Ring of Kerry

CARNET IRLANDAIS

Ring of Kerry
Ring of Kerry

Surprise! Le ciel est dégagé, le soleil brille. Du gîte on voit  Mizen Head. Quelle merveille !

Le soleil donne une tout autre atmosphère à la route de Bantry. Elle tortille entre les hautes haies ou les bosquets qui forment un tunnel de verdure. Le haut des collines est boisé. Les bruyères violettes, les fuchsias sont rouges éclatants. C’est bien agréable de passer à Glengarriff sous le soleil. A la sortie du village, les chênes centenaires aux troncs moussus les  sous bois de digitales fleuries et de fougères-aigles sont magnifiques.

Caha Pass est spectaculaire,   paysage de haute montagne pelé avec des sommets déchiquetés . Nous admirons le panorama sur Glengarriff. Après un tunnel nous entrons dans le comté du Kerry.

Dans la descente nous passons à côté de la « vue du Druide » avec cottages, chaumières à proximité d’un dolmen sur le bord de la route. A l’entrée de Kenmare il y a un petit lac.

En panne à Kenmare
En panne à Kenmare

En cherchant les panneaux, on n’a pas vu la pierre.  A l’entrée du village, devant la  pâtisserie « Gourmet », la voiture s’immobilise : pneu avant-gauche, à plat. La postière est très gentille. Elle appelle deux garagistes, le premier viendra dans  1h30,, l’autre 20 minutes. Nous nous attablons à la petite table de la boulangère toulousaine.   Je prends un café serré dosé français – et on attend.  Tout le monde est charmant, la postière attentive sort plusieurs fois de son guichet pour venir aux renseignements. J’en profite pour me promener dans la rue principale de Kenmare est une jolie ville colorée avec de nombreux commerces. Le magasin de cycles juste en face, vend  des cartes postales, la quincaillerie très pittoresque  vend de tout.  Les boutiques sont pimpantes et colorées. . Le garagiste avait promis 20 minutes, ce sera plutôt une heure

Vers midi nous sommes prêtes à repartir sur le  le Ring of Kerry sur la Wild Atlantic Way qui fait le tour de la péninsule.

De Kenmare à Sneem ,  la route est droite, une trentaine de kilomètres le long de la côte. Souvent la mer est cachée par de grands camélias et des rhododendrons géants qui forment des haies parce qu’on les taille soigneusement. Sneem est chic, le Général de Gaulle y a séjourné. De l’autre côté de la baie on voit  les sommets déchiquetés de la presqu’île de Beara  où se trouve la Hungry Hill du roman de Daphné du Maurier. Les nuages s’accumulent sur ces sommets et la mer est gris foncé.

Bel endroit pour un pique-nique
Bel endroit pour un pique-nique

Nous avons acheté à la boulangerie de Kenmare deux belles parts de quiche et cherchons un coin « avec vue ». Avisant un  panneau « quai des ostréiculteurs » nous en déduisons que l’eau ne doit pas être loin. La petite route sinueuse est encadrée par deux hauts talus. Pour laisser passer un camping car, Dominique recule jusqu’à ce qu’elle se rende compte que la route arrière droite est tombée dans un trou. L’Anglais descend du camion. Il est jeune avec une allure de hippie, cheveux longs, catogan. Il inspecte le fossé. C’est mou avec de l’herbe et de la mousse. Il appelle sa compagne,  se déchausse, se met au volant et demande à la fille de s’asseoir sur le capot à l’avant gauche. Effet de bascule, la Polo sort du trou en douceur. Deux pannes à la suite ! Et pourtant nous restons zen. Emerveillées par le paysage, rochers nus, herbe rase, bruyère et moutons en liberté. Nus atteignons le quai de pierre d’un minuscule port bien à l’abri dans un chenal protégé par deux grosses têtes rocheuses aux pentes vertes enherbées où se détachent les silhouettes de quelques moutons marqués de vert. Eau limpide, un rayon de soleil pour oublier les soucis !

fort de Staigue
fort de Staigue

Le fort Staigue  à l’écart de la route. C’est un fort circulaire en pierres sèches construit plusieurs siècles avant notre ère « domaine d’un riche propriétaire ou d’u  chef qui avait besoin de sécurité » ai-je recopié. Les murailles circulaires livrent peu d’enseignements. Je pense aux nuraghe sarde ou à Citânia de Briteiros au Portugal.

pierre d'Omagh
pierre Oghamique

La Wild Atlantic Way passe par Caherdaniel où l’on peut visite Derrynane la maison de Daniel O‘Connell « le Libérateur » après un détour minime. On descend dans un creux occupé par un marais, de là on découvre une belle plage qui s’étire au soleil. Devant le marais se dresse une pierre Oghamique. Ces pierres dressées ressemblent à des menhirs. Elles sont entaillées de rayures et d’encoches correspondant aux lettres de l’alphabet latin. Ce sont souvent des stèles ou des pierres tombales. Les entailles donneraient le nom du défunt (explication de l’audiovisuel de l’oratoire de Gallarus à Dingle).

