Méharées – Théodore Monod

LIRE POUR LE MAROC

sénégalmp 030 - Copie« La géologie sans marteau….Très âge de pierre, mais comme cela fait apprécier celui du métal!

Des champs de marbre à Amasine, blanc éclatant,  veiné de rose ou de vert très pâle, ou de mauve, puis bleu foncé, vert, lie-de-vin, carminé. De la neige, du savon, des bords de bassin à Trianon, des sucres glacés des confiseurs, des bougies d’arbre de Noël…. »

Comment suis-je passée tant d’années sans lire un tel texte! Incontournable! (je déteste cet adjectif). Pourtant j’ai abordé à plusieurs reprises le désert, au Maroc, en Égypte, au Sénégal…peut être la figure impressionnante de Théodore Monod m’avait intimidée?

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C’est avec un plaisir sans mélange que je goûte cette lecture.
Si la monotonie du désert effraie certains, ce livre est tout sauf monotone! Chaque chapitre est écrit sur un ton, un style différent. Tour à tour,  le naturaliste, en mission de biologie marine, choisit le désert et fait une comparaison hardie entre l’océan et les étendues désertiques.

« ici comme là, vivre c’est avancer sans cesse à travers un décor à la fois immuable et changeant, identique à l’œil que l’on ne saurait différent sans le témoignage du sextant, de la montre et de la boussole, s’aventurer comme à tâtons sous les plus éclatants soleils »

Le géologue prend la parole et jamais de façon pédante, toujours accessible et souvent drôle.  Il convoque parfois la Bible, dans ce qu’elle livre de plus documentaire sur la vie des nomades qui n’a pas tellement changé.  Ensuite l’ethnologue cherche les pétroglyphes parfois des graffitis modernes, interroge des touaregs sur des langues en voie d’extinction. Tantôt il raconte un service militaire comme méhariste avec l’absurdité militaire sous la plume d’un pacifiste. Roman d’aventures, ce celui qui rencontre des crocodiles, collectionne leurs crottes fossilisées, prend un bout de bois pour une vipère mais se fait piquer par un scorpion.
que d’aventures divertissantes!

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Initiant un jeune méhariste, il raconte l’histoire géologique du Sahara, cherchant sous les comblements d’alluvions et les dunes le substrat cristallin, ou la couche d’argile à graptolithes qui fera la liaison entre l’Algérie et le Mali….Quête scientifique, mais aussi chasse au trésor quand il a la chance de trouver un fossile humain vieux de 6000ans, ou la météorite….
Il va bien falloir que je rende le bouquin à la bibliothèque, mais je crois que je vais l’acheter!

Mariama BÂ : Une si longue lettre

LIRE POUR LE SÉNÉGAL

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Cette lettre nous vient du Sénégal.

Ramatoulaye, la narratrice vient de perdre son mari. Elle écrit à sa meilleure amie Aïssatou. Ce texte est un réquisitoire contre la polygamie. Les deux femmes ont épousé des hommes éduqués, influents de valeur. Toutes les deux ont été aimées. Elles ont élevé de nombreux enfants. Mais leur mari a pris une seconde épouse. Aïssatou n’a pas accepté et a préféré partir. La narratrice est restée.

La force de ce texte est d’abord la clarté du style. Pas de folklore, peu d’africanisme. Une langue claire et nette. Pas de pleurnicherie non plus. Ces femmes même abandonnées, sont de fortes personnalités. Pas de manichéisme. La narratrice ne cherche pas à abaisser les hommes qu’elle rencontre. Elle montre l’iniquité de la position des femmes dans une société polygame.

j’ai lu ce livre il y a bien longtemps, et écrit ce billet il y a trois ans, mais cette lecture est si gravée dans ma mémoire qu’il trouve sa place dans ce carnet sénégalais. C’est aussi un livre que j’ai offert à plusieurs amies, chaque fois que j’ai envie d’offrir un livre c’est lui que je choisis.

Fatou Diome – Le vieil Homme sur la Barque – Kétala –

LIRE POUR LE SÉNÉGAL

J’avais lu autrefois Le Ventre de l’Atlantique.

Impossible d’aller au Sénégal et d’ignorer cette auteure.  Le regard d’une femme sénégalaise m’apparaissait indispensable. J’aurais aimé m’enthousiasmer pour ses autres ouvrages. J’ai donc emprunté ces deux livres.

