L’Inde où j’ai vécu – Alexandra David-Néel

SAISON INDIENNE

Les récits de voyage des explorateurs me passionnent., Que dire des exploratrices qui n’hésitent pas à se travestir pour pénétrer dans les lieux interdits?
Le personnage de l’auteur est fascinant.
Cet ouvrage n’est pas un carnet de voyage mystique: c’est un reportage, une étude très complète des différentes croyances et pratiques religieuses de l’Inde.

« je ne me propose pas de rédiger le journal de voyage dans lequel mes mouvements à travers l’Inde et les divers épisodes…se succéderaient par ordre chronologique. Ce que je désire offrir ici c’est plutôt une série de tableaux présentant la vie mentale encore plus que la vie matérielle de l’Inde. Il convient donc de ne point morceler les tableaux et de grouper en un tout les informations obtenues à divers moments sur un  même sujet… »

Alexandra David -Néel présente d’abord les « Dieux tels que les Indiens les conçoivent. » Elle présente les dieux, leurs avatars, mais aussi les images, les idoles adorées par les Hindous. Elle raconte avec vivacité des anecdotes illustrant son propos comme celle de la petite statuette Râmbala représentant Râm enfant que le pèlerin baignait et berçait comme un enfant. Dans le chapitre suivant traitant des  » Sanctuaires prestigieux et leurs hôtes – chorégraphie sacrée et lubricité profane »  elle décrit les sanctuaires de Madoura et s’attache au culte de Shiva.

Un chapitre entier est consacré au « système religieux des Castes et à l’audacieuse intiative du gouvernement indien : abolition de l' »intouchabilité ». Ces analyses ne sont jamais fastidieuses: elle éclaire son propos par des anecdotes amusantes, se mettant en scène elle-même dans des situations cocasses : comment elle est devenue prophétesse, habillée de la robe couleur d’aurore et prédisant la pluie, ou comment, invitée à une célébration de la Déesse Dourga, elle fut adorée comme la Déesse.

A mesure qu’on avance dans la lecture, elle nous initie à des subtilités et à des coutumes que je ne soupçonnais pas :  « Les extravagances religieuses – j’assiste aux noces du divin Râma ». Elle raconte le Râmâyana et le Mahâbhârata de façon pittoresque et souvent naïve mais ne s’en laisse pas compter. Toujours, elle est capable de lucidité et d’analyse politique et au cours des quarante années avant et après la deuxième guerre mondiale, elle voit se tendre les rapports entre Indiens et occidentaux qui aboutiront à l’Indépendance de l’Inde

Le chapitre consacré à la Déesse-Mère : « Shakti, mère universelle, créatrice des mondes – ses dévots – différents aspects de son culte secret » m’a passionnée. je l’ai lu juste après avoir visionné le film de Satyajit Ray : La Déesse et je n’avais pas bien compris de quelle déesse il s’agissait.

Ce n’est pas seulement une aventurière, c’est une véritable érudite qui peut s’entretenir avec les religieux et et les lettrés. Elle garde toujours esprit critique et un solide sens de l’humour. Dans le chapitre consacré aux gourous et sadhous : « les gourous instructeurs, guides spirituels et protées aux mille formes »  Après avoir chanté les louanges des vrais sages, elle raconte comment elle a confondu un sadhou mendiant et comment elle a pris la place du fakir sur sa planche à clous. Ces épisodes sont hilarants.

 

Elle raconte les textes fondateurs avec vivacité, analyse les différences entre les multitudes d’interprétations et de sectes (c’est un peu trop pointu à mon goût). Elle nous fait rencontrer toutes sortes de personnages pittoresques et originaux.

Elle évoque des figures historiques comme Tagore, Nehru ou Gandhi. Son regard sur Gandhi est sans concession, elle ne cède pas à l’hagiographie et replace le Mahâtma dans son contexte indien, dans la tradition des gourous, des jeûnes..

