CARNET ROMAIN
En moins d’une demi-heure je traverse Rome. La métropolitana a des quais sombres et tristes mais dans la rame le voyageur a de la distraction : sur un écran on diffuse de la publicité, des nouvelles et la météo, même l’horoscope. Les stations sont bien annoncées, signal lumineux et sonore. A midi je suis au Vatican et sors à la station Lepanto.
Dominique m’attend au pied du château saint Ange devant un violoniste qui nous régale d’un concert.
Pour déjeuner, nous passons le pont et trouvons un petit restaurant qui a deux tables sur le trottoir, vue sur le Pont Saint Ange et un rayon de soleil. Je choisis des cannellonis épinards et ricotta, Dominique, pennes au saumon.
Nous passons l’après midi dans les quartiers proches du Tibre, évitant le large Corso V. Emmanuele II, parallèle à la via Giulia, la rue Banchi Vecchi est ornée de parapluies rouge et blancs suspendus sur les câbles courant d’une façade à l’autre (comme ailleurs la lessive) .
Je flâne au hasard, à l’inspiration plutôt. J’ai envie de revoir le Panthéon et de chercher les Caravage cités par Dominique Fernandez dans le Piéton de Rome. J’entre dans la vaste Chiesa Nova. Dès l’entrée je repère un Caravage. Un jeune homme me propose un audio-guide gratuit qui parle plus de Philippe Neri, saint fondateur de la congrégation, que des œuvres d’art dont l’église est remplie. Il signale une Rubens mais oublie le Caravage et le Cavalier d’Arpin. J’entre dans Santa Maria della Pace, et sur la Piazza Navona, Santa Agnese in Agone.

La Piazza Navona est noire de monde, le marché de Noël et un manège cachant les fontaines, les silhouettes métallisées et immobiles, des peintres à l’aérosol, des militaires occupent le terrain avec les nombreux touristes. Je fais passer mon sac du dos vers l’avant. La Fontaine des Quatre Fleuves est dans l’ombre. Trop de foule, il faudrait revenir le matin.

Saint Louis des Français est dans l’itinéraire Caravage de D Fernandez. Les tris tableaux du Caravage occupent la même chapelle Saint Mathieu. Saint Mathieu et l’Ange attire tout de suite mon attention avec le manteau rouge et l’ange aux ailes arrondies comme une draperie improbable dans la pénombre. Le Martyre de Saint Mathieu est d’une violence inouïe, suggérée par le contraste de la blancheur des corps dans la pénombre. La Vocation de Saint Mathieu est plus apaisé, surprenant cadrage des personnages alignés dans la lumière tandis que les 2/3 du tableau sont sombres, presque noirs. Il y a beaucoup de monde autour de la chapelle. Chacun met son obole dans la machine éclairante.

Enfin le Panthéon ! Énorme. La façade antique impressionne. Le fronton et les colonnes datent de 27 avant JC. Enfin un édifice antique qui tient debout après les vestiges ruinés du Forum. La coupole immense (43m) couvre du vide malgré le grand nombre de visiteurs. Autour les colonnes de marbres, porphyres, les dorures forment un riche décor. Il faudrait imaginer les statues antiques dans les niches. Trop paresseuse (fatiguée) pour sortir le Guide Bleu, je rate le tombeau de Raphaël « à ne pas manquer ».
Je retrouve Dominique qui m’attend devant une crêperie au Campo de’Fiori. Plus de marché, sauf les fleurs. La place est plus jolie le matin. En face sur la place Farnèse devant le Palais une fanfare joue des airs militaires et en conclusion la Marseillaise. J’ignore la raison de cette sérénade devant notre ambassade.