LE VIEIL HOMME SUR LA BARQUE

Un très joli petit livre, une nouvelle élégante avec les illustrations de Titouan Lamazou . Presque un bonbon!  Un hymne à la lecture ou plutôt à un « livre-phare » : le Vieil Homme et la Mer, où la narratrice retrouve son grand père pêcheur qui l’emmène avec lui.

Introduction parfaite à notre visite dans le Saloum d’où Fatou Diomé est originaire.

Le Vieil Homme et la Mer a aussi inspiré Abasse Ndione.

KETALA

Elle serait touchante l’histoire de Mémoria, la jeune sénégalaise mal mariée, partie confiante en l’avenir en France, morte trop jeune….Racontée par ses objets familiers, pendant la période de deuil avant d’être dispersés, c’est très moyen.  L’Enfant et les Sortilèges, était poétique.  Kétala, est franchement ennuyeux.Les traits d’humour sont forcés, les calembours et jeux langagiers mal venus. Une érudition artificielle, pauvre Duras!

Ramata – Abasse NDione

LIRE POUR LE SÉNÉGAL

Ce gros bouquin de 449 pages m’a tenue en haleine et a prolongé notre voyage au Sénégal, à travers le temps – deux décennies 1980-2000 – et le pays – l’histoire se déroule principalement à Dakar mais des digressions emportent le lecteur à Saint Louis, dans le Saloum, sur la Petite Côte et dans les vergers de Niayes.

Abasse Ndione sait renouveler ses thèmes, ses personnages, ses décors. Le premier roman que j’ai lu : La Vie en spirale se déroulait à MBour, dans le milieu des dealers tandis que Mbëkë mi, à l’assaut des vagues de l’Atlantique racontait l’émigration à bord des pirogues vers les Canaries.

 

 

Ramata  est une femme extraordinairement belle choyée par la nature, dotée d’un mari très riche et puissant, amoureux, fidèle. C’est aussi une femme capricieuse sans scrupules. Et pourtant son destin sera tragique.

Le roman Ramata met en scène une foule de personnages secondaires qui sont présentés dans leur environnement, mais aussi dans leur histoire personnelle. On s’attache à certains d’entre eux davantage qu’à l’héroïne antipathique. Comme dans un roman picaresque, les histoires s’emboîtent les unes dans les autres toutes aussi passionnantes les unes que les autres. On découvre de nombreuses facettes de la société sénégalaise, aussi bien les riches Dakarois influents (le mari de Ramata est ministre) que les paysans du Saloum ou les piliers de bar louche….

Ramata est une chronique sénégalaise se déroulant sur vingt ans (1980-2000). Les mœurs  politiques changent entre le règne du parti unique, du journal unique et l’alternance qui a porté Wade au pouvoir succédant à Diouf par un processus démocratique. Il raconte aussi la corruption – roman noir, oblige.

Ramata raconte aussi les traditions sénégalaise, la vie au village. Un chapitre raconte l’initiation des jeunes filles et leur excision. Celle-ci était-elle la cause de la frigidité de Ramata si mal vécue que jamais elle ne se sentit comblée même au faite de sa gloire.

Mais Ramata est aussi l’histoire d’un viol. J’ai bien pensé abandonner le livre, incapable de suivre l’auteur sur cette voie

 

 

 

 

 

 

Nini – mulâtresse du Sénégal – Abdoulaye Sadji

LIRE POUR L’AFRIQUE

J’ai découvert Abdoulaye Sadji en lisant Maïmouna et j’avais surtout aimé le portrait de cette petite campagnarde de la région de Louga, jouant avec sa poupée, découvrant l’adolescence. La deuxième partie, se déroulant à Dakar, de la jeune fille admirée, séduite et abandonnée m’avait moins plu.

Le portrait de Nini la mulâtresse de Saint Louis est très différent. L’auteur raconte l’histoire de cette jeune dactylo, dans l’administration coloniale qui a pour principal atout – croit-elle – sa peau claire et ses yeux bleus qui la feraient passer pour une blanche. Son unique souci : séduire un Français de France et s’en faire épouser. Il semble que l’auteur n’ait aucune sympathie pour son personnage, aucune tendresse. Il pousse jusqu’à la caricature le portrait de cette écervelée, séductrice, superficielle.

Dès l’introduction, l’auteur annonce :

« Nini n’est pas, comme d’aucun le pensent, un acte d’accusation qu’expliquerait une déception amoureuse de l’auteur.

