J’ai enfin trouvé les Moghols! (lectures)

SAISON INDIENNE

mausolée d'Akbar

Pour préparer notre voyage à Delhi, Agra et le Rajasthan j’ai abordé mes recherches bibliographiques dans le plus grand désordre. Je n’imaginais pas la richesse de la documentation, ni sa variété. Le mot-clé « Inde » n’était pas opérationnel. J’ai donc découvert une littérature indienne foisonnante, des essais, des relations de voyage….

En visitant  plusieurs « Forts Rouges » et les palais du Rajasthan, je me suis rendue compte que j’aurais mieux fait de me documenter plus sur les Moghols.

La meilleure introduction, ce n’est pas un livre mais le film Jodhâa et Akbar qui m’a fourni des personnages en chair et en os pour peupler ces grands forts et palais.

Le Diamant des Moghols d’Alex Rutherford (Pygmalion)  raconte la vie de Babur, (1483-1530) premier Moghol qui a conquis l’Hindoustan venant de Ferghana (Ouzbékistan), arrière-petit-fils de Timur (Tamerlan) qui lui-même prit Delhi en 1398.

Ce roman historique fait la place belle aux faits d’armes et aux intrigues. Le long siège de Samarcande a commencé de me lasser, les combats contre les tribus hostiles ouzbèkes m’ont fait abandonner la lecture, avant même que Babur n’entre en Inde.

J’aurais préféré lire quelques extraits du journal de Babur, lettré qui rédigea sont autobiographie.

 

Le Songe du Taj Mahal de Christian Petit (Fayard)

C’est aussi un roman historique, mais plus aimable, dse déroulant à la cour de Jahangir

Janhangir

(1605-1627) à qui succéda Shah Jahan. Le héros de l’histoire est un joailler de Bordeaux entraîné dans des aventures rocambolesques à Londres où il doit livrer un collier merveilleux au roi Jacques 1er . Sauvé par un magicien indien Birbal qui devient son ami il le suit jusqu’à Agra, alors capitale de l’empire Moghol où il devient ingénieur des arts du Grand Moghol. Intrigues de cour, histoires d’amour courtisanes ou princesses.

 

 

L’histoire se poursuit pendant le règne de Shah Jahan et on y voit mourir Mumtaz et construire le Taj Mahal.

L’histoire d’Augustin Hiriart de Bordeaux est une très agréable et facile lecture, roman d’aventure et roman d’amour, je me suis laissé prendre même si le roman historique n’a pas la saveur des relations des voyageurs de l’époque.

Les Voyages en Orient du Baron d’Aubonne (1605-1689) de Jean-Baptiste Tavernier

Cette relation de voyage est un texte qui a toute la saveur de l’original. Merveilleux observateur Tavernier raconte la vie en Perse et en Indes en textes courts et très vivants. Le Moghol est alors Aurengzeb peut être moins prestigieux que ses prédécesseurs puisqu’il n’a pas laissé de mausolées comme les autres grands Moghols.

Taj Mahal


 

Promenade avec les dieux de l’Inde – Catherine Clément

SAISON INDIENNE

Promenade avec les dieux de l’Inde est l’adaptation d’une série d’émissions diffusées sur France Culture, annonce le 4ème de couverture. L’auteur adopte ici le ton de la conteuse pour aborder les mythes hindous et les grandes épopées que sont le Râmâyana et le Mahâbhârata, entre autres. Courts chapitres, ton alerte souvent ironique, où la spécialiste de la psychanalyse nous régale de symboles, d’allusions rigolotes.

Une de mes découvertes (et il y en a beaucoup) est celle de Ganga, déesse du Gange, décrite  non pas comme majestueuse mais comme une fillette capricieuse

p 58  « Regardons la tête de Shiva. Il a au sommet du crâne le chignon que portent les ascètes, une sorte de boucle qui ressemble à la coiffure de Simone Signoret dans Casque d’or/ Et dans ce chignon roulé apparaissent le croissant de lune jailli de  la mer de lait, et une toute petite tête de femme mignonne, qui crache de l’eau.

Qui est cette jolie petite tête de femme crachant de l’eau? Eh bien c’est Ganga, la déesse du Gange. [….]

