GUADELOUPE

Prenant sa source à la Soufrière, la rivière du Grand Carbet (13 km) fait trois impressionnantes chutes : occasion de trois belles randonnées en forêt. La première chute (115 m) est une randonnée difficile de 4 heures ; elle fermée en ce moment. La 2ème chute a son parcours aménagé avec des dalles et des marches, nous demandons au GPS de nous conduire à son départ.

Route par N1, bien passante, sans intérêt puisqu’elle évite les villages. Après avoir contourné Capesterre-Belle Eau, Madame GPS nous oriente sur une route fléchée 3ème chute de Carbet. Nous désobéissons, tournons autour du rondpoint et nous trouvons l’Allée Dumanoir plantée de 400 Palmiers Royaux au XIXème siècle par Pinel Dumanoir. Certains arbres abattus par des cyclones ont été remplacés. Ils forment donc une allée imposante parallèle à la route. Le GPS s’entête à nous diriger sur la D3 qui file droit vers la Soufrière à travers une campagne de bananeraies. Le temps est si clair aujourd’hui qu’on voit le sommet et les fumerolles blanches qui s’échappent en panache. Nous traversons des villages aux noms amusants de Cacoville, Cacador et Marquisat et arrivons à un parking.
3ème chute de Carbet

De là, part un bon chemin empierré de pierres irrégulières sur lequel on se tord les pieds. On entre dans une belle forêt plantée d’arbres d’une hauteur impressionnante dont les futs sont entourés de Siguines (Philodendron giganteum) ou d’Oreilles d’éléphants (Alocasia macrorhizos). Le sentier (ici on l’appelle trace) monte régulièrement. Bien aménagé, avec des marches et des planches recouvertes de grillage antidérapant. Le ravinement a parfois tellement creusé le chemin que des tronçons du chemin de planches forment de véritables tables perchées en hauteur. Les racines retiennent l’argile. Il est souvent plus facile de marcher sur les racines que sur le tracé prévu. Je marche seule, heureuse de m’appuyer sur le bâton de marche que Mireille m’a prêté. En montée, le bâton est d’une aide considérable pour me hisser sur ces marches hautes. Joyeuse, je grimpe vite et sans efforts. En descente, je retrouve le sentiment de confiance et de sécurité. Malheureusement la balade se termine en queue de poisson : une petite passerelle domine la rivière mais les arbres cachent la cascade de la 3ème chute. Une jeune femme a escaladé la barrière interdisant de continuer. Il faut descendre 5 ou 6 mètres à la verticale sans le filin ou la corde promis par Visorando. Et remonter !

Au retour, les randonneurs sont nettement plus nombreux, tous très cordiaux. Je suis ravie d’avoir retrouvé la joie de randonnée avec le bâton de Mireille et décide de continuer la promenade par celle des 2èmes chutes de Carbet.
Pour trouver le départ, il faut dépasser Capesterre-Belle Eau vers le sud et prendre la Route de l’Habituée en face de Saint Sauveur. Nombreux restaurants confirment la destination touristique de cette petite route étroite qui grimpe en montagnes russes à l’assaut de la Soufrière. La conduite est une aventure haletante pour la conductrice qui n’a aucune visibilité sur ce qui va se passer en haut de la bosse : un véhicule en fac ? un tournant ? une descente raide ? des trous ? Lianes et fougères arborescentes géantes, oreilles d’éléphant composent un paysage tropical luxuriant. J’ai adoré ce trajet. Dominique, au volant, moins.
A l’arrivée, péage : 5€. « pour le parking, les toilettes » justifient les deux rangers un peu embarrassées devant des touristes qui ne sont pas habitués à payer pour randonner dans le Parc National.
Une belle allée dallée (accessible PMR) permet de découvrir le panorama et les deux chutes : la 1ère haute de 115 m la seconde 110 m. Ces deux chutes sont visibles de la mer et ce sont elles qui ont incité Christophe Colom à accoster en Guadeloupe en 1493 pour faire des réserves d’eau douce.

