Patrimonio, Saint Florent, Nonza et la Côte occidentale du Cap Corse

CARNET CORSE  de BASTIA à BONIFACIO

Traversée du Cap Corse de Bastia à Saint Florent : 24 km

Saint Florent/Nonza : 19 km

Patrimonio, le vignoble

Traversons rapidement Bastia sur la T11 : voie rapide en front de mer. D81 jusqu’au Col de Teghime (536m). Des bancs de brume masquent de temps en temps le panorama ; les nuages s’accrochent sur le sommet Serra di Pigno 960 m. Au Col de Teghime, le monument aux morts porte une curieuse inscription que je n’arrive pas à déchiffrer. Ce sont les noms des goumiers marocains qui prirent le col aux Allemands en octobre 1943. Plus tard à saint Florent nous avons trouvé un enclos blanc, cimetière musulman. Ceci contraste avec l’inscription « Islam fora » qui salit un mur près de notre gîte. Sur la route D81 ce sont les les français qui sont visés « French Go home », encore plus loin la mafia « mafia fora ! »Le barbouillage semble être un sport local répandu.

Anna, une amie corse, m’avait dit :  « vous irez sûrement à Patrimonio où l’on fait le meilleur vin de Corse ». Patrimonio est sur notre route. Village viticole, on ne peut rater les caves et les dégustations sur les domaines. Nous ne sommes pas intéressées mis ne pouvons que constater l’importance de la production viticole qui draine un tourisme important et modèle le paysage : des carrés de vigne bien ordonnés sont à l’avant de collines découpées en dents de scie. Dans les échancrures, on voit briller la mer. Au loin, d’autres montagnes pointues forment des lignes de crêtes qui s’étagent .

Eglise de patrimonio

A Patrimonio, le Guide Vert signale l’église juchée sur une butte et une statue-menhir.

 

L’église Saint Martin, en schiste avec son haut clocher, a une allure austère qu’aucun décor n’adoucie avec ses épais contreforts et sa pierre rugueuse.

La Statue-menhir est encagée derrière de solides barreaux. Qui songerait à emporter ce menhir haut de 2.29 m en pierre très blanche.

Le soleil sort des nuages lorsque nous arrivons à Saint Florent. Longeons une longue plage de galets en passant devant des hôtels en front de mer. Nous nous arrêtons sur un parking à l’arrière de la Citadelle bâtie par les Génois en 1439 avec un donjon circulaire. Petite citadelle ronde, trapue, recouverte d’un enduit beige rosé entaillé de nombreuses inscriptions.

la citadelle de Saint Florent

A la base du parking un escalier descend à un restaurant au-dessus d’une crique minuscule entaillée dans des rochers de calcaire blanc. L’eau cristalline st tentante. Il faudrait sauter des rochers (sauter n’est pas un problème, remonter est plus difficile). Une rue piétonnière dallée de pierres blondes et lisses mène à l’église par des rues aux boutiques chic. La placette derrière l’église est occupée par les terrasses des restaurants. L’église est petite et toute simple. Il en existe une autre : la Cathédrale, à l’extérieur de la ville. Derrière l’église, se trouve le port de plaisance assez important. De nombreux bateaux-taxis conduisent les touristes aux plages inaccessibles du désert des Agriates : Lotu ou Saleccia.

Nous nous contenterons d’un tour en voiture jusqu’à la Plage de la Roya . Plage de sable qui fait face à Saint Florent. Nous déjeunons le long de la plage de galets assistes sur le parapet en face d’une pâtisserie où j’achète des canistrelli au vin.

Sainr Florent vu de la Plage de la Roya

Nous consacrons l’après-midi à explorer la côte occidentale du Cap Corse très sauvage, escarpée, rocheuse et déserte avec de rares marines pour me baigner. A la marina de Farinole, à l’arrière de la Tour Génoise, on aurait pu déjeuner. Belle plage de sable avec beaucoup de posidonies.

Tour génoise

La Marina de Negru est aussi gardée par sa tour génoise à côté d’une maison pittoresque sur une petite baie coincée entre des falaises sombres. Galets sombres et sable grossier. Le parking est vide et le café fermé. Une belle maison, à l’écart a organisé une belle terrasse avec des transats, un jacuzzi. Servent-ils un café ? Non, c’est une maison d’hôte. Il n’y a personne sur la plage. Chaussée de mes chaussons bleus je traverse les galets et me décide à nager. L’eau est bien fraîche mais dès que je m’agite je me réchauffe. Les galets confèrent à l’eau une teinte émeraude d’un vert foncé rare. Quel plaisir de traverser la petite anse dans l’eau tranquille.

Nonza vue de la Tour Paoline

Nonza est perchée sur la falaise. La tour paoline domine le village, juchée sur un rocher. Elle n’est pas ronde comme la plupart des tours génoises mais carrée. Les seigneurs Avogari y bâtirent leur château au XIIème siècle, il fut détruit par les Génois. En 1760, Paoli fait construire cette tour de guet. Pour y parvenir, il faut traverser la placette en face de l’église, passer sous un porche et découvrir des maisons fleuries de magnifiques massifs d’hortensias et de bougainvillées. On grimpe encore un bon nombre de marches. Juste sous la tour, un restaurant a aménagé des terrasses ombragées (prix prohibitifs). Enfin, on parvient à la tour dont la terrasse est équipée de panneaux racontant l’histoire de Nonza.

L’église Sainte Julie est perchée sur une haute volée de marches. Elle est crépie en rose orangé, son fronton est triangulaire et le clocher jaune. L’intérieur est somptueux : le maître-autel est en marbre blanc incrusté de pierres dures polychrome 1694 (travail florentin), belles fresques baroques. Une statue de la Vierge en marbre se trouve devant le tableau naïf de Sainte Julie crucifiée. Selon la légende, Sainte Julie naquit en 420 ap.JC à Carthage, elle fut vendue comme esclave à un commerçant syrien qui fit escale à Nonza pendant une fête païenne. Julie fut enlevée mais refusa de participer aux sacrifices païens fut fouettée puis crucifiée. Julie est la sainte patronne de la Corse. Selon une version corse, ses bourreaux lui coupèrent les seins et de sa bouche sortit une colombe.

promenade des terrasses

Après ma promenade dans le village aux terrasses de cafés colorés et fleuris, à la fontaine de Paoli je m’engage dans une promenade fléchée « promenade des terrasses ». Ces terrasses étaient cultivées avec des jardins et des vergers. La culture locale est celle des cédrats. Il ne reste que quelques terrasses entretenues, la plupart son envahies par le maquis. Cette promenade débute à la route en face de la boutique. Des marches bien entretenues se descendent facilement jusqu’à la plage de Nonza. Un petit détour conduit à la Fontaine de Julie. A l’emplacement où elle aurait été crucifiée, aurait surgi une source. Le sentier descend « à pas d’âne » : les marches sont espacées et hautes ; On ne peut pas les descendre comme un escalier ordinaire. Les plaques de schistes sont tassées verticalement. Ceci forme des marches solides mais pas très confortables. En dehors de l’inconfort c’est une promenade magnifique et fleurie avec des immortelles de Corse jaunes, des coquelicots rouges, des œillets roses. Les terrasses boisées s’échelonnent.

 

Avatar de Inconnu

Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

Laisser un commentaire