Carnavalet : La Révolution, ses fêtes

TOURISTE DANS MA VILLE

17 Prise de la Bastille

Le Musée Carnavalet, mérite de nombreuses visites. Ses collections sont si riches, les explications si fournies qu’il est inimaginable d’épuiser son intérêt en quelques visites. Après celle du XVIIème et XVIIIème siècle au premier étage nous sommes allées au second pour les souvenirs révolutionnaires. Seul bémol, il faut marcher beaucoup pour atteindre l’escalier qui mène au deuxième étage et traversant des salles magnifiques, je traîne pour découvrir de nouveaux tableaux ou objets que je n’avais pas remarqué précédemment. 

En introduction de la section Révolution, un panneau présente la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen

 

déclaration 1789

 

Les symboles auxquels je n’ai jamais prêté attention sont décryptés comme ce serpent qui mord sa queue, ou ces allégories. De beaux tableaux historiques vont raconter par le détail les différents épisodes de la Révolution.

Serment du jeu de paume 20 juin 1789 – Jacques Louis David (101 cmx66cm)

La liste des députés, répartis selon les Trois états avec leurs profils figure sur un mur. En plus des tableaux racontant un évènement historique, des portraits des divers révolutionnaires les « objets dérivés » sont très variés et amusants, cela va du bouton, de la médaille, à la tabatière ou boîte à bonbons jusqu’au poêle monumental

un poêle en faïence représentant la Bastille

Une salle entière illustre la Fête de la Fédération (14 Juillet 1790) où 50.000 gardes nationaux organisés par La Fayette défilèrent au Champ de Mars . Des  gravures montrent les travaux réalisés avec brouettes, pelles et outils. Un grand tableau est commenté en détail et raconte en détail la cérémonie. 

Charles Thevenin (1764-1838). « La Fête de la Fédération, le 14 juillet 1790, au Champ-de-Mars » (1795). Paris, musée Carnavalet.

On peut reconnaître les participants, les députés sur des gradins à droite, au- dessus dans la loge sous une tente, Marie Antoinette tenant le Dauphin, la Fayette et son cheval blanc puis alignés les troupes qui défilent, les Parisiens… on a vraiment l’impression de participer à l’évènement.

D’autres tableaux et gravures représentent des fêtes données à cette occasion : l’illumination de l’Hôtel de Ville, des joutes sur la Seine, un bal à l’emplacement de la Bastille. Je n’aurais  jamais imaginé des rassemblements d’une telle ampleur.

Objets dérivés

Une pièce entière raconte la fuite à Varennes(1791), l’emprisonnement au Temple (maquette du Temple qui a disparu) mobilier, jeux, vêtements de Louis XVI et de Marie-Antoinette….

Boucles d’oreilles guillotine (19ème siècle)

1793 mort de Marat  occupe tout un mur, tableaux, divers objets on voit les portraits de Danton, Robespierre, Saint Just et des objets leur ayant appartenu (serviette en cuir de Robespierre, cocardes). 

Un tableau montre la panthéonisation de J.J. Rousseau (inhumé à Ermenonville en 1778) dont les restes ont été illuminés au milieu du bassin des Tuileries (10 octobre 1794). on panthéonisait beaucoup et on dépanthéonisait aussi!

Fête de l’Etre Suprême 20 Prairial an II – 8Juin 1794

Sur proposition de Robespierre, le Culte de l’Etre Suprême donna lieu à une fête grandiose au Champ de Mars où l’on éleva une butte portant l’Arbre de la Liberté et la statue d’Hercule tandis que Cèrès était assise au milieu de la foule. Des fumée d’encens sont visibles . Comme aux autres évènements, on assiste à la Fête comme si on y avait participé.

Le Directoire met fin  à la Terreur, de nombreux portrait furent peints par des femmes qu’on a maintenant oubliées : AdélaÏde Binart, Marie Geneviève Boulhard…

Dans des vitrines on voit les pendules à plusieurs cadrans permettant de mesurer le temps avec le calendrier de l’ancien régime et le calendrier révolutionnaire. Les nouveautés sont cataloguées : système métrique, décimal….En face des tableaux figurent des monuments du Patrimoine réunis au Musée des Monuments Français créé en 1795 au couvent des Petits Augustins pour héberger les monuments détruits à la Révolution.

Avec Bonaparte, nous quittons la période révolutionnaire.

Après cette visite qui a mobilisé toute mon attention, je suis moins studieuse. Je range mon carnet de notes et traverse « en touriste » le 19ème siècle. Il faudra que je revienne avec l’esprit frais. Il reste encore la période romantique, le XXème siècle. De quoi occuper une nouvelle journée!

