Le titre aurait dû être L’Exposition Internationale des arts décoratifs et industriels modernes à Paris 1925 . L’exposition de la Cité de l’Architecture se concentre sur cette Exposition Internationale et présente quelques pavillons réalisés par des architectes de renom. 150 pavillons dont une centaine français et de nombreux étrangers, l’Allemagne exclue, les USA empêchés.
Jiriart Tribout Pavillon des Galeries Lafayette
Ces constructions se devaient être des créations originales et modernes. Plusieurs contraintes pesaient sur leur conception :les pavillons devaient être démontables, la hauteur imposée 5 m, et les arbres et la végétation ne devait subir aucun dégât.
MALLET STEVENS : pavillon des renseignements et du tourisme
Robert Mallet Stevens (1886-1945) a intégré les arts appliqués et a travaillé en collaboration avec des sculpteurs, vitraillistes .
Albert Laprade – Pavillon eu magasin du Louvre
Albert Laprade a commencé sa carrière au Maroc, réalisé aussi le palais de la Porte Dorée. C’est un des premiers inventeurs des jardins contemporains
Le Corbusier (1887-1965) a construit le Pavillon de l’Esprit Nouveau avec un arbre inclus dans la terrasse-jardin (pas facile à photographier j’ai loupé la photo)
PERRET GRANET Théâtre de l’Exposition
Auguste, Gustave Perret et André Granet ont conçu un théâtre très épuré, très clair
Favier décor pour le pavillon de l’Intransigeant
Favier et Brandtont aussi fait des grilles pour la Porte d’Honneur de toute finesse
Favier et Brandt grilles
Il faudrait aussi citer Süeet Mare parmi les fondateurs de l’Art Déco ainsi que Marast qui a aussi imaginé l’église de Vincennes des Jardins, de conception méditerranéenne
Exposition très pointue, pédagogique mais uniquement centrée sur l’Exposition. J’attendais aussi des constructions Art Nouveau dans les environs…
Les textiles, cotonnades, indiennes voyagèrent de l’Inde à la France en nombreux allers-retours, influences s’entrepénétrant, comme chaîne et trame d’un tissage métissé. J’avais déjà vu ces influences à Orange à la présentation de la fabrique Wetter où étaient manufacturées des « indiennes » et au Musée de la Toile de Jouy.
L’Exposition « Ce qui se trame « se déroule sous le patronage des Manufactures nationales, de l’Institut Français, de l’Ambassade de France en Indemais aussi de Louboutin, directeur créatif de l’exposition, de la Maison Lesage Intérieurs et 19M, et enfin, du programme de résidences artistiques à la Villa Swatagam.
L’Antichambre
La visite commence dans l‘Antichambre, exemple parfait de métissage : le mobilier, la cheminée et ses bûches, le lampadaires sont tapissée de cotonnade aux motifs et couleurs indiennes . Tendues, au-dessus de nos têtes, des lanières de tissu figurant la toile d’une tente moghole. Sur le mur d’entrée aux arcades indiennes on a tendu de la toile de Jouy aux motifs bucoliques, images de France…métissage inversé.
Nid contenant une tente moghole
Rouge indien, rouge voisin du corail et bleu de l’indigo, les couleurs indiennes de base. Le nid inversé sur un miroir où est posée une tente moghole est l’œuvre de Lesage, contemporaine et surprenante.
madame de Pompadour et un caraco d’Indienne
Quand Madame de Pompadourfaisait la mode à la Cour, l’indienne était de tous les accessoires, ici en caraco sur une jupe de coton. Le coton venait d’Inde.
Broderies de Sumakshi Singh
La salle suivante est blanche, blanche comme la dentelle d’Alençon, ou la mousseline brodée. Dentelle de France, broderie indienne, s’épousent s’échangent. Le blanc est la couleur de deuil en Inde. Une merveilleuse installation Blueprint of Before and After de Sumakhsi Sing CLIC est composée de très fines broderies sur des modèles végétaux, feuilles de lotus ou d’herbes aquatiques suspendues par des fils presque invisibles. Légèreté, transparence. Les broderies étaient sur un support que la brodeuse a dissous chimiquement pour qu’il ne reste que ces nervures. la disparition de la matière pour ne garder que le squelette correspond à ce thème du deuil. A la fragilité de la vie. Je suis revenue contempler cette oeuvre qui me plaisait beaucoup à la fin de la visite. De la fenêtre venait une lumière rose du coucher du soleil éclairant les motifs et leur donnant un aspect nouveau.
au coucher du soleil la lumière rose colore les broderies de Sumakshi Singh
Rouges panneaux qui se répondent : tentures napoléoniennes de la salle du trône du Palais de Versailles avec les pans des tentes mogholes. Sari brodé, caftan contemporain.
