GUADELOUPE

Nous prenons tôt la route de Beauport – ancienne sucrerie – une des plus importante de Grande Terre qui a cessé son activité en 1990 et qui organise sur son site des visites guidées et des activités culturelles dont un voyage en petit train à travers les champs de canne jusqu’à Grand Canal (7 km). Nous attendions cette visite depuis longtemps. Malheureusement le train est en panne il faudra se contenter de la visite guidée (10h30) et de celle du musée.
Comme nous sommes arrivées en avance je visite les trois expositions temporaires du musée :
A la Une, ce soir : affiche la Une du journal FRANCE-ANTILLES depuis sa première édition en février 1965 jusqu’en 1990, fermeture définitive de l’Usine Beauport après 127 ans d’activité. 25 années d’histoire de la Guadeloupe :
- Septembre 1966 : cyclone Inès 60% de la production sucrière ruinée, 100% des bananes
- Mai 1967 : émeutes , déclin de l’activité sucrière la jeunesse quitte les campagnes , selon certains témoignages des centaines de victimes
- Juillet 1968 : élections à Port Louis, guet apens organisé par les supporters du candidat élu, violences
- Novembre 1970 Hommage au Général de Gaulle
- Novembre 1970 : arrivée du Jumbo Boeing 747 suivie en 1971 du naufrage du paquebot Antilles
- 1976 Eruption de la soufrière
- 1978 première Route du rhum
- Aout 1978 : enterrement de Gerty Archimède première femme députée de Guadeloupe
- 1980 attentats du Groupe de Libération Armée
- 1986 Kassav roi du Zouc
- 1989 Le cyclone Hugo ravage la Guadeloupe.
Vivre et Travailler à Beauport 1863 – 1990
- 1813 : achat de la propriété 96 ha 70 esclaves
- 1863 création de la sucrerie
Au milieu du 19ème siècle le réseau ferré va remplacer le transport des cannes par cabrouet (charrette à bœufs) et transport par bateau Beauport est handicapé par rapport à son concurrent Darboussier adossé au port de Pointe à Pitre.

La culture de la canne se fait selon trois modalités :
1)les Habitations domaniales où les meilleures terres sont exploitées par des ouvriers « casés »
2) les parcelles en « colonage » de petites dimension baillées pour 3 récoltes avec obligation de livrer la récolte à l’usine
3) plantation libre
Travail à l’usine : Pendant la campagne sucrière l’usine tourne à plein tandis que les machines sont mises à ‘l’arrêt ) l’inter-récolte.
Exposition Soufrière La vieille dame dans tous ses états (1976)
Je n’ai pas le temps de visiter les expositions permanentes du musée quand on m’appelle pour la visite guidée qui commence devant le Moulin.
L’animatrice reprend l’historique des Habitations depuis 1635.
Définition d’une Habitation : Domaine agricole familial avec une manufacture.
Pacte colonial : les colonies produisent, la Métropole achète. Evidemment l’esclavage permet de produire à très bon compte. Après l’abolition en 1848, le patron doit salarier ses employés la Guadeloupe subit la concurrence du sucre de betterave moins cher à produire, et celle des colonies espagnoles et portugaises restées esclavagistes. 1880-1890 : des crises sucrières font baisser le prix du sucre. Il faut donc réduire l’activité sucrière et de nombreuses distilleries vont remplacer les sucreries.

Le Moulin est l’élément central de l’Habitation, les installations se construisent autour du moulin à vent équipé de pales de bois orientées selon les alizés. Ces moulins actionnent les gros cylindres venant broyer la canne.
Le Vesou est le jus de la canne passé au moulin. On laisse reposer le vesou qui se décante puis on le traite avec de la chaux ce qui donne du jus clair qui sera transformé en sucre/
A la construction de l’usine, le moulin perd son utilité, on le transforme en tour de guet pour surveiller les incendies. Il était d’usage de mettre le feu aux champs de canne pour faciliter la coupe.
En plus d’être une usine, Beauport était un village où des centaines de familles venaient s’installer pour parfois plus de six mois. Las cases étaient déplacées sur des camions comme des escargots. Une école, une crèche, une chapelle, un marché et un « lolo » (épicerie de première nécessité) n tout était mis à la disposition de la main d’œuvre pour que l’usine fonctionne 7 jours/7 et 24h/24 de janvier à juin.
La visite se poursuit par une promenade dans les installations gigantesques : le silo très vaste permettait le chargement et le déchargement de camions entiers de sucre destiné à l’exportation. Un autre bâtiment très vaste était destiné à stocker la bagasse (résidu de la canne une fois broyée) La bagasse servait de combustible pour produire de l’électricité nécessaire au fonctionnement des machines et des chaudières. Alors que la distillation peut se faire dans un seul bâtiment de taille moyenne on comprend que distiller le rhum était plus rentable pour les petits propriétaires.

Au cours de la dégustation l’animatrice explique les étapes de la fabrication du sucre. Je n’ai pas pris de notes, dans une main un gobelet avec du jus de canne, dans l’autre un petit bâton de canne fraîche. Le jus de canne est frais et délicieux. Il va être chauffé en plusieurs étapes pour être concentré en « jus de batterie » la « batterie » est le nom de la 5ème cuve. On nous le fait goûter : c’est très bon. Il ne faut pas le confondre avec la mélasse qui peut être fermentée et distillée pour donne le Rhum de mélasse, différent du rhum agricole. Pendant le Carnaval, on fait un curieux usage de la mélasse : on se badigeonne la peau en souvenir des esclaves marrons.
Dans des ballons de chimie, la guide nous présente les étapes de la cristallisation. Le sucre roux qui contient encore un peu de mélasse est d’après elle plus riche en sels minéraux (potassium et fer) tandis que le sucre blanc – raffiné – en est dépourvu ne contenant plus que du saccharose.
❤️
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