Le Rêve – Emile Zola

ROUGON-MACQUART Tome 16 

A la suite de La Terre (1887) d’une noirceur extrême, Zola rédige en 1888 un sujet plus léger : un roman d’amour, presque un conte, d’un format plus court (275 p) se déroulant uniquement dans la ville imaginaire de Beaumont dans le nord de Paris. 

Angélique,  enfant trouvée, s’endort épuisée dans la neige sous le porche de la cathédrale. Elle est recueillie par un couple de chasubliers (brodeurs de chasubles et d’articles religieux), sans enfants qui l’adoptent et lui transmettent leur métier. Pour préserve l’ innocence de la jeune fille,  elle grandit à l’intérieur de leur maison, à l’ombre de la cathédrale.

« Elle pratiquait cette opinion ancienne qu’une femme en sait assez long, quand elle met l’orthographe et qu’elle connaît les quatre règles. »

Pour unique lecture , la Légende Dorée de Voragine. Pour uniques sorties, la messe, les visites de bonnes œuvres à ses pauvres et la lessive dans le ruisseau. Exceptionnellement,   une sortie aux ruines du château voisin enflamme son imagination, elle s’enthousiasme pour des histoires de princesses, de chevaliers, de fantômes. 

« Angélique croyait fermement aux miracles. Dans son ignorance, elle vivait entourée de prodiges, le lever des
astres et l’éclosion des simples violettes. »

Arrivée à la puberté, elle rêve du prince charmant qui viendra l’épouser. Ses parents adoptifs tentent de lui expliquer que simple brodeuse, elle devrait être moins ambitieuse:

« Ah ! vaniteuse, ah ! gourmande, tu es donc incorrigible ? Te voilà partie avec ton besoin d’être reine. Ce rêve-là, c’est moins vilain que de voler le sucre et de répondre des insolences. Mais, au fond, va ! le diable est dessous,
c’est la passion, c’est l’orgueil qui parlent. »

Comme dans la Faute de l’Abbé Mouret, Zola va s’intéresser au catholicisme, aux saints et martyrs, à l’exigence de chasteté et à l’innocence supposée des jeunes filles. Point de Paradou ou de jardin enchanté, ici Angélique brode des lys et des roses blanches sur du satin avec des fils de soie et d’or. Le linge blanc d’une pureté virginale entoure la jeune fille. C’est en lavant son linge à l’eau pure du ruisseau qu’elle rencontre Félicien, l’ouvrier verrier commis à la restauration du vitrail de Saint Georges de la cathédrale. 

Le verrier et la brodeuse semble si bien accordés, artisans, artistes dévoués à la Cathédrale. Angélique tombe profondément amoureuse. Le verrier se métamorphose en prince charmant de haute noblesse,  mais promis à un riche mariage.

La petite brodeuse doit se faire une raison . Elle va mourir d’amour. Et c’est là que l’invraisemblable se produit. La petite enfant trouvée fera le riche mariage dont elle rêve.

« Depuis longtemps, il sentait bien qu’il possédait une ombre. La vision, venue de l’invisible, retournait à
l’invisible. Ce n’était qu’une apparence, qui s’effaçait, après avoir créé une illusion. Tout n’est que rêve. Et, au
sommet du bonheur, Angélique avait disparu, dans le petit souffle d’un baiser. »

Même si Zola a fait un grand travail de documentation sur les techniques de broderie. Même s’il nous offre une image détaillée de la cathédrale, de ses statues, ses vitraux. Même s’il nous fait connaître la légende des saintes et des martyres, je me suis ennuyée dans cette bluette qui se rattache de manière très tenue à la saga des Rougon-Macquart : Angélique a été abandonnée à la naissance par Sidonie, l’entremetteuse rencontrée dans La Curée. Contrairement à tous les personnages de la famille, elle ne porte ni la tare de l’alcoolisme ni la folie qui touche tous les Rougon-Macquart comme l’abbé Mouret.

Si le vice est passionnant, l’innocence est ennuyeuse. 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

10 réflexions sur « Le Rêve – Emile Zola »

  1. Le seul tome des Rougon-Macquart que je n’ai pas aimé. On sent que Zola n’est pas dans son élément, avec ces images d’un romantisme désuet. Maupassant est bien plus crédible dans le début d' »Une vie » où il parle aussi d’une jeune fille naïve.

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  2. je n’ai pas le souvenir de m’être ennuyée mais il faut dire que je l’ai lu la première fois en bibliothèque verte et je devais avoir douze ans du coup ce roman est resté comme un doux souvenir et que je l’ai relu je suis revenue à mes douze ans

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