GUADELOUPE

7h30, sur la RN2 vers le sud en passant par Pointe Noire, Malendure, Bouillante, Vieux-Habitants sous la lumière du matin avec moins de circulation que d’habitude. Une heure plus tard nous arrivons à Basse-Terre. L’entrée de la ville est affreuse avec ses panneaux publicitaires, ses zones commerciales et artisanales. La route longe le port. Très rapidement nous sommes au marché. Suivant les conseils et les plans de nos guides Dominique gare la voiture rue Baudot à quelques pas de la Maison du Patrimoine( fermée aujourd’hui samedi) installée dans une belle demeure coloniale avec des balcons de ferronnerie.
Un passage étroit mais éclairé de beaux lampadaires me conduit à l’Hôtel de Ville tout blanc, je suis le cours Nolivos, très commerçant puis la Rue de la République très animée. De la musique sort des boutiques, les gens s’interpellent. Dans la rue , les commerces de textiles sont tenus par des Libanais, j’entends parler arabe. Cette ambiance tropicale et bruyante me rappelle San José au Costa Rica. Un pont enjambe la Rivière aux Herbes et j’arrive au marché très animé le samedi. Trois SDF sont allongés sur le trottoir, une marchande qui comptait y installer son étal les houspille en Créole ; comme les cris n’ont pas l’effet escompté, elle revient avec une bouteille d’eau et les asperge violemment pour les faire déguerpir.

Sous la halle du marché de nombreux commerces sont destinés aux touristes : robes, nappes, sacs de toutes sortes en madras, chapeau de paille, bouteilles de rhum ou de punch, épices diverses. Je me laisserais facilement tenter par une robe en madras orange, jaune et blanche. De retour à Créteil, elle risque de dormir dans l’armoire en compagnie des tenues africaines ou des djelabas. Une marchande m’interpelle en me proposant des gousses de vanille. Cette tentation est de l’ordre du raisonnable comme les bâtons de chocolat ou la cannelle. Stoïquement je résiste et me contente de photographier les fruits et légumes. Les poissons se vendent de l’autre côté de la route bien passante.

En sortant du marché je remarque le Passage des marches décoré par un mosaïste. Basse Terre est peinte de nombreuses fresques Street Art : certaines vantent le magasin sur lesquelles elles sont peintes, de nombreuse ont pour thème l’esclavage, même le mur de la prison est tagué !

J’arrive rapidement aux bâtiments officiels, Palais de Justice, Conseil départemental, bâtiments administratifs imposants. Imposante aussi la Cathédrale en lave avec sa façade classique. A l’intéreiur, atmosphère de recueillement. Comme les bénitiers sont à sec depuis le Covid les gens se signent ostensiblement. La mécréante que je suis entre discrètement pour observer l’autel de pierre claire et la coûte de bois.

Pour arriver au Fort Delgrès il aurait suffi de longer la mer en retournant au marché mais le GPS a préféré nous faire un tour des quartiers hauts par le chemin de Circonvallation et le Jardin botanique pour redescendre tout droit. Au fort, une heureuse surprise attend : une déambulation artistique autour de sculptures d’Hervé Guibert « en Rezistans ». Inspiré par les évènements de mai 1802, le plasticien a façonné de curieux animaux de ferraille et de pierre, une libellule, un papillon-en ondulant. une grande araignée de ferraille est destinée à trôner sur un rond-point, elle a été réalisée avec les enfants d’une école qui ont décoré des noix de coco, les oeufs de l’araignée.

Cette animation est joyeuse. Une clarinette participe à la déambulation. Les participants sont munis de parapluies pour se protéger du soleil. Moi pas, je rejoins l’ombre des grands murs du fort. Bastions, canons et architecture défensive n’ont jamais été mes sujets de prédilection, mais l’herbe est bien verte pas tondue, elle oscille gracieusement au vent.

