CYCLADES

Réveil sous un beau soleil malgré les prévisions météos pessimistes d’Internet et de la télévision. La surface de la mer est un miroir opalin et les côtes se détachent très nettement. Le dimanche, à 8h30, le pain n’est pas encore sorti du four. Au petit supermarché, près de la caisse, je trouve de curieux sachets colorés d’une marque mystérieuse Anatoli au design moderne. Je déchiffre avec peine l’inscription : c’est du colorant alimentaire pour les œufs de Pâques !7
9h, les nuages s’amoncèlent le petit « temple de l’Asklépion »est tout triste.
10h Le loueur de voiture nous conduit à l’hôtel une petite Hyundai, couleur sable doré.
Direction Naoussa.
Nous découvrons la petite baie de Kolymbithrès à l’eau bleu pâle, peu profonde, bordée de plages. La colline qui lui fait face a une allure étrange. Les rochers semblent labourés de sillons en diagonale. Plis ou diaclases ? C’est un chaos granitique, haché donc de diaclases. Les blocs sont curieusement évidés en cavités rondes.

Nous suivons les flèches marron indiquant le site mycénien de Koukounaries, introuvable. Toujours à sa recherche nous gravissons de mauvaises pistes. Pour alléger la Hyundai, je grimpe à pied. Sur le versant d’en face, les chèvres sautent de bloc en bloc. Dans le creux le troupeau de moutons nous a repéré et nous appelle avec des bêlements déchirants alertant les chiens. Je remonte d’urgence en voiture. Trois ânes montent la garde. Hangars et bergeries de tôle s’entassent en contrebas de la route. Dès que le terrain est plat on a cultivé du blé ou de l’avoine. Je continue à pied la piste jusqu’à un grillage et découvre un cercle de pierres : tholos mycénienne ou enclos des bergers pour parquer les bêtes ? Un homme travaille à son jardin avec une houe. Il m’appelle et me fait signe de rentrer dans son terrain : « Beautiful view, many islands, Delos, Mykonos, Tinos ! » Je crois reconnaitre les maisons blanches de Mykonos et au loin celle en longueur doit être Tinos. Et de se féliciter de l’hospitalité et de la gentillesse grecque, philoxenia ! Aurait-on vu en France des gens invitant les passants à contempler la vue de leur jardin ?

Sous les nuages menaçants, Paros, avec ses murettes de pierre sèche et ses moutons, a un air irlandais ou écossais. Nous n’avions pas imaginé que les journées radieuses auraient pu avoir une fin.
Naoussa est précédée par de nombreux resorts , lotissements de luxe, maisons cycladiques autour d’une piscine abritée par un vrai-faux-vieux mur, de bon goût mais désert hors saison. Les Québécois nous avaient prévenues : « les Grecs sont en train de peinturer ! ».

Aujourd’hui, dimanche, les restaurants sur le port ont sorti les tables et les menus. Il fait bien froid pour déjeuner dehors d’autant plus que dans les restaurants ce n’est pas donné. Sous un soleil radieux, on s’autoriserait une folie, un poisson grillé. Mais dans ce froid…Tout le monde a dû raisonner ainsi : les terrasses sont désertes. Le port a une vague ressemblance avec Mykonos, la voisine, très chic, très cher…

L’intérieur du village est plus vivant. Les palmes des Rameaux forment des arcs de triomphe. Les enfants des écoles vendent des cierges décorés pour Pâques et des gâteaux sur un stand qui barre la rue principale piétonnière (les voitures sont au parking à l’extérieur de la ville). Nous trouvons un petit restaurant fast-food Pita Frank qui sert souvlakis et gyros sur une pita dans du papier. Nous y retrouvons des familles françaises avec le Guide du Routard. Un verre de vin, une petite bouteille d’au, 1 gyros et 2 souvlakis pour 6.5€. Déjeuner économique. A 18h on sentira la faim.

Malgré les nuages nous faisons la Balade au Phare balisée par le Parc Environnemental sur le cap vers Kolymbithrès, juste après le petit chantier naval. Les sentiers sont très bien balisés. Une carte permet de planifier les promenades et des variantes relient les trois circuits principaux :
N°1, 45mn pour le Phare
N°2, un peu plus courte
N°3 tour du cap 50mn
Je choisis le sentier n°1 qui court en balcon au dessus de l’eau dans un tapis d’immortelles mauves, de très petites fleurs roses très découpées, d’oxalis jaunes, de composées ressemblant au pissenlit mais roses, et d’iris nains bleu que j’affectionne. La colline est recouverte de coussins épineux secs en été mais vert en avril. De place en place les cistes sont en fleur et le serpolet fait des boules roses .

les rochers sont feuilletés, micaschistes et gneiss avec de gros yeux de quartz, des cristaux bien visibles à proximité de l’affleurement granitique de Kolymbithrès. Cela ne m’étonne pas. Le marbre est aussi une roche métamorphique. Tout en marchant j’élabore un cours sur le métamorphisme avec mes souvenirs lointains. Les micaschistes aussi sont évidés en grandes cavités arrondies ou en petit trous. La surface de la roche ressemble parfois à une passoire ou à un mille-feuilles criblé de trous. Le phare se voit de loin. Le sentier serpente. Les points de vue sont nombreux, vers le large, vers Naoussa, sur des criques à l’eau turquoise. Au bout du cap je retrouve les îles. Cette randonnée de 1h30 est très facile et très agréable.
