Val de Saire et Cap Levi

COTENTIN 2025

 

Toujours avec l’aide du Guide Vert Michelin (p.74-79) itinéraire Cote Nord du Val de Saire

Château de Tocqueville

Château Alexis de Tocqueville

Alexis de Tocqueville (1805-1859) fut une figure politique de la Manche – député de la Manche depuis 1839, ministre en 1849. Auteur de la Démocratie en Amérique (1835). Son château est tout à fait remarquable. Nous faisons un tour devant la façade .

Le Val de Saire possède des moulins, il y a même un circuit pédestre de la Vallée des moulins. Nous visitons le Moulin de Marie Ravenel à La Coudrairie, Réthoville sur le petit ruisseau le Varouville

 

Le Moulin à eau de Marien Ravenel

Construit en 1750 pour moudre le grain à l’aide de deux paires de meules il a été restauré par l’intercommunalité et transformé en petit musée dédié à une poétesse locale Marie Ravenel. (1811-1893)

On peut voir la grande roue à aube, les engrenages et la pièce à vivre proche du moulin ainsi que le grenier. Joli musée rural. C’est surtout une rencontre avec Marie Ravenel, fille du meunier qui publia des recueils de poème sur les thèmes de la nature, des fables et de la mythologie normande. Elle reçut même les encouragements de Lamartine. Rencontre émouvante. je ne résiste pas à recopier un poème :

Le voyageur et la violette

Au fond d’une étroite vallée

Où le printemps brillait dans toute sa fraîcheur, 

par un beau soir, un voyageur

Se reposait sous la feuillée, 

Admirant ces aimables lieux

Où règnait une paix parfaite. 

Voilà, dit-il, pour la nuit, ma retraite.

Il se couche sur l’herbette

et bientôt ferme les yeux. 

Quand un parfum délicieux,

Qu’emportait une brise indiscrète,

Atteint le voyageur, esprit judicieux,

Coeur sensible, âme de poète.

Il s’étonne, se lève, explore le gazon,

Et trouve enfin sous un buisson

Une touffe de violette. 
Il se trouble de plus en plus…

Bercé des rêves de la fable,

Il fixe des regards émus,

Sur ce riant buisson, sur cette fleur aimable 

Si petite et pleine d’attraits

parfumant ce recoin si frais

De l’odeur la plus agréable.

Charmante fleur, dit-il, enfin tout transporté

Ne cacherais-tu pas, en ce modeste asile

Sous cette apparence fragile.

les traits d’une divinité?…

Non, répond-elle, en vérité.
je suis une chétive plante

De ce vallon simple habitante.

Violette est le nom qu’ont porté mes aïeux:

il me l’ont transmis pur avec indépendance

Ils habitaient ce lieu ; je l’habite comme eux.

C’est ici que j’ai pris naissance

C’est le berceau de mon enfance.

Y mourir inconnue est l’objet de mes voeux?

Ah dit le voyageur, ému de ce langage

Qu’on est heureux d’être si sage!

Vous goûtez les vrais biens, du monde méconnus

Vivez, aimable solitaire

Vivez inconnue à la terre,

Loin de vous les coeurs corrompus!

Ces parfums, cette fleur si chère

Sont le partage des vertus

Cap Levi, Port Pignot

Nous retournons à la mer pour explorer le Cap Levi ses rochers découpés , sa côte sauvage et ses petits ports. Premier arrêt au Port Pignot qui doit son nom à l’ingénieur carrier qui l’aménagea pour le transport du granite rose extrait sur place . Le brouillard cache le sémaphore et le phare du Cap Lévi, 28 m Reconstruit en 1952.  (Ni Lévi, ni Cohen, cette dénomination vient du viking Vik (cap) )

Cap Levi les rochers à marée basse

Le brouillard s’est levé et nous déjeunons en regardant la mer se retirer et les rochers granitique sortir de l’eau. Je reprends mes déambulations sur le GR 223 au plus près de l’eau, je passe le vieux fort aménagé en hôtel, le petit port et continue jusqu’à ce que le sentier quitte le rivage.

