CARNET PÉLOPONNÈSE CRÈTE 1999
Sitia
Pour traverser la Crète et rejoindre la mer libyenne, nous repassons par Sitia. On se perd. Pour couper, on s’engage dans un petit village. Dans les ruelles, tous les vieux bigleux, les idiots, les impotents, sont de sortie, impossible de trouver quelqu’un pour nous indiquer la route… La carte est pratiquement illisible et plutôt fantaisiste. Personne ne reconnaît les noms grecs écrits en lettres latines. Donc retour à Sitia.
Géologie
La route de Sitia à Ierapétra traverse des montagnes assez hautes. Les crêtes sont équipées de très nombreuses éoliennes modernes. La roche est tendre et façonnée par les hommes en terrasses. Rien de très touristique. Je m’amuse à reconnaître la nature géologique du sous-sol. C’est plutôt un beau casse tête de chercher des structures explicables tant les roches varient : tous les échantillons imaginables se rencontrent sur une très courte distance, calcaires gris et durs voisinent avec des roches rouges et vertes, on passe à des marnes et des sables gris. Vers la côte sud des blocs de grès ont dévalé les pentes et sont en équilibre instable. Après 60 km nous retrouvons la mer et je me baigne dans de l’eau transparente.
Iérapétra
Arrêt au supermarché. Nous trouvons la mosquée et son minaret – en mauvais état – occupée par un forgeron et un kafénéion. Sur le port, la forteresse vénitienne est bien conservée, c’est un bâtiment peu élevé avec de beaux créneaux. Promenade dans les petites rues tranquilles, des tomates sèchent en grappes et en bouquets, photo.
Les ravages du tourisme
La route longe le littoral occupé par des stations balnéaires plus ou moins chics. Ici aussi le tourisme sauvage s’est développé de façon anarchique, beaux hôtels-clubs voisinent avec des constructions bon marché et des chantiers, certains ont été abandonnés en cours de construction, des poteaux en béton armé font de bien tristes casiers gris. Les boutiques exposent les articles de plage variés bouées-canards, dauphins gonflables, matelas pneumatiques occupent les trottoirs, les voitures stationnent n’importe comment, on n’avance pas. Cela ne donne pas envie de faire une étape.
Cultures irriguées et sous plastique
La route principale quitte la côte à Myrtos nous suivons une piste pour atteindre Arvi, elle traverse des oliveraies irriguées. J’ai tout le loisir pour observer les km de tuyaux plastiques noirs fins qui aboutissent à de multiples robinets. Être agriculteur ici est un métier de plombier ! Sur chaque terrasse on a construit des serres abritant des cultures maraîchères ou des bananiers. C’est vraiment surprenant de soir ces serres juchées sur un éperon rocheux ou accrochées au rocher sur le bord de l’eau. La côte est rectiligne, pas de plage, les vagues sont fortes et roulent des galets.
On se paie une belle rigolade parce que je bois la tasse à chaque vague. Quelques maisons, tavernes et cabanons sans prétention bordent la mer, c’est plutôt sympathique mais pas très joli.
Pique-nique sous un tamaris. La piste devient goudronnée. Au passage d’une rivière à sec, elle se partage en deux pistes. Dominique décide d’attendre le prochain véhicule et de le suivre. Rapidement passe une camionnette qui livre des glaces et, à sa suite, nous arrivons à Tsoutsouris qui est notre étape de la journée.
Tsoutsouris est desservie par une belle route goudronnée de neuf, c’est son unique attrait. Les bâtiments sont très laids, discothèques et bars occupent le rez de chaussée : l’horreur dans le genre prétentieux. Sans conviction, je cherche une chambre. Comme j’annonce que nous ne restons qu’une nuit, on nous fait visiter des chambres donnant du mauvais côté, et, fort cher. Nous fuyons.
La route a quitté la mer, nous ne trouvons de chambre nulle part. Cette région agricole n’a aucune vocation touristique. Après avoir traversé plusieurs bourgades nous décidons d’arriver le soir même à Kokkinos Pyrgos plutôt que de nous arrêter n’importe où. Dominique, qui en a franchement marre de conduire, parle même de dormir dans la voiture.

