CARNET SARDE

La visite au Musée archéologique de Sassari est une conclusion logique à celle des sites visités dans la région. Objets provenant des hypogées, des nuraghi, des sites antiques. Les replacer dans la chronologie. Le Musée est installé dans un bâtiment classique avec fronton et colonnes.
Avant l’arrivée des humains, les fossiles : bois silicifié Miocène d’une forêt pétrifiée par le volcanisme.


Au Néolithique deux cultures se sont succédées : la culture Bonu Ighinu (4000-3500) et d’Ozieri (3500-2700) avec de petites idoles de la Déesse-Mère. D’autres idoles sont de type cycladique. La ressemblance saute aux yeux avant même que je ne lise le panneau, exposées avec des pointes de flèches en obsidienne, des couteaux en silex et des céramiques très frustres.
Les Domus de Janas sont reconstituées. Les entrées des tombes sont parfois ornées de figures animales comme les bois de cervidés.
Une maquette de Tombe de Géants introduit la civilisation nuragique (1500-535)

La salle suivante des phénico-punique. Je reconnais les stèles funéraires d’une trentaine/quarantaine de cm comme celles que j’avais vues à Cabras (certaines viennent de Tharros) ornées de figures d’Astarté ou de Tanit. Cette salle punique contient des amphores mais aussi de nombreux vases grecs provenant de Grand Grèce (560-570avJC et 350-325avJC)
Les âges romains sont illustrés avec des mosaïques (assez quelconques, noir et blanc, géométriques) quelques statues et des stèles très primitives ressemblant à des bornes grossièrement entaillées avec des visages ressemblant à des ampoules électriques. Plus communément on a aligné lampes à huiles, vases à parfums en verre et petites figurines en terracotta.
Dans la salle médiévale on a exposé des maquettes de la ville de Sassari fortifiée (les murailles ont maintenant disparu) d’une ferme à Geridu (Sorso), des plaques de marbre avec des inscriptions médiévales ainsi que de la vaisselle. De nombreuses cartes précisent les contours des Giudicats, les places fortes ou les échanges commerciaux avec la Toscane, la Ligurie et avec le Monde Musulman.

A l’étage, je retrouve les nuraghi, maquettes et plans et ce que j’attends : les fameux bronzetti , guerriers et archers, embarcations que je connais d’après les photos montrées par les guides lors des visites. Là, je suis très déçues, beaucoup sont manquants, envoyés pour une exposition à Cagliari ceux qui restent ne sont pas mis en valeur. J’essaie de les photographier sans arriver à un résultat satisfaisant. Le petit guerrier avec de longues cornes sur son casque, celui qui protège sa tête avec le bouclier recourbé, sont perdus dans le fatras de portoirs, d’étiquettes et de mobilier qu’on voit par transparence.

La Via Roma allant de la Piazza Italia au Musée est bordée de bâtiments officiels, plantée de palmiers alternant avec des orangers, peu animée, un peu ennuyeuse et courte, Sassari ‘est pas une très grande capitale ! La belle Piazza Italia est immense, au contraire, elle est bordée de grands palais. Victor Emmanuel II est en majesté sur son socle. Elle résonne des tambours des manifestants qui tapent sur des seaux en plastique, des klaxons en plastique colorés destinés à des manifestations sportives, et des cris des syndicalistes qui ont planté leurs drapeaux syndicaux autour de la statue avec des drapeaux énigmatiques indiquant que la réforme tue. Quelle réforme ? Comment ? Les pompiers sont là avec leur camion, les professionnels du Tourisme aussi ainsi que les infirmières. Si les revendications sont bruyantes elles sont aussi floues que peu explicites. Il faut croire que Sassari est très en colère : un peu plus loin, au Tribunal (bâtiment très massif à colonnade rouge monumentale) d’autres manifestants se sont enchaînés dénonçant les « lenteurs de la Justice ». Quelle affaire ?

Le corso Victor Emmanuel II ne ressemble pas à une grande rue, c’est une artère très étroite bordée de boutiques assez ordinaires, bars, alimentations, habillement. Je me faufile dans les ruelles et découvre par surprise de très belles places La Piazza Tula avec ces Palazzi Renaissance, la Piazza Communale et le Palais ducal et le Duomo énorme hétéroclite avec sa grande façade qui paraît plaquée sur l’église ancienne gothique. Les ruelles étroites, les différents styles qui se superposent, les Palazzi qui se bousculent, tout cela contribue à un certain désordre.