CARNET MACÉDONIEN ET THRACE

Nous arrivons à Tychero à l’heure de la sieste. Après une heure de profond sommeil, je peux apprécier l’endroit merveilleux qu’est l’hôtel Thrassa. Oasis de verdure, il est posé sur le bord d’un petit lac artificiel peuplé de cigognes, canards et oies. La vigne vierge recouvre les bâtiments. Les pelouses et les massifs fleuris confèrent un aspect paradisiaque.
Notre studio est vaste, la décoration de bon goût. Une kitchenette occupe le mur du fond. Sur le balcon il y a une table ronde. Misère et géraniums rouges dans des grosses potiches sont posées sur le rebord du balcon.
Bella qui nous a accueillies ne parle que Grec, Sofia, la patronne s’exprime très bien en Allemand. Nous l’avons fait bien rire avec notre déjeuner de feuilleté. En Grèce le Tyropita est consommé au petit déjeuner (comme en Bulgarie la banitsa qui lui ressemble)

Sofia a le projet de faire une mosaïque de galets à la manière des pavages de l’ile de Chios. Elle a emmené Platon, son retriever, sur la plage de Messimvria et rapporté une brouette de galets colorés. J’assiste à l’émergence d’un papillon blanc sur fond gris. Tout en travaillant, Sofia parle de Chios qu’elle aime beaucoup. Il me revient plein de souvenirs de cette île.
Pot de bienvenue : un café à la glace à la vanille. Délicieux !
Le jardin est plus frais que le balcon.
La Municipalité, avec l’aide de l’Europe, a creusé le petit lac, construit l’hôtel et le restaurant sur l’autre rive, ainsi que la piscine. Les fonctionnaires ont été incapables de gérer convenablement ces réalisations, la piscine gelait l’hiver, le restaurant était fermé le week- end. Ils ont donc privatisé la gérance de l’hôtel. Selon elle, beaucoup de fonctionnaires, en Grèce se contentent des positions acquises…on pense aux histoires du bloc soviétique. Peut être est-ce un élément de la crise grecque ?
Sa famille est venue de Cappadoce lors des échanges de population en 1922. Elle n’a aucun ressentiment envers la Turquie actuelle. Ici, la métropole, ce n’est pas Athènes lointaine, ni Thessalonique provinciale, mais Istanbul distante de moins de 300km, fascinante. Les autres clients sont des Grecs d’Istanbul ; pour se rendre à Chios, plus pratique de passer par la Turquie. Elle nous raconte la Cappadoce, les villes souterraines occupée jusqu’au 19ème siècle. Nous passons ainsi une délicieuse après-midi à bavarder.
Nous allons au village de Tychero, village tout simple, petites maisons basses dans des jardins croulant sous les fleurs, roses odorantes dans le soir qui tombe. Dans le voisinage on a beaucoup investi dans le tourisme vert : il y a un autre Centre d’Interprétation du Delta de l’Ebros à Feres, une Réserve Naturelle dans la forêt de Dadya, des auberges d’éco-tourisme. L’Europe a investi dans la région : ces milieux naturels étaient-ils particulièrement menacés ou est-ce un intérêt stratégique dans les confins de l’Europe en bordure de Turquie ?
Sofia nous offre trois tomates du jardin, bien rouges et charnues, j’ai trouvé un tout petit concombre bien frais au village il me reste de la feta et des olives. Elle me propose du pain à la feta qu’elle commande par téléphone au village et qui arrive tout chaud et tout croustillant, croquant avec la salade. J’en ai oublié les pâtisseries de Feres.
Nous terminons la soirée sur le balcon jusqu’à ce que les moustiques aient raison de notre patience.