« Toutefois sous Gandhi, l’habile politicien, existait un Gandhi imprégné de vieilles traditions indiennes concernant l’efficacité des souffrances que l’on s’inflige volontairement… ».
Au lendemain de l’Indépendance elle s’interroge sur l’avenir de la nouvelle démocratie.Son regard sur Gandhi est sans concession, elle ne cède pas à l’hagiographie et replace le Mahâtma dans son contexte indien, dans la tradition des gourous, des jeûnes.. « Toutefois sous Gandhi, l’habile politicien, existait un Gandhi imprégné de vieilles traditions indiennes concernant l’efficacité des souffrances que l’on s’inflige volontairement… ».

La modernité, le progrès, selon elle se trouveraient plutôt chez Nehru, laïque que du côté de Gandhi. la conclusion de son livre quitte le domaine spirituel pour une analyse politique plutôt pessimiste au lendemain de l’Indépendance (le livre est publié en 1951) et les problèmes qu’elle soulève sont encore d’actualité (intolérance religieuse, tensions inter-communautaire, corruption….)même si l’Inde de 2012 devient une puissance émergente pesant beaucoup plus dans le concert des nations.

J’ai beaucoup appris dans ce livre. j’engrange toutes sortes de données et le sujet de l’Inde me paraît inépuisable.

Le Long du Gange – Ilija Trojanow

SAISON INDIENNE

Le Gange est un fleuve sacré, une déesse, c’est aussi un très long fleuve de 3000 km descendant des glaciers de l’Himalaya pour former un delta immense dans le Golfe du Bengale qui m’a fait rêver de l’avion lors de notre voyage au Cambodge.

L’auteur a descendu le fleuve du glacier à Gangotri jusqu’à Calcutta, en zodiac, à pied, en train, c’est donc le récit d’une véritable expédition au long cours qu’il nous convie. Voyageur averti, il parle hindi et connaît les mythes  de l’hindouisme. Son récit est donc émaillé de légendes. Cependant lorsqu’il suit les pèlerins, son esprit critique est en alerte et le récit peuplé de sadhous et autres hommes saints est plein d’humour.

Rencontres avec des indiens de toutes conditions, des prêtres de sanctuaires dérisoires aux scientifiques les plus sérieux, bateliers, hôteliers, notables de villages….

Cet essai est extrêmement varié, il commence très poétiquement avec « De l’eau qui tombe d’une boucle des cheveux de Dieu » avec Shiva Ganga et les divinités fondatrices mais à ce chapitre succède une énumération comique des panneaux routiers sur une piste himalayenne, sans oublier « le salut et les économies d’énergie en prime »

Récit d’aventures avec la navigation fluviale dans les marécages et les diverses péripéties en rickshaw, en train ou en bateau. Découverte des dauphins du Gange et de leur spécialiste.

Cependant à Bénarès la mort s’invite et le ton alerte se dramatise.

« la vie est la mort est la vie est la mort »

Crémations, mais aussi cadavres flottant dans le fleuve, pollutions d’origine variées. Non- violence et aussi intolérance. Bouddhisme et syncrétismes divers. Contradictions indiennes. Plus prosaïquement, il raconte le harcèlement dont les touristes-femmes font l’objet et cela m’inquiète sérieusement.

Au Bengale, l’auteur raconte la révolte des Bengalais à la suite d’une famine à la fin du 18ème siècle. Il termine son périple à Calcutta avec l’étude de l’approvisionnement en eau de la ville. Toujours ce souci du réel, reportage scientifique comme récit historique et mythologique.

Anita NAIR : Les Neuf Visages du cœur

 SAISON INDIENNE

Ce titre énigmatique évoque les neuf visages de l’être humain selon le kathakali :

Les neuf visages me fournissaient un socle. L’amour. Le mépris. Le chagrin. La fureur. Le courage. La peur. Le dégoût. L’émerveillement. La paix.

Ce roman est construit très habilement: un prologue,  neuf chapitres,  un épilogue. Les personnages prennent la parole dans ce cadre préétabli. Chris, écrivain britannique, souhaite écrire une biographie de l’Oncle, Koman, ancien danseur de kathakali. Shyam l’accueille dans un bungalow de son hôtel. Chris et Rhada, la femme de Shyam, vont vivre une aventure passionnée. Cette aventure suivra elle aussi les 9 étapes.