Château de Carneville

Château de Carneville (1755)

Le parc se visite et offre une belle promenade dans ses compositions diverses, jardins exotiques ou roseraie.

au-delà de Cherbourg, vers le Cap de la Hague

COTENTIN 2025

Cap de la Hague, vaches

Nous avons combiné deux circuits du Guide Vert Michelin : p.110 à 119 de Landemerà Ormonville-la-Rogue et Cap de la Hague. Nous sommes déjà venues dans le coin en été 2020. 

Nous passons Cherbourg sur une rocade, pas d’embouteillage mais une traversée interminable de zones commerciales hideuses. 

Landemer à la sortie de la ville.

Landemer : les roches de Castel Verdon

Nous avons raté le Manoir de Dur Ecu avec ses tours étonnantes de l’autre côté de la route. Sans regrets puisqu’il est ouvert de Juillet à septembre seulement. Premier arrêt dans les villas dispersées sur la falaise. Difficile d’avoir une échappée sur la mer, les maisons sont bien encloses. Une petite merveille toutefois : un ruisseau cascade à l’ombre. A l’hôtel Landemer on nous chasse sans ménagements : le parking est privé et réservé aux clients. Il y a pourtant une très belle vue. Mes compliments n’adoucissent pas l’hôtelier.

landemer : sur les pas de Jean François Millet

Le Belvédère de Landemer est un peu plus loin après quelques tournants. parking bien aménagé avec toilettes et tables d’orientation. Très fréquenté : il se trouve sur le GR 223 et sert de point de départ aux randonneurs. Sur un panneau : la reproduction d’un tableau de Millet peint sur place. Un parcours permet d’atteindre en 30 minutes  la maison natale du peintre au  Hameau de Gruchy, je suis avec enthousiasme cette proposition. Le GR court à flanc de falaise dans des fougères plus hautes que moi, descend assez bas sous le Rocher du Castel Verdon. De là, un sentier très escarpé monte à la maison de JF Millet, tellement pentu que je renonce à mi- pente parce que c’est beaucoup plus que les 30 minutes annoncées. 

hameau de Gruchy maison de JF Millet

C’est en voiture que nous rejoignons Gruchy après un arrêt devant la jolie église de Gréville, ouverte, j’ai pu voir les statues de bois peint. Sur la place, assis, le peintre en bronze nous attend. En 1942 la sculpture a été fondue sur ordre des Allemands ; le buste, scié a été caché et sauvé. La statue a été remplacée par la suite. 

La maison de Jean François Millet, est un peu plus loin au hameau de Gruchy. Belle maison de pierre, sur  la façade court un rosier grimpant. Le musée n’ouvrira qu’à 14 h (en juin). Comme nous l’avons visité récemment nous renonçons et cherchons un bel emplacement pour la pause apéro. 

Pour voir la mer, nous nous dirigeons vers le Port Racine, port minuscule et charmant, malheureusement envahi de touristes. Le pique-nique sera un peu plus loin. Nous essayons les petites routes qui descendent vers la mer. La deuxième tentative sera la bonne au Havre de Bombec. La marée descend gentiment découvrant des rochers ocre rouge qui se détachent sur l’eau d’un bleu profond. 

Bocage et Cap de la Hague

Je pars explorer le sentier côtier, d’abord vers le Phare de Goury, retour au Sémaphore puis jusqu’au Port Racine.

Pour rentrer, nous faisons un grand détour pour éviter Cherbourg par des routes de campagnes très agréables.

Barfleur et le phare de Gatteville et le Val de Saire

COTENTIN 2025

Le port de Barfleur

Barfleur est à 5 km de Saint Vaast-la Hougue où nous logeons. Le lundi matin à 9h30, le port est presque désert. Deux gros chalutiers sont à quai, quelques camionnettes croisent et attendent le retour de la pêche. 

Dominique trouve facilement une place de parking au pied de l’église Saint Nicolas, église trapue, au clocher carré et à la nef courte. Une plaque apposée au coin de la rue nous informe que Seurat habitait là.

