Tabou – film portugais de Michel Gomes

TOILES NOMADES

Film attendu de longues semaines, film encensé par la critique, film de cinéphiles….

Je suis entrée dans la salle avec une certaine appréhension, les chefs d’œuvres trop annoncés déçoivent parfois une trop grande attente.

Je me suis laissée emporter par la douceur de la voix portugaise (que je ne comprends pas mais que je goûte avec plaisir), par l’exotisme du prologue, l’explorateur d’un autre siècle, son attirail dévoré par un crocodile. La première partie se déroulant à Lisbonne, est déconcertante. Ces femmes paraissent d’un autre temps, pourtant elles prennent le thé dans un centre commercial bien actuel. Aurora, ses fantômes, son crocodile, sa culpabilité… Santa, l’Africaine, la domestique d’un autre temps, très digne et maternelle, mais sur la réserve. Pilar, la bonne, la pieuse, la dévouée.

La partie africaine, sous-titrée Paradis Perdu, est d’un exotisme parfait. Afrique coloniale telle qu’on l’imagine. Les héros jeunes,  virils sont trop beaux pour être vrais, des acteurs de cinéma! Magnifiques paysages, on pense à la Ferme Africaine d’Out of Africa, mais en noir et blanc quand les Africains cueillent le thé. Parfois la pellicule d’un film d’amateur est rayée . Le noir et blanc, la bande son très rétro sont à l’unisson. Une histoire d’amour comme dans les films des années 50?

Je regrette de ne pas avoir la culture cinématographique pour jouir de tous les clins d’œils annoncés par la critique (un excellent article du Monde). Le crocodile a pour nom Dandy : facile! J’ai loupé le  parallèle voulu  par Gomes avec Le Fleuve de Renoir : je n’ai pas encore vu Le Fleuve!

l n‘y a pas de crocodile dans le fleuve de Renoir, mais c’est la même chose : le fleuve, le crocodile, c’est le temps qui passe, qui continue, avec des gens qui naissent, qui meurent, des amours qui commencent et finissent. C’est ça Renoir. Ici, dans la rivière, il y a un crocodile. (…) Le crocodile, c’est le cinéma : de la mémoire, des gens qui passent, des histoires d’amour et des empires qui commencent et finissent. « 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

2 réflexions sur « Tabou – film portugais de Michel Gomes »

  1. Bien plus que grâce à un radeau de la culture, le cinéma ne serait-il pas tenu la tête hors des récupérations commerciales par les regards, nos égards ? Quand ceux-ci ne le réduisent pas à l’état d’épave et quand le public ne porte pas les manteaux noirs des naufrageurs. Alors nos yeux absolument ouverts sur les écrans empêchent toutes ces 24 images à la seconde de ne charrier que des mots et des personnages et des décors morts…

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  2. Voici une jolie critique! Je comprends que ce film ait pu te dérouter. Il me l’a fait tout autant, peu importe à mon sens que toutes les références n’aient pas été comprises. Comme tout vestige du passé, bon ou mauvais, il traîne avec lui des lambeaux, des relents, des choses inconscientes toujours un peu incontrôlables…!

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