Se mêlent l’intrigue amoureuse de Chris et Rhada, le récit de la vie de l’Oncle, l’échec du mariage de Shyam. Koman,  évoque les mythes de l’Hindouisme, les héros du Ramayana qu’il a incarné. Ces récits s’intègrent dans les aventures modernes. Cette polyphonie donne un roman d’une grande richesse : les thèmes sont variés, la culture hindoue et ses mythes fondateurs, mais aussi l’histoire de Sethu, le père de Koman recueilli à Nazareth dans une communauté chrétienne qui rencontre Saadyia, une musulmane. Interrogations sur le rapport entre l’art et l’artiste, sur la place de la danse traditionnelle dans l’Inde actuelle, cérémonie religieuse ou spectacle à montrer aux touristes ?

Un livre riche et très bien écrit.

Noces indiennes : Sharon Maas

 SAISON INDIENNE


Trois histoires s’entrecroisent dans ce roman, trois époques, trois personnages : Nataraj, près de Madras, 1947, Savritri, Madras 1921, Saroj, Guyane britannique années 1960. Assez rapidement, on comprendra que, malgré la distance, ces personnages entretiennent  d’étroites relations de famille.

J’ai cherché des romans indiens, et voici que j’ai l’impression que l’Inde déborde, vers le Cap avec la biographie de Gandhi, à l’Ile Maurice dans l’Océan de Pavots de Amitav Gosh, maintenant nous voici en Amérique du sud, sans parler de Naipaul….Multitude des habitants, multiplicité des peuples, des castes, des religions…et pourtant toujours cette constance d’une certaine tradition rigide qui glorifie la famille, octroie à la femme une place définie d’épouse dévouée et de mère.

Pourtant dans ce roman-feuilleton, l’ambiance bollywoodienne rappelle aussi celle d’une télénovela avec des intrigues compliquées, des rebondissements, des histoires d’amour. J’ai donc été scotchée par l’intrigue comme devant certaines séries télévisées, avec une certaine insatisfaction.

Comment la petite fille merveilleuse, douée du Pouvoir de guérison, capable de parler au cobra, de nager nue dans l’Océan Indien, de réciter des poèmes de Wordsworth peut- elle devenir l’épouse soumise d’un chef de gare ivrogne puis d’un avocat réactionnaire et raciste terrorisant sa famille ?

Comment toute la famille se recompose-t-elle à Londres ? Londres paraît être encore le pivot de cet univers. A Madras, comme en Guyane, il n’est question que d’études à Oxford, Cambridge ou pis aller à Londres.

Saroj se rebellera contre la tradition des mariages arrangés. Elle fréquentera une féministe militante. Elle décrétera qu’elle refuse toute idée de mariage mais tombera amoureuse, romantiquement comme il le faut dans tout feuilleton.  Au final, son acte de rébellion le plus violent sera de ses couper les cheveux ! Et tout se terminera par un mariage et une naissance attendue…

Je suis peut être sévère de réduire ce très gros roman de 660 pages à l’intrigue familiale. Des tableaux décrivent les jardins d’une belle villa de Madras du temps de la colonisation,  une inondation d’un village pauvre pendant une mousson cataclysmique, le grouillement de la ville de Madras… Les tensions entre les différentes communautés en Guyane britannique sont aussi bien analysés. Ambiances de la communauté indienne en Angleterre.  En revanche les luttes de l’Indépendance,  sont à peine évoquées même si elles sont au centre de la tragédie de Savriti.

Sita sings the blues – le Ramayana en BD

SAISON INDIENNE  FILM

 

 

A Angkor, j’entends encore la voix de Prun, notre guide, nous racontant le Ramayana devant les bas-reliefs délicats….

J’avais besoin de révisions avant le départ pour l’Inde.

au hasard des surfs sur les forums, j’ai découvert  une Sita très moderne, peut être américanisée mais amusante.

 

 

 

 

Amitav GHOSH- Un Océan de pavots –

MA SAISON INDIENNE

Un roman d’aventure, de marins, de pirates, roman historique… C’est un voyage sur l’Ibis, goélette construite pour le transport des esclaves qui quitte Baltimore pour Calcutta puis l’île Maurice. Voyage en Inde le long du Gange de Ghazipur près de Bénarès à Calcutta.

