CARNET SICILIEN 2016

Nous pensions passer la matinée à Palerme. L’énervement dans les embouteillages nous a épuisées. Nous redoutons une réédition pour sortir de la ville. Dès 8h30, nous voilà parties en passant par la Gare, puis en direction du port et de la mer où nous trouvons la SS113 qui traverse des quartiers modernes puis suit la côte. Un véritable marché est installé en bord de route. J’achète des oranges (4kg pour 2€, 1kg de nèfles1€) .
Grands immeubles, usines : le littoral n’est pas très avenant.
Sciascia dans Todo Modo m’a donné envie de visiter le Musée Guttuso, Villa Catholica à Bagheria. J’avais préparé ma visite sur Internet, horaires, adresse, programmé le GPS. Déception : la Villa Catholica est fermé pour restauration.
Villa Palagonia

Dominique Fernandez consacre un chapitre entier dans Le Radeau de la Gorgone à la villa et au Prince qui l’a fait décorer, ainsi qu’aux illustres visiteurs, entre autres Goethe (LA VILLA DES MONSTRES p. 126 – 153). Nous l’avions visitée autrefois, la revoir a été un plaisir. Malgré les nuages la lumière est favorable et je m’amuse à photographier les personnages grotesque, les musiciens, les danseurs, les monstres qui ornent le mur d’enceinte de la villa. Je m’attarde sur un gambiste emperruqué, sur deux dragons…Dans les jardins fleurissent jasmin, agrumes dont les senteurs se mêlent ou alternent – un enchantement. Citronniers et orangers portent des fruits mûrs. Buisson de strelitzia, les corolles blanches des arums sous les grands arbres.

La façade est précédée d’un imposant escalier et de bancs de pierre surmontés de curieux médaillons, bustes de personnages qui semblent sortir de la muraille. Une photo de l’un de ces bancs orne la couverture du livre de Lampedusa, le Professeur et la Sirène.
L’entrée ovale est peinte en trompe-l’œil grisaille et paysages en teintes pastels qui semblent être vus par une fenêtre, de fausses colonnes semblent soutenir des moulures dessinées. Au dessus de la porte menant à la galerie des glaces une maxime prévient que la vie est courte et que chacun doit s’en souvenir en contemplant sa propre image dans les miroirs.

Cette salle est spectaculaire avec ses murs plaqués de marbres précieux de différentes couleurs ; Des bustes et des têtes surgissent du mur dans des médaillons. Visages blancs et draperies pourpres, habits gris et manches jaunes. Des volutes baroques de marbre blanc s’enroulent sur le mur rouge. Une frise court à la limite des marbres et des glaces. Des oiseaux semblent s’être perchés entre des vases contenant des bouquets de fleurs. Les « miroirs » semblent être minéraux de grands rectangle de micas ou d’ambre. Peut être sont ils simplement patinés. Ils recouvrent le plafond en voûte reflétant une lumière très particulière.

Je m’attarde d’autant plus que le gardien a prévenu que toutes les villas de Bagheria sont fermées ainsi que le site de Solunto où nous devions passer.