Barleur : église Saint Nicolas

Le  port a gardé son authenticité avec un équilibre entre bateaux de pêche et plaisance sans yachts tapageurs. Au Moyen Âge c’était un port important. La « Blanche nef » qui emportait les enfants du fils de Guillaume le Conquérant pour l’Angleterre fit naufrage non loin de là (1120). La Cour Sainte Catherine rassemble des maisons médiévales en granit très bien conservées. Je retrouve le GR pour un petit tour sur une belle plage blanche. 

Phare de Gatteville

Après le tour de la ville j’emprunte le GR vers le Phare de Gatteville à la Pointe de Barfleur. Il commence derrière l’église et court au bord de l’eau sur une digue-promenade moins impressionnante qu’à la Pointe de la Hougue, moins haute mais toujours bien étroite. Deux piétons se croiseraient difficilement, encore moins avec un gros chien tenu en laisse! A la sortie de Barfleur le sentier continue dans les dunes. le phare me nargue, il semble tout proche mais il me faudra trois quarts d’heure pour l’atteindre par un chemin sablonneux.

Le Guide Vert Michelin signale les curiosités du Val de Saire:

Chapelle de Gatteville : la grande place de Gatteville est presque déserte,  au pied de l’église monumentale à deux clochers et au toit moussu. Des maisons grises bordent l’esplanade. La petite chapelle est construite sur des ruines mérovingiennes. Elle est ornée d’ex-votos. Une colonne brisée rappelle le naufrage du luna en 1860. Un grand autel se trouve collé au mur latéral de la nef. Un cartel raconte que les marins y ont caché la statue de la Vierge pendant la Révolution pour la protéger. Ces anecdotes me ravissent. 

L’Eglise de Montfarville est renommée pour son décor intérieur de 19 toiles marouflées peintes par Guillaume Fouace (1879) peintre originaire de Réville. On dit que les gens du village ont servi de modèles. (prévoir 1€ pour illuminer les peintures) . Bien que ce peintre soit renommé et reconnu par de grands musées comme Orsay j’ai été déçue par ces décors. 

Landemer j’ai des envies de plage par cette belle après-midi. La marée est basse, les rochers découverts, la baignade compromise mais il y a une petite  plage de sable . Je retrouve le GR 223 qui me ramène à Barfleur.

 

La Pernelle : perchée sur une colline, on peut admirer la vue. Près de l’église un restaurant « panoramique » est installé près des restes d’une batterie allemande qui dominait toute la région jusqu’à Utah Beach. 

 

Saint Vaast-la-Hougue – l’île Tatihou et le Fort de la Hougue

COTENTIN 2025

Tatihou, l’entrée du lazaret et du jardin exotique

Distante de 1.5 km du port de Saint Vaast, reliée par une route inondable, j’avais pensé rejoindre l‘île Tatihou à pied à marée basse. la route ne serait dégagée qu’après 12h30. J’ai donc préféré le bateau à l’aller et retour à pied.

Le petit bateau amphibie doit être réservé à l’avance soit à l’Office de Tourisme soit sur Internet CLIC

A 9h, Sur le port, j’avise le grand panneau et me connecte avec le téléphone à la billetterie : il reste une dernière place que je réserve. Il  faut me presser, l’embarquement est à 9h45 de l’autre côté du port. Ma réservation a bugué, mon billet n’est pas dans mes mails. Le capitaine me dit qu’il reste des place dans le bateau de 11 h, je recommence, paie ma place 14€. Finalement il veut bien de moi à 10 h. (forcément, il restait une place, la mienne!). Le prix du billet comprend l’aller et le retour et surtout les entrées dans le musée et dans le fort.

La traversée est courte. L’île petite.

Tatihou : lazaret

Un merveilleux jardin entoure l’ancien lazaret. J’adore ces jardins luxuriants où tout semble pousser, aussi bien les plantes exotiques acclimatées palmiers succulentes, Echiums,   que roses, hydrangeas, fougères. Le lazaret, le manoir, est un hôtel. Amusante présence des goélands qui surveillent leurs poussins déjà grands mais couverts de duvet.

