Carthage

CARNET TUNISIEN DU NORD AU SUD

 

Pour sortir de Tunis et trouver Carthage, il va falloir se débrouiller sans GPS ! Les Tunisiens sont d’une grande gentillesse, à chaque coin de rue nous demandons notre route et on nousrenseigne. Le meilleur conseil est de « suivre La Marsa » qui est bien fléchée. Nous traversons des quartiers-jardins avec des villas chics avant d’arriver à Carthage.

Les parcs archéologiques s’étendent un peu partout, nous n’épuiserons pas le site. Un billet de 10 dt + 1 dt pour les photos donne l’entrée à tous les monuments sauf la Cathédrale Saint Louis.

la cathédrale Saint Louis

La colline de Byrsa est coiffée par la Cathédrale à coupole byzantine ; 19ème blanche, aux tours crénelées. Les églises 19ème ne m’inspirent pas vraiment. Non loin de là, le bâtiment des Pères Blancs héberge le Musée de Carthage . Nous commençons par les extérieurs. La vue est splendide sur la mer, les lacs et collines par cette matinée ensoleillée. Une montagne – le Cap Bon – est nimbée de brume à contre-jour vers l’Est. Un gardien me montre le disque parfait des ports puniques qui brillent au soleil.

Les Romains ont arrasé l’acropole punique portant le temple d’Échmoun pour installer la ville en remblayant les habitations carthaginoises. Le temps a eu raison des constructions romaines. On a restauré, cimenté, laissé quelques chapiteaux ou bases de colonnes…la ville romaine est difficilement lisible. Heureusement des panneaux orientent le visiteur et détaillent les vestiges, le départ du Cardo maximus qui descend vers la mer.

Le quartier Hannibal

Un peu plus loin, le quartier Hannibal est composé de maisons puniques adossées à la pente/ Des maisons mitoyennes ont été dégagées par les archéologues. Bâties serrées, aux petites pièces rectangulaires. Il y avait également des ateliers de forgerons travaillant le cuivre et le fer. Difficile de se faire une idée des maisons entières. En revanche, il est aisé d’imaginer les combats.  Les Romains avaient mis des poutres pour conquérir maison après maison. Puis l’incendie s’est propagé quand ils ont mis le feu aux poutres. Le Guide Bleu donne beaucoup de descriptions mais la promenade est interdite.

la statue de Saint Louis

Derrière un buisson, la statue de Saint Louis rappelle qu’il est mort à Tunis en 1270. Statue 19ème siècle sans intérêt autre qu’anecdotique. Daniel Rondeau dans son livre Carthage en parle bien. Les végétaux accompagnent les colonnes brisées, les chapiteaux dispersés. Les grenadiers ont des feuilles jaunes automnales, les figuiers sont chauves, en revanche l’herbe et les oxalis sont vert vif. La promenade tient plus du pèlerinage littéraire que de la visite archéologique. Je profite du soleil hivernal, de la vue.

l’aurige et sa femme

Après la visite du Bardo, le Musée de Carthage parait un peu vide. Deux Romains de marbre blancs s’adossent à l’escalier : l‘aurige et sa femme. Une grande mosaïque occupe le sol mais elle est poussiéreuse et pâtit de la comparaison avec celles du Bardo que nous avons vues hier. Une grande tête féminine laisse imaginer des statues géantes comme le Constantin du Capitole de Rome.

 

 

A l’étage des vitrines racontent la vie quotidienne aux temps des Carthaginois : céramiques d’usage, bijoux, reconstitution du régime alimentaire, on consommait les bovins âgés quand ils n’étaient plus en état de travailler, les carthaginois mangeaient du porc (pas évident pour une population d’origine sémite). On voit aussi des articles d’importation : vaisselle grecque, amulettes égyptiennes. La religion punique est racontée aussi les emprunts étrangers : Déméter et Bes s’ajoutent au panthéon carthaginois. Deux gisants, prêtres et prêtresses. Ils me rappellent les sarcophages en terre cuite du Musée Archéologique de la Valette.

Décidément les Romains ont détruit bien des souvenirs.

Thermes d’Antonin

Les Thermes d’Antonin sont faciles à trouver. Un tunisien interrogé les a appelés Hammamet Andalouz, » Hammam » parfait pour les thermes, mais pourquoi andalouz ? Ils se trouvent dans un parc de 4 ha planté de mimosas, d’eucalyptus, de poivriers, grenadiers, fleuri d’aloès et de géraniums. Ils devaient être encore plus impressionnants quand la coupole de 15 m couvrait le caldarium. Moins bien conservés que ceux de Caracalla à Rome, de dimensions moindres, ils sont quand même gigantesques. La mer est juste derrière. La colline est plantée du jardin du Palais Présidentiel construit juste à l’aplomb des thermes.

Au hasard de mes flâneries je découvre une grande basilique chrétienne à trois nefs ayant gardé de nombreuses colonnes, et un bâtiment qui semble avoir été une école. Le panneau descriptif malheureusement s’est effacé. Un peu plus loin, une chapelle souterraine est ornée d’une mosaïque, au bout du jardin, un four à de potier punique. Non loin des thermes les latrines publiques en demi-cercle de 35 m de diamètre.

La rue Septime Sévère, parallèle à la côte, nous conduit aux ports puniques entre de jolies villas blanches dans des jardins fleuris dans le quartier de Salambô. Le port militaire de forme circulaire avait en son centre une île ronde portant les hangars à bateaux. Le port de commerce au bassin rectangulaire était accessible par un chenal. Je fais le tour du petit lac rond à l’eau tranquille où se reflètent la coupole blanche d’un petit mausolée que Flaubert appelle joliment santon et les arbres très verts. Des barques de pêche ont remplacé les galères carthaginoises. Un vieux pêcheur, pieds nus, remmaille son filet.

port punique

Un peu plus loin, le Tophet, le sanctuaire.  De nombreuses stèles sont dressées sous un palmier et des grenadiers formant un ensemble plutôt riant. C’est seulement lorsqu’on pénètre dans la caverne qu’on imagine les sacrifices d’enfants à Baal Hamon que décrit Flaubert.

Le Tophet

Nous n’avons pas vu le théâtre ni l’édifice à colonnes pressées par le temps. Nous avons prévu de déjeuner à Sidi Bou Saïd.

Tophet : la caverne
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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

2 réflexions sur « Carthage »

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