Castres – Musée Goya – Musée Jean Jaurès

CARNET OCCITAN

Castres : les bords de l’Agout

C’est avec un plaisir renouvelé que nous parcourons la N612 d’Albi à Castres (47 km) dans la lumière du matin bien que nous ayons fait le même chemin hier. Collines arrondies, douceur du relief, bosquets d’arbres, double rangée de platanes. Avec quelques cyprès on se croirait en Toscane. Et toujours les montagnes bleutées à l’horizon.

Si Albi est une ville rouge, de briques, de construction homogène, Castres est plutôt blanche camaïeu de gris et de beige, belle pierre calcaire pour les demeures bourgeoises. Beau jardin Le Nôtre, avec un théâtre rococo à l’italienne blanc de stuc comme une pâtisserie. Au fond du jardin le classique Palais épiscopal dessiné par Mansart en pierre blonde loge l’Hôtel de Ville et le Musée Goya. Un peu plus lion une balustrade longe l’Agout dont l’autre rive est bordée d’un alignement de maisons colorées aux balcons de bois à encorbellement : anciennes maisons des tisserands, tanneurs et teinturiers qui s’ouvrent directement sur la rivière.

Ce matin, la Place Jean Jaurès est occupée par le marché à mon retour, à midi les restaurants et cafés ont sorti tables et chaises sur les terrasses, je remarque la statue de Jean Jaurès qui est le grand homme de Castres.

Pour rejoindre le Musée Jean Jaurès je passe par des rues piétonnières commerçantes et bien animées. Cela m’amuse de passer par la Rue Emile Zola pour arriver place Flaubert. Pas ou peu de touristes, une petite ville du midi authentique.

Musée Goya

Goya : Corrida

Le Musée Goya est spécialisé dans la peinture espagnole. C’est un musée très moderne, très vaste installé dans le Palais Episcopal, rénové récemment réouvert seulement en avril 2023. Un soin particulier a été apporté à la climatisation (portes qui s’ouvrent devant chaque visiteur et se referment rapidement) et à l’éclairage. Le trésor du musée, Les Caprichos de Goya, gravures sur papier, sont très fragiles.

Picasso Corrida

Au rez-de-chaussée, 3 salles sont dédiées aux expositions temporaires : « Goya dans l’œil de Picasso » (jusqu’au 1er Octobre 2023) . Picasso connaissait très bien l’œuvre de Goya. Tous deux éprouvaient la même fascination pour la tauromachie. Deux salles présentent des gravures des deux artistes. Les sections sont titrées en Espagnol : Suertes, Arena, Muerte, Monstros

Goya chimère

L’expression de la Mort est présente dans l’œuvre des deux artistes. La « Nature Morte à Tête de mouton » est – selon le cartel – « le reflet des horreurs de la guerre. Picasso et Goya ont créé des êtres hybrides, dévorants témoins de leurs angoisses existentielles « 

A l’étage, les collections permanentes d’Art Espagnol sont présentées chronologiquement. Dans al salle du Moyen Age, je suis éblouie par le Retable du Maître de Riofrio. Je passe vite devant les peintures religieuses, reconnais un Velázquez : Portrait de Philippe IV en chasseur. Murillo : La vierge du Rosaire. Une salle entière est occupée par les énormes tableaux de Pacheco : le Christ servi par les Anges et un Jugement dernier avec les têtes des élus formant des nuages baroques et un enfer très pittoresque. Une autre salle est réservée à l’influence des peintres italiens sur la peinture espagnole, en particulier Le Caravage. J’ai bien aimé les statuettes du Massacre des Innocents de Matera comme des personnages de crèche populaire. Je traverse sans m’arrêter les salles des Natures mortes ou de la peinture religieuse pour arriver au fond du couloir aux salles consacrées à Goya. Deux huiles intéressantes : un Autoportrait avec des lunettes et la très grande toile La Junte des Philippines (320×433).

Goya Deplumados

Les Caprichos sont conservés dans une pièce noire. Les gravures ne restent pas longtemps dans les vitrines éclairées, six mois tout                au plus avant de se « reposer » de longues années. Un professeur est entouré d’étudiants. Je profite de cette visite guidée. Le conférencier insiste sur l’aspect subversif des Caprichos qui critiquent la société espagnole. Gravures au vitriol qu’il publiait lui-même. Quand la protection de Manuel Godoy en 1808 lui fait défaut l’Eglise Catholique et l’Inquisition sont une menace pour les gravures que Goya ne peut plus diffuser et qu’il doit détruire. Il offre les plaques au Roi pour les mettre à l’abri j’ai beaucoup aimé l’humour corrosif, la série des ânes avec leurs litres critiques. J’ai admiré la finesse des figures ? Peut-on parler de caricatures ? Malheureusement l’assistance est nombreuse et j’ai peu de temps pour avoir un peu d’intimité avec les œuvres.

Une large partie du Musée est consacrée à la peinture espagnole moderne et contemporaine. Je reconnais un Picasso, Tapiès, bien sûr mais je n’ai plus la disponibilité pour faire connaissance avec des artistes moins connus. Découvert un sculpteur intéressant : Pablo Gargallo dont j’ai aimé son Hommage à Chagall

Jean Jaurès

Je n’aurais pas quitté Castres sans une visite au Musée Jean Jaurès après avoir visité la mine de Cagnac-les-mines (Carmaux prévu demain) et avec Germinal comme livre de chevet. Le Musée Jean Jaurès est un musée à l’ancienne ; beaucoup de panneaux noir et blanc avec des extraits de journaux, des documents photographiques, même son bulletin scolaire à Castres et des papiers au lycée d’Albi où il enseignait la philosophie ; des caricatures aussi de toute la classe politique alliés ou adversaires. Je m’intéresse au personnage d’Emile Combes « le père Combes ». Une vitrine entière est consacrée à l’Affaire Dreyfus. Une autre, plus étonnante, présente ses positions anticolonialistes. De nombreux documents sont photocopiés à destination des visiteurs : j’emporte une feuille racontant son action pendant les Grèves de Carmaux (1893), grève des mineurs (1892-1893) et des verriers (1895)

La virulence des attaques es journaux de Droite et leurs caricatures est étonnantes. Tableaux de ses partisans carricatures d’opposants. Il faudrait tout regarder. Voilà que le musée ferme à midi, on ferme. Ce sera plus un pèlerinage qu’une visite d’étude

Sidobre

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Peyro Clabado Lacrouzette

Le massif du Sidobre est un petit massif granitique qui culmine à 700 m, long de 15 km sur 6.6 km de large. Il se situe à 11 km de Castres. Il est couvert de forêts : très hauts hêtres, châtaigniers et sapins. L’altération du granite a dégagé des rochers spectaculaires. Le Parc Régional du Haut Languedoc propose de nombreuses promenades sur des sntiers balisés. Tous les sites remarquables sont bien fléchés et faciles à trouver.