Foisonnement de personnages qui aboutiront sur l’Ibis :  Zachary Reid ; le charpentier américain, qui prendra le commandement de l’Ibis avec l’aide de Serang Ali, le chef des marins lascars (qui sont ces lascars, des marins indiens, mais pas seulement indiens ?),  Deeti, la paysanne de Ghazipur qui récolte les pavots, Neel, le Raja de Raskhali ruiné et déchu par son associé Anglais, Paulette, la fille d’un botaniste français et son frère de lait Jodu,  et de tant d’autres, anglais, indiens et même chinois, marins ou commerçants….paysans ruinés emportés comme esclaves dans les plantations de l’Ile Maurice.

Histoire de mer, mais aussi histoire de pavots. Le roman commence avec la floraison des pavots et nous assistons à la récolte. Le mari de Deeti  travaille à la factorerie qui transforme l’opium. La visite de cette factorerie est un tableau saisissant. C’est le pavot qui prend la place des cultures vivrières, ruinant ainsi les paysans obligés de ses vendre. C’est aussi l’opium qui a tué le mari de Deeti. Tous les aspects sont envisagés : aussi bien la culture, le commerce que la dépendance. L’opium s’exportera en Chine. L’histoire se déroule en 1837, à la veille de la guerre de l’opium en Chine. Tout au long du roman il est présent, dans l’enrichissement des colons anglais, comme dans la déchéance.

La traite négrière étant désormais bannie, un autre commerce triangulaire s’organise sur les mers d’Orient. L’Ibis, navire négrier transportera une autre cargaison humaine : les pauvres Indiens et l’opium vers la Chine.

Extraordinaire richesse de langages, on ne peut qu’admirer le travail du traducteur devant rendre compte des parlers exotiques, parler des marins lascars, expressions bengalies ou hindoustanis, anglais abâtardi des domestiques ou au contraire déformations méprisante des noms hindous par les britanniques . Le texte fourmille de mots indiens sans traduction, pas seulement de mots, de vers entier, de prières, de chansons. Aucun lexique n’est fourni,  pas de guillemets non plus ni d’italique. Le lecteur est emporté dans le mélange des genres, mélange aussi des histoires, mélange des langues. Le plan du roman est simple : Terre, Fleuve et Mer. Mais les histoires se mêlent, sans transition on  passe du champ de Deeti  à l’embarquement des lascars au Cap. Les chapitres sont tout simplement numérotés sans indication supplémentaire de temps de lieu ou de personnes. Si ce mélange ne m’a aucunement gênée à la lecture, il complique singulièrement mon compte-rendu. Impossible de retrouver tel ou tel épisode ! Extraordinaire complexité des rapports sociaux, métissages inattendus, amitiés improbables. Amitav Ghosh dépeint un personnage odieux, et vers la fin, il retrouve son humanité. Le Raja obsédé de pureté, imbu de sa personne et de sa caste, confronté à un opiomane en manque incontinent est d’une dignité admirable. La scène où il défie le fonctionnaire anglais en lui citant des vers de Shakespeare est tout à fait extraordinaire.

Le lecteur est donc emporté jusqu’à la fin étrange. On en voudrait encore ! Sans doute il y aura une suite…

 

 

L’Odeur de l’Inde – Pier Paolo Pasolini

 SAISON INDIENNE

C’est le livre jumeau de celui de Moravia: Une Certaine Idée de l’Inde, reçu dans le même paquet d’Amazon. Jumeau, puisque qu’il relate le même voyage en Inde des deux écrivains en 1961 à l’occasion de la commémoration de Tagore.

Deux courts ouvrages, pourtant très différents. Moravia s’attache à analyser ses impressions. Érudit, il analyse la religion, les relations avec le colonialisme. Pasolini livre une interprétation beaucoup plus personnelle.

Plus aventureux, il préfère les vagabondages nocturnes et les rencontres de hasard aux visites touristiques. Moravia jette un regard intéressé aux passants, aux paysans tandis que Pasolini donne une identité, un nom, une histoire, aux Indiens rencontrés pendant ses promenades, souvent des mendiants. Sardar et Sundar, attendent avec d’autres, que l’hôtel leur donne des restes de pudding, ils lui font penser aux jeunes calabrais montés à Milan chercher fortune. L’enfant Revi, qui refuse son obole parce qu’il sera racketté, l’émeut au point qu’il se décarcasse à lui fournir un abri. Muti Lal, le Brahmane qui dort sur le trottoir, éduqué,  lui suggère cette étrange conclusion de Pasolini… »c’est un bourgeois » et une analyse de la bourgeoisie indienne dans un océan de sous-prolétariat:

« Ils (les bourgeois) s’enferment ainsi dans la vie familiale à laquelle ils donnent une importance absolue : plein  d’enfant et ils en cultivent la douceur ».