Nini est l’éternel portrait moral de la mulâtresse, qu’elle soit du Sénégal, des Antilles ou des deux Amériques. C’est le portrait de l’être physiquement et moralement hybride qui, dans l’inconscience de ses réactions les plus spontanées, cherche toujours à s’élever au dessus de la condition qui lui est faite, c’est à dire au-dessus d’une humanité qu’il considère comme inférieure mais à laquelle un destin le lie inexorablement. »

Ce parti  pris critique ne rend pas l’héroïne sympathique. Il s’inscrit dans l’ordre raciste qui régnait alors au temps de la colonisation. Nini est encore plus raciste que les colons, elle renchérit toujours sur les critiques des Africains, qu’ils pourraient porter (et qu’ils ne portent pas, d’ailleurs, le plus souvent). Elle feint d’ignorer le wolof et les traditions africaines et étale une culture française qu’elle n’a que très superficiellement acquise. L’auteur détaille la société de Saint Louis en catégories hiérarchisées d’après la couleur de la peau, Français de France, mulâtres de 1ère, 2ème, 3ème catégorie, Noirs.

J’ai eu du mal à identifier l’époque où se déroulait le roman. La grand mère, la Signare, la présence d’esclaves – enfants – dans la maison me laissait supposer un passé lointain. Un détail dans une conversation m’a détrompée : il est question de la guerre de Corée. l’histoire se déroule donc dans les années 1950.

Dans la deuxième partie du roman, les puissances tutélaires africaines font leur apparition. La grand mère et la tantes, signares bigotes qui vont à la messe chaque jour, pour attacher Nini à son amant français ont recours à un marabout. Marabout,djinnes  et Ravannes (esprits) font leur apparition ainsi que les grigris.

« mais grandes sont les difficultés que rencontreront les « Ravannes » pour envoûter Martineau. Car les Blancs résistent fort bien à l’action des forces occultes des Gé ies tutélaires de l’Afrique…. »

Quand la grand mère tombe malade on fait revenir le marabout:

« on ne peut rien affirmer après  une prière, serait-elle la plus fervente. D’autre part la rancune des esprits de votre famille noire remonte à bien trop loin pour qu’une clémence qui leur serait demandée fût obtenue immédiatement. »

signares de Gorée

Dans leur vieillesse les Signares se souviennent de leurs origines. Mais Nini  va les renier.

 

 

Sous l’Orage – Seydou Badian (Mali)

LIRE POUR L’AFRIQUE

Seydou Badian est un écrivain Malien. Sous l’Orage, son premier roman,  1954, est écrit avant les Indépendances. Dans ces temps troublés,  s’affrontent les Anciens, détenteurs de la tradition rurale,  attachés à un passé de chasseurs aux pratiques animistes, et les Jeunes qui ont étudié à l’école des Blancs et qui rejettent superstitions et anciennes coutumes rétrogrades.

Le roman s’avance à pas comptés. Il s’ouvre un matin, sur le projet de mariage arrangé par le Père Benfa, de Kany avec Famagan, le marchand. Décor agreste, :

« le soleil se montrait peu à peu, mordait davantage sur l’horizon; il paraissait si timide qu’il cherchait à s’abriter derrière les kaïlcédrats géants de l’horizon. Une lueur indécise gagnait la cour. les premiers oiseaux faisaient leur apparition ; la vie s’installait progressivement autour du solitaire. »

Rien ne laisse deviner les bouleversements à venir.

« Kany rêvait d’amour et d’avenir. Elle voyait un merveilleux avenir embelli par la présence permanente de Samou »

Mariage d’amour contre mariage arrangé? Famagan, le commerçant,  est plus âgé qu’elle,  surtout, il a  deux épouses. Protestation contre la polygamie? Le roman avance d’abord dans le registre d’un amour contrarié., celui deSamou,  élève de l’école des blancs, et de Kany, qui rêvent avec leurs camarades de classe,  de modernité, d’hygiène, de vaccination.