Nous avons suivi le circuit proposé p. 331 du Guide Vert.

La route d’Albi à Castres (47 km) par la D612 bien roulante souvent bordée de très beaux platanes qui commencent à roussir en ce début d’automne. Le relief est ondulé, quand le panorama se dégage, les crètes mauves s’échelonnent : Pyrénées ou Montagne Noire. Nous évitons Castres par une rocade en suivant la direction de Brassac et la D622.

Détour au hameau, La Fontasse pour le premier Chaos et la Grotte de Saint Dominique. Le Guide Vert recommande de se munir d’une corde, cela me fait hésiter. Le sentier est bien tracé, un peu raide mais sec, j’ai pris mon bâton de marche. L’entrée de la grotte est signalée à la peinture orange : une fente étroite où je ne m’aventure pas (voilà à quoi sert la corde). Au-dessus, » coule » une rivière de pierres. Le ruisseau est remplacé par un chaos sur plusieurs centaines de mètres. Le ruisseau- le Lezert –  est-il caché dessous ?

St Dominique Rivière de pierres

Un peu plus haut, une flèche signale Le Rocher Baptistou proche de la route. Les responsables qui ont sécurisé le sentier ont eu à cœur de rappeler le passé agricole du site en plantant une rangée de ceps de vigne et en dégageant les petits canaux d’irrigations bordés de galets. Le rocher Baptistou est un très gros bloc en équilibre. Nous en verrons d’autres.

Lac du Merle

Retour sur la route de Brassac, puis D30 vers le Lac du Merle tout proche de la route. Il est alimenté par un ruisseau Le Lignon. De gros rochers arrondis émergent de la surface de l’eau lisse comme un miroir. Nénuphars en fleur, roseaux sur le bord d’une digue.

3km plus loin, La Maison du Sidobre dans un beau pavillon de verre et de granite. Une documentation complète avec des fiches des promenades est offerte au visiteur avec des conseils personnalisés. Comme j’annonce le code postal du Val de Marne, la dame me recommande Le sentier des Merveilles à Cremaussel (1h30 et de nombreux rochers pittoresques) et deux autres promenades courtes. La Maison du Sidobre offre un espace muséologique sur le thème de la taille du granite (la maison est construite sur l’emplacement d’une ancienne carrière de granite). D’époustouflants robots miniaturisent les outils de la carrière. J’ai passé un long moment à observer le polissage en 5 étapes, d’abord on verse de l’eau puis on utilise des abrasifs différents. Un autre robot simule la découpe. La présentation est très soignée, les outils sont mis en scène comme dans une installation artistique, mention spéciale à la grosse roue dentée. A l’extérieur un cercle métallique porte les étapes de la formation du massif granitique puis son altération ; on peut le faire tourner et regarder dans le viseur visualisant ainsi un film si on tourne à la bonne vitesse. Autour du pavillon des sculptures et des machines. La sculpture la plus impressionnante est une main géante repliée mais entrouverte.

Maison du Sidobre front de taille de l’ancienne carrière

Une promenade intéressante : le sentier d’interprétation géologique expliquant les diverses étapes de l’altération avec différents affleurements à diverses étapes. J’ai tant rabâché le cours « formation d’un chaos granitique » en classe que je passe rapidement devant les diaclases, les écailles, le débit en boules… Plus surprenants : les statues-menhirs plantées le long du Sentier des Immortels. Ce sont des copies contemporaines de statues-menhirs préhistoriques retrouvés en Occitanie. Copies en granites, certains originaux sont en grès. Ces menhirs sont genrés : masculins ils portent une hache, un fourreau, une épée et un ceinturon. On reconnait les menhirs féminins à leurs seins.

Saint Salvy de la Balme : sentier des Veyrières

Le sentier est bien indiqué de la route. Il traverse un bois très sombre de grands sapins puis plus clairsemé pour arriver sur un plateau où l’on a érigé une grande croix et un peu plus loin une table d’orientation. Temps annoncé 35 mn, bouclé en 25 à peine.

Peyro Clabado à Lacrouzette

Rocher très célèbre du Sidobre, énorme en équilibre. Le café « Le Chantier » paraît très sympathique. Dommage qu’on n’aie pas le temps de s’y attarder.

Sentier des Merveilles

Sidobre sentier des merveilles roc de l’Oie

C’est un circuit un peu compliqué (plusieurs chemins possibles) pour observer des rochers remarquables : Le roc de l’Oie, Le Fauteuil du diable, l’Eléphant, le Billard….(aller-retour 1h30 pour la plus grande boucle, 25 minutes pour la plus courte). Au roc de l’Oie il y a plusieurs balises et je loupe le chemin qui m’aurait conduite aux Trois Fromages. Mais je trouve la plupart des sites répertoriés. Promenade agréable à l’ombre.

Le Saut de la Truite

Saut de la Truite

Cascade entre Lacrouzette et Burlats. Le sentier monte juste après un petit pont. La montée est très raide mais avec des marches. L’effort est bien récompensé quoique cette année le filet d’eau est bien maigre.

Burlats

C’est un très joli village sur le bord de la rivière. Sur l’autre rive un bâtiment carré, massif, construit sur 3 étages avec de belles arcades romanes : le pavillon Adelaïde raconte l’histoire d’une princesse capétienne : Adelaïde de Toulouse, fille de Raymond V et de constance de France. Son mari Roger II Trencavel  (1171) l’exila à Burlats. Elle fut chantée par les troubadours Ramon de Miraval et Arnaud de Mareuil. Il faut aussi un moulin à papier fournissant le papier pour les édits royaux puis fabriquant du papier à cigarettes.

Un peu plus loin, les belles ruines de la Collégiale Saint Pierre : le chevet roman tient encore debout tandis que la nef est quasiment écroulée, la façade percée d’ogives gothiques.

Lescure d’Albigeois/ Albi

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Lescure d’Albigeois : Tour de l’horloge

Notre gîte est une maison nouvelle, annexe à la grande maison basse des propriétaires dans une zone agricole un peu à l’écart du bourg. A l’arrière du gîte, une pelouse et des arbres fruitiers, cerisiers, pêchers Sur le côté, une terrasse carrelée et en face une haie d’oliviers qui paraissent jeunes mais dont le tronc est déjà noueux. Derrière l’habitation de nos hôtes le jardin est planté de plusieurs rangées de tomates palissées : cerises, rondes, cornues, côtelées…et puis des poivrons. Les haricots poussent bas, certains sont encore en fleurs mais « ils ne donnent rien ». Les melons sont terminés, c’est le tour des citrouilles.