Elle vit dans les cieux. C’est une jeune déesse, peut être une fillette. Elle est insupportable. Elle habite peut être l’un des orteils de Vichnou […]seulement Ganga c' »est ne malicieuse « ah oui, dit-elle, je veux bien descendre, mais, je vous préviens, je vais inonder la Terre, je veux faire du dégât! »  […]

Voici donc Bhagirat perché sur une patte pour convaincre Shiva de se placer sous la voûte du ciel et d’attraper Ganga dans ses cheveux à l’instant où elle va sauter. Et Shiva se poste sous le ciel »

Bien sûr, Catherine Clément rend compte de la richesse et de la diversité des personnages des légendes. Dans son récit du Mahâbhârata, je me suis un peu perdue, malgré son souci de faire simple….Mais je ne m’en lasse pas, entre les bas-reliefs, d’Angkor, commentés par notre guide Prun, les explications d’Alexandra David Neel, et cette promenade charmante, j’en redemande!

 

Amal film de Richa Mehta (DVD) Inde/Canada

SAISON INDIENNE

Sometimes the poorest of men are the richest

Est le sous-titre de ce film.

 

 

 

Film Indien ou Canadien?

Indien puisque une bonne partie des dialogues est en Hindi, et que l’action se déroule à Delhi! Canadien par son format, son rythme et l’absence des ingrédients de Bollywood : chants et danse.

A bord du rickshaw d’Amal je vois mieux Delhi que du taxi de notre voyage. Amal accompagne les enfants riches à l’école chaque matin, il effectue toute les livraisons de la jolie épicière, et entre les clients réguliers charge des inconnus. Il passe dans les ruelles poussiéreuses et étroite du vieux Delhi et par les larges avenues de New Delhi. J’ai reconnu seulement India Gate. Amal est heureux et fier de conduire le rickshaw de son père qu’il gagera pourtant pour obtenir un prêt qui lui permettra de payer l’hôpital d’une petite fille accidentée sous les yeux.  Amal ne sait pas qu’il est passé à côté de la fortune. Il conduit à nouveau à bord d’un rickshaw retapé. A l’autre bout de l’échelle sociale, des riches se déchirent pour toucher l’héritage d’un vieil homme. Et le film va de l’extrême richesse à la grande pauvreté. A l’image de Delhi.

Et pourtant un autre changement menace : le métro!

Les Voyages en Orient du Baron d’Aubonne 1605-1689 Jean Baptiste Tavernier

VOYAGE EN ORIENT

En 1676, Jean Baptiste Tavernier publia une relation de ses 6 voyages en Turquie en Perse et aux Indes. L’ouvrage que présente Favre en est un abrégé.

Dès l’âge de 15ans Tavernier parcourt l’Europe, page au service des Princes. Il se fait marchand de pierres précieuses et d’objets susceptibles de plaire aux souverains orientaux. Il partage ainsi les caravanes des marchands, racontant la vie des caravaniers. Il traverse ainsi la Turquie, l’Arménie, la Perse et finalement l’Inde.

Ses récits sont synthétiques, il ne s’attache pas à un voyage particulier. En textes courts et précis, il   donne une description très vivante des curiosités qu’il a observées.

Certains détails sont pratiques : la gomme à mâcher (mastic) de Chios, la recette du caviar d’Ephèse. Quand il raconte la vie de caravane ou de caravansérail, ses indications sont précises, utiles aux voyageurs et aux marchands.

Dans son négoce, il a l’occasion de fréquenter les Grands de Perse ou des Indes. Nous le suivons dans l’intimité des rois et ministres et découvrons une Perse administrée d’une main de fer, le Shah n’hésitant pas à se promener incognito sur les marché pour vérifier l’exactitude des balances, rendant la justice. De nombreuses anecdotes égaient la lecture.

A l’occasion Tavernier décrit les mœurs et les religions : Sunnites et Chiites, mais aussi Gaurs (parsis) en Perse, Hindous qu’il appelle idolâtres. A l’occasion, il fait une visite à l’Inquisiteur de Goa où sa Bible protestante n’est pas la bienvenue.

