Huckleberry Finn – Mark Twain

Pressée de découvrir James de Percival Everett (Pulitzer 2024), j’ai préféré commencer par Huckleberry Finn qui a inspiré Everett. Précédemment, j’ai lu On m’appelle Demon Copperhead (Pulitzer 2023)de Barbara Kingsolver sans avoir lu David Copperfield et j’avais regretté de ne pas avoir en tête le roman-source. Bizarre, cette attribution consécutive pour deux « réécritures » de classiques !

Comme pour tous les classiques du XIXème siècle, l’édition numérique est très bon marché mais elle est aussi aléatoire. Le fichier arrivé sur la liseuse traduit par WL Hughes, est une adaptation pour la jeunesse. J’aurais préféré l’œuvre intégrale. En revanche, elle est très joliment illustré avec des gravures anciennes. Il aurait été préférable de lire en VO le texte original puisque la langue de M. Twain est( selon Wikipédia) fondatrice de la littérature  américaine.

Huck, le copain de Tom Sawyer est le narrateur. Au début du roman, il a une douzaine d’années. Les deux compères ont découvert un trésor. La part de Huck est en dépôt chez l’avocat en attendant sa majorité. Huck est un sauvageon qui préfère dormir dans un tonneau et mener une vie libre. Miss Watson tente de lui inculquer une bonne éducation et de l’envoyer à l’école tandis que Tom Sawyer, grand lecteur de romans,  l’enrôle dans sa bande pour des aventures rocambolesques – jeux assez enfantins où on fait « comme si... » 

« Avec tout ça, dis-je à Tom, je n’ai pas vu un seul diamant. — Il y en avait des masses, répliqua-t-il, et des Arabes et des dromadaires aussi. — Pourquoi ne les avons-nous pas vus alors ? — Si tu avais lu les Aventures de Don Quichotte, tu saurais pourquoi. C’est la faute des enchanteurs. Les soldats, les mules et le reste étaient là ; mais les magiciens ont transformé la caravane en école du dimanche, par pure méchanceté. »

Ces aventures livresques ne m’ont pas passionnée.

L’histoire prend une tournure dramatique avec le retour du père  ivrogne et violent qui le bat et le séquestre, espérant mettre la main sur la fortune de son fils. Huck s’évade et se fait passer pour mort. Plein de ressources, il se cachera en pleine nature dans l’île en face de Pitsburg de cueillette, pêche et chasse. Il va rapidement découvrir un autre fugitif sur l’île : Jim, l’esclave de Miss Watson, qui veut le vendre à un planteur, le séparant de sa femme et sa fille. L’action se situe vers 1840, avant la Guerre de Sécession, dans le Missouri, état du Sud esclavagiste. Jim pense trouver la liberté dans un état du nord et racheter sa femme et sa fille. Les poursuites des habitants de Pittsburg devenant pressantes, les deux fuyards s’embarquent sur le Mississipi sur un radeau et un canoë. Ce périple sur le fleuve m’a embarquée littéralement : les dangers du fleuve, courants, brouillard, orages, épaves ou trains de bois, les péripéties n’ont pas manqué de me ravir. 

Au fil de l’eau Jim et Huck font des rencontres : deux aventuriers qui se présentent comme un Duc Anglais et même comme le dauphin Louis XVII. Ces personnages vivent d’expédients et de filouterie, ils entraînent Huck dans leurs supercheries et le lecteur tremble pour Huck parce que cela risque de très mal tourner. Huck est aussi entraîné dans une sorte de vendetta entre deux familles tandis que Jim est caché non loin de leur radeau.  Finalement après des méprises et un hasard extraordinaire, Huck arrive chez la tante et l’oncle de Tom Sawyer qui détiennent Jim dans un cachot en attendant que le planteur viennent récupérer son esclave. Contraste entre la gentillesse de ces gens et la cruauté vis à vis de Jim.

Tom Sawyer aidera à la libération de Jim. Il voudra donner un aspect « littéraire » à cette nouvelle aventure. J’ai trouvé assez pénible la tournure de cette libération avec corde à nœuds, araignées, tunnels, inutiles alors qu’il aurait été si facile d’ouvrir la porte maintenant Jim en captivité. 