Avant que l’urbanisation ne gagne Lescure d’Albigeois et que les pavillons neufs ne ceinturent le centre-bourg, la plaine était une terre maraîchère très plate.

Ce matin, mercredi, le marché est installé sur la place où l’après midi les boulistes jouent sous les grands marronniers. Les queues sont interminables, pas du fait de la foule mais plutôt du temps d’attente. Les gens viennent au marché plus pour bavarder que pour acheter. La marchande fait le tour de son étal pour faire la bise aux enfants. Le monsieur avant moi détaille ses recettes de cuisine. Malgré la chaleur (32°C) il fait de la soupe aux choux et recommencera bientôt le potiron.

De l’autre côté de la place, se dresse la Tour de l’Horloge, vestige du castrum – tour en briques rouges à la silhouette dyssymétrique originale. Autre monument de Lescure d’Albigeois : l’église Saint Michel, romane en pierre blanche et clocher carré. Charmant porche historié ? Sur les chapiteaux je crois deviner le Sacrifice d’Abraham et le Jugement de Salomon. Sous le toit, des modillons en forme de tête d’animaux et de masques.

Lescure d’Albigeois : église romane Saint Michel, modillons

Balade au bord du Tarn

Un sentier balisé en jaune passe devant notre maison sur le Chemin du Peyrat. Pourquoi prendre la voiture pour chercher des randonnées quand on a un circuit qui passe devant la maison ?

Le Tarn à Lescure d’Albigeois

Visorando l’a décrit: 6km, 1h50. Mais la description qu’en fait Visorando n’est pas folichonne « circuit sans prétention tout plat, déconseillé aux allergiques au goudron et au soleil ». Après une boucle tranquille dans une campagne où tournent les arroseuses sur les plants d’oignons, j’avise le chemin de la Rivière, hors balises. Je me félicite quand j’arrive au bord de l’eau calme et verte. Des bambouseraies et la chaleur tropicale me transportent en Asie. Une petite route bien ombragée suit la berge. Un pêcheur enfile des hameçons. Un martin pêcheur file au-dessus de la surface de l’eau…..je retrouve le cimetière, l’église Saint Michel et le circuit balisé. La rivière était une belle surprise

Une après-midi à Albi

La visite guidée – dimanche – était passionnante mais j’ai besoin de temps pour observer par moi-même.

Le Jubé

Albi – Cathédrale jubé

Entrée par la Porte Dominique de Florence : les taches d’ombre et de lumière sur le jubé lui donnent encore plus de relief. Le jubé gothique flamboyant sépare le chœur réservé aux religieux de la nef accessible à tous. Fine dentelle de pierre blanche avec pinacles, ogives étirées en pointe.  De nombreux jubés ont disparu pendant les Guerres de Religion, à la suite du Concile de Trente ou à la Révolution. La beauté de celui de Sainte Cécile a plaidé pour sa conservation : il a été sauvé in-extremis ; seules, certaines statues sont manquantes.

Sur le mur Ouest est installé un orgue monumental au buffet de bois de tilleul (Moucherel 1738) .

Le Jugement dernier

Albi Cathédrale : Jugement dernier

En-dessous, le Jugement Dernier est peint a tempera, pas d’enduit comme dans les fresques, on devine les briques sous la peinture. Verticalement il se divise en 7 registres : sous l’orgue, sur un fond bleu flottent les anges et les archanges. A gauche, coiffés d’une auréole dorée: les apôtres. En dessous une foule de dignitaires. En face, à droite sous un ciel d’orage de nuages noirs. Sous une banderole les défunts sortent de leurs tombeaux portant grand ouvert le livre de leur vie. Ceux de droite sortent effrayés, gesticulent et tombent dans l’Enfer. L’Enfer occupe tout le registre inférieur (1/3 de la hauteur). Il était divisé en 7 pour les sept péchés capitaux. Au XVIIème siècle on a évidé le milieu et un péché a disparu. Lequel ? C’est amusant de deviner quelle punition devront subir tel ou tel pêcheur.

Le choeur (début XVème)

Albi ange du choeur

L’Albi-City-Pass donne accès au chœur. C’est encore le même émerveillement devant la dentelle de pierre et l’alignement des petits anges musiciens, tous différents, si doux. Une dame me montre Sainte Cécile à la place d’honneur. Avec l’entrée (payante) au chœur, on a droit à un plan des fresques de la voûte réalisée par des peintres italiens de Bologne (1509-1512).

Sainte Cécile

Le Musée Lapérouse

Sur la rive opposée du Tarn, près du Pont Neur dans les Moulins d’Albigeois : très beau bâtiment de brique anciennement une fabrique de pâtes : La Vermicellerie sur le site d’un moulin à farine du XIIème siècle. L’hôtel Mercure est également situé dans les Moulins d’Albigeois. Lapérouse, le célèbre explorateur est né au Manoir de Gô sur les bords du Tarn.Il devient marin à 15 ans prend le nom Lapérouse d’après la ferme de la Peyrouse que son père lui a offert. Tableaux, cartes et maquettes retracent les voyages du navigateur.

Cordes sur Ciel – Castelnau de Montmiral

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cordes sur ciel vue du restaurant

Cordes-sur-Ciel est un village perché, son nom évoque sa position au sommet de son puech d’où il semble gagner le ciel. Cordes fut fondée en 1222 par Raymond VII, Comte de Toulouse, en même temps que d’autres bastides surveillant son territoire.

« village préféré des Français », Cordes est très touristique. Même fin septembre, en semaine, les touristes sont nombreux. Je n’ose pas imaginer les foules le week-end de haute saison. Revers de la médaille : je visite le village en paix mais les musées sont fermés. Hors saison, ils n’ouvrent que le week-end. La dame de l’office de tourisme quand je m’en plains dit qu’»il n’est pas économiquement rentable de maintenir un musée ouvert pour peu de visiteurs »Le « surtourisme » a encore de beaux jours…

Tour de la Barbacane

Je remonte la très pentue rue de l’Horloge sous la belle lumière du matin, passe sous la Porte de l’Horloge(XIVème) puis arrive à une seconde porte sous l’imposante Tour de la Barbacane, et enfin sous la Porte du Vainqueur et j’entre enfin dans le cœur de la ville. Chaque fois que la cité s’est agrandi on a construit de nouvelles fortifications avec un chemin de ronde. Finalement on arrive au au comte de 5 enceintes.

Dans le centre de la ville se trouvent les imposants palais des marchands, la Halle (1270) et l’église Saint Michel gothique avec une seule nef.

