα κύματα
Κάτω μπατέρναν τα λευκά πανιά
Σ’ απανωτές σπιλιάδες γραίγου.Μ’ άσπρα τριανταφυλλαγκάθια
Έραβες φιόγκους προσμονής
Για τα μαλλιά των λόφων της αγάπης σου
Έλεγες: Η χτενίστρα του φωτός
Είναι πηγή στη γη που διασκεδάζει.

Κλέφτρα σαΐτα σκάνταλο του γέλιου
Ώ εγγονούλα της γρια-λιακάδας
Μέσ’ απ’ τα δέντρα πείραζες τις ρίζες
Άνοιγες τα χωνάκια του νερού
Ραβδίζοντας της λησμονιάς τα τζίτζιφα.

Ή πάλι νύχτα μ’ άσωτα βιολιά
Μέσα στους μισοχαλασμένους μύλους
Κρυφομιλούσες με μια μάγισσα
Στους κόρφους σου έκρυβες μια χάρη
Που ήταν το ίδιο το φεγγάρι.

Φεγγάρι εδώ φεγγάρι εκεί
Αίνιγμα διαβασμένο από τη θάλασσα
Για το δικό σου το χατήρι
Ο κήπος έμπαινε στη θάλασσα
Βαθύ γαρίφαλο ακρωτήρι.

(Ο Ήλιος ο Πρώτος)

Traduction de Dominique Grandmont
in 37 poètes grecs de l’Indépendance à nos jours,
Oswald éditeurs, 1972.

 

Je reviendrai à Elytis, mais savourons d’abord ces deux poèmes.

Et merci aux blogueurs!

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

3 réflexions sur « Partie à Héraklion à la recherche d’un écrivain Kazantzakis, j’y trouve un poète : Elytis »

  1. J’ai assisté à plusieurs reprises à des concerts d’Angélique Ionatos, et il me semble bien que ce poète figure à son répertoire. Comme je ne comprends pas le grec, je n’ai pas pu en saisir toute la beauté.

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