CARNET TUNISIEN DU NORD AU SUD

Sidi Bou Saïd et Carthage se touchent. Nous passons insensiblement de l’une dans l’autre. A Sidi Bou Saïd, le parking est réglementé. On passe un péage(1 dt) pour le Café de la Mer qui nous inspire pour un déjeuner au soleil. En face de la marina, il n’y a qu’un seul restaurant, le Pirate qui a l’air chic et cher, et qui ne donne pas directement sur la mer. On peut manger des pizzas et des crêpes dans une cafétaria sur le port. Nous commandons une crêpe thon-fromage et une pizza thon-fromage avec un café bien serré pour 17.500 dt (5.5€). Je me félicite de ne pas avoir oublié de me m’enduire de crème solaire.

Dominique croyait avoir un crédit de 100€ sur le compte mobile de son téléphone. Le premier coup de fil en France est coupé juste au début de la conversation. Peut être est-ce la 3G qui a tout vidé, même en l’absence de connexion Internet ? Avant de recréditer le compte avec la Carte Bleue il convient de faire disparaître les données mobiles. L’urgence est de trouver une boutique de téléphone. Alors que dans villes et villages ces téléboutiques abondent, dans la très chic Sidi Bou Saïd elles sont invisibles ou fermées. En décembre, il n’y a pas de tourisme mais des jeunes tunisiens qui se promènent en groupe ou par couple. Il semble qu’on croise une jeunesse dorée plutôt libre de mœurs, presque toutes les filles sont tête nue, garçons et filles se mêlent et de nombreux couples flirtent ouvertement. Je finis par trouver la boutique et le spécialiste effectue la manipulation. Les communications internationales sont très chères, 1.68€ le sms et 8€/mn pour la voix. Priorité aux mails et whatsapp ! Dans la très chic Sidi Bou Saïd je trouve un café avec Wifi. Pour le prix d’un verre de vrai jus d’oranges pressées, assise au soleil sur des chaises bleues, je pourrai consulter mes mails, envoyer des photos et télécharger le Monde.
Collection de portes

Sous le soleil, Sidi Bou Saïd, la blanche aux portes bleues, fenêtres à moucharabiehs ou grillagées en fer forgé bleu, soulignées de bougainvillées, de jasmin, est très photogénique.
Un homme très prévenant a aidé Dominique à se garer (le stationnement est en principe réservé aux résidents mais la carte handicapé a fait une exception). C’est le patron du magasin de souvenirs situé juste en face. Il délègue son vendeur, Bilal pour une visite guidée du village. Chaque porte a une histoire : celle-ci est « familiale », elle a une fente horizontale. La femme seule, en l’absence de son mari n’ouvrira que la moitié droite. Pas la gauche surtout ! la gauche est impure. Celle-ci, œcuménique : les clous dessinent une main de Fatima, symbole utilisé aussi bien par les musulmans que par les juifs, une croix berbère d’Agadez. Cette autre vitrée est une « porte-fenêtre ». La couleur marron de celle-là indique que les occupants ne sont pas musulmans. La taille de la porte est un indicateur de rang social.

Nous passons devant le Café des Nattes célèbre pour ses concerts. La Maison du Baron Erlanger est également dédiée à la musique. Au bout du village le Café des Délices a un air de Cyclades avec les dômes blancs et les parasols bleus surplombant la mer.

La visite se termine très mal. Il est clair qu’il faudra acheter quelque chose à la boutique. Le patron me montre de beaux bijoux berbères, des colliers de corail, ambre ou cornaline. J’élimine d’emblée les bijoux très beaux mais sûrement très chers. Je jette mon dévolu sur un plat en faïence ou sur un miroir caché par une porte colorée. Le prix me surprend. Pour le plat qui est peut être industriel, le prix serait de 400 dinars (125€) dix fois peut être vingt fois le prix ! je veux bien remercier pour la visite et le parking mais je n’aime pas être prise pour une imbécile. Pas question. Grand seigneur, le vendeur ajoute une coupelle et descend à 350 dinars, puis le miroir en plus pour 300 dt. Je quitte le magasin « khalas ! ». Le vendeur me poursuit jusqu’à la voiture et descend à 23 €. La marchandise ne les vaut pas. Je claque la porte. Furieux, il déclare « voilà comment vous me remerciez ! ». 20 € pour une aide au parking et une promenade, il abuse !

Le retour à la tombée de la nuit est une épreuve pour la conductrice. De Sidi Bou Saïd la route, plein ouest au coucher du soleil, est éblouissante. Plus tard à l’arrivée sur Tunis, cela se complique. Comment retrouver la Casbah ? Dans l’embouteillage sur ce qui ressemble à un périphérique, nous descendons les vitres pour demander aux conducteurs des voitures voisines à l’arrêt. « Sortez à la grande horloge et prenez l’avenue Bourguiba ! ». L’horloge illuminée sur une tour Eiffel miniature se voit de loin, mais nous ratons la sortie de l’autoroute et nous retrouvons loin au sud en direction de Sousse. Demi-tour et toujours l’embouteillage. Nous trouvons la tour l’avenue Bourguiba qui est une belle artère. Je me félicite de ce détour par Tunis moderne et chic. Pas pour longtemps ! l’avenue Bourguiba est barrée par des militaires en armes. Manifestation de protestation, conséquence de l’énorme bourde de Donald Trump. On ne passe pas. Tout le centre de Tunis est bloqué. Navigation à l’aveugle dans des rues désertes des faubourg. A une station-service (on dit ici kiosque à essence) on nous remet dans le bon chemin. On arrive à la Gare routière. Les piétons ont envahi les rues. Le tramway passe en force. Les voitures se faufilent. On risque l’accrochage à chaque instant. Pourquoi ? puisque nous ne savons où aller. Je descends interroger un chauffeur de taxi qui me rabroue, il a des clients. » Je ne veux pas monter, seulement me renseigner. » Le client, d’autorité annonce, « suivez-nous ! ». Il nous conduit directement chez nous, un miracle ! Le gardien du parking nous aide à nous garer. Il est 18h30. Même Internet est revenu à Dar Kenza.

Excellent dîner : brick à l’œuf, poulet, poivrons et pommes de terre, une orange épluchée pour dessert.
j’ai beaucoup aimé les explications sur les portes et, en plus, elles sont très belles !
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Quel bleu ces portes ! Je ne savais pas que leur apparence était si codifiée.
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