L’Office de tourisme se trouve dans la Grande Rue Raymond VII ; j’y trouve un petit livret (2€) qui commente les curiosités avec beaucoup de détails et des légendes. La Rue Raymond VII se termine à la Porte des Ormeaux (1222)ux bouches ouverte adossée au rocher et construit avec le calcaire local.

maison du Grand fauconnier

Remontant la grand rue, je m’attarde devant La Maison du Grand Ecuyer – palais XIVème siècle très soigneusement appareillé  de moellons de grès gris ; décoré de fausses gargouilles représentant des animaux, chevaux, lion, vache, hommes armés et chimères et musiciens. Les doubles baies géminées sont décorées très délicatement.

Dans La Maison du Grand Fauconnier se trouve le Musée d’Art Contemporain (fermé) contenant de nombreuses œuvres d’Yves Brayer. Je m’amuse à photographier les pigeons à côté d’un faucon de pierre.

Dans la Maison Prunet voisine M. Prunet, le propriétaire a découvert en 1866, dans la maçonnerie, un curieux manuscrit le Sort des apôtres caché de l’Inquisition qui pourchassait cathares et autres hérétiques, mais aussi les sorcières.

Scène de chasse

Une chasse est représentée sur la façade de la Maison du Grand Veneur mais aussi des têtes aux bouches ouvertes criant d’effroi, des femmes protégeant des enfants. Une hypothèse proposée serait que les chiens symboliseraient les dominicains de l’Inquisition (domini canes) . la scène de chassez deviendrait alors une chasse à l’homme, à l’hérétique….

Nous déjeunons au Bistrot Cordais au bas de la ville place de la Bouteillerie en face du départ du petit train touristique. Sur la place, terrasse de café de village classique, à l’arrière, dans un jardin une belle terrasse panoramique sur la campagne. Service sympathique, efficace, carte simple, pizzas, salades et quelques plats chauds. Nous commandons du chou farci et une cuisse de canard confit. Crème brûlée et panacotta.

Après un petit tour en voiture autour des fortifications, je rejoins le Jardin du Paradis. Le chemin du Paradis n’y conduit pas du tout mais arrive en haut du puech. Mauvais plan : le Jardin se situe en bas !

jardin du paradis : fontaine

Le Jardin du Paradis est un endroit délicieux. Il n’est pas grand et se parcourt assez vite. Les bancs dans tous les coins sont dédiés à la flânerie, la conversation, la lecture ou la méditation et en font un endroit très spécial. Mention spéciale au transat en lamelles de bois à l’ombre d’un grenadier de Provence. Les grenade, fin septembre ont explosé et offrent leurs grains rouges au regard. Poiriers et pommiers en espalier bordent une allée.

Miscanthus d’un côté espaliers en face

La tentation du Jardin d’Eden ce sont les figues violettes. Certaines au sol sont écrasées d’un beau rouge. Cela ne se fait pas de cueillir et de manger dans un jardin d’agrément surtout dans le Jardin de paradis. Quelle chute m’attend ? Autre délice : celui de l’eau qui s’écoule d’un seau au suivant, aligné en rang sur une rampe : fontaine originale ! Ou trois vasques circulaires où croissent des papyrus. Un bassin carré agrémenté de statues métalliques. Un minuscule jet d’eau égrène des perles d’eau dans un gargouillis aimable. Cachés, des hamacs, on pourrait passer toute l’après-midi dans ce jardin.

Castelnau de Montmiral

Castelnau de Montmiral place des Arcades

Castelnau de Montmiral est comme Cordes une bastide fondée par Raymond VII en 1222 pour fortifier ses terres dans ses luttes contre le roi de France et ses Barons du nord. Juché sur une butte, c’est un très bon point de surveillance sur la campagne et la forêt. Castelnau n’a pas eu le développement et la prospérité de sa jumelle. Ses maisons de pierre sont plus modestes, de belles maisons mais pas de palais somptueux. La Place des Arcades au centre du bourg concentre la vie du village : cafés, restaurants et office de tourisme qui m’offre un plan avec une promenade balisée que je suis. Je cherche les curiosités comme le Pilori au coin de la place, et les rues aux noms amusants rue des chiffonniers, rue Cahuzac…

Le village n’est pas grand, j’ai le temps d’en faire le tour et même deux fois puisque je suis partie dans le mauvais sens !

 

 

 

Germinal – Emile Zola

LES ROUGON-MACQUART  t. 13

chevalement de la mine de Carmaux – Alex Tomaszyk

« Une armée poussait des profondeurs des fosses, une moisson de citoyens dont la semence germait et ferait
éclater la terre, un jour de grand soleil. Et l’on saurait alors si, après quarante années de service, on oserait offrir cent cinquante francs de pension à un vieillard de soixante ans, crachant de la houille, les jambes enflées par l’eau des tailles. Oui ! le travail demanderait des comptes au capital, à ce dieu impersonnel, inconnu de l’ouvrier »

Un très grand livre que l’on croit connaître parce qu’il a été adapté au cinéma. Etienne Lantier aura toujours le visage de Renaud et Maheude celui de Miou-Miou pour toute une génération. Vu et revu, visionné avec les élèves dans le car pour la visite à la Lewarde.

Treizième dans la Série des Rougon-Macquart, j’ai oublié le film, et j’ai retrouvé Etienne, le fils de Gervaise. Etienne Lantier arrive à la mine après avoir perdu son emploi de machineur parce qu’il a giflé son chef après boire. L’alcool, cette malédiction familiale, avec la folie….

Un grand livre : un reportage sur la vie des mineurs, au fond et dans les corons. Un reportage d’une grand richesse : les conditions de travail sont racontées avec un luxe de détail. Le vocabulaire de la mine est très précis. Chaque occupation dans la mine est désignée par un mot précis, haveur, herscheuse, machineur, porion, ….Chaque outil.  C’est un plaisir de découvrir ces expressions inconnues, désuètes maintenant que les mines ont fermé, poésie.

C’est l’histoire d’une grève. Avec ses causes, ses meneurs, ses traitres, ses violences, et les conséquences dramatiques. Avant de lancer l’action Etienne étudie les théories croise un mystérieux Russe, cherche à joindre l’Internationale qui vient de naître:

« toutes les théories traversées et successivement abandonnées. Au sommet, restait debout l’idée de Karl Marx : le capital était le résultat de la spoliation, le travail avait le devoir et le droit de reconquérir cette richesse volée. Dans la pratique, il s’était d’abord, avec Proudhon, laissé prendre par la chimère du crédit mutuel, d’une vaste banque d’échange, qui supprimait les intermédiaires ; puis, les sociétés coopératives de Lassalle, dotées par l’État, transformant peu à peu la terre en une seule ville industrielle, l’avaient passionné, jusqu’au jour où le dégoût lui en était venu, devant la difficulté du contrôle ; et il en arrivait depuis peu au collectivisme, il demandait que tous les instruments du travail fussent rendus à la collectivité.

Prise de conscience des luttes sociales, socialisme, marxisme, anarchisme, nous apprenons en même temps qu’Etienne comment les luttes de classe se déroulent. La force de la lutte collective qui dépasse la volonté. Déchaînement de violence non contenue.

