Chronique de la ville de pierre – Ismaïl Kadaré

LIRE POUR LES BALKANS/ALBANIE

La Ville de pierre c’est Gjirokastër que nous venons de visiter. 

Ma première visite fut bien sûr la maison de Kadaré. Ce fut une déception, on l’a reconstruite toute neuve. Le bois clair n’a pas la patine du passé. Où imaginer la citerne, la cour, dans le patio vitré?

Les images qui me sont venues quand j’ai lu le livre, ce sont celles de la Maison Skendulaj, maison vieille de plus de deux siècle, qui a conservé sa cave (abri anti-aérien), ses gouttières alimentant la citerne….peut être la maison – Kadaré originelle était moins vaste que ce palais ottoman aristocratique? Dans les souterrains de la citadelle la ville s’est réfugiée.

Chronique de la ville de pierre n’est pas seulement le guide littéraire que chaque touriste éclairé devrait emporter en Albanie, c’est un vrai coup de cœur littéraire.

C’est le regard poétique d’un enfant très imaginatif. Qui d’autre aurait pu se soucier des gouttes de pluie prisonnières de la citerne? ou des chemins mouvant dans les  hauts quartiers escarpés de la maison de son grand-père? Cette maison est l’objet d’un autre livre de Kadaré : Un climat de folie – mêmes personnages, même lieux et pourtant une oeuvre tellement différente !


C’est aussi l’évocation d’une période très troublée, 1939, Gjirokastër est occupée par les Italiens, vaincus un temps par les Grecs, puis à nouveau les Italiens qui la quittent laissant la ville aux partisans et à l’anarchie. Pas longtemps puisque les nazis arrivent. Pas de jugement définitif, l’enfant entend ses grands-mères et ses voisines, répète leurs propos. L’enfant voit construire par les Italiens un aérodrome, éprouve de l’affection pour un avion, un bombardier alors que toutes les nuits la ville est la cible des bombardements.
C’est aussi l‘éveil d’une conscience politique, l’enfant ne sait que penser, sa jeune tante a rejoint les partisans, aucun jugement, si ce n’est la peur des vieilles femmes de la cohabitation jeunes filles/jeunes hommes. Discrète évocation d’Enver Hoxha, qui est un voisin, aucune idéalisation des partisans cependant.
Evocation de la vie quotidienne et de traditions cachées, la sorcellerie était encore bien vivante en 1939, l’occupant italien en tire profit…..
Un livre que je vais garder pour le relire et le faire lire autour de moi.
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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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