CANARIES 2015

FV-2 La route vers le sud
Fuerteventura est vraiment une très grande île. On s’en rend compte en poussant jusqu’à l’extrémité sud : 85 km sur la FV-2 qui passe par l’aéroport, les stations touristique de Caleta de Fuste, Costa Calma et Morro Jable, grande route large et moderne avec des tronçons d’autoroute pour les touristes pressés.
Le rond point de Caleta de Fuste est orné d’une statue de golfeur. Les constructions ont envahi les proches collines tandis que le golf vert occupe la plaine. Ce golf vert sur l’île désertique est une offense au bon sens et à la nature. Les ressources en eau sont si limitées que chaque arbre, chaque jardin semble un miracle. Ici, on a essayé de briser le vent en plantant une rangée de casuarinas, bien dépenaillés, à moitié desséchés, incapables de remplir leur office. Là, un caroubier a son feuillage tout ramassé au lieu de s’étaler avec le port caractéristique de l’espèce. Un olivier penche désespérément sous le vent, la moitié de l’arbre est desséché. On cultive des jardinets dans des boites j’en ai vu un dans un container de bateau. Et à Caleta de Fuste, on gaspille en arrosant l’herbe verte.
Après Caleta de Fuste la FV-2 entre dans les terres. On ne retrouvera l’océan qu’à Lajita. Nous sommes déjà passées samedi en allant à Pozo negro, je reconnais la coulée, Malpais. Lajita est une sorte d’oasis. Un jardin tropical a été implanté qui déborde sur la route bordée de massifs de géraniums fleuris, masque les constructions avec les bougainvillées, les palmiers. « Oasis Park » est un parc d’attraction – cher – avec des balades à dromadaire, un zoo…destiné aux familles avec enfants. Nous ne le visitons pas.
En bordure du Parc Naturel El Jable on a construit la station balnéaire de Costa Calma, je m’attendais à une horreur comme Caleta de Fuste. Délicieuse surprise ! la route est encadrée par d’épaisses rangées de palmiers ombrageant des jardins, une piste cyclable, masquant les constructions (et les protégeant des nuisances de la grande route). Les feux actionnés par les nombreux piétons sont tous au rouge mais nous ne voyons pas les « nappes d’immeubles » annoncés par les guides. La pression touristique est plutôt perceptible dans les chantiers des infrastructures : on construit un aéroport.
A la sortie de Costa Calma, le relief s’adoucit, le sable – venu d’où ? – s’accumule en grandes dunes parfois couvertes de buissons. On imagine les grandes plages de sable blanc invisibles de la route. A la sortie des dunes, une autoroute relie Morro Jable, station très chic sur les contreforts du massif de Jandia, lui aussi parc naturel culminant à 807m. A Morro Jable la route est bordée de boutiques de luxe d’un côté, de l’autre une corniche borde une zone verte qui isole la plage quelques centaines de m plus loin. Arrêt à l’Office de Tourisme : on m’offre gracieusement deux cartes des sentiers piétonniers de Fuerteventura mais on me prévient que pour le Phare de Jandia, la piste est réservée aux 4×4, sinon on peut prendre l’autobus.
La piste

Nous avons fait 100km pour nous arrêter là ?
Nous tentons l’aventure : sur la piste se trouvent de nombreuses voitures légères et relativement peu de 4×4. La piste de terre est bien entretenue, très large et lisse. Aucune autre raison de ne pas essayer ! Il y a toujours le risque de crevaison. Des nuages sont accrochés à la montagne formant un brouillard très mouillant du côté passager ( je remonte la vitre) tandis que le ciel au dessus de la mer est très bleu, la fenêtre du conducteur reste ouverte. L’humidité (ou la pluie de cette nuit) a détrempé la piste qui devient très glissante ; chaque tour de roue projette de la boue jusqu’au toit de la voiture ; Les cyclistes que nous croisons en sont couverts. 16km de piste jusqu’au Phare, dans quel état allons nous arriver ? Les arrêts-photos sont problématiques. Il y a bien des emplacements de parkings mais la pluie et le vent infernal n’incitent pas à sortir. Le paysage le mérite pourtant ! L’humidité a permis à des milliers de fleurs de faire un tapis coloré sur l’austère montagne volcanique. Ancien volcan basaltique dont on distingue l’empilement des coulées noires alternant avec des niveaux plus colorés, des scories oxydées rouges, des niveaux de cendres clairs. De minuscules giroflées forment des nappes violettes, les moutardes, des jaunes. La piste s’assèche. Les sommets moins hauts n’accrochent plus les nuages balayés à grande vitesse par le vent. Un village est précédé d’une éolienne moderne. Un peu plus loin, la silhouette du phare se détache sur la mer.

Il faut s’emmitoufler, zipper la fermeture éclair jusqu’en haut, relever la capuche, enrouler l’écharpe. Le Centre d’Interprétation est fermé le dimanche et le lundi. Pas de chance ! Protégée par une grande baie aux eaux turquoises est encadrée de crêtes découpées. Ciel bleu. Pas une vague, un calme surprenant. Tous les touristes posent pour une photo inoubliable.