« La famille de Benfa était donc divisée à propos de cette affaire: Birama, Nianson, Karamoko étaient du côté de Samou, tandis que le père Benfa et Sibiri, l’aîné, ne pensaient qu’à Famagan »

Pour mettre fin aux amours de Kany et de Samou, le père Benfa envoie sa fille et Birama, son jeune fils, chez son frère Djigui, au village. Changement de décor,  Kany et Samou, les élèves citadins, découvrent une autre vie, plus traditionnelle où les fétiches sont encore révérés,  où le pouvoir des blancs sur les paysans est arbitraire et pesant. A  Roméo et Juliette succède un roman beaucoup plus politique. »

« – dites au Blanc que vous avez assez appris, qu’il vous laisse à présent, vous êtes en âge de fonder un foyer… »

Les amours de Kany semblent mal parties. Pourtant, c’est au village, auprès de Tièman-le-Soigneur qu’elle trouvera son meilleur appui

« Tiéman est instruit, il a été soldat, à deux pas d’obtenir son diplôme d’instituteur, a-t-il préféré rester infirmier au village »

Tiéman a trouvé les mots pour convaincre . Le père Djigui, l’ainé a écrit à Benfa de laisser Kany étudier. Triomphe de l’amour? Presque, en  ville des changements s’annoncent, les jeunes réclament l’égalité des droits, des représentants élus. On sent se préciser les mutations. Le mariage de Kany et de Samou devient un symbole pour les jeunes.

Benfa, Famagan et les Anciens n’ont pas désarmé. Le conflit de générations est ouvert….cependant, les idées modernes des jeunes ne sont-elles pas une copie de celles des Blancs? Comment les Anciens peuvent-ils abandonner coutumes et autorité?

-« je sais le sentiment qui vous anime en ce moment c’est de l’orgueil. Il n’a pas sa place ici.Encore une fois, les vieux ne sont pas vos rivaux mais vos aînés, vos pères[…]les vieux sont plutôt malheureux. Imaginez un homme qui, encore très riche se trouve aujourd’hui sans rien. on lui annonce que ses richesses n’ont plus de valeur[…]et cela sans préparation aucune, avec la brutalité d’une pluie d’été »

Ce livre qui s’ouvrait comme une romance contrariée a pris une dimension politique. Le problème est autrement plus complexe.

18ème siècle, Les Caprices d’un Fleuve – B Giraudeau – (1995) dvd

FESTIVAL SÉNÉGALAIS

 

Le fleuve : le Sénégal

L’histoire: librement inspirée du Journal du Chevalier de Boufflers (rencontre à Gorée)

 

 

L’époque : 1786 – 1793

les acteurs : Bernard Giraudeau, Richard Bohringer, Roland Blanche, et tant d’autres excellents…

C’est donc un film français qui s’invite dans « mon festival sénégalais« , parce qu’il est tourné au Sénégal, et parce qu’il traite de sujets sénégalais : la traite négrière, les Signares, plus généralement l’esclavage. Sujet plus universel : l’éloge des différences, du métissage.  Film historique : en costume, les personnages discutent des Philosophes des Lumières, citent Diderot, expédient dans les airs une montgolfière, s’informent des progrès de la Révolution Française, à Paris, bien sûr, mais aussi aux Antilles. Film de cap et d’épée, magnifiques chevauchées et combats aux allures de fantasia dans le désert Mauritanien.

Film sénégalais? l’intervention de Moussa Touré – réalisateur de la Pirogue (2012) donne une garantie d’authenticité.

 

 

Caprices du fleuves ou caprices de l’amour? Jean François de la Plaine laisse à Paris une belle dame blanche dont il est profondément épris, mais la Signare, veuve libre de moeurs et si belle l’entraîne, dans des ébats amoureux, mais c’est cela sans doute le caprice : c’est Amélie petite esclave à qui il a appris à écrire et chanter qui deviendra sa compagne….

 

 

 

 

En tout cas, un spectacle magnifique dans les décors naturels du Fleuve Sénégal, dans le désert, sur la plage de la Langue de Barbarie, à Saint Louis….

 


 

Le temps de Tamango de Boubacar Boris Diop et Tamango de Prosper Mérimée

LIRE POUR L’AFRIQUE

Le temps de Tamango

 

 

 

 

 

Le 4ème de couverture promettait:

« A travers ce roman de politique-fiction, Boubacar Boris Diop fait un bilan des années Senghor : celles de deux décennies de fausse indépendance du Sénégal.

la multiplicité des temps et des points de vue narratifs nous offre une vision à facette d’une société en décomposition.

une critique habile d’une pernicieuse domination culturelle et linguistique, à la façon des romanciers sud-américains… »

La période m’intéresse. Maïmouna de A Sadji, avant l’orage de S Badian  lus récemment, se déroulaient  avant les Indépendances. Les livres de Abasse NDione sont plus récents mais je n’ai rien lu des premières années des Indépendances.

