GUADELOUPE

Il a plu la nuit dernière, le bruit sur les tôles m’a réveillée. Pourtant ce matin le sol est à peine humide. Peut-être n’est-ce pas la météo idéale pour aller voir la Soufrière ?
Avec la carte Michelin j’avais repéré un itinéraire évitant les grandes routes, tout au moins une partie de la RN2 près de Basse-Terre et la RN3 vers Saint Claude. Une petite route D30, longeant l’aérodrome de Baillif , bordée du vert des itinéraires touristiques, conduit à Matouba, et de là à Saint Claude. Etrange, le GPS ne trouve pas la D30. Nous montons cette route Saint Louis tortillant dans les bananeraies. Sérénité et calme, nous sommes seules sur la route. Arrêt devant l’Habitation Bouvier – propriété privée et chien de garde- je devine des bâtiments agricoles, une étrange grande roue et une bizarre tour dépassant des toits. Le chien me dissuade d’approcher. Alors que je me congratule d’avoir choisi un circuit aussi agréable, un panneau nous apprend que la chaussée est submersible. Pas de problème, pensions nous, les trois gouttes tombées cette nuit n’ont pas fait déborder les rivières. Brusquement la route s’interrompt, trois gros rochers interdisent le passage. A Rivière Matouba a emporté toute la chaussée. Il ne reste plus qu’à faire demi-tour et emprunter els grandes routes. Nous prenons en autostop un homme qui marchait le long de la route. Il nous parle des dégâts du cyclone Fiona (septembre 2022) qui n’ont pas encore été tous réparés. Nous le questionnons au sujet de la culture des bananes.

A l’église de Saint Claude c’est la Messe. L’église est ouverte, l’assistance chante. Je n’ose pas entrer.
A Matouba, nous trouvons facilement la stèle de Louis Delgrès : son buste et sa proclamation. Il n’y a rien de plus à voir. L’habitation où il s’était retranché avec ses partisans n’est pas visible. J’ai lu cet épisode de l’Histoire dans La Mulâtresse Solitude de Schwartz-Bart. De là la promenade Le Saut d’Eauqiu de Matouba est fléchée, recommandée dans nos guides, notée facile, aller/retour en moins d’une heure. Le panneau du Parc indique 45 minutes. La Mairie de Saint Claude a posé un grand panneau « Promenade Interdite » Je m’engage quand même, le sentier est bien tracé dans les bananiers puis arrive en corniche au-dessus de la rivière. Le chemin est fort glissant, par endroit boueux. S’il est interdit, il doit bien y avoir une raison ? Je regrette amèrement mon bâton de marche qui me permettrait de m’assurer. Je me raccroche aux branches mais me salis de boue. Si près du but, je renonce. Au retour, je croise 4 promeneurs. Un Guadeloupéen s’esclaffe « cela fait 5 ans que c’est interdit ! ». Je regrette de ne pas avoir vu la cascade et surtout de ne pas avoir mis le bâton télescopique dans la valise. Ma confiance dans les recommandations de promenade du guide Vert et d’Evasion est sérieusement entamée.
Nous avons confondu les « Bains chauds » de Matouba et les « Bains jaunes » de Saint Claude . Nous arrivons à Papaye au Point de Vue. Superbe. Le propriétaire du gîte « Les Pimentiers de Papaye » situé là nous commente le panorama à 360°. Derrière nous, la Soufrière, vers le sud entre deux sommets Les Saintes, Terre-de-Haut et Terre-de-Bas. Du côté de Basse-Terre, les champs de canne de la distillerie Bologne.
La route qui monte à la Soufrière traverse une forêt touffue avec les troncs des grands arbres formant de hautes colonnes autour desquelles s’enroulent les lianes tandis que des fougères arborescentes tentent de s’élever pour capter un peu de lumière ; Sol volcanique, humidité presque permanente, conditions idéales pour les végétaux. Lees voitures sont garées des centaines de mètres le long de la route en bas du parking près des Bains Jaunes où nous avons la chance de trouver une place. Marie-Jo, la propriétaire m’a affolée en parlant d’une randonné de 6 heures à faire obligatoirement avec un guide. J’ai renoncé à faire l’ascension. Sur place, on dit que c’est plutôt 1h30 (x2 pour l’aller/retour). Evidemment je regrette.