En Inde, il assiste à la construction du Taj Mahal, rencontre Aurengzeb et assiste à sa pesée, visite les mines de diamant, raconte le martyre des Satis qui sont brûlées avec leurs maris…

Ce qui est un peu étrange c’est la fréquence avec laquelle l’auteur traite de boissons alcoolisées, surtout en Perse ou chez le Moghol.

Lecture jubilatoire et facile. Un vrai plaisir!

Devdas – Sanjay Leela Bhansali -(DVD) Bollywoodissime!

SAISON INDIENNE

jaquette du DVD

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Présenté à Cannes en 2003, adaptation d’un roman célèbre, film-culte indien….

Je m’attendais à passer une excellente soirée, et pourtant après 2heures (les films indiens sont plus longs que les occidentaux), j’ai éteint le poste de colère.

Devdas est une tête à claques!

Enfant gâté, fils à maman,   aristocrate sans caractère, fils de propriétaire méprisant sa charmante amie d’enfance, Paro, de caste est inférieure, macho insupportable insultant la belle Chandramukhi, la traitant de prostituée avec mépris, arrivant ivre aux funérailles de son père, trainant des regards langoureux. Quel détestable amoureux! Et on voudrait croire à la passion? A d’autres!

La collègue qui m’avait prêté le DVD m’a demandé : mais as-tu vu la fin?

J’ai remis le film dans le lecteur : fin très morale, Devddas s’enfonçant dans l’éthylisme et l’abjection….

la jolie Paro et sa lampe

 

 

 

 

 

 

 

Un héros détestable ne fait pas forcément un mauvais film!

Les décors sont flamboyants, scintillants, dignes des plus beaux palais des maharajahs! Les scènes de danses et la musique sont extraordinaires. Parallèles entre la mythologie et l’histoire : c’est la passion de Krishna et de Rhada qui est évoquée.

Chandramukhi danse Rhada et Krishna

La danse de Chandramukhi est un véritable chef d’oeuvre (à mon sens, je ne suis cependant pas spécialiste)

L’Equilibre du Monde

SAISON INDIENNE

J’aime m’immerger dans un roman-fleuve, 900 pages presque, pendant une semaine fréquenter assidument les personnages, les retrouver après la journée de travail, ou le matin.

Je me suis attachée aux tailleurs, Ishvar et Omprakash, son neveu. Le père d’Ishvar et de son frère Narayan, a eu l’audace de sortir du destin de sa caste, des cordonniers intouchables, pour mettre ses fils en apprentissage chez un tailleur musulman. On ne quitte pas sa caste impunément. Même dans l’Inde démocratique, on ne réclame pas son droit de vote sans mettre sa vie en danger.Le roman nous conduit dans un village où ces coutumes sont encore vivaces.

Si le système des castes est encore vivace dans les années 70, un autre phénomène va menacer les tailleurs : l’arrivée du prêt-à-porter qui ruine les artisans et pousse Ishvar et Om vers la grand ville, Bombay, à la recherche d’un avenir meilleur.

Deux Parsis, plus favorisés, vont croiser leur destinée. Dina Dalal, veuve courageuse, a préféré un mariage d’amour et son indépendance à l’avenir que lui offrait son frère, un mariage arrangé avec un homme d’affaires. La vie n’est pas facile pour les femmes seules et Dina Dalal se retrouve ruinée et déclassée avec pour seule richesse un appartement bien situé en location et ses talents de couturière à domicile, et quelques relations. Elle va saisir l’occasion du prêt à porter pour transformer son appartement en atelier de couture et prendre un locataire : l’étudiant Maneck, également parsi  et d’origine bourgeoise. L’épicerie de son père dans les montagnes enneigées n’est plus source de richesse comme aux générations précédentes. La spécialité familiale, une limonade artisanale : le Coca Kohla(le nom de famille de Maneck est Kohla) subit la concurrence des sodas industriels. Il part donc en ville étudier la climatisation, métier d’avenir. C’est une coïncidence : je venais de fermer le livre qu’à la télévision, on annonçait que, après le Kerala, le Rajasthan, assignait Coca-Cola en justice pour utilisation abusive de l’eau.( leMonde du 03052011)

Les quatre personnages se lieront après de nombreuses péripéties, découvriront la solidarité symbolisée par le couvre-lit en patchwork que Dina confectionne avec les chutes de tissu.

