Premier jour à la Palmeraie de Marrakech

 PLAGES DE L’ATLANTIQUE, ANTI-ATLAS

Vol AT 641 Royal Air Maroc

 6h50 – Orly dans la nuit. La brume cache l’Espagne. Le soleil se lève au petit jour au-dessus de Gibraltar. Je devine le Rocher, la côte africaine, Tanger. L’avion suit la côte atlantique frangée d »une double rangée de vagues. Quittant l’océan, il survole la campagne avec énormément de plastique. Serres ou tunnels, à 11 000 m difficile de le distinguer. Le désert rouge et ocre. A l’approche de Marrakech, des vergers, oliviers et orangers en damier. Atterrissage 9h15, une journée pleine devant nous

Petites courses à l’aéroport :

distributeur automatique de billets pour avoir des dirhams

MarocTelecom. La Carte Sim est offerte. Les filles changent la puce d’un seul geste, introduisent la carte SFR dans une pochette, inscrivent le numéro de téléphone marocain et créditent 20 € pour 20 Gigas (il faut payer en euros, heureusement qu’il nous en reste). Miracle de la technologie, je récupère mes applications, Facebook, Booking.com où se trouvent les réservations. Le GPS fonctionne. Je peux appeler le loueur de voiture au numéro qu’il m’a indiqué. Je n’ai pas fait attention que la nouvelle carte Sim a un nouveau code PIN. Je ne m’en apercevrai qu’au cours de l’après-midi quand par une fausse manœuvre j’éteins le téléphone. Plus de téléphone, plus de répertoire, plus de réservations surtout celles que j’ai faites sans Booking.com, par téléphone. Après deux fausse manœuvres, alors qu’il ne me restera plus qu’une dernière chance, j’ouvre la pochette et découvre le nouveau code PIN. Soulagement !

La location de la voiture est plus délicate. Addcar réservé à la suite de la réservation du billet d’avion sur le site de la RAM, n’est pas une compagnie internationalement connue comme Hertz, Avis ou Budget. Elle ne dispose d’aucun bureau permanent à l’aéroport ou sur les parkings. Dans une voiture ordinaire garée à côté de la sortie du parking l’employé dispose d’un téléphone portable, un terminal de Carte Bleue de formulaires papier qu’il remplit manuscritement avec du papier carbone comme au siècle dernier. Comme la location de la voiture a été payée d’avance, il faut faire confiance. Nous avions réservé une Fiat 500 ou une C1 (catégorie A). La voiture qu’on nous prête est une Citroën-Elysée, grosse Citroën marocaine « la Citroën des pays émergents partageant la même base que la Peugeot 208 » selon Internet. 51.000 km au compteur, blanche un peu égratignée de partout. L’employé insiste pour qu’on prenne une assurance supplémentaire avec une caution minorée. Généralement, nous nous contentons de l’assurance de Visa 1er mais nous acceptons le supplément.

Googlemaps nous guide le long des Remparts puis de l’Oued Issil qu’on traverse . La première impression de la Palmeraie est mitigée. Elle se meurt.  Les arbres sont en mauvais état, troncs noircis, déplumés moribonds. Au sol, de la poussière sèche, quelques épines des déchets épars. Des chameaux lâchés-là pour le bonheur des touristes amateurs de méharées express.  Que peuvent- ils bien brouter ?

Notre palais à La Palmeraie

Derrière de très longs murs de terre, la végétation est luxuriante : hauts palmiers bien verts taillés et fournis, bougainvillées de toutes couleurs de l’orange au violet en passant par le rose fuchsia et le rouge. Nous avons réservé un studio dans un de ces condominiums fleuris et verdoyants. Nous passons sous une arche majestueuse gardée par un portier en uniforme noir qui lève la barrière et nous guide vers notre logement C4, appartement 5. La route dallée et sinueuse décrit des courbes contourne un groupe de palmier et les massifs fleuris. Les clés censées se trouver sous le paillasson n’y sont pas. J’appelle Nawfel : elles sont dans une boîte à clés, mais le code est erroné, heureusement une employée de ménage (tablier bleu et voile) nous dépanne.

L’appartement est très vaste : dans le salon un canapé profond devant un téléviseur à un écran plat très grand format, une cheminée en angle. Le sol dallé de marbre est bordé d’une élégante frise. Le plafond est en bois sculpté. Le carrelage de la salle d’eau est magnifique. Grand luxe !