Pan de tente moghole
et au plafond des fils d’or tendus d’un tissage d’une finesse évanescente tandis qu’au milieu de la salle Lakshmi Modhavan CLICa installé une 96 navettes de bois chargées de fil d’or sauf certaines contenant des cheveux noirs de son fils, symbolisant la transmission de la tradition et de son savoir de tisseuse. Le tissage à la main de ces fils d’or est si fin que des mots se lisent par transparence EVERYBODY /ANYBODY/NOBODY:
Fil d’ors fins comme un cheveu et leur ombre portée
suspendus le Kalamkari au cyprès (voir ci-dessus) imprimé au bloc, découpé, appliqué sur un fin voile de coton puis rebrodé au point de chaînette pour dessiner les deux paons, deux tigres et des antilopes.
motifs floraux garance et indigo
Des tissus indiens de légende comme le Chintz peint et teint à la main de délicate fleurs garance et indigo. Shantushsi fin qu’il passe à travers un anneau, pashmina
Un escalier monumental conduit à l’étage : sur un écran un film montre les différentes façons de porter le sari. A Varanasi des pèlerins de toute condition vont vers le Gange, des jeunes élégantes le plissent, le replient, en font un voile ou une étole…
Défilé Haute couture
Nous sommes arrivées dans la salle du défilé Haute Couture où des couturiers européens ou indien ont interprété le thème du sari. La robe satin rose est de Christian Dior, The golden Ascendant de l’Indien Gaurav Gupta, la robe du soir d’Yves Saint Laurent. Tandis que Chanel est en organza orange (tunique et bermuda). Spectaculaires anneaux de saturne de Schiaparelli
Anneaux de Saturne de Schiaparelli
Le décor est une immense tapisserie à fond vert et motifs végétaux The flower we grew de Rithika Merchant, Chanakya, CLIC
motif de la tapisserie
réalisée pour le défilé de Christian Dior au Musée Rodin. Elle est composée de 37 panneaux et a nécessité 144000 heures de travail par 306 artisans.
la salle suivante est sur le thème « Sculpter le corps des femmes »
Made in India – Leila Alaoui
la photographe a réalisé les photographies des ouvrières du textile en faisant leur portrait en pied dans une cabine à fond noir. Elle a gagné leur confiance puis monté 18 photographies de leurs mains ravagées par le travail manuel. (la Haute couture et le Luxe sont loin!)
Dans les sculptures du corps, une très dérangeante Vénus ouverte de Jeanne Vicérial CLIC
Un très grand panneau indigo clôture cette séquence. Indigo de l’Inde. Cascades de fils.
indigo
On entre dans la salle DENIM, denim, la toile des jeans, qui intégre la ville de Nîmes qui lui a donné son nom et l’indigo de l’Inde. Dans cette salle des poufs, canapés invitent à se poser pour regarder le film qui détaille les techniques de teinture au bloc, les broderies avec des paillettes, des perles, les incrustations….
Et pour terminer un retour à la Manufacture de Gobelins avec la grande tapisserie du Corbusier. Le Corbusier a dessiné la ville futuriste de Chandigarth en Inde.
en conclusion : une exposition merveilleuse qui ne restera que jusqu’au 4 janvier. Courrez aux Gobelins!
Le 13 décembre 2025, a été inauguré le téléphérique urbain long de 4.5 km reliant La Pointe du Lac (et la ligne 8 du métro) à Villeneuve-Saint Georges- Villa-Nova. En passant par Valenton, Limeil-Brévannes. Inauguration festive avec des jeux pour les enfants, des ateliers, visites naturalistes et même carnaval. La foule était au rendez-vous, surtout les familles, enfants venant des communes mal reliées par des autobus et même complètement enclavées dans des zones ferroviaires, industrielles.
Je me suis précipitée pour un survol du territoire . On comprend vite pourquoi la solution aérienne s’est imposée pour relier les communes.
