BD ET PLUS…..

Ce gros album(271 pages)m’a tout de suite interpellée. Dans le fracas et les bruits de bottes et de bombes sur Gaza, l’Ukraine on oublie d’autres guerres, d’autres révolutions. Ce livre est un épais dossier sur la lutte des Femmes iraniennes et des hommes .
Nous connaissons tous Marjane Satrapi et Persepolis publié entre 2000 et 2003 puis adapté au cinéma. Dans Femme Vie Liberté elle a plutôt un rôle d’éditrice réunissant 22 auteurs, dessinateurs, journalistes, historiens pour raconter la révolution à la suite de la mort de Mahsa Amini dans un dossier très complet.

Comme souvent dans les Bandes Dessinées ou les Romans Graphiques, les auteurs travaillent par paire. Et nous retrouvons des noms bien connus comme Catel, Coco, Joann Sfar collaborant avec des iraniens, politologues, historiens, dessinateurs, journalistes spécialistes de l’Iran. C’est donc un dossier très bien documenté qui replace la révolution « femme vie liberté » dans un contexte historique ou sociologique. Il prend en compte les évènements dans la vie quotidienne iranienne, retrace des faits tragiques comme les pendaisons des opposants, les tortures, l’empoisonnement des écolières. Sans oublier la diaspora iranienne puisque l’exil est souvent la seule solution de survie pour nombreux opposants.

Plaisir des illustrations très variées, Noir et Blanc, mais aussi couleur. Rouge sang des pages d’introduction de chaque chapitre.

Nous entrons dans la vie quotidienne d’iraniens et d’iraniennes beaucoup plus contemporains que nous pourrions l’imaginer qui vont skier à la montagne, et au stade supporter les matches de foot. Il faut imaginer le maquillage comme un acte de résistance. C’est fou les risques que les jeunes prennent!
Tout un chapitre illustre l’hymne de la Révolte : Barâyé , chanson « pour » en persan publiée par Shervin Hajipour sur Instagramm qui a fait le tour du monde…
Et le chapitre de la fin (ou presque) est offert par Yoann Sfar qui déclare avec son humour si spécial
« Ils arrivent, deux chercheurs iraniens et un journaliste. Des fleurs en main pour Marjane. Deux femmes sont les éditrices de l’ouvrage. En BD, maintenant, ils font des « collections sciences humaines ». Ils ont des éditrices universitaires. Houlala, au secours. Ca risque de devenir quelque chose, la BD. »