Djembering et retour de la pêche au Cap Skirring

CARNET DE CASAMANCE

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promenade sur la plage

7h10, le ciel est gris, gris l’océan. Les embruns se confondent avec la brume. Douceur du lever du jour. Les nuages rosissent mais ne laissent pas voir le soleil. Les pieds dans l’eau tiède, tel un berger de la mer, je pousse devant moi une troupe de mouettes qui s’envolent à mon approche pour se poser 50 mètres plus loin. Pensant au poème de Senghor, je regrette qu’elles ne soient pas des sternes de l’Atlantique.

Que font les vaches sur la plage stérile ? Cherchent-elles la fraîcheur ou la paix pour dormir et ruminer ?

Les silhouettes des pirogues se balancent près du rivage. L’océan est très calme ce matin, lez vagues ont perdu leur puissance. Rien à voir avec les puissants rouleaux du Golfe de Guinée et de la plage de Cotonou ?

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une des places de Djembering

Djembering est un gros village de 6000 habitants, le plus ancien de la région. C’est un village très structuré plus que les villages que nous avons vus, diffus avec des ruelles débouchant sur de vastes places vides. Ici, un plan clair apparaît.

Nous le rencontrons à un rond point marqué par un énorme fromager et un baobab. Autour du fromager on a pavé la voie en un cercle parfait. Devant le baobab, plantée une croix blanche de ciment. Plusieurs restaurants sont installés au carrefour ; l’un d’eux s’appelle « la cour des grands », il y a également des boutiques. Devant la croix, des femmes sont assises derrière des bassines remplies de poissons et des coquillages. Une autre femme vend des sandwiches. C’est là que nous rencontrons Pap qui nous explique que toutes les rues convergent ici. La ville est composée de 6 quartiers ; chacun possède une place principale avec son fétiche et sa petite case des tamtams, un manguier et des bancs autour ; chacun a son « chef de village ». La case des tam-tams est carrée avec un toit de tôle formant une petite pyramide : elle contient le bombolong, le tam-tam téléphone qui résonne très grave et porte jusqu’à 7 ou 8 km. Sont rangés aussi les tam-tams des jeunes. Chaque place possède un accessoire inédit : une énorme bouée trouvée sur la plage, comme une bouteille géante rouillée, ou une bouteille de gaz suspendue à l’Arbre à Palabres : les femmes y frappent avec une ferraille et obtiennent un son de cloche pour un rassemblement ; Après les guerres tribales, on déposait les armes près du fétiche.

fétiche
fétiche

Les rues sont très propres ; on balaye les feuilles. Une file de femmes portent sur la tête des seaux pleins de feuilles qu’elles épandent dans les rivières pour servir d’engrais. Djembering cultive le riz. Elle st autosuffisante. En plus du riz les femmes font du maraîchage, les hommes fabriquent  le vin de palme ou travaillent dans les chantiers.

guerrier et girafe
guerrier et girafe

Le sculpteur taille à l’herminette de hautes girafes ou des guerriers dans des troncs. Il peint ensuite les grandes statues ;

Le village est encerclé d’une véritable forêt de fromagers. A une extrémité se trouve le bois sacré des femmes, les femmes s’y réunissent pour les initiations. Selon Pap les femmes auraient un grand pouvoir, mais il n’est pas disert là-dessus. Seulement, un exemple : si le chef du village convoque à une assemblée, il n’est pas toujours suivi, tandis que dès que la reine appelle, elle est immédiatement obéie. Pap insiste sur la séparation totale des sexes en ce qui concerne la maternité. L’homme ne peut pas connaître le sexe de son enfant avant 6 jours, le temps que sa femme sorte de la maternité. Si la femme meurt en couches, il ne pourra pas la voir.

Djembering vu de la dune
Djembering vu de la dune

Je remarque une tombe carrelée : une tombe chrétienne. Les animistes coupent deux branches pour marquer le lieu de la sépulture. Les parents  reconnaîtront. Ici, les boutures réussissent parfaitement, les branches prendront racine. Tous les petits arbres sont donc des tombes animistes. Le cimetière chrétien est à l’autre extrémité du village. Comme je vois une mosquée, je suppose que les musulmans doivent enterrer leurs morts ailleurs mais Pap n’en parle pas.

Nous gravissons une petite dune à pente bien raide pour avoir une vue panoramique sur le village. Elle est plantée de beaux fromagers. L’un d’eux parait suspendu sur deux racines. Autant les racines sont spectaculaires, autant elles sont superficielles. Sous des bougainvilliers je découvre les cases en ciment d’un campement touristique. Les émigrés du village avaient financé cette base touristique qui, selon Pap, marchait très bien avant la rébellion de Casamance. A Djembering il n’y a jamais eu de troubles mais les touristes ne sont jamais revenus. Je suis  triste pour cette sympathique initiative de tourisme solidaire.

La maternité est vide aujourd’hui, seulement une jeune femme qui aide la matrone, garde aujourd’hui le bébé de la doctoresse sur son dos. Cette maternité est grande pour le village, une dizaine de lits. A côté se trouve la crèche-garderie et l’école maternelle. Les enfants sont dans la cour : à 11h, c’est récré et goûter. Les petits viennent avec leurs mains collantes s’agripper à nous. Ils sont ravis de se reconnaître sur les écrans de nos appareils-phots. Les vidéos leur plaisent encore plus. Les grandes improvisent une petite danse pour le film.

Cap Skirring : marchand de souvenirs
Cap Skirring : marchand de souvenirs

Les pirogues rentrent vers onze heures à Cap Skirring. Port est un bien grand mot : on hisse les pirogues sur le sable avec des rouleaux de bios et des chariots à deux roues. Pour monter une pirogue, j’ai compté 19 hommes sur un côté et sûrement autant de l’autre. Nous nous approchons pour voir le poisson. Il y en a très peu : deux ou trois caisses seulement. Les femmes se précipitent avec leurs bassines. Du côté salage et séchage, je suis étonnée de trouver des poissons nobles comme des soles. Je pensais qu’on ne séchait que des poissons de moindre valeur.

40 pour hisser la pirogue sur la plage!
40 pour hisser la pirogue sur la plage!

Retour à Maya pour déjeuner à 13h. L’après midi s’écoule entre baignades, promenades sur la plage et farniente sur la terrasse. On est si bien que je me prends à envier ces retraités qui restent des semaines même des mois.

Au dîner, il fait si frais que j’abrège le moment après le dessert.

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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