Je me contente du chemin facile pavé le Pas du Roi jusqu’à La Savane aux Mulets (ancien parking situé à 1142 m) construit par l’armée coloniale e, 1887, très facile à suivre avec des marches taillées dans la roche assez hautes avec mes petites jambes pour me faire encore regretter mon bâton. Il y a beaucoup de monde. Encore une fois, j’admire les fougères géantes. Les mousses sont abondantes ainsi que les petits lycopodes qui furent au Carbonifère des arbres de 30 mètres de hauteur.

A la sortie de la forêt on se trouve à la base du dôme dans une végétation arbustive de buissons d’espèces inconnues de moi. Malgré la couverture nuageuse j’ai l’impression d’arriver dans la lumière. La couleur jaune domine après le vert foncé. Quand j’arrive au sentier qui monte il est déjà 14h et les randonneurs redescendent ; je ne résiste pas à la tentation de grimper encore un peu. Plus de marche, un sentier rocailleux et abrupt. Le bâton de marche est vraiment indispensable ! je croise avec envie ceux qui s’aident de deux bâtons. On perçoit même loin du sommet l’odeur sulfureuse des fumerolles, discrète mais bien présente. Les flancs irréguliers du volcan présentent des fissures verticales. Ces grandes plaques jaunes sont-elles du soufre ? pas du tout ce sont des mousses très épaisses jaunes. Pas de coulées. Il faudrait monter encore beaucoup plus pour se trouver dans un univers minéral.
Le nuage descend rapidement, pour ne pas être prise par le brouillard il faut rentrer rapidement. Je suis toute transpirante quand je reviens à la voiture. Les bains jaunes sont pris d’assaut par les randonneurs qui s’y délassent. Certains font la planche, d’autres laissent pendre leurs pieds dans l’eau, assis sur le rebord de pierre. Je suis un peu déçue de voir que l’eau n’est pas jaune du tout. La pierre est noirâtre, l’eau transparente.
J’ai hâte de me baigner dans la mer. Nous retournons à la Petite Anse près de Marigot. Aujourd’hui dimanche, le parking à l’ombre est bondé. Dominique doit choisir entre ombre sans la vue ou vue sur mer au soleil. Pas une vague, l’eau est limpide. Je nage tranquillement d’un bout à l’autre de la baie.
Nous voulons voir les Bains Chauds Thomas à l’entrée de Bouillante. Le petit bassin en bord du rivage alimenté par une source chaude est construit en roches volcanique de la taille d’un gros jacuzzi. Il est occupé par une dizaine de personnes tandis qu’une bonne douzaine attend son tour patiemment. Je n’ai pas trop envie de poireauter encore moins de subir les bavardages et les plaisanterie des baigneurs inconnus qui mijotent dans l’eau chaude. J’avais pourtant bien aimé l’expérience au Costa Rica.
De retour à Créteil j’ai écouté avec beaucoup d’intérêt le podcast des Nuits de France Culture Polémique autour du volcan de la Soufrière à la Guadeloupe en 1976 CLIC
20 jours en Aout 1976 racontés par les témoins, journalistes, Préfet, Maires ou simples habitants. Plaisir de réécouter la voix inimitable d’Haroun Tazieff et ses explications très claires.
❤️
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J’ai partiellement écouté les émissions de nuit avec Haroun Tazieff (ça dépend de mes insomnies !). Je n’ai pas entendu celle à laquelle tu fais référence, je vais aller la rechercher. La prochaine fois, tu n’oublieras pas ton bâton 😉
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@aifelle : c’est compliqué de voyager en avion avec un bâton, ma valise est trop petite et les compagnies d’aviation n’en veulent pas en cabine (arme???)
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C’est vrai, de nos jours tout ce qui de loin ou de près ressemble à une arme est proscrit ! Mais tu as bien marché et tu l’as vue de près la Soufrière !
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@Claudialucia : je l’ai vue d’assez près mais c’est quand même un rendez-vous manqué!
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