Pascal Paoli – Antoine-Marie Graziani

LIRE POUR LA CORSE

buste de Paoli à l’Île-Rousse

Dès qu’on débarque en Corse, deux personnages sont « incontournables » (je déteste ce mot mais il convient ici) : Pascal Paoli et Napoléon Bonaparte. J’ai cherché un livre d’histoire sur Paoli et celui d’Antoine-Marie Graziani existe en format numérique ce qui est bien pratique pour la voyageuse.

C’est un ouvrage sérieux, très (trop?) détaillé. J’ai parfois peiné dans la lecture de tous les détails de querelles entre des personnages dont je n’avais jamais entendu parler et que je ne rencontrerai sans doute plus.

J’ai beaucoup apprécié le rappel d’Histoire des Idées Politiques de Tite-Live à Machiavel, de Montesquieu à Rousseau. Paoli est un politique, un général, mais surtout un personnage des Lumières. Son action s’inscrit, avant la Révolution Française et même avant l’Indépendance américaine, dans la mouvance des Encyclopédistes. Ce n’est pas un hasard s’il a commandé une Constitution à Jean-Jacques Rousseau. En revanche, Voltaire endosse un mauvais rôle en caressant Choiseul dans sa lutte contre les paolistes!

Histoire de la corse et équilibres géopolitiques : 

Depuis le Moyen-Âge, la Corse est une île trop petite pour être vraiment indépendante. Elle s’est trouvée sous la protection de Pise, puis depuis le 13 ème siècle de Gênes. La gestion de la République de Gênes fut pendant des siècles calamiteuse. Depuis 1729,  des révolutions contre Gênes se sont succédé à la suite du prélèvement inique des impôts. Gênes a fait appel à l’empereur Charles VI, et envoie des mercenaires allemands en 1731.

En 1736 « un roi de carnaval« , Théodore de Neuhoff débarque d’un tout petit bâtiment, et se fait sacrer Roi de Corse. Son règne éphémère mis en scène par Voltaire dans Candide au Carnaval de Venise.

 

Gênes se retourne ensuite vers le roi de France et signe un accord secret en 1737. En 1738, un corps expéditionnaire français débarque à Bastia.  De leur côté, les Corses et Paoli cherchent la protection d’abord du Saint Siège et même de Malte, se tournent un moment vers l’Espagne. Il faut se rappeler que l’Italie est encore une mosaïque avec des équilibres subtils entre la Papauté, l’Espagne, l’Autriche et les Bourbons de Sardaigne.

L’Angleterre entre aussi dans les alliances. En 1743 sa flotte attaque Bastia.

Les luttes des Corses contre l’occupation génoise dure des décennies

« Cette représentation des Corses comme les héritiers des vertus classiques, et les défenseurs d’une cause juste, sera reprise par Jean-Jacques Rousseau, et les esprits libéraux et éclairés d’Europe jusqu’en 1768″

 Paoli :

Exilé à Naples avec son père,   il a servi  dans le régiment Corsica du Roi de Naples. Il étudie à Naples, lit Montesquieu, s’intéresse à la franc- maçonnerie. En 1755, il rentre sur son île.

Je me suis un peu perdue dans les événements décrits avec minutie par Graziani qui n’épargne aucune intrigue entre les protagonistes corses et les rivalités des familles et qui mêle au récit du retour de Paoli une analyse de ses idées politiques. Paoli arrive en Corse porteur d’un projet solide pour la constitution d’un Etat. en Aout 1755 il écrit :

« Ce peuple au cours d’une assemblée générale unie juridiquement, a décidé de m’obliger à abandonner mon service pour que je gouverne, il m’a concédé plus d’autorité que n’en aurait voulu avoir aucun roi de Corse parce que le décret n’a aucune limitation »

Le préambule de la constitution corse de 1755 évoque celui de la future Déclaration d’indépendance américaine : « la Diète générale représentant le peuple de Corse – seul habilité à décider légitimement de ses destinées – convoquée selon les formes dans la cité de Corte par le général.... »

« En 1764, il parlera à Salvini d’un grand projet constitutionnel et s’il présentera à Symonds quatre réformes qu’il veut voir instituer dans son île : abolition de la torture, la nomination à vie des juges de la Rota civile, l’introduction des procédures anglaises du cautionnement et du système du jury »

Le pays est divisé, Pascal Paoli doit lutter contre des factions. On assiste à une véritable « guerre civile » ou une « vendetta » à grande échelle. Paoli fut confronté à la pauvreté de la communauté insulaire et n’était pas toujours à même de payer ses soldats. Les réalisations de Paoli sont impressionnantes, entre autres la création d’une université, d’une marine, y compris pour la course, développement du port de l’Île Rousse et même l’introduction de la pomme de terre…

Là, je décroche un peu dans la lecture…les dissidences corses, les différentes consulte m’embrouillent. Les relations avec le Saint Siège sont également compliquées. Il faut être plus au fait de l’histoire corse pour suivre sans difficultés.