La Poudrière a été conçue très solidement pour résister aux incendies. Elle a servi e 1976 lors de l’éruption de la Soufrière : les géophysiciens y ont installé leurs instruments de mesure pensant qu’ils y seraient à l’abri. Sur le Bastion du Galion, le plus haut, une table d’orientation permet d’identifier les principaux sommets, mornes et pics. La Soufrière malheureusement est cachée dans le nuage. La visite s’achève dans le labyrinthe d’énormes pierres disposées en spirale autour de la tête de Louis Delgrès œuvre de Roger Arekian.
Restaurant La Baie à Rocroy
Nous sommes arrivées vers 11h30 à la Plage de Rocroy. J’ai le temps de me baigner avant le déjeuner. Installées à la même table nous commandons les mêmes plats que jeudi. J’aime bien « prendre mes marques ». Quand nous évoquerons les vacances en Guadeloupe ce sera « notre » restaurant. La baignade qui suivra sera encore plus délicieuse. Boustrophédon, cette expression me revient quand je sillonne la baie en faisant des allers et retours .
L’Habitation Côte-sous-le-vent

A un kilomètre au sud de Pointe noire, L’Habitation-Côte-sous-le-Vent est à l’ombre de très grands arbres.
Plusieurs axes de visite : un musée du bois, un arboretum et un musée-pirate.
Musée du bois : l’atelier de l’ébéniste avec ses outils rangés , les productions : objets de bois, jouets toupies, patinettes, camions de bois, des instruments de musique : Gwoka (tambour traditionnel guadeloupéen). Des échantillons de bois et leur usage en menuiserie Amandier (Terminalia cattappa), Mahoganny, Courbaril, Bois-rouge carapate (Amanoa caribaea). Le thème du bois m’intéresse beaucoup :
Enfin je vois les arbres de mes lectures, en échantillon et dans l’arboretum. J’aimerais voir le Courbaril et l’Akomat. L’Akomat est le fromager ou le kapokier avec ses énormes racines Il accueille le visiteur de l’arboretum avec les légendes qui lui sont attachées : soukougnans, volants et autres esprits mauvais qui changent de forme sur ses branches basses. Découvert à Cuba après une lecture de Zoé Valdès qui l’appelait la Ceiba, arbre magique. D’autres arbres aux noms familiers renvoient à des espèces très exotiques : Raisiniers bord de mer( Coccoloba uvifera), Poirier-pays (Tabebuia) aux fleurs à corolles roses, Châtaigniers qui sont les arbres à pain
Thème inattendu : la flibuste avec les pirates noirs :25 à 30% des flibustiers étaient noirs et aucune distinction raciale n’existait là. Il semblerait que le pont des navires pirates était le premier lieu de pouvoir des noirs au sein du monde blanc du XVIIIème siècle. Des femmes se sont aussi distinguées : Anne Bonny et Mary Read, encore Zoé Valdès Louves de Mer a raconté leurs exploits.
Une maison créole est soigneusement meublée. Est-elle authentique ? J’en doute un peu. J’ai préféré les modestes reconstitutions de L’Ecomusée Créolart à Sainte Rose.
Comme ce doit être intéressant et dépaysant, ça me plairait beaucoup.
Les flibustiers aiment se flatter : s’il y avait bien des pirates noirs, libres, parce qu’ils recrutaient parmi les marins et qu’en effet les noirs libres étaient un peu plus nombreux dans cette profession, les pirates ne dédaignaient pas non plus le recours aux esclaves.
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@Nathalie : il te vient des titres de livres sur les pirates ?
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Là, rien ne vient. J’ai lu des ouvrages d’histoire spécialisée sur les noirs au 18e siècle et sur les flibustiers, des éditions à partir de documents d’archives, mais ce n’est pas forcément si accessible. Je vais réfléchir et je te fais signe si je pense à un truc !
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Le musée du bois m’aurait bien intéressée aussi ! j’aime découvrir les arbres dont on parle dans les livres et qui paraissent si mystérieux ! Un joli hôtel de ville !
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Pirates et flibustiers… on se fait des films!
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