Presqu’île de Sinis : Tharros, San Giovanni di Sinis

CARNET SARDE

Tharros temple

Traversée de la Presqu’île de Sinis par la campagne très tranquille.  Ce matin, pas de circulation automobile, quelques tracteurs avec du matériel de fauchage assez archaïques. A côté des grandes roues de paille et de foin il y a encore des petites bottes parallélépipédiques. Un troupeau vient à notre rencontre occupant toute la route, poussé par trois bergers à vélo, un Sarde aux cheveux blancs et deux jeunes Africains. Des maraichers s’apprêtent à repiquer des plants dans des cagettes disposées sur des films plastiques : poivrons ou aubergines. Il y a aussi des champs de cardons.

L’étang de Cabras est très grand, très bleu .

Tharros tour espagnole et plage

A San Giovanni de Sinis d’interminables parkings contiennent les flots de touristes loin des sites de Tharros et de l’église byzantine.

Tharros

Castellum aquae

 

Le Castellum aquae – citerne romaine – est très bien conservé mais je suis passée à côté de l’aqueduc sans le voir. Les rues de la ville s’adaptent au relief et à la ville carthaginoise préexistante, je ne retrouve pas le plan en damier caractéristique des villes antiques romaines.

Palimpseste : le site a été occupé depuis la Préhistoire par un village nuragique, puis par les Phéniciens (8ème siècle), les Carthaginois (510) commerçant avec toute la Méditerranée, les romains (238), les Byzantins. Finalement, les Espagnols ont construit la tour.

Les constructions romaines comme les thermes (il y en a trois) sont les plus reconnaissables. Les quartiers d’habitation sont différents des villas romaines que je connais. Simples maisons avec un étage, construites en longueur avec une courette me font penser aux maisons des artisans des Tombes des Rois de Gurnah. Certaines ont plusieurs pièces en enfilades mais pas d’atrium.

Tharros maisons puniques

Les temples sont bien ruinés. Le petit temple K à flanc de colline est à peine visible. Le temple à 2 colonnes se résume aux colonnes. Le temple de Démeter pareil. Au contraire, le Temple sémitique est vaste et mieux conservé. Mais qu’est-ce qu’un temple sémitique ?

Après les Thermes n°1 j’ai cherché le baptistère paléochrétien. Puis j’ai remonté le Cado maximus et je suis arrivée sur une sorte d’esplanade gardé par des fortifications spectaculaires : murs et fossé, tandis que de l’autre côté, se trouvent le Tophet et le village nuragique avec les habitations circulaires.

Je monte à la tour espagnole (fin XVème/début XVIème siècle) édifiée pour protéger la baie d’Oristano des pirates barbaresques. Déjà, cinq siècles plus tôt les incursions sarrasines avaient vidé la région et l’abandon de la ville de Tharros est définitif en 1070. La tour de 11 m de hauteur est surmontée d’une terrasse construite au XIX -ème siècle pour traquer les contrebandiers.

San Giovanni di Sinis

San Giovanni di Sinis

La basilique “byzantine ”visible de la route, à l’entrée de la bourgade, sur la route romaine Tharros  est une église basse toute en rondeur avec une coupole et la façade plate formant trois arrondis. Elle me fait penser à certaines constructions de Djerba. Elle fut bâtie au VIème siècle et conserve des structures byzantines en croix grecque. Entre le IX ème et le Xième siècle elle a un plan rectangulaire. L’intérieur est très sobre en dehors du très beau bénitier roman sculpté. Sa nef comporte trois travées séparées par d’épais piliers et une petite coupole qui repose sur des archivoltes reliées à quatre robustes piliers. La restauration au XIème siècle coïncide avec l’arrivée des Navarrais entre 1050 et 1070.

San Giovanni di Sinis

Il fait très frais, je reste un bon moment.

Restaurant da Marina Pau

A l’extrémité de l’allée où sont trattorie et restaurants, c’est le plus beau de tous. Sa terrasse est bien aérée et donne sur la dune. Plat du jour sur l’ardoise : ravioli asperges et scampi17€, mulet grillé 18 €. Je prends des spaghetti con vongole e bottarga. La boutargue (œufs de mulet séché) est qualifié d”Or de la Sardaigne ». Elle est célèbre depuis l’Antiquité ; on dit que les Phéniciens furent les premiers à la confectionner. Les mulets sont élevés dans des bassins. On prélève les ovaires qu’on fait sécher et qu’on presse. Les  spaghetti à la boutargue sont une spécialité de la cuisine sarde. Délicieux, servis dans une grande assiette très creuse au milieu, la boutargue décore le bord de l’assiette. Les raviolis sont vraiment aux asperges, on voit la pointe et les scampi sont de très grosses langoustines servies au-dessus de gros ravioli avec une sauce rouge, de la bisque avec de la tomate fraîche.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

2 réflexions sur « Presqu’île de Sinis : Tharros, San Giovanni di Sinis »

    1. @Aifelle : Nous n’avons pas souffert de canicule en Sardaigne : d’abord il y a la mer, ensuite les Méditerranéens savent gérer, horaires adaptés avec sieste aux heures chaudes, ventilateurs et climatisation. Seuls les sites archéologiques sont brûlants sous le soleil, à visiter impérativement tôt le matin ou au coucher du soleil.
      Pour les spaghettis à la boutargue, ils étaient excellents dans ce restaurant, j’en ai mangé d’autres plus moyens.

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