Les bourgeois ne sont pas oubliés : les Grégoire, rentiers presque malgré eux, qui ont hérité de la fortune sans efforts et qui en profitent tranquillement sans chercher autre chose que leur confort. Hennebeau, directeur général de la mine, aux ordres de la Compagnie, grands capitalistes anonyme. Négrel, l’ingénieur prometteur, gendre idéal. Deneulin,  capitaine d’industrie, à la tête de sa mine.

« Augmenter le salaire, est-ce qu’on peut ? Il est fixé par la loi d’airain à la plus petite somme indispensable, juste le nécessaire pour que les ouvriers mangent du pain sec et fabriquent des enfants… S’il tombe trop bas, les ouvriers crèvent, et la demande de nouveaux hommes le fait remonter. S’il monte trop haut, l’offre trop grande le fait baisser… C’est l’équilibre des ventres vides, la condamnation perpétuelle au bagne de la faim. »

Les intermédiaires, les commerçants, cafetiers…

C’est une tragédie avec ses héros, ses traitres, ses jalousies. Les accidents qui estropient, tuent. La mine et ses pièges. Comme un organisme vivant.  Les  menaces du grisou et de l’eau qui suinte, pompée, contenue.

C’est l’histoire de la famille Maheu, le grand-père Bonnemort, la Maheude et tous ses enfants, des adultes au bébé au sein, toute cette famille qu’il faut nourrir. Des braves gens qui accueillent Etienne. Tout au long de ce gros roman, on s’attache à chaque personnalité et à celle des voisins. Histoire d’amour : dès les premières pages on devine qu’Etienne sera amoureux de Catherine. Finiront ils par s’aimer?

Un grand livre à lire et relire avec ces différents niveaux de lecture. Même si vous avez vu le film et que vous croyez connaître l’histoire.

 

Cagnac-les-Mines et le Chemin des mineurs

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Cagnac-les Mines est situé à 6 km au-dessus de Lescure d’Albigeois en direction de Carmaux.

Depuis le Moyen Âge le charbon est exploité où il affleurait alors. Une famille noble locale de Solages obtint en 1724 le privilège d’exploiter les mines et resta aux commandes jusqu’à leur nationalisation. Déjà en 1806, 18 mineurs travaillaient à Carmaux, 1000 en 1860. La production atteint ses records en 1918. En 1985, l’Etat lança un grand projet d’extraction à ciel ouvert sur 600 ha. Fin de l’exploitation minière en 1997.

Six mineurs à la retraite ne se résignèrent pas à la disparition des traces du passé minier du bassin de Cagnac-Carmaux. Il se mobilisèrent pour arrêter les démolitions et reconstituèrent dans une galerie de 350 m les différents aspects de l’exploitation minière. En 2007 le département du Tarn prit le relai pour en faire un musée départemental. Des travaux de rénovation ont été entrepris récemment le le musée a réouvert ses portes à l’été 2023 avec des expositions temporaires.

La visite sous terre est accompagnée. J’ai visité les expositions temporaires en attendant les autres visiteurs :

BLEUE  de Cathy Conan : « de l’intime individuel à la richesse du collectif »

Bleu comme la toile des bleus de travail. « Entre les fils apparaissent les déchirures et les usures soutenues par l’inlassable rapiéçage, reprisage, ravaudage des femmes »

Des broderies au fil rouge décorent les bleus transformés en vêtements de fête, en robe de mariée…Le fil rouge relie les broderies aux portraits des femmes au travail sur une photographie ancienne. Fil rouge de la solidarité comme le clament les bleus suspendus ensembles.

C’EST AVEC EUX QUE J’AI COMPRIS de Erik Sather Jorgensen et Clara Mouillesseaux

CLIC

Est une exposition de portraits de mineurs, en très grand format accompagnés des témoignages. Une pleine page raconte le parcours professionnel des dernièrs mineurs. Pas ceux de Zola mais ceux qui ont travaillé à la fin du XXème siècle, embauchés en 1955, 1975…Attachement aux valeurs de solidarité.

MINE DE RIEN du Collectif EPONYME

Expose en plein air une série de photographie couleur, parfois très loufoques prises dans le site abandonné de la laverie de Blaye-les-Mines CLIC. On y effectuait les opérations de triage, lavage et criblage du charbon. Friche industrielle abandonnée, bâtiments rouillés, taggés où des silhouettes étranges prennent la pose. Mes recherches sur Internet m’ont appris qu’il existe aussi un film « Mine de Rien » de Mathias Mlekus (2020) tourné dans une mine abandonnée. A voir….

Des Expositions permanentes pédagogiques traitent de divers sujets :

Très belles coupes géologiques du bassin d’Albi-Cagnac-Carmaux, origine du charbon et fossiles, frise des temps géologiques, échantillon de houille et charbons….

La Grève de Carmaux de 1893 est illustrée de photographies d’époque. JB Calvignac, ouvrier mineur,, fut élu Maire de Carmaux. Le directeur des mines, le Marquis de Solages, également député du Tarn, voyait d’un très mauvais œil le développement des idées socialistes. Prétextant des absences au travail et l’incompatibilité de la fonction de maire avec le travail à la mine, Calvignac fut licencié. Les ouvriers se mirent en grève (1892 – 1895) La grève de Carmaux fut un des épisodes fondateurs de la prise de conscience de la force collective de la classe ouvrière. C’est aussi l’émergence de la carrière politique de Jean Jaurès CLIC. A l’époque, le charbon était la seule énergie utilisée dans les transports et l’industrie ; un arrêt de la distribution de charbon provoquait l’arrêt de l’économie, production et transports.

La Visite de la Mine

La visite de la mine débute sous le chevalement du puits n°2 où l’on voit la cage « de jour », la cage « du fond » étant 230 m au fond. On se familiarise avec cette opposition entre « le fond » et « le jour ». Dans la Salle des Machines, le Machineur était aux commandes de la « cage » (l’ascenseur). On peut voir le siège du machineur, les manettes de contrôle, les tableaux indiquant l’emplacement de la cage de jour et de la cage de fond, la guide explique les codes employés pour le transport des hommes, des cadres, des wagonnets, et même des chevaux.

Salle des machines, câbles enroulés

Nous sommes donc prêts à descendre. La cage du puits n°2, petite, ne charge que 8 mineurs. Elle descendait les hommes à la vitesse de 6m/s, les wagons 12 m/s. Les chevaux étaient trop grands pour entrer dans la cage, ils descendaient suspendus, harnachés, saucissonnés. Dans Germinal, Zola donne un très beau récit de l’arrivée du Cheval.