La promenade sur un cheminement en dur- marches de pierre et planches – est donc très facile. Comme à la 3ème cascade, un ponton surplombe la rivière dont l’accès est interdit. Pas de douche ou de baignade rafraîchissante pour cause de cyclone Maria. On se bouscule pour les selfies. Pendant que je marchais Dominique a eu la visite de deux oiseaux qui se sont perchés sur le rétroviseur : un oiseau noir à gorge rouge et un gros bec, et un gris de la taille d’un merle avec un long bec.
J’ai acheté le pique-nique à emporter dans un petit restaurant pittoresque, peint en jaune, deux tables installées dur la galerie, musique tropicale à fond,. Derrière l’hygiaphone la cuisinière prend ma commande. « wings avec des bananes pesées », les bananes pesées sont la spécialité de la maison, et wings avec du riz pour Dominique. Je suis curieuse de ces bananes pesées, je m’en repentirai, elles sont desséchées, dures, farineuses et insipides. En revanche, le riz est excellent, parfumé ; il contient des haricots au goût de noix de cajou et des oignons et des poivrons piquants. Je croyais arriver dans un fast-food, pas du tout fast, la cuisinière prend son temps. Les gens du village passent et achètent des cigarettes à l’unité. Etrangement dans cette gargote sur la liste des prix il y a du champagne à 50€ la bouteille.

Il faut maintenant trouver un endroit pour pique-niquer. Nous nous serions bien arrêtés sur le petit port de Bananier mais impossible de couper la file sur la N 1 avant Trois-Rivières . Nous déjeunons sur le parking Duquerry près du Parc archéologique des Roches Gravées. Après notre festin j’emprunte le sentier qui mène aux roches Gravées. Le sentier est bien pentu et rocailleux. Je passe au-dessus d’une jolie petite plage et arrive à la Rivière de la Coulisse qu’il faut passer à gué en sautant de rocher en rocher ronds et lisses. De peur de tomber à l’eau (ou pire le smartphone) je renonce. « Il fallait mettre le téléphone dans le sac et ne pas avoir peur d’entrer dans l’eau » a commenté Mireille. C’est vrai, il fait si bon qu’une baignade n’aurait rien de terrible. C’est d’autant plus dommage que les pétroglyphes étaient juste après le passage de la Coulisse. Je n’aurai donc pas vu ni le cacique ni la femme. Je remonte un peu dépitée.

Etape suivante : le temple hindou de Changy est du mauvais côté de la route. Peint en blanc et jaune et orné des divinités polychromes de Maliemin, de Sarasvati et Kanadevi. L’enclos est fermé, inutile de traverser la route, il se voit mieux de loin. Ce temple me rappelle les « Zindiens » de mes lectures de Schwartz Bart et de Maryse Condé. Un peu plus loin un « Zindien » tient un étal de fruits et légumes. Dans un panier, je place une mangue, des citrons verts, un avocat et des bananes-dessert (à ne pas confondre avec les bananes-légumes à cuire. Le pendeur pèse les citrons « pour le Ti-punch ! »

Nous cherchons à nous rapprocher du rivage par les chemins et les petites routes qui passent entre les habitations colorées mais parfois misérables.
La Plage du Roseau est bien aménagée : parking, pelouses, douches) les sargasses ont été débarrassées. On peut nager dans des sortes de bassins rectangulaires délimités par une jetée et du côté de la mer par des rochers (barrière de corail ?) où se brisent les vagues. Sur un arbre mort sont posés des pélicans. Les gens du coin viennent se rafraîchir. Ils bavardent dans l’eau, un chapeau de paille sur la tête ou se reposant sur une frite. Deux dames ont leur masque bleu qui trempe dans l’eau. Quel usage un masque dans l’eau ? Un grigri anti covid ? Je ne peux pas vraiment nager, l’eau n’est pas assez profonde et le sol rocailleux. Quel bonheur de se tremper pour se rafraîchir !
Christophe Colomb aborda en novembre 1493 lors de son second voyage pour se ravitailler en eau. Son buste surmonte une haute colonne. Nous ne nous sommes pas attardées parce qu’il y avait une intervention policière (drogue ? querelle après boire ?).
Au lieu-dit Christophe, la petite route qui va à Goyave en suivant la côte nous mène à Sainte Claire, jolie plage ombragée qui aurait été merveilleuse sans la puanteur des sargasses pourrissantes.
💙
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quelle belle journée !
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