La Havane – Vedado

CUBA – Vendredi 20 février 2004

Vedado

J’écris, assise dans un rocking-chair en fer forgé sous la colonnade de la plus belle maison qu’on puisse imaginer. Une maison de millionnaires d’antan. Construite en 1954, modern style, très sobre. Sur la table basse de fer forgé, le plus joli cendrier en émail cloisonné chinois. Un jardin luxuriant . La terrasse est bordée d’une rangée de frondes de fougères . Un immense bananier donne de l’ombre à notre chambre. Trois de ses troncs sont si hauts que je les confonds avec des palmiers. Dans les carrés de pelouse, des massifs de bougainvillées rose vif, des crotons, des rosiers . Des plantes vertes en pot complètent l’aspect luxuriant de cette végétation tropicale. Une belle haie très drue nous isole de la rue 25 tranquille bordée de villas d’un ou deux étages un peu décaties . Souvenirs pas si lointains d’un quartier très chic avant la Révolution. Notre chambre, elle aussi, est restée dans l’état de sa première splendeur avec son mobilier des années 50 vieillissant mais de très bon goût, armoire de glace .

Les occupantes des lieux sont de vieilles dames, les anciennes propriétaires.

Une vieille dame vient me tenir compagnie avec Mélida. Ces deux dames sont très bien coiffées maquillées, elles sont encore belle allure . Dans leur jeunesse, elles ont dû vivre dans un luxe comparable à celui de la Côte d’Azur ou de Neuilly . Elles parlent de maladies comme toutes les vieilles dames du monde .

Vedado

Nous avons failli habiter dans un véritable palais aux moulures de stuc, colonnes grecques. Nous sommes arrivées dans une entrée magnifique avec des lustres de cristal, des peintures chinoises ou japonaises au mur. Par la porte vitrée nous avons aperçu dans le petit salon le plus beau piano à queue laqué blanc que j’ai jamais vu . mais c’était une erreur de Roots . le taxi ayant disparu, j’ai roulé la valise et Dominique a porté les paquets à quelques blocs de là, de la rue 21y4 à 25y6. Peu de poésie dans cette numérotation, mais c’est bien pratique .

Notre deuxième séjour à La Havane ne ressemblera pas au premier .

La journée ne s’est pas déroulée comme nous le pensions.

Nous avons quitté Cayo Levisa par une mer d’huile laiteuse et opalescente à l’arrière du récif, noire et brillante du côté de la mangrove .

Sur la jetée de planches, nous avons guetté les petits poissons .Le guitariste a accompagné un saxophoniste français . Il lui montre un barracuda : poisson mince, à l’affût . Puis nous voyons une sorte de concombre de mer puis un annélide que le guitariste appelle un mille pieds.

La traversée a été très agréable, le bateau soulève une écume abondante et fend le miroir brillant traînant 12 ondes qui rident la mer étale .

A la sortie du bateau, le chauffeur de taxi nous attend avec sa Citroën Xsara . Il se présente : « Pedro ». la conversation s’engage. C’est absurde d’aller chercher l’autobus à Vinales, cela rallonge la route, sans parler de l’attente . Il propose, pour 50$ de nous emmener directement à La Havane. Vous serez à la Havane à 11h au lieu de 17 heures . Pour seulement 25$ de plus, nous gagnons une demi journée et surtout un voyage beaucoup plus agréable que dans le car Viazul sur l’autoroute. De plus, il est d’accord pour les arrêts photos.

Dans les rizières, les hommes repiquent. Contrairement à la Thaïlande, les femmes ne travaillent pas aux champs ici. Pédro commente. C’est un guide excellent qui sait expliquer et animer ce qu’on voit . Je suis fascinée par les ceibas (baobab). Il confirme leur caractère sacré « on ne l’abat pas » .

Il nous apprend aussi comment conduire à Cuba. « Tout le monde vit sur la route : les gens, les animaux, les vélos, les charrettes, les camions et les tracteurs, » Ce sont surtout des vélos qu’il faut se méfier, klaxonner et quelques fois rouler derrière le vélo, à son allure.