« Cependant ; les manœuvres continuaient dans le puits, le marteau avait tapé 4 coups, on descendait le cheval et c’était toujours une émotion, car il arrivait parfois que la bête, saisie d’une telle épouvante, débarquait morte. En haut, lié dans un filet, il se débattait éperdument ; puis dès qu’il sentait le sol manquer sous lui, il restait comme pétrifié, il disparaissait sans un frémissement, l’œil agrandi et fixe. […] Bientôt Trompette fut couché sur les dalles de fonte comme une masse. Il ne bougeait toujours pas, il semblait dans le cauchemar de ce trou obscur. On commença à le délier, lorsque Bataille dételé depuis un instant, s’approcha, allongea le cou pour flairer ce compagnon, qui tombait sous terre…. »

Ces animaux restaient 12 ans sans remonter. La conférencière raconte avec beaucoup d’empathie les conditions de travail des mineurs aux différentes époques. Depuis Germinal, les techniques ont, heureusement, beaucoup évolué. Nous suivons les progrès techniques jusqu’aux machines modernes équipées de vérins hydrauliques qui attaquent la veine, soutiennent le toit et à l’arrière comblent avec des roches la galerie exploitée. Une animation nous fait imaginer le travail de cette machine et son bruit effrayant.

Excavatrice moderne

Une autre animation simule un coup de grisou et un feu de poussière qui se propage à la vitesse du son, brûlant tout sur son passage. Les reconstitutions sont très bien réalisées. On visualise les ruines une fois que le souffle de l’explosion est passé.

Certains visiteurs qui m’accompagnent ont été eux-mêmes mineurs ou proches de mineurs. La guide a échangé avec les témoins de ce passé récent. Elle sait très bien faire passer les émotions. Elle nous raconte aussi comment les derniers mineurs licenciés ont été envoyés en Inde comme instructeurs de ces machines sophistiquées.

Cette visite ressemble à celle que j’ai fait récemment en Sardaigne à Carbonia. L’avantage de la visite en Français est la richesse du vocabulaire de la mine et des mineurs. Chaque travailleur occupe un poste précis désigné par un métier précis, machineur, herscheuse, galibot, porion….Lisant Germinal en même temps, je me suis familiarisée avec ce vocabulaire.

Le Chemin des Mineurs

D’après Visorando (6.2 km, 1h30)

Après un rapide pique-nique près du Musée, je descends le chemin des mineurs qui emprunte la Voie Verte (cyclable et piétonnière) reliant Albi. Dominque m’attendra sur le Parking de la Voie Verte près de la Déchetterie de Lescure d’Albigeois.

Avantage de parcourir une voie verte : extrême simplicité, impossible de se perdre, arrivée bien matérialisée, pas de surprise.

Inconvénients : marcher sur une route dure, en plein soleil pendant la première moitié. Des petits arbustes ont bien été plantés pour faire une haie mais il faudra encore attendre plusieurs années pour qu’ils donnent de l’ombre. Autre inconvénient : les cyclistes sont rois, les piétons n’ont qu’à se garer.

Le sentier descend une pente très raide. A droite : une vaste implantation de panneaux solaires. A mi-chemin l’église Saint Delmaze est bien à l’ombre sous un bosquet d’arbres.

La fin de la randonnée est plus agréable parce qu’à l’ombre de grands arbres.

 

 

 

Albi – musée Toulouse-Lautrec

CARNET OCCITAN

Henri de Toulouse-Lautrec

Le Musée Toulouse Lautrec occupe le Palais de la Berbie, palais épiscopal.

Toulouse-Lautrec à sa cuisine peint par Vuillard

Le Musée Toulouse Lautrec présente des aspects moins connus de l’œuvre du peintre. Henri de Toulouse-Lautrec (1864 à Albi – 1901). La première salle est une présentation de Toulouse-Lautrec, des autoportraits et des portraits par ses contemporains. Les deux portraits par Vuillard ont ma préférence. Pantalon jaune, veste rouge, l’artiste se prépare à cuisine. Depuis son enfance Henri a peint et dessiné des animaux et des paysages de Ceyleran, domaine de sa mère près de Narbonne. Fait de caricature de sa famille. J’ai bien aimé les petits tableaux aux couleurs délicates.

1882 le comte Alphonse de Toulouse-Lautrec en Fauconnier

Peintre naturaliste, il s’intéresse aux maisons closes. J’aurais dû illustrer Nana avec un de ses tableaux. J’ai bien aimé la blanchisseuse qui emporte le baluchon de linge parfaite aussi pour Gervaise. Deux grands tableaux montrent le Salon de la Rue des Moulins.

Toulouse-Lautrec Au salon de la Rue des Moulins

L’architecture des salles est aussi très intéressante : hautes voûtes de brique des salles basses, impressionnante Salle Palatiale avec son pavement de terre cuite vernissée et fausses pierres peintes au plafond

Toulouse-Lautrec Loïe Fuller

1891 Montmartre : Affiches ce sont les œuvres les plus fameuses. Exposées sous le regard pieux des évêques peints dans des médaillons, les affiches de la goulues, Aristide Bruant, la Troupe de l’Eglantine exécutant le Cancan. La plupart des affiches présentées sont des facsimilés, les originales étant trop fragiles pour rester longtemps à la lumière. Une autre salle intitulée « Les vedettes » sont consacrées à Yvette Guilbert (une salle entière) Polaire et Loïe Fuller.

La chambre de l’évêque est décorée de panneaux peints de la Rome antique d’Antoine Laffrery( ?) 1560. On passe dans des pièces d’apparat au plafond peint de toute beauté.

La série des apôtres d’Albi de Georges de la Tour (1615-1620) était composée de 13 tableaux, il n’y en a que deux du maître les autres sont des copies ou des œuvres de son atelier.

Au second étage les collections d’Art Moderne sont tout à fait intéressantes. Tous les grands maîtres sont là, de Gauguin à Dufy et bien d’autres, sans compter les peintres régionaux que je ne connais pas.

un dimanche à Albi – Cité épiscopale

CARNET OCCITAN

Albi 2 ponts sur le Tarn

Lescure-d’Albigeois

Notre gîte se trouve à Lescure d’Albigeois à trois kilomètres à vol d’oiseau d’Albi de l’autre côté du Tarn.  En voiture, 11 km par des chemins de campagnes, à travers le bourg puis des zones commerciales. Grande maison à la campagne proche de la rivière, cultures maraîchères, prairies, un environnement très calme. Nos propriétaires, très accueillants, me font visiter leur jardin, plans de tomates, courgettes, poivrons….mais le puits est à sec cet été.

