AUTOMNE AQUITAIN

En ouvrant la porte, nous découvrons un bel arc en ciel et quelques gouttes de pluie.
Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin, surtout avec une pèlerine en plastique vert sur le chemin de saint Jacques de Compostelle, partant de Soulac que je trouve près de Hourtin, à Péqueyrôt. Le GR8 n’est pas balisé à la manière habituelle avec les traits blanc et rouge, mais avec des piquets à la pointe jaune ou bleue, portant un carré avec la coquille et des rayons jaunes, symbolisant le pèlerinage. Comme c’est plus difficile de planter un piquet, il y en a très peu. Mais ils sont judicieusement placés chaque fois que la direction n’est pas évidente.
Le premier tronçon se confond avec une jolie piste cyclable, à moitié cachée par les aiguilles de pin, qui s’insinue dans la forêt à quelques pas du lac. Après 2km, le sentier se sépare de la piste et ondule dans les dunes, surplombant le lac d’assez haut. Le sol sableux garde de multiples traces de sabots de toutes tailles. A un carrefour des champignons ont percé le chemin et étalent de larges chapeaux. Dans la moiteur et la chaleur anormale de cet été indien, les champignons pullulent. Il y e a des centaines de petits jaunes qui viennent tout juste de sortir. J’en photographie de plus gros. Des girolles ? Je ne sais pas faire la différence entre les comestibles et les fausses girolles qui sont mauvaises. Dans le doute, s’abstenir. Les lichens forment d’épaisses éponges grises et blanches qui recouvrent tout le sol sous les grands pins. Souvenir fugace de Lituanie où j’ai marché dans des paysages analogues, associé à une cueillette miraculeuse de champignons.
Un panneau annonce 46 biotopes différents, 46 c’est vraiment beaucoup ! Je n’avais pas imaginé des paysages si variés sur ces dunes coincées entre océan et lac, plantées de pins mais portant aussi des chênes. Dune blanche, où les oyats retiennent le sable nu ; dune grise embaumant les immortelles jaunes encore en fleurs, landes de genets et d’ajoncs, haute futaie au parterre de mousses et lichens, chênaies, zones de coupes fraîches où ne subsistent que les souches tandis que les genêts et les arbousiers profitent de l’espace mis à leur disposition pour croître démesurément, y compris sur le sentier qui disparait. Le sol est fouillé, les mousses retournées. Par qui ? Les animaux, les forestiers ou les gros 4×4 des chasseurs qui ont labouré le sentier, creusant des ornières dans le sable sec dans lesquelles je peine à avancer.
Un peu après la moitié du trajet, près de la Gracieuse, j’avise une piste cycliste étroite, très dégradée, interdite aux bicyclettes, réservée aux piétons et VTT, qui forme un étroit ruban de 50cm de large de ciment. La piste longe le GR8. Je peux surveiller les poteaux qui balisent le sentier tout en marchant sur le dur au lieu de m’enfoncer dans le sable. J’ai perdu du temps dans la dune, j’ai été plus lente que prévu. Au lieu de mettre 3 heures, et d’arriver à 13h j’ai 20minutes de retard. Alors que j’avais enlevé ma cape, la pluie recommence de plus belle. Je grappille les baies des arbousiers. Quand elles sont très rouges et mûres, elles sont fondantes et rafraîchissantes. La fin du parcours est facile, sur la piste longeant le lac.
J’arrive à un village de vacances à Bombannes. J’ai rendez-vous à l’UCPA. Ce que nous n‘avions pas prévu, c’est le gigantisme du site: rugby, tir à l’arc, tennis, accro-branches, sports nautiques, pédalos….Il nous faudra presque trois quart d’heures et des dizaines de coups de téléphone avant de nous retrouver. Paradis des vacances familiales ou adolescentes, cette démesure surprend. D’autant plus qu’en Octobre c’est vide – ou presque – sur le lac des planches à voiles glissent de concert. Un premier groupe d’adolescents pédale sur la piste cycliste alors que nous finissons notre déjeuner. Un deuxième apparaîtra tout à fait à-propos quand nous nous apercevons que la voiture est ensablée. Tout le monde pousse et la voiture bleue recule !
Retour par la route des phares, de Carcans-plage au Pin Sec. Parcours très agréable réservé l’été aux cyclistes mais ouvert en octobre aux automobiles. Le soleil n’aura fait que de brèves apparitions, c’est plus triste que les autres jours. Pour se consoler on ramasse du petit bois pour faire du feu dans la cheminée.



Je ne m’y connais pas bcp en champignons, je m’abstiens aussi , mais voilà qui donne faim!
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@eimelle : prise de risque minimale : je photographie sans y toucher
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