LES ROUGON-MACQUART t.9

Nana est la fille de Gervaise et de Coupeau de l’Assommoir. Nous l’avons quittée en apprentissage de fleuriste sous la garde de sa tante, très dégourdie, elle a déjà un protecteur plus âgé.
Nana, au début du roman, a une vingtaine d’années, est mère d’un petit garçon chez une nourrice. Actrice à succès au Théâtre des Variétés.
« La Blonde Vénus sera l’événement de l’année. On en parle depuis six mois. Ah! mon cher, une musique! un
chien!… Bordenave, qui sait son affaire, a gardé ça pour l’Exposition.Et Nana, l’étoile nouvelle, qui doit jouer Vénus, est-ce que tu la connais? Nana est une invention de Bordenave. Ça doit être du propre! »
Le roman s’ouvre au Théâtre des Variétés. Zola nous fait découvrir la scène, les loges, les répétitions, les acteurs, les coulisses, les éclairages. Les journalistes aussi, les auteurs, les jalousies et petits arrangements…Et parmi les spectateurs, les messieurs qui viennent dans les loges comme au bordel. D’ailleurs Bordenave, le directeur du théâtre nomme ainsi son théâtre.
« Paris était là, le Paris des lettres, de la finance et du plaisir, beaucoup de journalistes, quelques écrivains, des hommes de Bourse, plus de filles que de femmes honnêtes; monde singulièrement mêlé, fait de tous les génies, gâté par tous les vices, où la même fatigue et la même fièvre passaient sur les visages. »
Nana est une piètre actrice
« Jamais on n’avait entendu une voix aussi fausse,
menée avec moins de méthode. Son directeur la jugeait bien, elle chantait comme une seringue. »
Et pourtant elle a un succès fou :
« cette grosse fille qui se tapait sur les cuisses, qui gloussait comme une poule, dégageait autour d’elle une odeur de vie, une toute-puissance de femme, dont le public se grisait. »
Plus qu’une actrice, Nana est une courtisane qu’hommes d’affaires comme le banquier Steiner, aristocrates comme le Comte Muffat ou Le Comte de Vandeuvres, et bien d’autres, sont prêts à se ruiner pour elle. Sa fidèle bonne Zoé place tous les prétendants dans des pièces différentes pour qu’ils ne se croisent pas, c’en est cocasse. Il y a peu de sentiments, de l’intérêt. Et pourtant, même dans ses plus grands succès Nana est à cours d’argent pour payer les extravagantes dépenses. Elle est souvent à la recherche d’expédients
Elle tombe amoureuse d’un comédien qui la traite très mal. Un jeune homme, presque un adolescent réussi à l’émouvoir ; il consentira à tout pour garder ses faveurs. Ses plus fidèles amitiés seront féminines, sa bonne Zoé prête à tous les artifices, Satin, une rouleuse du boulevard qu’elle a retrouvée dans la dèche lui sert de compagne.
Difficile d’avoir de l’empathie pour cette fille, souvent superficielle, capricieuse, toujours intéressée, qui dévore des fortunes sans aucun scrupule et n’est même pas affectée par les tragédies dont elle est la cause.
Pourtant on sent surtout la rage de la petite fille de l’Assommoir qui n’oublie jamais d’où elle vient et qui venge les humiliations, les privations qu’elle a connues. Elle prend sa revanche dans son hôtel rue de Villiers. Et pourquoi devrait-on la juger? Ce sont les hommes qui sont les cochons et qui se pressent auprès d’elle.
« Nom de Dieu! ce n’est pas juste! La société est mal faite. On tombe sur les femmes, quand ce sont les hommes qui exigent des choses… Tiens! je puis te dire ça, maintenant: lorsque j’allais avec eux, n’est-ce pas? eh bien! ça ne me faisait pas plaisir, mais pas plaisir du tout. Ça m’embêtait, parole d’honneur!… »
Dans le monde des Rougon-Macquart, cet épisode entraine le lecteur dans le demi-monde et le grand monde qui se mêlent. Nous découvrons donc le théâtre, les restaurants à la mode, les courses et les paris, les soirées brillantes…mais la rue n’est pas loin, ni les rafles de la police qui ramasse les prostituées, les encarte et les emprisonne.