L’Odeur de l’Inde qui a donné son titre au livre est décrite ainsi:

….« l’habituelle odeur, très forte , qui prend à la gorge. Cette odeur de pauvre nourritures et de cadavre qui, en Inde, est comme un continuel souffle puissant qui donne une sorte de fièvre. C’est cette odeur, qui, devenue, peu à peu,  une entité physique presque animée, semble interrompre le cours normal de la vie dans le corps des Indiens. son relent frappant ces pauvres petits corps couverts d’une toile légère et souillée, paraît les miner, les empêchent de croître, de parvenir à un achèvement humain »…

Contrairement à Moravia qui voit dans l’Inde le fait religieux partout Pasolini écrit :

« heureusement l’hindouisme n’est pas une religion d’état. . C’est pourquoi les saints ne sont pas dangereux; Tandis que les fidèles les admirent il y a toujours un musulman, un bouddhiste ou un catholique pour les regarder avec ironie ou curiosité…[…]Mais, à mes yeux, cela n’implique pas que les Indiens soient vraiment préoccupés par de sérieux problèmes religieux. »

Il est également beaucoup plus critique envers Nehru que son ami. Trop respectueux, selon lui, des formes de la démocratie parlementaire occidentale, Nehru n’est pas assez audacieux pour extirper la tradition des castes qui révolte les deux italiens.

J’ai  admiré P P Pasolini cinéaste, personnage de la biographie imaginaire écrite par Fernandez, Dans la Main de l’Ange, je le découvre ici écrivain.

 

 

Le mariage des moussons – film de mira nair

SAISON INDIENNE

Des six DVD indiens empruntés à la médiathèque, c’est celui qui est le plus proche du cinéma d’auteur. Récompensé à la Mostra de Venise par un Lion d’or 2001. je l’avais vu il y a une dizaine d’années et revu avec un égal plaisir.

Comme le cinéma de Bollywood, c’est un film festif et coloré, dominantes or, rouge et jaune, camaïeu de tentures, saris, et guirlandes d’œillets d’indes orange qu’un personnage croque sans réserves. Musical aussi, les jours précédent les noces se déroulent dans les danses et les chants. Exubérance des embrassades, des retrouvailles à Delhi des parents dispersés, de Californie, Australie, Dubaï ou Mascate.Comme toujours dans le cinéma indien il y aura des danses soigneusement chorégraphiées.

Mais Le Mariage des Moussons a un rythme beaucoup plus entrainant que les autres films de Bollywood que j’ai visionnés. Le film ne dure que 1h58.

Il bouscule aussi les traditions de pruderies bienpensantes. Il s’agit d’un mariage arrangé. Les deux fiancés ne se connaissent pas. Ils sont jeunes, beaux et de bonne famille. Mais Aditi, la fiancée a une relation avec un animateur de la télévision, elle renonce à cet amour, devinant que Vikram, marié ne divorcera jamais. Sa cousine Ria, sa confidente, est célibataire et elle met en garde Aditi contre les mariages sans amour. Tout au long du film on doute: le mariage aura-t-il bien lieu? Dans le cocon de la famille élargie, bienveillante, chaleureuse un autre soupçon s’insinue : l’oncle généreux n’abuse-t-il pas de la gamine effrontée? Ria, la célibataire fait éclater le scandale : avant sa petite sœur, elle aussi a été victime de l’inceste.