La richesse du roman est la variété des personnages, issus de milieux sociaux, de religions différentes: on croise des hindous mais aussi une famille musulmane, des parsis un chauffeur de taxi sikh, des personnages aux professions improbables comme des mendiants, des facilitateurs auprès des autorités, des policiers véreux, des médecins du Planning Familial, un crieur de slogans politiques, ancien correcteur d’imprimerie, nouveau juriste….

Si les prémisses du romans se situent du temps de Gandhi et de la Partition, l’essentiel de l’action se déroule sur une année 1976 qui est celle de l’État d’Urgence décrété par Indira Gandhi, alors premier Ministre. La violence d’État est inimaginable, destruction des bidonvilles, arrestations arbitraires, stérilisations forcées, corruption à tous les niveaux de l’Etat.

Les deux tailleurs seront les victimes de cette violence. Maneck et Dina, d’origine bourgeoise, s’en sortiront mieux.

 

 

Souvenirs de Rabindranath Tagore

SAISON INDIENNE

Rabindranath Tagore a hanté ma saison  indienne : scénarios de Satyajit Ray,contemporain de Gandhi, inspirateur des chanteurs Bauls, et référence de nombreux écrivains indiens que j’ai lus. J’ai quelquefois une certaine timidité envers les monuments de la littérature: Tagore est Prix Nobel 1913, appréhension, serais-je capable de comprendre, d’apprécier?

Tagore, le peintre, m’a éblouie, dans ses couleurs et il n’est peut être pas indifférent que le livre s’ouvre ainsi :

« Je ne sais qui peint des images sur les écrans de notre mémoire, mais à coup sûr, ses tableaux sont des œuvres d’art. Il ne reproduit pas machinalement tout ce qui se passe. Il prend et laisse ce qui lui plait, agrandit ou diminue les évènements, sans scrupule, il relègue au second plan ce qui se trouvait au premier et met en vue ce qui se cachait en arrière; en un mot, son  œuvre est celle d’un peintre et non d’un historien…. »

Ne pas extrapoler trop!  les tableaux de l’exposition(1930) sont largement postérieurs à l’écriture de ce livre(1912).

Tagore raconte ses souvenirs d’enfance et de jeunesse à Calcutta, ses premiers voyages jusqu’en Himalaya avec son père, ses études à Londres à 17 ans et le début de sa renommée d’écrivain.

Rabindranath Tagore aurait peut être pu croiser Kim à bord du train qui le conduisait en Himalaya? Il ne se seraient sans doute pas vus! Kim vivant comme les indiens de basse caste, hantant les bazars et la jungle, tandis que Tagore, le bramine, a passé son enfance confiné dans un  palais instruit par de nombreux maîtres de culture classique, de bengali ancien, de sanscrit écrivant en vers dans un style antique, des demandes les plus triviales (comme la demande de prêt d’un livre). Les mystères que l’enfant a déchiffré ne sont pas des messages codés des militaires, mais plutôt la poésie des livres anciens inaccessibles. Son imagination comble les passages obscurs entre les mots qu’il comprend, il voit dans cette lecture une grande poésie.

L’enfant confiné dans des appartements sous la « servocratie » des domestiques acquiert un sentiment très aigu du « dehors et du de-dans », contemplatif, il découvre des charmes insoupçonnés à un bassin, au fleuve, à un jardin à moitié sauvage qui lui fait un effet de jardin d’Eden. Cette conscience de l’enfermement a sans doute présidé à son souci de l’enfermement des femmes dans La Maison et le Monde (je viens de visionner le DVD)

 

 

 

 

 

 

 

Plus tard, le jeune homme, avec ses frères montent une société patriotique secrète dont l’activité principale se résume à des pique-nique s dans des propriétés délaissées par leurs occupants… Bien que bercé en bengali et même en sanskrit, ayant étudié les épopées traditionnelles et la musique hindoue, il analyse aussi ce que les lettrés bengalis de sa génération doivent à Shakespeare ou à Byron.