Musée maritime:

Histoire de Tatihou

Les premières occupations humaines sont datées 125.000 ans pendant un interglaciaires. Il y a 20.000 ans pendant la période glaciaire, la Manche n’existe plus. 4.500 ans une nouvelle population sédentaire s’installe. Pendant l’Age du Bronze, les champs sont délimités par des talus et fossés formant une sorte de bocage. A l’Âge du Fer,(800 – 600 av JC),une  nouvelle dégradation climatique induit une baisse démographique

On a retrouvé (1er siècle av. JC) une ferme gauloise puis 1er/2ème après JC ferme gallo-romaine. 

L’île est offerte par Guillaume le Conquérant à l’Abbaye aux Dames de Caen.

1689 Fortification de l’île 1692 bataille de la Hougue 1694 : construction des deux tours, le fort de Tatihou et le fort de la Hougue.

L’île Tatihou est devenue une quarantaine pour les navires avec le lazaret  à la suite des épidémies de peste à Marseille en 1720, de fièvre jaune en Espagne en 1804, de choléra en 1831. 

1888 installation d’un laboratoire de Biologie marine

1914-1918 : internement des « indésirables », allemands autrichiens et hongrois. 1939 : Internement de réfugiés espagnols . L’île subit le 10 juin 1944, les bombardements alliés.

L’île aux enfants (1926-1939) un aérium fut installé pour les enfants chétifs ou malades, puis des colonies de vacances. 1948- 1984 ; centre de rééducation pour des jeunes, délinquants ou pupilles placés par la Justice

L’île a connu des destins variés au cours des âges

Toute une partie du musée est dédiée au  temps de Louis XIV, guerre d’escadre ou guerre de Course (piraterie officielle) , rivalité franco-anglaise  et la guerre de Hollande (coalisation anglo-hollandaise1672 – 1678)).  1692,Bataille de Barfleur : 12 navires de Tourville  furent incendiés dans la Baie de la Hougue, illustrée par trois tableaux qui représentent le spectacle des incendies. Mon préféré est celui de Willem Van der Velde le jeune. 

« Sauvez les canons » est le titre d’une section d’archéologie marine qui montre la galiote découverte à Ormonville-la-Rogue. 

Après une belle promenade dans le jardin j’atteins la Tour Vauban et les casernes construites au XIX ème siècle, bâtiment qui hébergea les colonies de l’aérium entre 1918 et 1939. 

Tour Vauban

Tatihou : fort Vauban et chapelle

Construite de 1692-1694 par l’ingénieur Benjamin Decombes autour d’un pilier rond impressionnant. Dans les fondations, une citerne, au rez de chaussée, la poudrière sur les deux étages le logement pour 80 hommes et sur la plateforme dix pièces de canons.

Une promenade nous conduit à la chapelle (maquettes) et dans les bunkers allemands.

maquette de la Tour Vauban

La mer est descendue, je peux rentrer à pied. Une route caillouteuse a été aménagée pour le bateau amphibie qui y roule à marée basse. Il reste encore des flaques mais on passe bien entre les parcs à huitres.

Saint Vaast à marée basse huitres et algues

Le Fort de la Hougue

Distant de 2.750 m du Fort Vauban, les deux tours protègent la baie avec leurs tirs croisés. 

C’est une très belle promenade le long de la digue côté mer et de la Baie du Cul du Loup de l’autre côté de la presqu’île. On peut faire le tour des remparts sur un sentier en respectant bien le sens indiqué : au retour on marche sur le mur et il est impossible de se croiser. J’ai déjà fait ce parcours et ce tronçon au dessus de l’eau pimente la balade. L’après-midi on peut entrer dans le terrain militaire et monter à la tour.

 

 

Arrivée à Saint Vaast-La-Hougue

COTENTIN 2025

Saint Vaast la Hougue

Saint Vaast-la-Hougue sera notre port d’attache pour une petite semaine. 