Au mariage des Pensabi riches se superpose une autre intrigue, celle de Mr Dubey, l’organisateur du mariage, personnage un peu bouffon, un peu pitoyable qui organise les noces des autres mais n’a pas trouvé l’âme sœur. Il tombe amoureux d’une servante, Alice, chrétienne, peut être Intouchable. L’entrepreneur hâbleur, frimeur, devient d’une timidité touchante quand il offre son  cœur : coussin d’œillets d’Inde dans un décor floral à) sa bienaimée.

http://www.dailymotion.com/swf/video/x8gquf<br /><a href= »http://www.dailymotion.com/video/x8gquf_le-mariage-des-moussons-ba-vost-fr_shortfilms &raquo; target= »_blank »>Le Mariage des moussons – BA – Vost FR</a> <i>par <a href= »http://www.dailymotion.com/_Caprice_ &raquo; target= »_blank »>_Caprice_</a></i>

 

 

La Famille Indienne – DVD

SAISON INDIENNE – FILM

Par un dimanche très pluvieux je me suis immergée dans ce sirupeux et interminable (3h30) film bollywoodien.

Pour le folklore, l’essentiel du film se déroule en intérieur dans un château mi-château de la Loire mi-manoir écossais, en grand. Pelouses impeccables, arrivée du fils en hélico, salons glamour, saris luxueux…. et cricket (l’Inde gagne invariablement le match contre l’Angleterre!).

Cette famille indienne a de la classe et ne veut pas de mésalliance. Le Rahul, le grand frère, un enfant adopté, est renié par son père parce qu’il est amoureux d’une fille charmante, ravissante, mais de basse extraction (et un peu gaffeuse) . Le couple, chassé de son palais émigre à Londres (dans les beaux quartiers quand même). Le départ de son grand fils brise le cœur de la mère. Le petit frère, dix ans plus tard tentera une réconciliation. L’intrigue est donc minimaliste, le rythme de l’action plus que lent.

http://youtu.be/A9HJE5N586M

Et pourtant cela fonctionne! Comme tous les films indiens, les danses et les chants occupent une place importante. Le comble du ridicule est atteint quand les deux amoureux se déclarent sur fond de pyramide et de désert blanc! Pire encore les séquences londoniennes! Mais les danseurs sont nombreux, les costumes variés, les chorégraphie élaborées, malgré tout retiennent notre attention. Plaisir de la VO : le mélange hindi et anglais! Je guette les expressions anglaise étonnée de ne plus rien comprendre à l’instant d’après

Cependant, s’il ‘avait fallu visionner qu’un seul film indien, Swades, vu samedi était beaucoup plus intéressant et exotique.

Slumdog millionaire – A revoir?

MA SAISON INDIENNE

 

j’ai vu ce film à sa sortie en salles il y a maintenant quelques temps. Il m’avait bien plu et nous avions même emmené les 5èmes. Les élèves avaient bien accroché. Je me souviens du retour au collège à pied, une bonne demi-heure, et des élèves qui ne participaient jamais ou qui faisaient des bêtises, devenant de véritables critiques tant le film les avait interpelés.

Voici ce que j’avais écrit alors dans mon blog Voix-Nomades :

Je ne regarde jamais Qui veut gagner des Millions, je ne suis jamais allée en Inde.

Ce film m’a donné l’occasion de découvrir Bombay, moderne: tours de béton, centraux d’appels et studios de télévision… misérable : bidonsvilles, décharges d’ordures, mendiants….bruyante, colorée, violente.

Course-poursuite effrenée entre les enfants jouant au base-ball sur la piste d’avion et les policiers armés de bâtons, course-poursuite encore entre les enfants musulmans fuyant des hindouistes dans un pogrom où la mère perd la vie, course encore entre les héros et des malfaiteurs. Le film a du rythme.

Une belle histoire d’amour, des danses sont les canons immanquables de Bollywood mais n’alourdissent pas l’intrigue.