Plus qu’à Kim, je pense au jeune Chateaubriand…

Water – film de Deepa Mehta (DVD)

 

SAISON INDIENNE

Dernier film de la trilogie de Deepa Mehta : Fire, Earth et Water. Ce n’est pas du cinéma de Bollywood. Réalisé avec la télévision canadienne,  tourné en partie au Sri Lanka, hors des conventions habituelles du cinéma indien, il aborde le sujet douloureux des veuves.

Chuya, la petite veuve

Quel âge peut avoir la petite veuve dont on rase la tête et qu’on habille de blanc? Sept ou huit ans. Son père l’abandonne dans la maison-refuge des veuves parmi des femmes de tout âge. La plantureuse matrone qui règne sur la cour ne l’impressionne pas, Chuya de fureur, lui mord la cheville de ses jeunes dents de « petite souris ». Elle est pleine d’énergie et capable des colères puissantes des jeunes enfants.

Kalyani, la  seule qui soit coiffée d’une abondante chevelure, vit à l’écart à l’étage. Elle élève en cachette un chiot et consolera Chuya lui faisant partager ses dévotions à Krishna. Je ne comprendrai que plus tard son éloignement des autres femmes. Une autre veuve exerce une autorité naturelle : dévote, austère, elle est aussi la seule femme instruite de l’ashram. Certaines sont infantiles, mariées enfants, elles n’ont rien connu du monde et rêvent de sucreries…Dans la résignation et la dévotion l’énergie de Chuya explose.

Film d’eau qui commence dans un champ de lotus, se poursuit le long du fleuve où se déroulent crémations et ablutions.  Obsession des purifications, pureté des castes. Le contact fortuit avec une veuve apparaît comme une souillure. Film de pluie bienfaisante qui apporte une joie éphémère pendant l’averse.

Film bleu. Bleu, la couleur de Krishna, dit Kalyani. Une lumière bleutée baigne la cour aux murs grisâtres, les saris blancs des veuves. Traces de peinture bleue qui s’écaille sur les planches patinées de l’étage. Le rouge n’apparaît qu’en flash-back: images de ces noces funestes qui ont lié ces femmes à un homme autrefois. Jaune et rose de la fête de Holi, un instant de bonheur. Ambiance nocturne souvent.

Recherche esthétique : certaines scènes sont sublimes : la rencontre de Kalyani de de Narayan sous un ciel rosissant, le jeune homme joue de la flûte comme Krishna.

 

Lire également cette critique

 

 

 

La figure de Gandhi se profile : l’action se situe en 1938. Évoqué par les deux amis diplômés, par les veuves de l’ashram qui n’apprécient pas son action en faveur des Intouchables. Plus défavorisés que les veuves, les Intouchables, voire….Joie de la population quand Gandhi est libéré de prison,  la foule converge vers la gare où se trouve le train de Gandhi, porteur de tous les espoirs!

 

La Maison et le Monde – Satyajit Ray (DVD)

SAISON INDIENNE

 