Promenade à l’extrémité de la pointe du côté venté. Les vagues hérissent l’océan bleu marine très foncé contraste saisissant. Les rochers sont criblés de cœurs de pierre. Souvent les visiteurs pour marquer leur passage empilent les cailloux pour construire un cairn. Ici on dessine un cœur avec ses initiales dedans. Certains poussent le raffinement jusqu’à prendre des patelles ou du verre de bouteille pour colorer leur composition. Je marche sur les cœurs.
Apéro coréen au pied du phare.
J’ai trouvé à Hiperdino de Morro Jable une petite bouteille carrée très jolie d’une boisson à l’Aloé vera. A Lanzarote et à Fuerteventura il y a partout des boutiques « Musées de l’aloès » vantant les cultures biologiques des îles. Je croyais donc consommer de l’Aloès canarien. J’ouvre le flacon. Impression étrange, il y a à boire et à manger. Il faut secouer pour mélanger la pulpe. Le goût est étrange, agréable, original, raffiné. J’examine l’étiquette. La boisson vient de Corée ce qui explique son prix relativement élevé (1.75€ pour 33cl).
Le village de Puertito de la Cruz
Côté face à la route : un grand restaurant (4×4 et voitures garées) côté pile des ruelles étroites entre des maisons basses chaulées de blanc aux portes métalliques vertes. Le village est petit. Une placette face à la mer (côté tranquille turquoise) fleurie d’une rangée d’aloès fleuris rouge. C’est là que nous déjeunons. Un peu plus loin, une dame récure son plat à paella. Un pêcheur passe, il ouvre sa petite maison au bout de l’allée qui donne directement sur la plage à laquelle on accède par des marches taillées dans la coulée. Impression d’avoir découvert un secret bien gardé de Fuertentura.
De la piste principale, une piste descend à la plage de Salinas. Pas de trace de saline mais une petite plage tranquille ; Une sorte de ciment naturel (caliche ?) a aggloméré le sable clair à des galets noirs. Il en résulte une sorte de mosaïque naturelle.

Comme la voiture se comporte très bien, nous nous enhardissons à prendre la piste de Cofete de l’autre côté de la pointe où deux plages Playa de Barlovento et Playa de Cofete sont sur notre carte. Plages de sable immenses. On franchit la Montagne de Jandia par un petit col. Au mirador, le vent est infernal mais le panorama magnifique sur les deux plages battues par les rouleaux dans un nuage d’embruns. La piste descend en lacets serrés. Mieux vaut ne pas tenter le diable. Nous rebroussons chemin.
Au retour : les plages du sud
A l’entrée de Morro Jable , juste après le port où 2 ferries sont à quai, un bateau Armas et un catamaran Olsen, après les hôtels nous trouvons un parking attenant à la plage. Grand soleil, pas de vent, pas une ride sur l’eau turquoise. 24°C dans l’air, eau tiède, pavillon bleu, il y a quelques baigneurs. Le sable est blanc, d’une grande finesse et très propre. La plage est équipée de lits et parasols, tous beiges, très discrets, tous vides en cette saison. Nombreux sont ceux qui marchent les pieds dans l’eau, mais en maillot de bain, je remonte le pantacourt au dessus des genoux.
Risco del Paso est une très belle plage sauvage à mi-chemin entre Morro Jable et Costa Calma dans le Parc El Jable. Kite-surf, planches à voile se partagent la plage Sotavento . Plage sauvage mais surveillée. Drapeau jaune, le sauveteur guette, personne ne se risque à l’eau en dehors des surfeurs et des véliplanchistes. Le vent soulève des aiguilles de sable qui cinglent mes jambes.

Un peu avant Lajita, un panneau représentant un appareil photo nous fait quitter la voie rapide. Le point de vue est au restaurant Mirador de Sotavento. Une terrasse, demi-patio, fleuri d’aloès jaunes, de poinsettias meublés des lourds meubles espagnols en bois sombre, des banquettes ajourées, des tables aux pieds tournés. Le service est très aimable. « Vous venez pour dîner ou boire un verre ? ». Diner ? Il est 18h15. Peut être les scandinaves ou les allemands. Je m’installe pour dessiner le panorama. La carte est alléchante : poissons et paella. Une très bonne adresse.
Retour par la route principale sous une très belle lumière ; Fuerteventura est vraiment l’île rouge ! la nuit tombe quand nous arrivons à Caleta de Fuste. Arrêt à Mercadona, le supermarché est très décevant, il n’y a pas d’oranges, peu de légumes. Nous achetons du poisson des côtes de porc marinées et une barquette de carottes.



ce sont des paysages tout à fait particuliers, cette alliance de désert et de côtes déchiquetées que chez nous on voit plutôt en Bretagne
C’est ce qui me plait le plus
J’aimeJ’aime
@Dominique : la force de l’océan, comme à la pointe du Finiestère!
J’aimeJ’aime