Nous arrivons par la RN13 qui se rétrécit après Avranches , passe par Mère-Eglise. Je fais quelques emplettes dans une jolie épicerie à Montebourg encombrée de bombonnes de verre contenant un liquide doré. On y débite le whisky en vrac. Il doit y avoir une clientèle pour cela dans cette région des Plages du Débarquement.

Notre pique-nique se fera sur la plage de Ravenoville au nord d‘Utah Beach. Belle plage de sable qui semble infinie. Malgré la chaleur, pas de baignade, l’eau s’est retirée trop loin.

Notre gîte est une maison de ville sur le bord de la route principale. Décorée avec goût. Une véranda qui donne sur le jardin des logeurs.

C’est la Fête de la Musique,  j’avais imaginé des animations dans les bars du port. Le spectacle se déroule sur la place du village voisin,  Quettehou, sur une estrade. Il faudrait reprendre la voiture…

Nous avons passé quelques heures à Saint-Vaast au cours de notre dernier voyage dans la Manche CLIC 

Nous connaissons donc le petit port, la chapelle des Marins et le Fort de la Hougue . La journée de demain sera consacrée à l‘Île Tatihou!

 

Etape à Dol-de-Bretagne

EN ROUTE VERS LE COTENTIN EN JUIN

la cathédrale de Dol et devant le bateau de Granite qui a transporté Saint Samson

Pour arriver  Saint Vaast-la-Hougue, à partir de Saint Malo nous disposons de tout notre temps pour flâner.  Arrêt petit-déjeuner à Dol-de-Bretagne. 

La silhouette de la cathédrale de Dol nous est familière. Elle voit de très loin du Mont Saint Michel et pourtant nous n’avions jamais fait le détour. De l’extérieur, c’est une forteresse de granite. Quand on entre je suis étonnée par la clarté et la légèreté de la nef gothique. Charmée aussi  par les vitraux (XIIIème)

Vitrail du choeur : arrivée de Saint Samson sur son auge de pierre

J’ai observé ceux qui racontent l’histoire de Saint Samson à qui est dédié la cathédrale. Samson, évêque de Cardiff, est arrivé du Pays de Galles navigant sur une auge de pierre. J’ai déja lu à plusieurs reprises cette légende des auges de pierre flottantes (en réalité des curraghs, barques irlandaises très légères pas du tout en granite) qui ont traversé la Manche. Ce voyage est aussi raconté par le vaisseau de granite sculpté par Jean Yves Menez  (voir photo ci-dessus). Selon Wikipédia cette barque de pierre aurait vraiment navigué. 

Dol de Bretagne : puits

Une autre curiosité de l’église : le Double Puits. on voit ci-dessus le puits extérieur où la population pouvait puiser de l’eau. Un second puits a été découvert dans la « Chapelle du puits ». Ces deux puits auraient la même source et l’un des deux serait même gallo-romain. 

A l’Office de Tourisme on peut acquérir un plan avec une visite de la ville.

A l’arrière de l’église, la Place de la Trésorerie rappelle le rôle du chapelain trésorier. Le Chapître était un élément de stabilité dans l’histoire de l’église., alors que els évêques se succédaient. 

Rue Ceinte

La promenade aurait dû me conduire aux remparts de Dol mais je l’ai écourtée en empruntant la Rue Ceinte : jolie rue pavée dont les maisons de granite semblent intouchée par la modernité. 

le marché du samedi à Dol de Bretagne

La grande rue principale formé par la Rue Lejamptel et la Grande rue des Stuarts est occupée aujourd’hui samedi par le marché. Elle est très encombrée par les étals variés aussi bien maraîchers que textiles. Tout est de très belle qualité. j’ai bien du mal à photographier les maisons à pan de bois derrière les auvents des marchands.