RN 406 – SIAAP (assainissement) – ligne haute tension
Les premiers obstacles évités par le téléphérique : la 4 voies RN 406 puis le terrain occupé par le SIAAP (traitement des eaux usées)malheureusement les gros yeux peints par JR que l’on découvre de la route ne sont pas visibles sur les citernes . En revanche on découvre les plans d’eau, les zones naturelles entourant les installations d’épuration. Passe le TGV. Encore un obstacle terrestre à la circulation;
Lignes SNCF à l’approche de Villeneuve-triage
l’emprise de la SNCF est impressionnante. On pourrait deviner les parkings et les endroits de déchargement des containers. Les autobus doivent contourner ces obstacles, ce qui allonge considérablement les temps des trajets.
La plage bleue.
La première station du C1 se trouve à quelques centaines de mètres de la Plage bleue, parc entourant une pièce d’eau. Lieu de mes promenades que je découvre vu du ciel.
La seconde Valenton se trouve au pied de la pente plantée d’un agréable parc Le Parc Saint Martin traversé par la coulée verte, ou Végétale (anciennement TGVal) des arbres anciens sont complétés par de nouvelles plantations. La station La Végétale. La grosse boite argentée de la station est perchée sur le plateau de Brie, toute proche de la nature : au dessus du Parc Saint Martin et des Bois de Granville traversé par la belle piste piétonne ou cycliste . Le Câble est coudé et fait un angle pour se diriger vers Villeneuve. Sous les cabines, le territoire est alors peu attrayant, entrepôts, constructions diffuses pavillons mais aussi caravanes, même des sortes de cabanes de jardin puis des cimetières très étendus. De grands immeubles se succèdent ensuite. Seul attraction : du street art a été réalisé sur une façade aveugle : un magnifique héron fantaisie et plus lins un grand panneau en camaïeu rose orange cubiste moins réussi.
Il y a foule à la station Villa-Nova, une grande queue attend pour descendre à Créteil, toujours les mêmes jeux pour enfants, une troupe de danseurs et percussionnistes, et surtout une maquette du quartier des Castors, des cheminots ont construits eux même leur pavillon dans une sorte de cité-jardin, initiative tout à fait étonnante.
Au retour une étape à La Végétale j’emprunte la coulée verte, découvre un verger pédagogique, un champ – curieuse incursion de la vraie campagne – et la Végétales’enfonce dans le bois. Une promenade rejoint le RER A à Boissy Saint Léger. Un autre itinéraire va rejoindre le Bois de la Grange et le château du Maréchal de Saxe, au km 7 de la voie verte qui rejoindra au km 17 Santeny puis le Chemin des Roses, 20 km rn Seine et Marne. Le Câble est donc le moyen de faire de très belles randonnées-nature et aussi des circuits-vélo puisqu’il est possible d’emporter sa bicyclette dans les cabines.
J’ai parfois un gros coup de cœur pour un personnage découvert lors d’une exposition. Une découverte! Je n’avais jamais entendu parler de la galériste. Et je n’avais plus envie de la quitter sans mieux la connaître.
Disponible sur Kindle, j’ai téléchargé la biographie que lui a consacré Marianne Le Morvan. Elle est la Directrice et fondatrice des archives de Berthe Weill, elle a aussi été une des commissaires de l’exposition de l’Orangerie. La moitié du livre contient des annexes, bibliographie, liste et chronologie des expositions que Berthe Weill a organisé, préfaciers des catalogues etc… Du sérieux, une mine pour les chercheurs en histoire de l’art (que j’ai zappé).
Donc courte biographie qui se lit très vite et avec beaucoup de plaisir.
Kars Portrait de Mademoiselle Berthe
Des illustrations, Montmartre 1900, bals masqués, dessin de Picasso. Des correspondances : lettres de Dufy qui l’a surnommée « La petite mère Weill »(la petite merveille), lettres de Berthe Weill à Picasso, des extraits de textes très amusants de Berthe Weill dans diverses occasions. Et plein de détails sur la vie des artistes à leurs débuts, à Montmartre.
Elle répond aussi à mes interrogations : comment a-t-elle pu être oubliée? Pourquoi ne s’est-elle pas enrichie?
Maintenant, il ne me reste plus que de lire Pan!… dans l’Oeil que la Galériste a publié en 1933.