Lescure d’Albigeois : Tour de l’Horloge

Lescure d’Albigeois possède un centre-ville avec sa Tour de l’Horloge des vestiges de fortifications et du castrum, fief pontifical qui a joué un rôle dans la lutte contre les Cathares et plus tard pendant les Guerres de Religions. Au centre du village, la place sous de grands marronniers réunit les habitants au boulodrome l’après-midi et le mercredi un joli marché. Une Poste, une Supérette donnent un peu d’animation à ce village tranquille. Après une promenade agreste le long des remparts nous retrouvons une zone commerciale hideuse aux portes d’Albi.

Albi, petit matin ensoleillé :

9h, nous arrivons sur les bords du Tarn avec une lumière merveilleuse. Dominique gare la voiture près du Pont « neuf », Pont du 22 Août 1944, et je découvre la ville dominée par les tours rose de la Cathédrale. Le Tarn est enjambé par 3 ponts : le neuf, le vieux et le pont ferroviaire. Homogénéité de la brique sur les deux berges de la rivière.

Une heure avant l’ouverture du Musée Toulouse-Lautrec, je découvre Albi à pied. J’arrive assez vite au Marché Couvert, halles style Baltard, métal, brique et verre avec un plan triangulaire original. Deux niveaux, en haut produits locaux plutôt luxueux, en-dessous, à l’enseigne Utile, marché classique.

Albi – la cathédrale et la porte que de Florence

La Cathédrale  est à deux pas au milieu d’une grande place vide tôt le matin. Un marché aux livres est en train de s’installer. Les grandes tentes du Rotary Club pour le don de sang encombrent un peu pour la photo. La rue Castelviel coupe le quartier de Castelviel jusqu’à la Place du Château. Le quartier est animé par une brocante ; ce déballage est plaisant avec la foule qui baguenaude. Au bout de la rue : une fontaine très moderne en pierre blanche. Des travaux interdisent d’aller plus loin. On construit une passerelle piétonnière appuyée sur le Pont de Chemin de fer.

Albi – Brocante à Castelviel

Le creux d’un vallon est occupé par les parkings. Sous les arcades du pont le bâtiment des Abattoirs paraît abandonné. Malgré les barrières décourageant les passants, je longe le Tarn sur un sentier puis remonte un escalier au pied des remparts à la limite du palais épiscopal et découvre un joli portique roman qui barre le sentier : quelques arcades finement ouvragées d’un ancien cloître.  C’est tout ce qui reste de l’ancienne cathédrale romane.

Albi palais de la Berbie

10 heures, je rejoins le Palais de la Berbie qui loge le Musée Toulouse-Lautrec en passant par la rue de la Temporalité dont le nom rappelle l’édifice de la Temporalité, tribunal des affaires civiles qui permettait à l’Evêque, aussi seigneur d’Albi, de rendre la justice au nom de son pouvoir temporel.

L’après-midi, avec mon Albi City Pass je me suis inscrite par Internet  à une visite guidée de la Cité épiscopale. Nous ne sommes que 5, c’est presque une visite privée. La conférencière replace la construction de la Cité épiscopale dans son contexte historique à la suite de la Croisade des Albigeois dans les jardins du Palais de la Berbie

 

Palais de la Berbie

La « Berbie » est une déformation du mot occitan qui désignait l’Evêque. Rien à voir avec les moutons. C’est le Palais Episcopal. Palais très impressionnant avec un donjon de briques, massif faisant écho à la Cathédrale toute proche, entouré de fortifications. La Cité Episcopale regroupe la Cathédrale, le Palais de la Berbie et l’ensemble urbain XIIIème siècle. D’une parfaite cohérence architecturale, elle a été inscrite au Patrimoine de l’Humanité de l’UNESCO en 2010. La brique a été employée pour la construction de ces édifices imposants parce que les carrières de pierre étaient éloignées tandis que l’argile est abondante dans le Tarn. Une vingtaine de briqueteries bordaient la rivière. Avant le XIIIème siècle on construisait aussi en pierre. La base du Pont Vieux  (1035) est en pierre comme l’église romane détruite et l’église Saint Salvi. Le palais de la Berbie était fortifié mais l’austère forteresse a été aménagé ultérieurement avec des ajouts Renaissance et la Place d’armes a été plantée d’un jardin à la française fleuri et coloré tandis que les fortifications seront surmontées d’une promenade sous une tonnelle de vigne agrémentée de statues.

Albi – jardin du Palais de la Berbie

Revenons au XIIIème siècle : cet impressionnant palais est un lieu de pouvoir. Pouvoir triomphant de l’Evêque qui est également seigneur de la ville d’Albi. Ce double pouvoir est la conséquence de la Croisade des Albigeois. Au XIIème siècle, les Cathares étaient nombreux en Occitanie. Ils prônaient une observance plus simple et plus radicale du Christianisme, réprouvant le faste et la richesse de l’Eglise Catholique. Ils utilisaient la langue populaire, langue d’Oc et non le latin.

A propos « Cathares » un podcast passionnant de Radio France Le cours de l’Histoire : Hérétiques est un complément intéressant.

Dans le Comté de Toulouse du temps du Comte Raymond VI (1156-1222) la tolérance religieuse régnait envers les Cathares et les Juifs. C’était le temps des Troubadours. Le Pape, ému par l’hérésie cathare écrivit au roi de France, Philippe Auguste pour faire cesser ces pratiques. Ce dernier hésitait à s’aliéner son vassal toulousain. En 1208, Innocent III envoya un légat pour enquêter. Comme ce dernier mourut, le Pape soupçonna le Comte de Toulouse d’être à l’origine de l’assassinat. Ceci déclencha la guerre contre les Cathares et les Seigneurs du Nord. Trencavel était seigneur d’Albi, de Béziers et de Carcassonne. Après un siège de 15 jours de Carcassonne Trencavel se constitua prisonnier pour sauver les habitants de la ville. Il fut enfermé dans ses basses-fosses et y mourut sans héritier. La seigneurerie fut donnée à l’Evêque d’Albi tandis que Béziers et Carcassonne furent intégrées au domaine royal en 1226. Bernard de Castenet, nommé en 1276 décida la construction de la Cathédrale Sainte Cécile et du Palais de la Berbie. Fortifiés, d’allure imposante. Volonté politique de se démarquer, il choisit un architecte militaire catalan. Le donjon du palais était aussi impressionnant pour lutter contre les hérétiques : Pouvoir de l’Inquisition.

Nous continuons la visite à l’arrière de la Cathédrale . Commencée en 1282 – terminée en 1480, la Peste et la guerre de 100 ans expliquent ces délais.  Nous pouvons observer le style, gothique méridional, se distingue par l’absence de transept, une nef unique et des chapelles rayonnantes. Les plans initiaux ont été respectés Elle contraste par son allure massive, la sobriété de ses formes, avec cathédrales gothiques du nord. Pas d’arc boutants, les tours cylindriques pleines et des piliers supportent le poids de la voûte et font contreforts. La guide nous montre les traces des échafaudages. Le clocher culmine à 78 m. Un couple de faucon s’est installé, le nichoir est surveillé par vidéo. Ils ont un très beau territoire de chasse et l’avantage est qu’ils font fuir les pigeons.