Chateaubriand tout jeune élève

A une extrémité, devant les halles (XIXème siècle) je reconnais le jeune Chateaubriand qui fut élève à Dol. Combourg est tout près. Plus loin, dans l’Hôtel Grand Maison une plaque explique que Victor Hugo et Juliette Drouet séjournèrent là en 1836. Cette coïncidence m’amuse, me rappelant que Victor Hugo a déclaré à 14 ans qu’il voulait être Chateaubriand sinon rien. Et ce n’est pas fini  : c’est dans ce même hôtel que la dépouille de Chateaubriand fut veillée en 1848 avant de rejoindre son tombeau à Saint Malo sur l’ilot du Grand Bé. 

Quittant la Bretagne par  l’autoroute de Caen, nous frôlons Villedieu-les-Poêles que nous devions visiter. 31°C nous dissuade. Toujours aussi chaud devant Saint Lô. Nous sommes pressées de voir la mer et un peu de fraîcheur. 

 

E. Boudin à Marmottan

CHALLENGE LE PRINTEMPS DES ARTISTES2025

par La Boucheaoreille 

Exposition temporaire jusqu’au 31 Août 2025

Esquisse de Trouville

C’est toujours avec plaisir que je retrouve Boudin familier et encore surprenant. Voyages en Normandie, à Honfleur, Trouville, Le Havre…et pourtant des tableaux inconnus puisqu’il font partie de la collection Guyonvarc’h. 

« Trois coups de pinceau d’après nature valent mieux que deux jours de travail au chevalet »

Déclare celui qui est « le père de l’impressionnisme » qui, néanmoins à cause de la météo normande capricieuse et changeante, termine un tableau à l’atelier. Il rencontre Claude Monet âgé de 16 ans, encore lycéen mais déjà caricaturiste, et l’emmène peindre en plein champ

Claude Monet caricaturiste : Anglais à moustache 1857

A la Ferme Saint Siméon se réunit un cercle d’artistes Jongkind, Monet et Boudin

A la Ferme Saint Siméon – De gauche à droite Jongkind, Emile van Marcke, Claude Monet Achard

Boudin : de papetier-encadreur à artiste peintre, autodidacte, il subit les influences de la peinture néerlandaise et de l’Ecole de Barbizon. Il peint des scène maritimes et rurales et rencontre au début peu de succès. La Fête dans le bassin de Honfleur est refusée au Salon 

Fête au Bassin de Honfleur

Scènes de plage – Longchamp au bord de mer

Trouville : scènes de plage

En 1858 le Duc de Morny découvre Deauville . Boudin invente la « scène de plage ». 1870, les familles de Claude Monet et de Boudin se retrouvent à Trouville. 

Toute une section est consacré à la Bretagne

marché en Bretagne

Autant qu’aux paysages et aux marines, Boudin s’intéresse aux gens, aux costumes et coutumes : marché, sortie de messe….

Port de Brest et débarquement des marins

J’ai été bluffée par ce tableau du Port de Brest, ciel dramatique, silhouette des voiliers et à droite le débarquement des marins. En regardant bien on voit dans le coin gauche les goélands…multitude de détails qui captent mon attention. Il peint une mer turquoise très lumineuse au Croisic,

Pendant la guerre de 1870 Boudin se réfugie en Belgique, il peint « de Dordrecht à Bordeaux » , Etaples, Berck, Saint Valéry sur Somme offrant tout un panorama des ports du littoral y compris en Méditerranée. En 1893 il fait un bref séjour à Venise. 

Rouen : pont Corneille 1896

Cette exposition élargit le champ des peintures de Boudin qui n’a pas peint que la Normandie, même s’il l’a très bien peinte.

Sous les cyprès d’Eyoub – Philippe Khatchadourian

ARMENIE/NORMANDIE

Dans les vieilles rues de Gümri . Alexandropol?

J’ai eu envie de suivre Passage à l’Est dans le Caucase, les algorithmes de ma Kindle m’ont proposé Sous les cyprès d’Eyoub et j’ai sauté sur l’occasion. J’ai fait autrefois la promenade sur la Corne d’Or à Istanbul jusqu’au cimetière d’Eyoub, j’y retournerais volontiers. Le patronyme de l’auteur en –ian, me laissait entendre qu’on parlerait des Arméniens et de l’Arménie…. Il ne m’en fait pas plus pour télécharger un livre!