J’ai, présente à l’esprit, la merveilleuse Exposition Sarah Bernhardt au Petit Palais. Sarah Bernhard a vécu dans ce monde, encartée à la police, protégée du Duc de Morny. Mais, elle était bourrée de talents et a su rapidement s’élever au-dessus de sa condition.
Plus que les intrigues embrouillées ou les histoires sentimentales, j’ai apprécié la description de la vie mondaine et les analyses sociétales de Zola.
Très beau livre, très dur
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@christine : ils sont rarement roses ces Zola
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Celui là, je m’en souviens bien, et la fin, avec nana et le début de la guerre…
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@keisha : AhAh ! Tu spoiles
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Oh pas tellement?
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Ah ah ah tu spoiles
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Un de mes Rougon Macquart préféré 🥰
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C’est un des Rougon que je n’ai jamais lu parce que le sujet m’ennuie, j’avoue qu’en lisant ton billet cela ne me donne pas vraiment plus envie hélas
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@Dominique : comme La Curée ce n’est pas de mes Zola préférés. Ce sujet des courtisanes peut être répétitif et ennuyeux. Mais je me suis donnée le défi de les lire tous dans l’ordre.
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C’est vrai Nana n’est pas sympathique mais tu as raison de dire qu’elle se venge de son enfance misérable ! Et c’est vrai aussi que Zola ne la juge pas car les hommes sont peut-être encore plus coupables !
Je ne sais pas si j’aurais le temps de te rejoindre pour Pot Bouille. Quand le publies-tu ? Mais c’est sûr, je relirai volontiers la joie de vivre.
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@claudialucia : j ai beaucoup aimé Pot-Bouille le billet est déjà rédigé normalement prêt pour demain sauf si je le retardé pour attendre le tien. Si tu veux je le mets en attente mais dis le moi avant demain. J’ai déjà passé le milieu du Bonheur des Dames et il s’enchaîne avec Pot-Bouille.
Sûrement que les hommes sont les plus coupables!
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Je n’ai vu ton mot que ce soir. Si je commence Pot Bouille, je n’aurai pas fait le billet avant Lundi 18 ou mardi 19. Si tu n’as pas envie d’attendre si longtemps tant pis , publie le demain! Sinon je me mets à la lecture de Pot Bouille dès demain. je dois en finir un autre mais j’ai presque terminé.
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Ah Nana ! On en parle souvent de ce tome là ; il n’est pas forcément plaisant à lire, mais la vie de ces filles-là n’était pas vraiment plaisante non plus.
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@Aifelle : Zola est meilleur quand il parle des travailleurs
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Un de mes copains a décidé de se lancer cet été dans la (re)lecture des Rougon-Macquart: sachant ma pochothèque bien fournie, il m’a demandé de lui prêter les deux premiers (ce que j’ai fait bien volontiers!). Nana est le 9e… Ma propre lecture remonte à des décennies!
En tout cas, je viens de vérifier que l’édition en grands caractères ne comporte « que » 576 pages: même pas assez pour être éligible comme « épais de l’été ».
(s) ta d loi du cine, « squatter » chez dasola
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@ta d loi du ciné : sympa de t part ta documentation sur la pagination. Tant pis si je ne rentre pas dans le cadre! Le but de l’aventure c’est de découvrir les Rougon-Macquart dans la durée
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Tu n’as pas dû recevoir mes messages. Je te disais que, puisque tu m’attendais pour une LC de Pot Bouille, nous pourrions publier le billet mardi 19. C’est ce que j’ai fait. Décidément je n’ai pas de chance avec ma messagerie. Je croyais qu’elle fonctionnait à nouveau.
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