CARNET SARDE
La route du site Janna e Pruna est une aventure à elle seule. A l’entrée d’Irgoli , juste après le pont un panneau annonce 11km. Les 3premiers km sont sur une large route provinciale. Puis à gauche, un raidillon, étroit mais goudronné s’élève droit dans les lauriers-roses géants. Puis redescend. La vue sur la vallée du Cedroni et la mer est éblouissante, falaise bleutée au dessus d’Oliena, villages ramassés d’Irgoli et de Galtelli. Après de nombreux tournants, la voiture cale. Départ en côte avec le fameux frein à main électronique ! Après les affleurements volcaniques nous traversons une région de schistes. Un chaos granitique coiffe la colline, nous faisons un arrêt dans un creux occupé par des bergeries.
Clochettes d’un troupeau de chèvres cachées dans les buissons. Elles ont fait une coupe intéressante aux lentisques en dénudant les troncs et les branches jusqu’à 2m du sol. Au dessus du hameau la petite chapelle Crezia St Eleni n’est pas très jolie à cause de son crépi de ciment mais le site est enchanteur. La route monte encore vers un sommet boisé de pins et aussi de très vieux chênes noueux et parvient à un embranchement. Vers la gauche est indiqué Irgoli, en face la Locanda Nuraghe, à droite un 3ème chemin qu’on n’aurait jamais dû emprunter vers la montagne. La route s’arrête brusquement, le demi-tour acrobatique. Un parapet protège du vide (pas du vertige, il ne mesure qu’une dizaine de cm de haut) marche arrière donc sur une centaine de m au bord du précipice.
La locanda est fermée. Un sentier de randonnée balisé (3h30 – 5.5km) part de là. L’endroit est aménagé pour le pique-nique sous des chênes impressionnants.
Nous prenons donc la route d’Irgoli à flanc d’une colline couverte de cistes roussis. Des vaches à la robe brune ou grise aux cornes courtes mais très pointues. Deux petits veaux tètent. Je n’ai jamais vu des vaches si petites.
Sur la gauche, le site Janna e Pruna est signalé par un panneau jaune. L’entrée 2€ seulement avec la visite guidée. La dame est charmante et prend tout son temps. Je découvre la civilisation nuraghe. Le site 1200-900 av JC, correspondant à la fin de l’âge du Bronze et au début de l’Age du Fer.
Le petit temple est formé d’une cella circulaire (comme une tholos), précédé d’un atrium entouré d’une enceinte rectangulaire délimitant la zone sacrée. A l’extérieur, des banquettes permettaient aux pèlerins et aux prêtres de s’asseoir. A l’intérieur du temple on au aussi trouvé des bancs de pierre et au centre un foyer. Les pèlerins apportaient des ex-voto. Des figurines de bronze – bronzetti – sont exposées aux musées de Nuoro et Cagliari. L’Antiquarium d’Irgoli n’en présente que des photos. Une construction circulaire, voisine du temple, avait autrefois une toiture de bois (disparue bien sûr) était la salle où l’on préparait les offrandes. Une autre enceinte soigneusement construite de gros blocs de granite délimitait un espace sacré où les pèlerins attendaient avant d’aller au temple.
Cet emplacement était stratégique, culminant à 650m au dessus de la Vallée du Cedrino et du Golfe d’Orosei.
Nous descendons ensuite visiter la Fontaine Sacrée. Les Nuraghes étaient animistes et vénéraient l’eau (pas figuré par une divinité spéciale, l’eau comme élément). La fontaine fut construite en belles pierres de basalte soigneusement appareillée tandis pour le temple on utilisa les blocs de granite plutôt arrondis irréguliers sans joints. Un magnifique aulne glutineux a poussé grâce à l’humidité de la fontaine.
Les végétaux du site sont étiquetés : une aubépine, un chêne-liège, des cistes, des bruyères arborescentes, des ronces et bien sûr lentisque (j’apprends qu’il appartient à la famille des anacardiers). Sur la route du retour, un véritable fleuve de lauriers-roses descend le vallon. Spectacle bucolique avec les abreuvoirs qui brillent au soleil.
Jolie surprise aussi que cette Notre Dame de Constantinople rappelant l’histoire byzantine de la Sardaigne. L’église actuelle est 17ème, crépie de ciment, quelconque.
La visite de l’Antiquarium a tourné au pensum. La dame me montre au rez de chaussée un beau menhir à cupule, des pierres à meule en granite et un bétyle provenant de Tombes de Gigantes. Elle énumère les lieux où on a retrouvé ces objets dispersés dans tout le village d’Irgoli qui a été nuraghe, romaine, byzantine….
Une spécialité sarde : la pintadera disque de terre cuite orné d’un motif géométrique en relief. C’est un moule permettant d’estamper une décoration géométrique sur le pain ou la fougasse. Le thème du blé et du pain est abondamment développé à l’Antiquarium. Quand les enfants des écoles viennent en visite au musée, dans un atelier ils peuvent moudre les céréales à l’ancienne et confectionner une galette de pain décorée. Le thème de la métallurgie est aussi illustré. L’objet le plus curieux est ce poignard nuragique trouvé par un paysan qui a remonté la lame et utilisé comme couteau. Intéressants aussi ces moules de pierre pour couler le bronze. Les Nuraghes commerçaient même avec Chypre qui fournissait du cuivre.
Une collection numismatique commence avec les Phéniciens et se termine au 6ème siècle avec les Vandales.
La sonnerie de mon téléphone me délivre des explications interminables sur les céramiques. La dame disserte sur de minuscules tessons portant des traces de roseaux tressés ou de minuscules piqûres d’épingles.
ARNET SARDE

en fait j’avais surtout envie de me baigner sur les plages magnifiques mais mais les commentaires du billet en question sont fermés 🙂
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@dominique : tu trouveras la suite du billet et d’autres belles plages ci-dessus et les commentaires sont revenus après une longue panne
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