De Gümri alors appelée Alexandropol, à Granville dans le Cotentin. De chapitre en chapitre nous sautons de 2014, au décès du père du narrateur, en 1914 à la veille de la Révolution quand l’Empire Russe s’étendait jusqu’au Caucase. Grandes traversées dans l’histoire et la géographie. Avec des escales à Constantinople, Bolis, la Ville, et à Venise – la promenade dans Venise est particulièrement agréable. 

C’est la quête des racines et de l’histoire familiale du narrateur, Alexis, natif de Granville, de parents normands qui enquête sur son grand-père arménien qu’on lui a interdit de fréquenter. Que cache cet ostracisme familial?  C’est l’histoire de trois générations de combattants dans la première Guerre mondiale et les armées blanches, dans la seconde et la guerre d’Algérie. Patriotisme et héroïsme guerrier : pas forcément ma tasse de thé. En filigrane, des femmes au caractère bien trempé.

Une histoire très romanesque, agréable lecture mais le côté historique reste un peu superficiel.

Racleurs d’océans – Anita Conti – Petite Biblio Payot

BOOKTRIP EN MER

Depuis ma découverte d’Anita Conti à l’exposition du musée des Pêcheries de Fécamp, la lecture du roman graphique de Catel& Bocquet j’avais hâte de lire ses écrits. Et je n’ai pas été déçue : un véritable coup de cœur!

Anita Conti embarque  sur le Bois-Rosé de Fécamp pour une campagne qui durera du début Aout 1952 à Décembre dans les eaux poissonneuses, au large de Terre-Neuve  et du Groenland. Le Bois-Rosé est un navire-usine moderne équipé d’un radar, un sondeur… Son équipage est composé d’une soixantaine d’hommes, des aristocrates de l’océan, avec un « programme de travail sans pitié«  sans arrêts, sans dimanche, avec un seul espoir de repos : la tempête.

La Dame de la Mer n’a rien à prouver au capitaine fécampois, ce n’est pas sa première expédition. Autodidacte, elle a acquis au cours de ses navigations une solide culture océanographique et géologique et nous fait profiter des découvertes des fonds océanique (la carte actuelle date des années 60). 

Reportage sous forme de livre de bord, avec les heures, la profondeur des fonds, la météo et les évènements de la traversée. Rédigée avec la poésie exotique de la langue des marins. Images inattendues Le P’tit Ch’val est une pompe, une palanquée, 2 tonnes de poisson hissées par le palan, les Houaros sont des oiseaux, les issebères, des icebergs…cette langue des marins m’enchante. 

Anita Conti s’intéresse à tout, à la géologie, aux courants, à la température de l’eau et à la salinité des eaux où vivent les morues. Elle s’intéresse surtout aux hommes et à leurs métiers : ébreuilleurs qui enlèvent les viscères du poisson, décolleurs qui coupent les têtes, trancheurs, laveurs qui préparent les morues que l’affaleur traine dans des pottes jusqu’à la cale, où le saleur les salera. Elle nous décrit le chalut tout neuf comme un voile de mariée qui va racler les fonds pour remonter du poisson, parfois du faux-poisson, qui sera rejeté. Quel gaspillage! 

Anita Conti est aussi photographe et cinéaste, pas évident de garder propre et sec son matériel. Elle nous fait partager tous ses secrets techniques.

Elle nous fait vivre une aventure, avec les avaries, les pannes du radar, le ventre du chalut qui se déchire. Aventures par gros temps, vent et neige, brouillard, jour et nuit. Les bottes dans le poisson.

Aventure humaine de ces marins six mois loin de chez eux. Isolés? pas toujours grâce aux signaux radio, aux visites des capitaines d’autres navires. Moments de convivialité privilégiée. Et même tendresse pour ces pingouins adoptés!