Vous pouvez aussi écouter les podcasts de RadioFrance : CLIC
Deux bonnes raisons d’aller à l’Orangerie voir cette exposition :
voir de la belle peinture, : toute une rétrospective des meilleurs artistes de la première moitié du XXème siècle : de Picasso à Chagall, en passant par Dufy, Derain, Modigliani et j’en oublie…
Dufy – Trente ans ou la Vie en Rose. A l’occasion des 30 ans de la Galerie B Weill
Faire une très belle rencontre avec une personnalité très originale de l’histoire de l’Art : une femme juive d’origine modeste qui a eu l’audace d’ouvrir une galerie de peinture sans fortune ni grand nom et dès 1898, d’exposer le tableau Zola aux outrages de De groux. Elle a eu le flair de découvrir Picasso à son arrivée à Paris et être la première à vendre ses tableaux, qui a organisé une rétrospective Modigliani en 1917, la seule avant la mort de l’artiste. Elle a exposé des styles aussi différents que les Fauves, les Cubistes, les peintres cosmopolites de l’Ecole de Paris. Féministe, elle a défendu des femmes que les critiques hommes faisaient mine d’ignorer, entre autres Suzanne Valadon.
J’achète les trois premiers Picasso
Picasso : La Chambre bleue(1901)
les Picassosont en très bonne compagnie avec une nature morte de Matisse et la clownesse de Toulouse-Lautrec.
Meta Vaux Warrick Fuller Les Malheurs
Je découvre la sculptrice Meta Vaux Warrick Fuller afro-américaine venue compléter sa formation à Paris qui subit de retour aux Etats Unis de nombreux rejets du fait des préjudices raciaux. Autre découverte pour moi Paco Durrio avec de très beaux bijoux en métal : boucle de ceinture, broche…
Notre Dame des Fauves
La seconde salle montre côte à côte un beau Metzinger – Champ de pavots à côté du paysage aux vaches de Delaunay. Voisinent aussi des Marquet et Dufy, ainsi que le magnifique Pont de Charing Cross de Derain
Delaunay : Le Paysage aux vaches
j’ai aussi bien aimé le cultivateur de De Vlaminck etle Restaurant de la machine à Bougivaléclatant de couleurs
De Vlaminck – Le cultivateur
Moins connu Béla Czobel qu’elle expose en 1908
Bélà Czobel – L’homme au chapeau de paille.
Deux tableaux spectaculaires de Raoul de Mathan rappellent encore l’Affaire Dreyfus =. le peintre a assisté en 1899 au procès et peint deux toiles en écho : La cour d’Assise et le Cirque
Raoul de Mathan – La cour D’Assise
« Le cubisme soulève les passions »
André Lhote – Port de Bordeaux.
Sa galerie les expose : Gleizes, Metzinger, Fernand Léger, Lhote. J’ai aimé aussi la tour Eiffel de Diego Rivera (mais je ne peux pas tout montrer).
« mais qu’ont-ils donc ces nus? »
Modigliani – Nu au collier de corail
Quatre nus de Modigliani font scandale, le commissaire de police demande de les retirer à cause des poils pubiens pour « outrage à la pudeur ».
Groupe plus éclectique
Montre des artistes cosmopolites comme Pascin
Pascin – Portrait de Madame Pascin (Hermine David)
Sans oublier que Madame Pascin était aussi une artiste reconnue, dont quatre dessins sont exposés. Chagall, avec une cage à oiseaux.
Féministe?
Berthe Weill peinte par Emilie Charmy
Berthe Weill découvre Emilie Charmy en 1905. Leur amitié perdurera à travers les années et c’est cette dernière qui abritera Berthe pendant les persécutions antisémites nazie et prendra la galerie à son nom quand il sera interdit aux juifs de tenir des commerces.
Hafsia Herzi est venue présenter son film La Petite Dernière aux Cinémas du Palais à Créteil la veille de la sortie en salles. Je n’aurais voulu rater cette occasion de rencontrer la réalisatrice que j’admire beaucoup. Surtout qu’elle n’est pas venue seule, elle était accompagnée de Nadia Meliti et de l’actrice qui joue la mère.
j’ai beaucoup aimé ce film qui semblait jouer très juste. Sujet délicat: l’homophobie est très présente dans les quartiers mais pas dans le film. Les garçons tolèrent très bien cette fille « garçon-manqué », cela m’a étonné. Côté Paris, bars lesbiens et Gay Pride, très belles images quand Fatima porte sa copine dans le défilé. j’ai consigné mes impressions, sortie de salle, dans mon autre blog Toiles NomadesCLIC
Bien sûr, j’ai voulu lire le livre.
