LIRE POUR L’ITALIE
Récit intense, style inimitable d’Erri de Luca (comment la traductrice se débrouille-telle, bravo à Danièle Valin!)
Trois visites à un narrateur solitaire, cultivant sa terre dans les environs de Naples, vie simple des paysans qui se soucient de la brebis qui appelle l’agneau absent, du vieux pin perdu de chenilles, du robinet qui goutte, des poutres qui craquent.
Trois visites d’amis d’enfance, condisciples du lycées, camarades des vacances ensoleillées à Ischia. Trois parcours si différents.
Le premier a tué, s’est exilé, a vécu la vie des maçons, des hommes de peine immigrés en France. Il raconte le travail manuel, la solidarité des travailleurs, d’Afrique ou des Balkans, son assassinat aussi. Non-dit, j’ai imaginé les années de plomb, les Brigades Rouges, les gauchistes établis, jamais explicité. Après tout il s’agissait peut être de mafia, le récit se déroule à Naples. Le second est un prêtre, un missionnaire en Afrique. Tout aussi physique, il a cultivé un jardin, de retour en Italie, se désole de l’abandon promis à l’œuvre de sa vie. Le troisième est un errant qui se définit comme courtisan, capable de se faire léger quand il est l’hôte d’une maison qui l’abrite, capable de la quitter avant de lasser. Jeune homme séduisant, sachant jongler avec les mots, cultivé. Il a été incarcéré par erreur. Comme chez ses amis, il a su s’adapter à la prison.
143 pages qui contiennent l’essentiel de la vie : enfance, adolescence, maturité et même la fin. Grand art de l’écrivain que de concentrer l’essentiel tout en restant d’une légèreté éblouissante. A l’image de ces plongeurs qui décorent la couverture du livre. Un livre mince, mince et en même temps d’une densité extraordinaire. On sent la présence de la mer, Ischia solaire, la silhouette du Vésuve, le fourmillement de Naples, les marins qui arrivent au port. Le monde entier y est contenu : la terre africaine et même les océans du sud des explorateurs, la mer aussi « La mer n’a pas de tavernes » cette phrase est revenue plusieurs fois dans les paroles de deux hôtes, comme une clé qui ouvrirait un des mystères de l’homme. Mais lequel?

une lecture en rapport avec l’Italie, je ne peux que noter, que la liste à lire s’allonge!
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Erri de Luca est un auteur italien mais peu de folklore et un style épuré, universel dans cet ouvrage!
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Dans le style épuré, je pense à Laurent Gaudé, certes il n’est pas italien, mais a réussi à décrire magnifiquement l’Italie dans au moins deux de ses romans: Eldorado, superbe et poignant (le thème n’est pas sans rappeler Terra Ferma), et le Soleil des Scorta.
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@claire : merci de me rappeler Eldorado, il est à la bibliothèque, je le prendrai au prochain passage.
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J’y pense à présent, toujours d’un auteur qui n’est pas italien (mais espagnol!), José Luis Sampedro, portant le beau titre « Le sourire étrusque », qui parle très bien de la Calabre, et aussi du contraste avec la froideur de Milan pour un campagnard. Un livre touchant sur les liens entre les générations, sur la vieillesse qui revit grâce à la jeunesse.
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@claire : merci pour la référence, je ne le connais pas du tout. A l’occasion, je le chercherai à la bibliothèque
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Merci pour cet article sur le livre de Erri de Luca, auteur que nous estimons énormément dans notre comité de lecture, et relu pour d’autres livres concernant Naples comme Monte di Dio, ou Le jour avant le Bonheur…
je vais de ce pas ajouter ce titre Arc en Ciel à notre bibliographie Napolitaine en cours de finalisation! Modeste contribution à vos lectures italiennes, et plus particulièrement Napolitaines, je peux vous adresser notre bibliographie de travail en cours (document excell, rien de très sexy) mais recensant 120 titres en lien avec cette destination 😉 dont 53 romans d’auteurs italiens.
Même travail effectué, si cela vous intéresse, sur Venise et la Vénétie, Berlin, Barcelone, Tanger et Istanbul. (Travail de lecture effectué Dans le cadre de nos voyages enrichies de littérature.)
n’éhistez pas à m’adressez moi vos demandes par mail, à giseveri@numericable.fr
ma page face book encore en chantier et très incomplète, mais j’y travaille:
https://www.facebook.com/levoyagelitteraire
A votre service.
bien sincèrement
Séverine Gillet
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