Les camions fument terriblement . Nous roulons derrière le même depuis un bon moment, impossible de le dépasser, je renonce à ouvrir la fenêtre malgré le soleil qui tape dur. Dominique, incommodée par la pollution, se bouche le nez avec son mouchoir.

Nous traversons des villages. Il y a énormément de gens dans la rue . Nous voyons les échoppes et les petites cantines. Pedro nous explique que la vitesse est limitée à 40 dans les agglomérations, mais il roule à la vitesse des vélos .

Les Cubains montent dans des charrettes tirées par des chevaux, dans de bizarres remorques bricolées en bois dans lesquelles ils s’entassent debout. Ces misérables remorques sont tirées par des camions et parfois par des tracteurs. Nous passons devant de nombreux policiers qui arrêtent les camions mais pas le taxi .Le taxi roule à gauche, ou à droite selon les nids de poules.

Le transport semble être un problème majeur . Les camions transportent également la canne , toujours dans des remorques bricolées de bois mal équarri.

La plupart des villages sont très pauvres. Mais ils semblent également très riants . Je m’explique mal la pauvreté dans cette  campagne si verte, si bien cultivée partout. Les cannes sont les plus belles que j’ai jamais vu (Cap Vert ou Egypte) . Les rizières sont florissantes, le manioc, les légume, tout semble pousser à merveille. Aucune comparaison avec les pauvres petits champs du Cap Vert ou du Maroc .

L’absence de tracteurs et de mécanisation est peut être une explication. Mais quand même ! Comment expliquer une telle pénurie ? Le sucre ne se vend pas à un juste prix . Mais justement, les cultures me paraissent diversifiées.

En tout cas, cette campagne est très pittoresque et variée. A 11 heures nous sommes encore à 60 km de La Havane. Nous arriverons à 12h155 . A la fin Pedro emprunte l’autoroute. C’est un compagnon de route très agréable. Il est curieux de tout. Il me pose des questions sur la France symbolisée pour lui, par la Tour Eiffel (bien sûr) et Brigitte Bardot . Il est au courant de la canicule en France cet été . Que des gens meurent de chaud par 40°C lui paraît invraisemblable. A Cuba, on se met à l’ombre sous les arbres ! Et il fait 40° tous les étés ! C’est la première fois que mon espagnol me sert vraiment . Dans le reste de « Cuba en dollars » c’était un luxe superflu, l’anglais aurait bien suffi.

Vedado : villas fastueuses

Promenade dans le Vedado . Vers 16 heures, nous ressortons. Au bout de la rue 25, à trois blocs d’ici, se trouve le cimetière de Colon que les guides recommandent. Dominique trouve que c’est une drôle d’idée de visiter un cimetière. Certains mausolées sont monumentaux . Nous repérons les tombes citées dans les guides. Celle, très fleurie d’une femme morte en couches, enterrée avec son enfant à ses pieds qu’on a retrouvée avec son bébé dans ses bras . Celle des pompiers ; sorte d’obélisque, celle qui représente la partie de dominos que la défunte n’a pas pu terminer.

Le repérage dans le Védado est très facile : rues impaires recoupant les rues paires de 2 à 12 ou nommées par des lettres . Au fond : le Malecon.

Dans ce quartier, les villas sont très belles dans des jardins très calmes . La circulation automobile est concentrée dans de rares artères (cale 12 ; la Rampa, le Paséo fleuri, Los Présidentes promenade fleurie) .Il y a des squares très verts .. Nous marchons beaucoup admirant les villas avec les balustres, les portiques les moulures, les maisons Art Déco .

Des enfants jouent au basket et au base-ball en pleine rue. Je suis agréablement surprise.

Malecon

Le Malecon que nous suivons sur plusieurs km, en revanche, me déçoit un peu . Des immeubles modernes, tours affreuses gigantesques mal construites et mal entretenues gâchent la vue . La circulation peu dense mais à grande vitesse est gênante. A la tombée de la nuit, la lumière est belle et les couleurs chatoyantes avec le Capitole au fond du décor.
Nous rentrons harassées par la Rampa sans trouver de taxi.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

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