« Ca raconte l’histoire d’une fille qui n’est pas vraiment une fille, qui n’est ni algérienne ni française, ni clichoise ni parisienne, une musulmane je crois, mais pas une bonne musulmane, une lesbienne avec une homophobie intégrée. Quoi d’autre ? Je pense très
fort. »
J’ai été surprise par la forme. Roman en prose ou vers libres? Chants murmuré en confidence ou chanté avec l’affirmation « Je m’appelle Fatima Daas. », comme un refrain. Elle décline ses identités multiples, sa place dans la fratrie, son asthme, les origines de son prénom Fatima la plus jeune fille du prophète, la « petite chamelle sevrée ».
Je m’appelle Fatima
Je suis une petite chamelle sevrée.
je suis mazoziya, la dernière
Avant moi, il y a trois filles
Mon père espérait que je serais un garçon
Son destin dès sa naissance, ses origines algériennes, et sa religion très assumée, très importante. Sa ville Clichy. Mais aussi son dilemme
Je m’appelle Fatima Daas
Je suis une menteuse
Je suis une pécheresse.
Je lis d’un trait ce chant.
Je n’y retrouve pas tout à fait la Fatima du film. Et je trouve cela très bien. Les adaptations trop littérales affadissent le texte et l’histoire. La réalisatrice a choisi une période courte dans la vie de l’héroïne : la dernière année au lycée et ses premières expériences d’étudiante à Paris avec la découverte de la sexualité, de l’amour, du milieu lesbien. Elle fait de Fatima une sportive, fan de foot. Ce n’était pas dans le texte et pourtant c’est très bien. Elle a montré la jeune fille faire ses prières, une visite à la mosquée mais n’a pas donné à la religion toute la place qu’elle tient dans le livre. Peut être plus difficile à mettre en scène.
j’ai aimé les deux, le film et le livre et j’ai apprécié qu’ils ne soient pas identiques. Quoique fidèle.
Le Musée Marmottan Monet invite des artistes contemporains à dialoguer avec les œuvres de Monet. Sécheret (né en 1957) qui peint souvent à
Trouville a fait se rencontrer deux tableaux de Monet : Camille à la plage et Sur la plage de Trouville avec une collection de ses œuvres
Cherchez Camille!
En face de cet accrochage, plusieurs grands tableaux avec les Roches Noires au premier plan montrent la lumière changeante de Normandie, les nuages toujours différents et à l’horizon Le Havre et ses installations portuaires
L’exploratrice c’est Alice qui a construit avec Zacharie Lorentun spectacle autour d’Internet.Seule en scène, avec quelques accessoires basiques : un écran, un smartphone, un micro et un siège, elle raconte son exploration dans le côté sombre d’Internet
« Dans le spectacle tout est vrai »
» C’est drôle et terrifiant »
Affirment ils dans une interview sur Facebook.
De liens en liens, Alice débouche chez les complotistes, les Qanon, les platistes, les complètement barrés.
Son monologue est prenant, elle semble essoufflée devant ces découvertes inattendues.
Le plus drôle c’est que c’est un lapin, avatar d’un de ses nombreux followers, qui lui envoie les liens vers des endroits les plus glauques, derrière le miroir. Un lapin, Alice, cela ne vous dit rien? Mais c’est vraiment son nom!
Le spectacle tourne encore la semaine prochaine au 104. Courrez -y !
« A l’occasion du vingtième anniversaire de l’ouverture au public du MAC VAL l’exposition « Forever young » se tourne vers le futur : elle réunit 20 jeunes artistes pour quoi la rencontre avec le MAC VAL a constitué un moment pivot, un tournant dans leurs parcours artistique.