Un anglais, Boswell, introduit justement auprès de Paoli, en 1765, après une visite chez Rousseau se fera le chantre de cette lutte et de son champion Paoli.

Par le Traité de Versailles, le 15 mai 1768, Gênes cède la Corse à la France à la condition très révélatrice : « que jamais la Corse ne puisse devenir souveraine et indépendante ni posséder aucune place ou établissement maritime, ni être en état de causer préjudice à la navigation ».

J’ai eu du mal à comprendre la véritable nature des relations de Paoli avec Marbeuf et Choiseul et de suivre les batailles de Borgo et à Ponte Novu; encore plus les division des Corses entre « parti français » et paolistes.

Après la défaite de Ponte Novu (1769), c’est l’exil de Paoli et de ses partisans, par l’Italie et jusqu’en Angleterre où Paoli reste 22 ans, accueilli comme le « Thémistocle de notre siècle ». 

Résultat de recherche d'images pour "paoli"

Paoli ne sera rappelé  en Corse qu’après la Révolution de 1789. Les rapports entre Paoli et les révolutionnaires sont aussi compliqués. Cette histoire est passionnante. Au début, les rapports sont bons « Le mentor de Paoli à Paris est La Fayette[…]belle image sans doute que de voir le héros de la liberté corse aux côté du héros français de l’indépendance américaine! »

Paoli sait qu’on l’a fait venir en Corse pour rétablir l’ordre. Au début il est accueilli par un immense succès.Il est ensuite fragilisé par les divisions des Corses puis la situation politique se brouille, les « intriguants » envoient des doléances à la Convention fin 1792. Une expédition en Sardaigne est une catastrophe qui contribue à pourrir la situation. L’arrivée de volontaires « Marseillais » à Ajaccio  en 1793« anarchistes semant la terreur » provoque une presque guerre civile. La calomnie atteint Paoli qu’on soupçonne de prendre le parti de l’Angleterre, même de vouloir se faire roi. On cherche à le piéger en l’attirant en métropole. Lucien Bonaparte, lui-même dénonce Paoli à Toulon, « Paoli est la victime des affrontements entre Montagnards et Girondins’.

Tandis que les royalistes corses prennent contact avec l’Angleterre, Paoli reste d’abord fidèle aux républicains mais quand Paoli se trouve « hors la loi », « traître à la République française » il fait sécession, récupère ses couleurs et se considère sous la protection de la Grande Bretagne.

la Corse en 1793 est redevenue indépendante.  en 1794, les anglais débarquent . Devant Calvi l’amiral Nelson perd son oeil gauche.

A nouveau l’exil…Paoli termine sa vie en Angleterre…

Malgré des longueurs et des passages embrouillés pour la non-spécialiste que je suis, j’ai été passionnée par l’étude de l’Histoire des idées politiques, et les rapports entre Paoli et la Révolution de 1789.

 

 

 

 

 

 

18ème siècle, Les Caprices d’un Fleuve – B Giraudeau – (1995) dvd

FESTIVAL SÉNÉGALAIS

 

Le fleuve : le Sénégal

L’histoire: librement inspirée du Journal du Chevalier de Boufflers (rencontre à Gorée)

 

 

L’époque : 1786 – 1793

les acteurs : Bernard Giraudeau, Richard Bohringer, Roland Blanche, et tant d’autres excellents…

C’est donc un film français qui s’invite dans « mon festival sénégalais« , parce qu’il est tourné au Sénégal, et parce qu’il traite de sujets sénégalais : la traite négrière, les Signares, plus généralement l’esclavage. Sujet plus universel : l’éloge des différences, du métissage.  Film historique : en costume, les personnages discutent des Philosophes des Lumières, citent Diderot, expédient dans les airs une montgolfière, s’informent des progrès de la Révolution Française, à Paris, bien sûr, mais aussi aux Antilles. Film de cap et d’épée, magnifiques chevauchées et combats aux allures de fantasia dans le désert Mauritanien.

Film sénégalais? l’intervention de Moussa Touré – réalisateur de la Pirogue (2012) donne une garantie d’authenticité.

 

 

Caprices du fleuves ou caprices de l’amour? Jean François de la Plaine laisse à Paris une belle dame blanche dont il est profondément épris, mais la Signare, veuve libre de moeurs et si belle l’entraîne, dans des ébats amoureux, mais c’est cela sans doute le caprice : c’est Amélie petite esclave à qui il a appris à écrire et chanter qui deviendra sa compagne….

 

 

 

 

En tout cas, un spectacle magnifique dans les décors naturels du Fleuve Sénégal, dans le désert, sur la plage de la Langue de Barbarie, à Saint Louis….