Derryane
Derrynane

La demeure de Daniel O’Connell est entourée d’un jardin que je traverse à grand pas regrettant de ne pouvoir m’y attarder.Grande bâtisse grise recouverte d’ardoises carrées avec une aile à pignons triangulaires blancs et une chapelle . Avant la visite, on assiste à la projection d’une vidéo de 20 minutes présentant Daniel O’Connell. Biographie illustrée par des gravures d’époques et de tableaux. C’est passionnant.

Derrynane est la maison de son oncle. Daniell fut envoyé à l’école en France pendant la Révolution française mais il l’a fuie au moment de la Terreur pour poursuivre à Londres et à Dublin des études de Droit.  Inspirée par la Révolution américaine et la Révolution Française il y eut aussi une Révolution irlandaise en 1798. O’Connell était un avocat respecté. Dans un duel en 1815, il tua son adversaire et en ressentit de vifs remords. IL se fit le champion de l’émancipation des Catholiques. En 1823,  fonda l’Association des Catholiques. En 1826 des candidats furent élus supportant l’émancipation des catholiques ; O’Connell t élu au Parlement de Westminster refusa de prêter serment. Le 13 avril 1829 fut votée la loi sur l’Emancipation des Catholiques.

Sa dernière croisade fut autour d’un Parlement irlandais, en 1843 40 meetings se tinrent sur ce thème et O’Connell fut arrêté pour sédition puis libère le 4/09/1844 et porté en triomphe à Dublin. Il meurt à Gênes  au cours d’un pèlerinage à Rome.

La maison est une belle demeure bourgeoise mais c’est la rencontre avec ce personnage que je ne connaissais pas qui est émouvants.

Retour sur la Wild Atlantic Way , route panoramique dont le tronçon “Ring of Kerry” est spectaculaire, corniche montant jusqu’à la Coomakesta Pas. En dessous des petites maisons se détachent sur l’herbe verte, des rochers frangés d’écume. Le trafic est dense, nous croisons de nombreux cars de touristes. A Waterville, distraites par la statue de Charlie Chaplin en bronze qui attire les adeptes des selfies nous perdons l’Atlantic Way et errons dans les cottages de vacances de la station balnéaire.

Pormaghee
Pormaghee

L’heure tourne, passé 17heures, il reste encore une longue route d’autant plus que nous avons prévu un détour (17kmx2) pour le petit port de Pormaghee, tout petit village d’une douzaine de maisons à étages couvertes de toits d’ardoises et peintes de couleurs vives, rouge vif, blanc, rose, vert, violet qu’on peut photographier du port avec des bateaux de pêche. Un pont relie l’île Valentia.

Madame GPS annonce encre 1h39 de route. La route longe la côte nord, plus austère et plus rectiligne. Phénomène étrange, deux cordons dunaires d’une bonne longueur semblent fermer la baie de Castelmaine (notée sur la carte Castelmaine Harbour) sédiments apportés par la petite rivière Maine. 19heures, nous dépassons Castelmaine, fatiguées et pressées d’arriver à Dingle.

Gamekeeper, Dingle

B&B Gamekeepers
B&B Gamekeepers

19h45, je téléphone à Rita. Nous l’attendons à la station Texaco puis suivons sa voiture dans la campagne jusqu’à sa ferme.

Les chambres sont à l’étage, 4 chambres remplies de lits, quelques cintres sous une étagère. Murs blancs, couettes blanches à motifs de ressorts gris soulignés par un jeté de canapé rouge aux pieds. Seuls décors : une grande glace et un abat-jour très original qui habille la lampe du plafond. C’est très simple, basique. On ne déballera pas les valises. Salle de bain et WC à partager.

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le salon de Jim : convivialité et confort pour hôtes et invités

En revanche, au rez de chaussée la pièce à vivre est très cosy, des fauteuils très profonds, une belle table en bois. C’est le salon des hôtes comme des invités de passage. La convivialité est de mise. Rita nous met à l’aise tout de suite. Elle offre la « cup-of-tea » obligatoire aussi britannique qu’irlandaise.  Comme Dominique la décline, elle débouche une bouteille de vin blanc qu’elle partage avec nous. Pas de chichis, si nous désirons faire la cuisine nous pouvons le faire dans sa cuisine (la table est occupée par son ordinateur). Ici c’est B&B, elle ne fait pas restaurant ! Rita me fait goûter ses  saucisses et le pain qui vient de sortir du four.

Jim a des vaches, des moutons et 3 cochons (plus que deux puisque le charcutier vient d’en tuer un. Les saucisses sont toutes fraîches du jour. Rita a aussi fait du boudin (black pudding – ce n’est pas du gâteau). Nous étalons les rillettes de maquereaux (cadeau de Liam) sur le pain tout chaud de Rita. Avec du fromage de Dublin, friable qui ressemble un peu au parmesan et du yaourt acheté à Castelmaine. Le pain à l’avoine et aux noix est un délice.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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