Une journée à Essaouira

PLAGES ATLANTIQUES ET ANTI-ATLAS

Petit déjeuner idéal au soleil sur la terrasse : crêpes feuilletées repliées en carré, deux beignets, jus d’orange frais, omelette, salade de fruits, mile et confiture. Tellement abondant qu’il faudra sacrifier les sardines de midi.

Où vont donc ces enfants qui marchent sagement sur la route ?

A la plage où se déroulent des matches de foot sur les terrains dessinés sur le sable mouillé. Ils arborent dossards, chaussettes et chaussures de foot à crampons, pas tous, certains sont pieds nus. Est-ce un tournoi exceptionnel ou l’entrainement hebdomadaire ? Partout, on vient le dimanche à la plage en famille. Avec les touristes, l’été cela fait beaucoup de monde. A la mi-décembre l’affluence reste raisonnable et la plage est immense.

Le dimanche n’est pas le jour idéal pour aller au distributeur de billets. Le premier au logo de la BNP est en panne.  Le second est récalcitrant, son écran tactile peu sensible, finalement apparait le montant du retrait et la commission de la banque. Ma carte sort (soulagement) mais pas les billets ni le reçu. Il faudra surveiller sur l’appli du téléphone si le compte est débité. Comme je n’ai toujours pas d’argent je renouvelle l’opération à la Société Générale : avec succès. Les retraits max sont de 2000 DH (200€) comme il faut presque tout payer en espèces, les retraits seront fréquents.

Le port d’Essaouira est très actif. Le plus renommé du Maroc selon Wikipédia. Le port historique est gardé par un petit fort carré construit sur une belle digue de pierre de taille. Dans la petite rade quelques barques bleues. 50 Dh pour la visite de la Skala du port, un peu cher !

Je passe une petite porte dans le grillage, arrive à la criée puis aux quais où de nombreux bateaux de pêche sont amarrés. Filets et caisses sont entassés. Parmi les poissons je vois des murènes jaune et noires, un petit requin. Un homme fait de petites pyramides avec ses sardines puis disperse du gros sel. Je retourne à la ville par une belle arche de pierre : Bab el Marsa au fronton encadré par deux colonnes.

Médina

Une porte du Mellah

J’avais été lassée par les boutiques pour touristes avec leur marchandises standardisées près de l’entrée de la médina. Je dépasse le Bastion et poursuis vers le nord en direction du Mellah. En chemin, j’achète l’huile d’argan que Guy no. Des plaques commémoratives en hébreu honorent les Juifs importants de la communauté. us a demandée et entre dans la belle boutique de bois de thuya où nous avions acheté un coffret autrefois. Le bois de thuya si finement poli, avec ses nœuds, sa brillance naturelle, me plait énormément. Il règne dans le magasin un parfum spécial qui m’enchante.

Mellah

Portes du Mellah

On reconnait les maisons du Mellah à leurs fenêtres qui donnent sur la rue alors que les maisons musulmanes ont des murs aveugles. Au-dessus d’une très belle porte au linteau sculpté, une étoile de David, en-dessous, des bouteilles vides, grandeur et décadence. Plus loin, la synagogue me confirme que j’ai atteint mon but de promenade. Une dame passe la serpillière, je n’ose pas imprimer de traces sur le carreau humide et n’entre pas. Je le regrette. De l’autre côté de la rue, il ne reste plus qu’une palissade qui cache les ruines des maisons. On y a fait une exposition des photographies anciennes noir et blanc ou sépia, agrandies montrant les habitants autrefois. En face c’est à peine mieux, tout s’écroule sauf un bâtiment rénové qui était l’Ecole Talmudique. Un centre social s’y installe. Dans la cour, le puits a un couvercle avec une étoile de David. L’homme qui me fait visiter me montre les listes des élèves des dernières promotions, la plus récente date de 1963 « partis en Israël » comment-t-il. Derrière Bab Doukala se trouvent les cimetières juifs et chrétiens. L’écrivain Edmond Amran El Maleh dont j’avais beaucoup aimé Mille ans un jour y repose depuis 2011. Il faudrait que je relise ce livre et que je trouve le Café Zirek (indisponible) mais je viens de télécharger Parcours immobile qui commence précisément dans ce cimetière marin. Nostalgie.

Commerce populaire

Retour de Bab Doukala par la grande rue qui coupe en deux la ville close tout d’abord occupée par des commerces destinés aux habitants de la ville : vêtements, droguerie, légumes et fruits frais . Elle traverse le Souk Jedid , marché qui s’organise en deux patios, l’un d’eux avec les poissons et les épices, le second symétrique.

