CARNET ARMÉNIEN

La route M2 est maintenant à 2 voies, la chaussée a quelques trous, rien de très gênant. Sur la droite, dans des bassins rectangulaire, pisciculture : on vend le poisson vivant sur le bord de la route. Les cigognes sont nombreuses. Nous approchons de Nakhijevan. Iran n‘est pas loin, la zone turque large que de quelques kilomètres seulement.
Les coquelicots et diplotaxis colorent le sol en faisant un grand parterre rouge à traits jaunes. Je découvre aussi un mini coquelicot violet. Nous prenons nos derniers clichés de l’Ararat à Yeraskhavan.
E117, se dirige plein Est à travers une chaîne de montagnes rougeâtres très découpées. Plusieurs villages sont bâtis de maisons basses aux toits couleur de paille fort agréable à l’œil (tôle peinte ou asbest ?). Au col le GPS annonce 1799m. Arrêt apéro près d’une fontaine : apéro au yaourt liquide salé qui ressemble à l’ayran turc. On passe un autre col Tukh Manuk (1795m) puis la route suit une rivière où l’eau est très abondante et le courant très fort. Au printemps les montagnes sont d’un beau vert vif sur les crêtes rouges. De loin nous découvrons d’autres sommets enneigés. – peut être les montagnes au nord de Jermuk qui dépassent 3000m ?Nous dépassons le village d’Areni où les vignerons proposent sur le bord de la route la production locale : du vin rouge conditionné dans des bouteilles en plastique taille maxi. Le plastique nous rebute.

La route de Novarank s’engage dans un étroit canyon entre de très hautes parois criblées de grottes où l’on signale toutes sortes d’oiseaux, condors, « oiseau charogneux », rapaces et chauves-souris. Évidemment les oiseaux en liberté ne sont pas là pour attendre les touristes et nous n’en voyons aucun.
Aujourd’hui la circulation est intense sur cette petite route. Le 1er Mai est jour de pique-nique. Les familles arméniennes arrivent à bord de vieilles Lada, le toit chargé de sarments ou de brindilles, le coffre plein de couvertures et de victuailles. Alors que je photographie le monastère, une famille m’appelle. Ils sont une dizaine assis sur une couverture, deux adolescentes parlent anglais, ils mangent des kebabs toutes sortes de boulettes et des dolmas. J’aurais volontiers partagé leur repas ;

Il y a un monde fou à l’entrée.
Je fais connaissance avec un nouveau personnage : l’architecte Momik(1260-1330) miniaturiste, sculpteur architecte qui construisit au 14ème siècle (1333) la très belle églises Sourb Astavatsadine : église-mausolée à deux étages avec un curieux escalier double menant au second niveau.
Les sculptures sont très fines. La pierre claire, de couleur crème se prête à toutes les fantaisie du sculpteur. Sur le tympan la Vierge à l’Enfant se trouve entre les archanges Gabriel et Michael. Les décors ressemblent plus à ceux des églises européennes qu’à ceux des églises arméniennes plus anciennes que nous avons vues. La délicatesse des sculptures, l’allure étrange de ces marches encadrant l’entrée sont très pittoresques mais la foule est très agaçante. Chacun veut se faire tirer le portrait debout devant l’entrée de l’église à l’étage. Un homme brandit une poignée de cierges qu’il compte allumer. Il pose pour la photo. Sans compter ceux qui ont gravi avec peine l’escalier et qui, pris de vertige, sont coincés à la descente !Nous ne nous attardons pas devant les khatchkars pourtant magnifiques ni dans le Gavit où nous ne trouvons ni la scène de chasse, ni la pierre tombale au lion du baron Sarkis que je comptais photographier pour montrer à notre voisine Madame Sarkis.
Au bord du ruisseau nous avions remarqué un restaurant où l’on déjeune au bord de l’eau sous des tentes en tunnel de toile bleue. Dès que le garçon apporte la carte nous comprenons que nous avons choisi un endroit luxueux, spécialisé dans le poisson (très cher). Nous commandons donc du poulet (pas cher) accompagné d’une garniture. Expérience gastronomique décevante : le poulet est dur, la garniture, des frites. Le spectacle est dans la salle : une tablée de colosses est installée devant une table chargée de victuailles, un nombre impressionnant de bouteilles de limonades et jus de fruit s’aligne sur la table. Nous n’avions pas vu tout d’abord les petits verres discrets et la bouteille de vodka dans le seau à champagne qu’on a renouvelée plusieurs fois. Le Russes boivent et mangent en proportion. Repas pantagruélique !