Porte Dominique de Florence

La porte Dominique de Florence (évêque d’Albi début XVème siècle) en fine pierre blanche avec son baldaquin ciselé dominant un majestueux escalier se détache sur la brique rose. C’est le seul ornement (ou presque) parce qu’une série de gargouilles sont alignées. Elles n’ont rien de médiéval. La toiture étant en mauvais état, un élève de Viollet Leduc avait pensé ajouter des clochetons et ces gargouilles au cours de la restauration. La population a protesté pour les clochetons mais les gargouilles sont restées.  Une controverse s’élève entre les visiteurs autour de la personnalité de Viollet Leduc et mes collègues visiteurs ont continué à discuter même après que nous sommes entrés dans la nef.

Cathédrale d’Albi Jugement dernier

L’intérieur de la nef est entièrement peint : 18 000m2 de peintures. La partie Ouest représentant le Jugement dernier a été commandité par Louis 1er d’Amboise (évêque d’Albi) à la fin du XVème siècle. Je vais retrouver Louis 1er d’Amboise dans la Mise au Tombeau de Monestiès. Cette peinture immense est peint sans enduit a tempera sans doute l’œuvre d’un atelier parisien (la banderole est écrite en langue d’oil). Remarquons qu’elle est orientée à l’ouest, du côté du soleil couchant symbolisant la mort. Sur le registre inférieur les sept péchés capitaux étaient représentés, mais on a pratiqué une ouverture au milieu, il n’y en a plus que six.

Au plafond : Le Grand décor commandité par Louis II d’Amboise a été réalisé par des artistes italiens de 1509 à 1512 en lazurite extrêmement résistante. A l’époque Albi était prospère grâce au commerce du pastel. Le pastel, or bleu, était cultivé entre Albi et Toulouse. On en confectionnait des boules appelées « coques » et cette région du pastel est appelée « pays de cocagne », par extension pays prospère. Il était exporté dans toute l’Europe entre 1450 et 1566. L’indigo, moins cher, a mis fin à ce commerce. On retrouve dans les « tours d’orgueil une autre manifestation de cette prospérité.

Quartiers médiévaux : Castelviel et ses maisons à colombages avec la rue qui menait au château des Trencavel – détruit au XIIIème siècle. Castelnou. Nous nous arrêtons devant la Maison du Vieil Alby : dans un quartier de négociants du pastel. Les maisons possèdent au dernier étage des soleillous terrasses couvertes et aérée où l’on pouvait faire sécher des denrées. Les hôtels possèdent des tours hautes pour montrer la prospérité de leurs propriétaires

La promenade continue dans le cloître de l’église Saint Salvi, Eglise du Xème siècle, donc en pierre puis par la suite de brique avec des arcs brisés gothiques. La place du cloître Saint Salvi était autrefois la place du marché.

Voyage vers le Sud! de Créteil à Albi par l’A20

CARNET OCCITAN 

Jeudi :23 Septembre :  Voyage Créteil/Albi

Bruniquel village perché au dessus de l’Aveyron

679 km

6h30, autoroute déserte dans la nuit. On pourrait rouler plus vite si la prise en main de la voiture était évidente. Voiture sans clé, c’est  jouable. Sans frein à main, sur l’autoroute pas de départ en côte. Surtout une « assistance à la conduite » déconcerte ; des voyants s’allument sans raison apparente. On s’arrête au péage à Saint Arnoult pour découvrir que ces voyants apparaissent quand on change de file sans prévenir ou si on s’approche d’une ligne blanche. Quand on a compris, on fait comme s’ils n’existent pas. Mais ce n’est pas tout, le volant se bloque à un changement de direction non anticipé, si on clignote cela va. Très désagréable !

Lever du soleil sur la Beauce avant Orléans.

Sologne : l’A 71 traverse des forêts de résineux. De petites « bouffées de brume » surmontent les étangs, mares et ruisseaux de la Sologne. 10° C, c’est aujourd’hui l’automne : tous les arbres sont encore verts mais quelque chose nous dit que l’été est fini. Péage à Vierzon : 21€. Jonction avec l’A20, gratuite.

On passe le Cher, la campagne berrichonne est plus ouverte. Les prés en Creuse sont très secs. De nombreux arbres sont roussis et desséchés- automne ou sécheresse – certains ont l’air morts.

Haute Vienne, altitude 328 m, pas très haut, mais on se croirait en moyenne montagne. Le ciel est chargé, il tombe quelques gouttes. La vallée de la Gartempe est pittoresque avec un relief contrasté, des forêts. Nous traversons le Limousin sous d’épais nuages et du crachin. Parfois une très belle maison de pierre grise se dresse dans une prairie vallonnée. Autour d’Uzerche, l’A20 est très encombrée (travaux) le GPS nous entraîne sur des routes de campagne vers Donzenac où nous nous serions volontiers arrêtées. Nous retrouvons les péages autour de Brive-la Gaillarde. Même vues de l’autoroute les paysages de la Corrèze sont pittoresques, vallonnés entaillés par la Vézère, Corrèze, Dordogne que l’autoroute franchit sur de hauts viaducs. Après plusieurs tunnels, nous trouvons le Lot près de Cahors .

Nous quittons la grande route à Caussade, charmante petite ville occitane. Les constructions de briques, parfois mélangée avec de la pierre nous paraissent dépaysantes. Goût du voyage : découvrir un habitat nouveau qui ne ressemble à rien de ce que nous connaissons.

Une rue en pente à Bruniquel

Comme il est tôt ; 14 heures, nous faisons le détour pour visiter notre premier village perché : Bruniquel.  Village de Tarn-et-Garonne dominant les Gorges de l’Aveyron à la limite entre le Quercy et le Rouergue. Habité depuis la Préhistoire. Son nom est dérivé d’une légendaire reine Brunehaut exécutée en 613. Conquis en 1176 par les Comtes de Toulouse sur les Trencavel. Je vais retrouver ces familles à plusieurs reprises dans la suite de notre séjour. Les pèlerins de Compostelle ont contribu é au Moyen-âge à la prospérité du village.

Bruniquel château neuf

Courte étape dans ce village pittoresque blotti à flanc du rocher ; promenade à pas pressés dans les petites rues en pente décorées de poteries, fleur et feuillages. La vigne vierge déjà aux couleurs de l’automne, monte sur les façades. Je n’ai malheureusement pas le temps de visiter les deux châteaux, le château vieux XIIIème siècle et le château jeune (XVème- XVIIème) où l’on peut voir aussi une exposition sur l’occupation pendant la Préhistoire.