Oui ; mais vous avez promis de ne pas me dénoncer. — Si l’on apprend que je t’ai gardé le secret, on me
traitera de canaille d’abolitionniste et on me montrera au doigt. N’importe, j’ai promis, je tiendrai… —
Vous vous êtes sauvé aussi, massa Huck. — Oh ! ce n’est pas la même chose ; je n’appartiens à personne ;
on ne m’a pas acheté.

Au fil de leur navigation, Huck prend conscience de la condition d’esclave de son ami. Au début, il a des remords de ne pas renvoyer Jim à sa propriétaire, Miss Watson qui est aussi sa bienfaitrice. Les abolitionnistes sont des canailles très mal considérés dans le Missouri. Les deux fugitifs tissent une relation d’amitié. A plusieurs reprises Huck va sauver Jim.

puis, je songeai à moi. On saurait que Huck Finn avait aidé un nègre à prendre la clef des champs, et si,
un jour ou l’autre, je regagnais ma ville natale, je n’oserais plus regarder les gens en face. Tom Sawyer lui même refuserait de me serrer la main. Plus j’y songeais, plus ma conscience m’adressait des reproches et
plus je me sentais coupable. D’un autre côté, je pensai à ce long voyage durant lequel Jim avait si souvent
tenu le gouvernail à ma place plutôt que de me réveiller. Je le voyais sautant de joie le matin où nous
avions failli nous perdre dans le brouillard.

Anti-esclavagiste, Huck? Il le devient progressivement mais les très, très nombreuses assertions racistes témoignent des mentalités du Sud

Je vis que ce serait perdre mon temps que de vouloir discuter avec Jim. On ne peut pas apprendre à un
nègre à raisonner.

Et ce n’est pas gagné, Huck veut sauver son ami. Il reste prisonnier des préjugés et il s’étonne même de la bienveillance de Tom Sawyer.

Voilà un garçon bien élevé, ayant une réputation à perdre, dont la famille avait toujours manifesté un
profond mépris pour les abolitionnistes et qui n’hésitait pas à se couvrir de honte, lui et les siens, en
protégeant un nègre évadé ! Non, je n’y comprenais rien. Moi, c’était différent. Jim était mon ami,

En tout cas, si on veut supprimer le n-word et récrire Huckleberry Finn, il y a du boulot!

Et maintenant la suite à venir dans James!

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Auteur : Miriam Panigel

professeur, voyageuse, blogueuse, et bien sûr grande lectrice

15 réflexions sur « Huckleberry Finn – Mark Twain »

  1. Je relis Huck par fragments pour me remettre dedans avant de me procurer James. C’est quand même un roman plein de liberté, la violence du père, le fleuve, le langage, faire d’un esclave un héros…

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  2. J’ai lu un chapitre ce matin, râlant contre le lecteur précédent qui a souligné les mots que sans doute il ne comprenait pas… Sinon, le côté ado m’agace un peu.

    Merci de ton avis, je vais patienter ou sauter le début, comme tu dis « Ces aventures livresques ne m’ont pas passionnée. » et arriver (enfin!) à Jim.

    J’avais abandonné tom Sawyer car ça m’agaçait pas mal, pour les mêmes raisons. Mais je veux au moins connaître Jim!

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  3. J’avais prévu de faire exactement comme toi, mais j’ai un peu peur de m’ennuyer dans les aventures de Huckleberry Finn dont je connais quand même l’histoire dans les grandes lignes. Bref, je sens que cette hésitation va repousser ma lecture de James à… je ne sais pas quand…

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  4. Ce que j’avais aimé ce roman lu dans mon adolescence ! et Tom Sawyer aussi ! Mais à l’époque je n’avais pas vu qu’il y avait du racisme ( ou du paternalisme ?) dans les propos! Cet été j’ai lu deux chapitres de Tom Sawyer adapté pour les enfants à Lloyd mon petit-fils et je n’ai pas aimé (et lui pas beaucoup non plus !)

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  5. Je n’ai pas lu ce livre à l’âge où on le lit habituellement et je crois que je vais passer directement à Percival Everett que j’ai hâte de découvrir.

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