Arrivée à Dobarsko, Kasha Vassil

CARNET BULGARE


Dobarsko est le dernier village au bout de la route à 1070m d’altitude. Ses maisons s’étagent sur la pente. Un ruisseau le découpe en deux quartiers. Il est célèbre pour son église peinte et ses grands-mères chantantes.

Comme d’habitude,  nous ne trouvons pas tout de suite les chambres d’hôtes de la Maison Vassil (pourtant, très facile à situer puisqu’à l‘entrée du village). Nous demandons notre chemin aux grands-mères qui causent, assises sur leur banc devant leur porte. Bien sûr, elles connaissent mais leurs explications sont confuses. A la troisième tentative, une dame monte à ma place dans la voiture et nous y conduit.

La Kasha Vassil est un gros pavillon de trois étages avec une architecture biscornue, des balcons de bois clair, un escalier en hélice. Katia nous accueille en Français et nous conduit dans notre chambre au premier étage. Deux lits, une lourde table carrée au plateau de marbre, une armoire moderne avec une niche pour la télé, en face, sur quelques étagères, des livres. Deux chaises servent de tables de nuit et, luxe rare, deux appliques à la tête de lit. Impression bizarre de ne pas être à l’hôtel mais plutôt dans une chambre d’enfants qu’on aurait repeinte après avoir enlevé photos ou posters de vedettes. Katia nous met à l’aise, nous montre la terrasse et l’évier caché par le bar. C’est là que nous dînerons.  La terrasse domine le jardin où poussent des haricots géants qui dépassent d’un bon mètre les maïs déjà grands. A plus de 240°, nous sommes entourées de montagnes : les sommets du Pirin rocheux, dé coupés qui culminent à 2900m (Vihren) et plus loin, Rila vers le nord ouest. A contrejour, on croirait que les sommets qui brillent sont couverts de neige. Le lendemain matin, avec un meilleur éclairage, je distinguerai les arêtes rocheuses dénudées des sommets ;

Que faire ici ? demande-t-on à notre hôtesse qui, pour plus de commodité, fait venir sa voisine, une parisienne mariée à un Bulgare qui construisent une maison. C’est un peu tard pour l’église peinte qui ferme à 17heures. Les ours de Belitsa , prévus demain.Pour les Grzands mères, elles se déplacent à domicile pour des spectacles mais c’est cher : au moins 100 levas, elles sont 12. Ce n’est pas dans notre budget !

A deux pas, un lac est un but de promenade agréable, occasion d’observer l’irrigation des jardis par des rigoles qui conduisent l’eau tantôt chez l’un tantôt chez les autres. Le niveau du lac est bas à cause de la sécheresse. La vue est somptueuse.

Je pars explorer le village. Dobarsko est un village vivant, pas un village-musée ou une station touristique. A 18h les hommes rentrent des champs, souvent sur une carriole tirée par un cheval. Homes et femmes à pied portent à l’épaule, une lourde binette, presque une houe. Les femmes qui étaient assises dehors sur les bancs sont rentrées préparer le repas. Ce sont les hommes maintenant qui occupent les bancs.Trois font bouillir quelque chose qui bouillonne dans une sorte de lessiveuse sur un feu de bois. Comme il y a un couvercle, j’en resterai avec ma curiosité.

Des adolescentes téléphonent, une gamine écoute sa musique (MP3) très fort. Des enfants dévalent la pentte sur leur vélo, prenant de l’élan pour remonter de l’autre côté du ruisseau. C’est un village ordinaire. Les maisons ont été crépie au goût de chacun, orange, jaune ou lie de vin, ou pas crépie avec des briques qui s’écaillent ; si l’argent a manqué pour la peinture on  a laissé le ciment gris, coquetterie : une frise en tessons de bouteilles qui fait le tour de la maison. Autre coquetterie : on a pavoisé avec un foulard à fleurs au lieu du drapeau bulgare. J’imagine un code : quand le foulard est sorti l’amoureux peut venir.

Vers le haut du village, il reste des maisons anciennes de bois sur un socle de galets comme celles de Bansko. Ici, elles s’écroulent un peu, mais sont bien vivantes avec leur tas de fumier et le bois pour l’hiver. J’aimerais continuer dans la montagne le sentier mais les aboiements des chiens m’en dissuadent.

J’écris sur la terrasse, regardant le soir descendre sur les montagnes qui nous entourent. La voisine doit avoir un cochon enfermé, je l’entends grogner. J’aimerais que la Française réapparaisse pour que je l’interroge sur la vie villageoise.

Avatar de Inconnu

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

Laisser un commentaire