Après le souk, les boutiques pour touristes dominent. J’y vois des tote-bags brodés pour Gaza aux couleurs de la Palestine, logique.

Histoire

Le Centre d’Interprétation du Patrimoine d’Essaouira a ouvert le 11 novembre 2023, il est donc tout neuf et l’accueil y est enthousiaste. Beaucoup d’écrans, aucun objet authentique, de très mignonnes maquettes des bâtiments historiques. Au sol, sur le carrelage, un plan de la ville close pour situer les maquettes. Aux murs une frise chronologique trilingue raconte l’histoire d’Essaouira à partir de la Préhistoire.

  • On a retrouvé des preuves de l’occupation humaine il y a 150.000 ans à la grotte de Bizmaouran.
  • VIIème siècle av. JC ; commerce punique (lampes et épigraphie sémitique), industrie du fer et du cuivre.
  • Ier siècle Juba II (30 av C – 23 après JC°,  roi de Numidie puis de Maurétanie fait du site des Îles Purpuraires le siège du développement d’une industrie des tables monorphes et de la pourpre à partir du Murex qu’on trouve sur ces îles.
  • IIème et IIIème siècle après JC Essaouira est le centre d’un commerce florissant comme Tanger et Volubilis.
  • 1371 -1375 le château de Mogador est documenté sur des cartes pisanes.
  • 1506 Diogo d’Azambuja (navigateur portugais au service du Roi Manuel fortifie Mogador et Safi avant d’arriver au Ghana pour le commerce de l’or. Ce dernier construisit un château sur la Petite Île
  • 1577 Francis Drake eut pour mission de faire de Mogador une colonie britannique
  • 1627 le Sultan Saadien  Abdel Malik envoie 300 captifs pour travailler aux fortifications du Château de Mogador qui devient la casbah Saadienne
  • 1760 le Sultan Sidi Mohamed entreprend la construction d’un port royal – 1765 fondation de la ville
  • 1780 La ville de Mogador – cosmopolite – se trouve sur les itinéraires reliant Gibraltar, Cadix, Marseille et Tombouctou
  • 1807 fondation du Mellah sur ordre du Sultan Moulay Slimane suite à la croissance de la population juive installée dès la création de la ville, grâce à l’intervention du riche anglais Moses Montefiore.
  • 1860 Casbah Jdida
  • 1872 premier vapeur le Souira relie Marseille chargé de sacs d’amandes et d’olives

Après avoir recopié l’histoire d’Essaouira j’ai lu avec attention les écrans. Je n’aime pas beaucoup ces présentations, très séduisantes sur le moment mais éphémères dans ma mémoire, un écran en chassant un autre.

Promenade sur la plage

 

Comme le petit déjeuner était très copieux et qu’un couscous nous attend au dîner, nous avons sauté le déjeuner et je suis repartie, après une courte pause, arpenter le sable de la belle plage. La mer est montée et a effacé les terrains de foot, les enfants sont repartis à la maison. La promenade est très tranquille. Dans l’eau, un père donne un cours de surf à son gamin. Un peu plus loin, une femme en peignoir, attend son mari. De rares piétons marchent. Des chevaux galopent. Ils sont magnifiques. Certains sont libres, d’autres chevauchés par des cavaliers, me font penser à la fantasia de la fresque. Les dromadaires, menés par le chamelier à pied, sont montés par des séniors européens, un peu ridicules, ressemblant aux enfants sur les ânes de La Muette ou du Luxembourg.

Au bout d’une petite heure j’atteins la flèche de sable terminant la baie. Il est temps de retourner à la voiture.

Tamayourt

La Piscine de Tamayourt est toujours aussi accueillante, j’enchaîne les longueurs.

 Coucher du soleil splendide qui irradie derrière le petit arganier.

Le couscous est dressé dans un plat à tagine. La semoule est cachée sous les légumes : choux, carottes, navets, courgettes, courge, pois chiches. Le poulet est recouvert d’une sauce sucrée d’oignons confits et raisins secs. A part, dans des coupelles une dose supplémentaire de sauce, et de la harissa verte au zest de citron. Tout est succulent. Je me sers avec parcimonie de la harissa puis me ressert, surprise par la relative douceur du piment, de la finesse du goût et de la subtilité.

Maryam et son mari Corente nous accompagnent. Conversation sur le thème des gastronomies variées en voyage.

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

3 réflexions sur « Une journée à Essaouira »

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