Anita Conti se passionne pour la pêche et les marins mais elle n’est pas naïve. Elle a conscience du désastre qui se profile : la surpêche, la destruction du milieu naturel, le gaspillage quand on rejette à la mer les poissons non vendables, morts. 

Embarquez avec elle, vous ne serez pas déçu!

 

Anita Conti – Catel et Bocquet – Casterman

LES CLANDESTINES DE L’HISTOIRE : LA DAME DE LA MER

J’aime les exploratrices. Elles sont beaucoup plus nombreuses et plus extraordinaires qu’on ne peut l’imaginer. Dans le désordre : Mary Kingsley, Isabelle Eberhardt, Alexandra David Neel, Ella Maillard, Gertrud Bell, Joris Lieve… j’en oublie tant d’autres.  Exploratrices en Afrique, en Asie, et maintenant une océanographe et même une pionnière de l’écologie.

J’ai découvert Anita Conti au Musée des Pêches de Fécamp. L’exposition qui lui est consacrée est tout à fait à sa place puisque Anita Conti a commencé sa carrière maritime sur un terre-neuvas de Fécamp. Depuis notre retour, j’ai cherché le roman graphique de Catel & Bocquet.De ces auteurs, j’ai apprécié dans la même série Olympe de Gouges.  Après avoir écouté Catel Muller sur l’appli RadioFrance, Musique émoi 

J’ai senti l’urgence d’acheter le livre. Gros format, 365 pages, 283 sous forme BD, une chronologie pour fixer les dates qui ne rentrent pas dans les cases, des fiches biographiques des personnages croisés au cours de l’histoire, une bibliographie- filmographie. Du beau travail de documentation sous le contrôle de Laurent Girault-Conti.

Chaque chapitre est séparé par une planche présentant les décors, Ermont la maison natale d’Anita, le château des Hogues à Yport, le phare de Ploumanach, l’île des princes dans le Bosphore, la Pointe d’Arcouest en Bretagne….beaucoup de villégiatures en bord de mer, des bâtiments officiels et à Paris, et bien sûr des bateaux….Catel a beaucoup soigné ces décors, j’ai reconnu le moindre bâtiment à Fécamp ou à Yport.

Anita Conti est représentée dans ses découvertes de la mer enfant avec son frère, et dans ses lieux de travail. J’ai beaucoup aimé les scènes de pêches , à la morue et dans les pêcheries des mers chaudes en Guinée.

J’ai aimé croiser Cocteau, le cinéaste Painlevé, le Commandant Cousteau, Gaston Deferre, Ella Maillart et Théodore Monod (et bien d’autres) .

Toute une traversée dans le XXème siècle . Anita Conti (1899 – 1897)  a vu bien des évènements. Son mari Marcel Conti, diplomate a assisté à la montée d’Hitler de Vienne. Anita était à Dunkerque en 1940. A bord de chalutiers, elle a détruit des mines flottantes allemandes. De Dakar et de Conakry, elle a contribué au ravitaillement de la métropole.

Surtout, une immersion dans le milieu de la pêche et de l’océanographie. Très tôt, elle a dénoncé les effets de la surpêche, la raréfaction des cabillauds dans les lieux de pêche traditionnelles. Elle s’est élevée contre le gaspillage, le rejet des « faux poissons », poissons non commercialisables. Réelle empathie avec les pêcheurs dont elle s’est fait respecter, seule femme à bord. Empathie aussi avec les pêcheurs africains sur leurs pirogues.

Elle a aussi expérimenté des techniques nouvelles, comme les méthodes de conservation des poissons des mers chaudes, et l’aquaculture des morues dans des « volières » tractées en mer du Nord.

Avant tout c’était une communicante exceptionnelle : journaliste, photographe, cinéaste capable de mener des campagnes originales pour la protection des ressources des océans, contre l’immersion  de déchets radioactifs, pour la consommation de poissons inconnus sur les marchés français comme le sabre….

Et toujours avec une grande élégance et le sourire! Une grande dame qu’on aurait aimé fréquenter.