1984, film en couleur d’après le roman de Rabindranath Tagore. Est-ce un film historique racontant un épisode de l’histoire de l’Inde ?
La partition du Bengale en 1905 par Lord Curzon entre Musulmans et Hindous entraîna une réaction des  nationalistes et le boycott des produits anglais par le mouvement swadeshi.
Est-ce un drame entre trois personnages dans un palais indien?
Nakhil, le mari, homme moderne et ouvert, veut que sa femme soit libre. Il lui offre l’instruction et surtout la conduit en dehors des appartements réservés aux femmes dans une scène magnifique : le couple progresse lentement sur une galerie, majestueusement. Bimala,  élevée dans la réserve convenant à une femme indienne, apprend vite. L’anglais, le piano et le chant, certes, mais aussi la politique. Quand Nakhil veut lui faire rencontrer Sandip, leader nationaliste, qui est également son ami, son opinion est faite et ce n’est pas celle de son mari! les deux hommes sont d’abord émerveillés de cette indépendance d’esprit. Sandip veut utiliser Bimala pour ployer Nakhil qui s’oppose au boycott sur son domaine. Leur collaboration ne restera pas longtemps dans le champ intellectuel pur. Il s’éprend de la jeune femme. Résistera-t-elle à la séduction de cet homme qui joue aussi de séduction (si ce n’est de démagogie) quand il manie les foules.? Le film tourne au « mélo flamboyant« (dixit Télérama). Ne pas spoiler!
L’art de Ray, que j’ai découvert dans le Salon de Musique en noir et blanc, s’est enrichi de  couleurs mais le soin des plans, du cadrage et surtout des jeux d’ombres et de lumières est toujours magistral. Merveilleuse scène de la sortie du gynécée, merveilleuse image des raies d’ombres des stores sur le visage de Bimala qui écoule le discours nationaliste à la fenêtre. Magnifique moment où Bimala plie son sari en chantant, d’abord la mélodie anglaise puis un chant hindou, le temps s’étire sur toute la longueur des 6 mètres de soie
Bimala et Nakhil
A la fin du film, je me pose des questions: est-ce que le rejet du démagogue intéressé est le rejet du nationalisme qui joue sur l’affectif avec des slogans simplistes plutôt que sur la réflexion?
Dans le boycott des produits importés on retrouve les campagnes de boycott de Gandhi, Gandhi serait-il dénoncé ici?
La trahison de Bimala vis à vis de son mari est-elle  fortuite ou est-elle une preuve de la faiblesse féminine?
Un excellent article analysant le livre de Tagore apporte des réponses.
Extrait

 

Révisions

Les peintures de Tagore au Petit Palais

SAISON INDIENNE

On connaît Tagore comme poète, écrivain, prix Nobel 1913 moins comme musicien et comme peintre. L’exposition du Petit Palais « Dernière Moisson » présente 85 œuvres sur papier, encres, pastels ou aquarelles de premier plan. Ce n’est pas la première exposition de Tagore à Paris : dans les années 30, Anna de Noailles avait parrainé une exposition du poète et écrit la préface du catalogue (visible dans une vitrine).

C’est sur le tard, passé  60 ans, que Tagore a fait œuvre de plasticien : d’abord en jouant avec les ratures sur ses manuscrits (merveilleuse calligraphie indienne) puis avec ces « gribouillis » sont arrivés des animaux monstrueux. Le bestiaire extraordinaire occupe la première salle. Fantastique? humour? on ne sait comment interpréter ces tableaux étonnants. La figure humaine est aussi largement présente : portraits presque des caricatures d’hommes et figures féminines très douces. Ses paysages sont souvent nocturnes, masses sombres tranchant sur un ciel jaune, temples ou feuillages. Un mur porte des fleurs d’une délicatesse rare…

Assez petits formats sous verre. Les encres ont des tons métalliques, les oranges sont dorés, les noirs épais et mats. Quand on s’approche on admire la finesse du graphisme.

A la fin de l’exposition une vidéo passionnante raconte la vie de Tagore : paysages du Bengale actuel, extraits de films de Satyajit Ray mais aussi interviews d’un poète de Calcutta et d’un peintre qui souligne les parentés entre l’œuvre picturale de Tagore avec la peinture occidentale de l’époque : fascination des primitifs mais aussi Art Nouveau, il évoque aussi l’expressionnisme et Emil Nolde. J’ai le grand plaisir de retrouver les musiciens Bauls dont j’ai récemment fait connaissance. Le fil conducteur de cette biographie est justement le récit  chanté qu’un artiste de rue fait de la vie du grand homme à la manière des épopées historiques ou des textes sacrés du Râmâyana ou Mahabarata, déroulant une toile naïve illustrant les différents épisodes.

http://www.dailymotion.com/swf/video/xoe1bx<br /><a href= »http://www.dailymotion.com/video/xoe1bx_rabindranath-tagore-au-petit-palais_creation &raquo; target= »_blank »>Rabindranath Tagore au Petit Palais</a> <i>par <a href= »http://www.dailymotion.com/mairiedeparis &raquo; target= »_blank »>mairiedeparis</a></i>

Ma « Saison Indienne » avait commencé dans ces mêmes salles au Petit Palais avec l’exposition photo, Elles Changent l’Inde, à 5 jours de notre départ, je suis contente de me retrouver dans ces lieux familiers avant le grand saut dans le dépaysement.