LITTÉRATURE ISRAÉLIENNE

Le titre un peu bizarre fait allusion à une blague (mauvaise) que Dovelé raconte dans son spectacle. Le roman relate un « stand up » dans une boîte de Netanya. Pas plus que le narrateur – Avishaï, un ancien juge, ami d’enfance de Dovelé – je ne prise ce genre de spectacle. Je suis entrée sans enthousiasme dans le récit.
Au début Dovelé, se pliant au genre, en fait des tonnes, interpelle des spectateurs, les provoque , gesticule, trépigne, gigote sur le mode grivois, même vulgaire
« Dis-moi, poupée, ça te paraît normal? je suis là à me casser le cul à te faire marrer et tu envoies des textos »
Alors qu’il s’acharne sur une petite dame au maquillage trop rouge et à la coiffure un peu ridicule, il découvre (?) que cette dame était sa voisine du temps de son enfance
« tu es l’enfant qui marchait sur les mains »
« le public fasciné par ce qui se déroule devant lui : le tissu de la vie qui se métamorphose en une bonne blague »
Des blagues, c’est cela que le public vient chercher!
« merci d’être là, on va passer une soirée d’enfer! »
Et là, il en fait des tonnes, « Minute qui est resté à la maison pour cogner sur les Arabes? Comme cela, au débouté, vous venez rigoler avec nous, vos dédommagements pour l’évacuation des implantation, c’est maintenant! »
C’est trop! Dovelé continue sur cette veine démagogique et me met mal à l’aise. Heureusement que je connais Grossman et que je lui fait entière confiance! « Cela vous dit de boucher les puits palestiniens pour le petit déjeuner, braves gens? » le public le suit avec enthousiasme. Mais la bonne fée est lunatique « C’est nous qui allons chanter Biladi, biladi…« Le public cogne sur les table, siffle.
L’humoriste change de registre, il sait reconquérir son public, raconte des blagues. C’est ce que les spectateurs attendent….
Un stand up comme une psychanalyse. C’est aussi cela le spectacle : du sentiment, des émotions. Là encore, Dovelé en fait beaucoup. Il livre en pâture son enfance, son père, le coiffeur qui recyclait aussi des textiles, sa Maman qui a passé la Guerre cachée dans un wagon en Pologne….les berceuses en yiddish…Il en arrive à l’épisode le plus intime : son premier enterrement. Peut on faire rire avec un enterrement? Apparemment oui, même si c’est difficile et risqué. Le public suit encore « ap-plau-dis-sez la mort! » « Et presque toute « l’assistance hurle et bat des mains en rythme« .
La deuxième partie du livre prend une nouvelle tournure. On oublie le comique, le récit est poignant. Une partie de l’assistance déserte la salle. On suit l’enfant – « l’orphelin » – dans la camionnette qui l’emmène à l’enterrement sans qu’il ne sache lequel de ses parents est décédé. Les blagues sont pathétiques. Pourquoi l’humoriste se livre-t-il ainsi?
J’ai préféré Une femme fuyant l’annonce qui est un livre magnifique mais Un cheval entre dans un bar m’a scotchée.