J’ai cherché le DVD à la médiathèque mais il n’était pas disponible ce jour-là. entre temps à la suite de la lecture du livre d’ Arundhati Roy : Le Dieu des Petits Riens, j’ai trouvé en surfant le texte suivant tiré du Courrier International :

Je n’aime pas Slumdog  Arundhati Roy

Depuis que Slumdog Millionaire a été récompensé par plusieurs oscars, tout le monde revendique une participation à ce triomphe, même le Parti du Congrès. La formation politique se targue d’avoir présidé à l’émergence de “l’Inde qui réussit”. Mais l’Inde qui réussit quoi ? Dans le cas de Slumdog Millionaire, la principale contribution de notre pays et de nos partis politiques est d’avoir fourni un environnement authentique et dramatique de pauvreté et de violence en toile de fond du film. Vous appelez ça une réussite ? Et faut-il s’en féliciter ? Avons-nous de quoi être fiers ? Franchement, c’est au-delà du ridicule. Le film n’accuse personne, ne demande de comptes à personne. C’est pour cela que tout le monde est content. Et c’est bien ce qui me dérange. Slumdog Millionaire ne contredit pas le mythe de “l’Inde qui brille” [slogan électoral du BJP, le parti nationaliste hindou, en 2004], bien au contraire. Il se contente de “glamouriser” l’Inde qui ne brille pas. Ce film ne présente pas le même panache, l’humour ou l’aspect politique dont le réalisateur [Danny Boyle] et l’auteur du livre original [Vikas Swarup] témoignent dans leurs autres œuvres. Il ne mérite certainement pas le déchaînement de passion qu’il suscite actuellement. Le scénario est simpliste et les dialogues plus que médiocres, ce qui m’a étonnée car j’avais beaucoup aimé The Full Monty (écrit par le même dialoguiste [Simon Beaufoy]). L’accumulation des stéréotypes, des clichés et de l’horreur font de ce film une version cinématographique d’Alice au pays des merveilles, sauf qu’ici il s’agirait plutôt de “Jamal au pays des horreurs”. Ce film a pour seul effet d’aseptiser la réalité. Les “méchants” qui kidnappent et mutilent les enfants avant de les vendre à des bordels me font penser à Glenn Close dans les 101 Dalmatiens. D’un point de vue politique, le film décontextualise la pauvreté en en faisant un simple accessoire dramatique. La pauvreté est dissociée des pauvres, c’est un paysage, au même titre que le désert, une chaîne de montagnes ou une plage exotique. La pauvreté est traitée comme une fatalité, non comme le fait des hommes.

Tandis que la caméra se promène volontiers dans les bidonvilles, les créatures qui les peuplent sont sélectionnées avec soin. Choisir [pour les rôles principaux] un homme et une femme portant les marques physiques de leur enfance dans les bidonvilles, les séquelles de la malnutrition, de la violence et des épreuves qu’ils ont pu traverser n’aurait pas donné une affiche suffisamment attrayante. Le réalisateur a donc choisi un top-modèle indien [Freida Pinto] et un jeune Britannique [Dev Patel, qui joue dans la série Skins]. La scène de torture dans le commissariat de police est une insulte à l’intelligence du spectateur. La confiance émanant de ce jeune “chien des bidonvilles”, si manifestement britannique, dépasse largement le policier, si typiquement in­dien, alors que c’est lui qui est censé avoir l’ascendant sur le jeune garçon. La couleur de peau que les deux acteurs ont en commun ne suffit pas à masquer des différences plus profondes. Le problème n’est pas qu’ils soient bons ou mauvais acteurs, c’est une question de ton. C’est comme si les jeunes Noirs des ghettos de Chicago parlaient avec un accent de Yale. Bon nombre de messages sont ainsi brouillés dans le film.

Il ne s’agit pas d’ergoter sur le réalisme de la production, de dire que le film n’aurait pas dû être tourné en anglais ou d’affirmer sottement que des étrangers ne pourront jamais comprendre les mystères de l’Inde. Je pense que beaucoup de réalisateurs indiens tombent dans le même piège. Slumdog Millionaire n’est que la version bon marché du grand rêve capitaliste dans lequel la politique est remplacée par un jeu télévisé : une loterie dans laquelle le rêve d’un seul devient réalité tandis que celui de millions d’autres leur est refusé. Ces derniers se raccrochent à une chimère : travaillez dur, soyez gentils et avec un peu de chance vous pourriez devenir millionnaires. Selon certains spécialistes, le succès du film repose sur le fait que, à l’heure où de plus en plus de riches Occidentaux sont menacés par la misère, les histoires de pauvres qui réussissent sont autant de messages d’espoir auxquels se raccrocher. Voilà une idée terrifiante. L’espoir devrait se fonder sur des choses plus solides.

Cet article me donne à réfléchir!