Cependant la multiplicité des points de vue et surtout le parti pris de politique-fiction complique la compréhension de la lectrice lointaine qui n’a pas connaissance des faits réels. Roman à clés peut être? Clés que je ne possède pas! Les premiers chapitres m’ont d’abord déconcertée. Grotesque du Conseiller François Navarro, caricature de ministres-courtisans, d’un président solennel mais dépassé, je suivais à peu près…mais les documents d’époque (la narration se déroule en 2063) sont bien obscurs, une certaine lassitude de n’y rien comprendre m’a gagnée.

J’aurais eu tort d’abandonner. C’est bien après le milieu du livre que les personnages s’individualisent, qu’on s’attache au héros principal N’Dongo, révolutionnaire, gauchiste, romancier raté, et à ses camarades. C’est à la fin que le titre de Temps de Tamango s’explique. Tamango est le héros d’une nouvelle de Prosper Mérimée que je me suis empressée de télécharger.

Prosper Mérimée a créé des personnages mythiques archétypes comme Carmen. Moins connu, Tamango, a pourtant marqué les imaginations africaines. Nouvelle très dense, réquisitoire contre  la traite négrière, décrivant les odieuses conditions de traversée atlantique dans les détails les plus monstrueux, la marche des  prisonniers soutenant le prisonnier suivant, les menottes inrouillables, l’invention originale de Ledoux , les économies d’espace pour faire rentrer le plus d’hommes dans la cale….Certes, Tamango n’est pas une victime innocente : c’est lui qui a vendu les esclaves et  même sa femme Ayché alors qu’il était ivre.  Menant la mutinerie à bord du bateau, massacrant les marins, Tamango se  montre un chef de guerre redoutable et un bon stratège. Malheureusement, un mauvais marin. La révolte victorieuse ne permettra pas aux esclaves de revoir les côtes de l’Afrique.

Si la nouvelle de Mérimée est marquante dans le contexte historique, j’avoue que j’ai plus goûté l’histoire de Tamango racontée par l’écrivain Sénégalais, il donne des détails encore plus frappants, surtout dans la vie de Tamango à Joal. Le personnage de  Tamango a-t-il échappé à son créateur? Ou Tamango a-t-il vraiment existé? C’est un peu le destin de Carmen dont on connaît plus l’opéra que la nouvelle.

une blogueuse s’est attachée au rôle d’Ayché la femme de Tamango: ICI

lire également : ICI

Et si vous voulez écouter la version audio de Tamango cliquez LA

logo romantismevers le Challenge ICI

Mbëkë mi – A l’assaut des vagues de l’Atlantique – Abasse Ndione

LIRE POUR LE SÉNÉGAL

 

Dès les premiers chapitres, j’ai pensé au film de Moussa Touré récemment sorti sur nos écrans : La Pirogue qui a été  primé au Festival de Ouagadougou en mars 2013 (je l’ai appris sur la plage de M’Bour). Ceci n’est pas l’effet du hasard:Abasse NDione  est à l’origine du scénario.

A l’assaut des vagues de l’Atlantique (2006) est le roman des boat people, de ceux qui tentent leur chance à bord des pirogues et  abordent l’Union Européenne sur les côtes des Canaries.

Douze chapitres courts, sobres, des personnages bien campés, humains, vrais. Une histoire bien racontée. Est-ce un documentaire? Est-ce un roman? On apprendra le prix de la traversée, les précautions des marins-pêcheurs, experts en navigation, la vie à bord, les espoirs, le drame, la solidarité, aussi.

Un film politique:  ainsi commence le livre:

« Cette année-là, il y avait eu un bon hivernage. les pluies avaient été  très abondantes. malheureusement, les récoltes avaient été mauvaises. par manque de bonnes semences;
l’état avait décidé de tuer tout bonnement la culture de l’arachide. la société nationale des graines avait été dissoute et le stock des semences sélectionnées supprimées…. »

La pénurie de poisson, la diminution des prises est aussi la cause de l’exode:

« – je savais que tu finirais par admettre l’évidence! les ressources de la mer sont en train de disparaître peu à peu. bientôt il n’y aura plus de poisson… »

Le manque de travail et d’espoir pour les jeunes :

Comment vont les affaires? demande le pêcheur à Lansana :

– » Rien de neuf! tout est monotone, on continue à compter les poteaux… »

Les risques énormes qu’ont pris les cultivateurs – qui n’avaient jamais vu la mer – ont été calculés, assumés par toute la collectivité villageoise qui s’est cotisée. Les 40 jeunes qui partent portent l’espoir de 4 villages. On comprend que l’émigration n’est pas le mirage de la société de consommation mais répond à l’urgence.