Fréquentation et compagnonnages sont peut être les maîtres-mots de ce projet. En effet, elles et Ils ont grandi près et avec le MAC VAL » (extrait du texte du commissaire de l’exposition)
…Proche voisinage. J’aime visiter le MAC VAL, où je me sens presque « chez moi » il y règne une ambiance amicale d’ouverture sur la ville de Vitry, sa population mélangée, le Street-Art dans les rues, le marché du samedi, et non loin, un collège où j’ai enseigné autrefois. Musée d’Art Contemporain très accessible. Ce qui est paradoxal. Pas de snobisme. Des visites guidées passionnantes.
Coco de RinneZ devant son autoportrait en Marylin de Warhol.
J’ai eu le grand plaisir d’échanger quelques mots avec la photographe Coco de RinneZ qui s’est « autoportraitisée » en Che Guevara, Basquiat, ElisabethII d’Angleterre, Frida Kalho, Basquiat, Bob Marley, Polnareff marquant ainsi les identités multiples dépassant les catégories de genre, de race, de culture.
Coco de RinneZ : autoportraitsCoco de RinneZ : autoportraits
je n’avais pas remarqué la série de peintures faciale. C’est Coco elle même qui me les a montrés. Encore plus de cosmopolitisme. Et cela va très bien à Vitry!
Mario D’Souza : Home away from Home
L’installation de Mario D’Souza est plus énigmatique : sur trois tapis fleuris l’artiste a disposé des tissus de couleur vive pliés, des cadres contenant des dessins, des oiseaux en bois, et des répliques de fruits exotiques. Devinette : d’où proviennent tous les objets? Un texte en sanscrit nous donne un indice : Mario D’Souza est né à Bangalore. Home awimpray from Home illustre-t-il l’exil ou le cosmopolitisme?
Dessins de Mario D’Souza : mains cueillant des fruits
Rebecca Topakian née à Vincennes nous transporte avec ses photos en Arménie d’où est originaire sa famille. Certaines sont imprimées sur de curieux supports en verre ou en pierre.
La chambre rouge de Maïlis Lamotte-Paulet (voir plus haut) est plus énigmatique. Quelle chambre a son sol en goudron? et ces parpaings emballés dans des sacs plastiques roses? Le rose fait girly, le rouge, bordel, bonbons, grenades et jus de fruit sur l’écran de télé, étonnent. Se trouve-t-on dehors ou dedans? Feuilletage des métaphores a dit le conférencier.
Agitatrice de Chadine Amghar
Agitatrice cette planche à repasser recouverte de Toile de Jouy? L’écharpe d’un club de foot marocain montre l’ambiguïté de cet accessoire normalement féminin, ambiguïté aussi de la double culture franco marocaine. Chadine Amghar détourne les objets ménagers ainsi que les trottinettes emballées dans du polystyrène : monument à la mobilité douce ou au contraire emballage de ces trottinettes décriées. La présence des pigeons est aussi contradictoire : les pigeons, comme les trottinettes sont des malaimés.
Jordan Roger : Burn them all
Le gentil château de conte de fées en céramique pastel suggère le Chateau de Disney. A première vue, il est bien enfantin et innocent. Si on le regarde mieux, il brûle des flammes de l’enfer. Des inscriptions assassines se découvrent ensuite. C’est une dénonciation de l’homophobie : des contes de Disney où les gays sont les méchants. Rejet même dans la famille de l’artiste qui lui a fait barrer le Roger de son nom.
Je n’ai pas pu étudier, photographier les autres installations. Dommage. A vous de faire le déplacement à Vitry!
Evidemment, il y a aussi les collections permanentes avec des œuvres nettement antérieures. Parmi les noms les plus connus Annette Messager, Agnès Varda, Etel Adnan…. et bien d’autres.
Certes, l’auteure est française, le livre écrit en français, mais Kafka est un grand littérateur de langue allemande, je pense que ce livre a sa place dans les Feuilles Allemandes!
Lu d’une traite, ou presque, à la sortie du film Franz K. d’Agnieszka Holland. La figure de Kafka rôde, présence en filigrane, référence familière. Figure très floue parfois quand j’ai vu Les Deux Procureurs de Loznitsa qui m’a rappelé Le Procès avec ces couloirs, ces portes fermées, ces gardiens énigmatiques, mais attention les procès staliniens sont datés de 1937 alors que Franz Kafka est décédé en 1924. Référence intemporelle.