De grandes baies s’ouvrent sur une pelouse verte plantée d’orangers, de citronniers, grenadiers avec un grand feuillu qui ressemble à un frêne avec des feuilles composées roussies par l’automne, un olivier. Une rangée de poteries peintes s’inspirant du jardin Majorelle complète le décor. Grand luxe !

Nous allons déchanter.

L’appartement n’est pas dans une résidence touristique de vacances comme nous l’imaginions. Ce sont des appartements privés pour des résidents fortunés. Rien n’est prévu pour des locations de courte durée. Pas de papier-toilette, ni de sacs poubelles. Encore moins de produits d’entretien ou d’épicerie courante. Il y a bien un four moderne et des plaques vitrocéramique mais l’unique casserole pourrait cuire deux œufs durs mais sûrement pas des pâtes ou de la soupe. Très peu de vaisselle, dépareillée perchée dans des tiroirs que seul un géant pourrait atteindre sans escabeau, pas même un tabouret. Seulement 4 chaises autour d’une table de jardin sur la terrasse – attachées avec une chaîne cadenassée.

Les gens qui occupent un si beau logement mangent sûrement au restaurant. Pourquoi pas nous ? Je pars en quête d’un restaurant (fermé). Les deux piscines, en revanche, sont bien remplies d’une eau claire irréprochable mais froide. Pas plus de supermarché, la superette de l’autre côté de la route est fermée. Le portier m’indique à 1.5 km Carrefour-Contact et en face, un beau restaurant.

Notre première visite sera donc Carrefour pour des bouteilles d’eau (à l’effigie d’un footballer Romain Saïss) des yaourts Danone, des oranges navel d’Agadir. Notre premier déjeuner dans la résidence de luxe sera bien frugal : un yaourt, une banane et une orange.  Heureusement nous avons apporté de France de la truite fumée.

Incursion dans la Médina

 

La Palmeraie se trouve à une dizaine de kilomètres de la Médina. Sur la route les petits taxis sont rares (inexistants). J’avais pensé rendre visite au Riad Jenaï voir les travaux que Yannick a fait après les dégâts du séisme de septembre. Dominique propose de m’emmener plus près. Nous entrons dans la médina en voiture par Bab Khemis et Dominique passe outre les avertissements des passants. Devant les souks il faut se garer, justement il y a des parkings dans les arrière-cours où les véhicules s’entassent sous la direction des placiers. Je laisse Dominique coincée dans la Citroën, règle le GPS en mode piéton. Le Riad Jenaï n’est qu’à 600 m. Je devrais arriver rapidement. Mais ce n’est pas simple. Rues, ruelles, couloirs sont beaucoup plus complexes que sur le plan à l’écran. Mademoiselle IA ânonne de sa voix synthétique des noms de rues impossible à identifier. Sans compter le tas de verdure (pour les ânes et chevaux) qu’il me faut contourner par la droite ou la gauche si bien que je perds le sens de l’orientation. Sans compter que, si jamais j’arrivais chez Yannick, je serais bien incapable de retrouver le parking caché. Je renonce à regrets, si près du but.

Comment retrouver le gîte maintenant que mon téléphone s’est bloqué ?  la localisation est sur le Whatsapp . Nous programmons Carrefour-contact de la Palmeraie sur le téléphone de Dominique et repassons au moins trois fois devant les mêmes dromadaires avant de reconnaître l’entrée monumentale du condominium.

Les soirées sont très fraîches en décembre, surtout dans un appartement inoccupé. Nous sortons les couvertures cachées roulées dans une armoire.

La malchance continue, l’électricité a sauté. Dans une heure, il fera nuit . Nawfel  ne répond pas à mes messages . En désespoir de cause, je retourne chez le portier très aimable qui appelle en arabe le « syndic ». Je découvre alors que Nawfel n’est pas le propriétaire de l’appartement mais le syndic de la copropriété. S’il gère des dizaines de villas notre cas est bien un souci mineur. Cela me vaut une belle promenade. J’ai 16000 pas au podomètre. Miracle Nawfel a répondu : il est « en réunion »  le disjoncteur est « dans le placard ». Lequel ? On finit bien par trouver.

Nous terminons la soirée devant France24. Ukraine, Gaza, Viktor Orban, rien que des bonnes nouvelles !

Dîner yaourts et bananes.

On se terre sous deux couvertures .  Je dévore Le Ventre des Hommes de Samira El Ayachi une autrice franco-marocaine entre Germinal et Zagora. J’ai lu Germinal le mois dernier, cela me va.

 

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

6 réflexions sur « Premier jour à la Palmeraie de Marrakech »

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