« Kafka est un mort-vivant : il était mort de son vivant, il vivra après sa mort. » (p41)
J’irai chercher Kafka de Léa Veinstein est une enquête littéraire. L’écrivaine, qui a consacré sa thèse à Kafka, part, en Israël, à la sortie du confinement, voir les manuscrits et enquêter sur les manuscrits de Kafka.
Car, suivre ces morceaux de papier c’est se plonger dans un espace où le réel piège la fiction, la moque ; c’est se plonger dans un temps à la fois précis et éternellement retardé, divisé, un temps élastique comme celui des Mille et Une Nuits. Ces manuscrits vont connaître les autodafés nazis, se cacher dans une valise pour fuir Prague vers Tel-Aviv, être revendus à une bibliothèque en Allemagne, être scellés dans des coffres-forts en Suisse. Et comme pour défier les nuances, ils vont se retrouver au cœur d’un procès long de presque cinquante ans, un procès dont le verdict citera le Talmud et concédera que le tribunal est incapable de répondre à la seule question qu’il aura eu le mérite de poser : à qui appartient Kafka ? (p.21)
Ces manuscrits ne devrait pas exister : Max Brod a désobéi à l’ordre de Kafka de tout brûler après sa mort. Non seulement il a collecté, réuni, lettes, notes, manuscrits de roman, mais il les a sauvés, a traversé l’Europe pour les emmener en Palestine loin des autodafés nazis. Et même arrivés à Tel Aviv, l’histoire ne s’arrête pas. C’est cette histoire que raconte le livre.
pourquoi suis-je là, pourquoi suis-je persuadée de venir ici rencontrer Kafka alors qu’il n’a jamais que
posé son doigt sur la carte à l’endroit de ce pays qui n’existait pas encore au moment où il est mort
8 jours passés à Tel Aviv et Jérusalem, très chargés d’émotion que l’écrivaine nous fait partager. A travers des prétextes très triviaux, Kafka surgit quand on s’y attend le moins. Un choucas perché, mais c’est Kafka bien sûr!
Le nom de famille Kafka, écrit avec un -v-, signifie choucas en tchèque, et Franz a plusieurs fois signifié qu’il prenait cette descendance très au sérieux. Dans les Conversations avec Gustave Janouch, on trouve cet échange : – Je suis un oiseau tout à fait impossible, dit Kafka. Je suis un choucas – un « kavka ».
Un chauffeur de taxi rend un faux billet de Monopoly : méditation sur authenticité posée par Kafka
Et si Kafka continuait à me provoquer? Tu veux jouer? Au Monopoly maintenant? Alors jouons. (p.35)
Un rat pendu dans une exposition d’Annette Messager, encore une rencontre kafkaïenne!
Au cours du voyage Lé Veinstein fit référence à Valérie Zenatti, écrivaine que j’aime beaucoup, Nicole Krausse et son livre Forêt Obscure dont je note le titre, une poétesse israélienne Michal Govrin…
Le Procès des manuscrits de Kafka est l’objet du voyage, Léa Veinsteinrencontre les avocats qui ont plaidé, l’un Eva Hoffe, l’héritière de Max Brod, qui compte disposer des manuscrits comme elle le souhaite, les vendre aux enchères, y compris à un musée allemand. L’autre pour la Bibliothèque d’Israël, et derrière la Bibliothèque il y a l’Etat d’Israël qui considère que Kafka lui appartient.
En 2011, avant que le premier verdict ait été rendu, la philosophe américaine Judith Butler signait un
texte important dans la London Review of Books, intitulé « Who Owns Kafka ? »
Et cette controverse va très loin
l’idée est de rassembler tout le judaïsme en Israël, pas seulement les personnes physiques. Ils ont « récupéré » des tableaux de Chagall à Paris, ou encore des fresques peintes par Bruno Schulz, rapportées ici par des agents du Mossad. C’est un projet politique et symbolique. Or Kafka fait partie de cet héritage. Il devait physiquement être amené ici. (p.240)
Le Procès, tout à fait kafkaïen, Léa Veinsteinl’écrit avec une majuscule, ou plutôt les procès puisque ils iront jusqu’à la Cour Suprême , vont durer jusqu’en 2018. Deux ans après le verdict, les documents sont à la Bibliothèque nationale à Jérusalem.
Et Kafka dans cette histoire? L’écrivaine est très nuancée là-dessus. d’ailleurs la volonté de Kafka étaient que les manuscrits soient brûlés.